Hyundai i20N : il est né le Divin Nenfant !
« P*tain, ce que c’est bon ! », s’exclame Mathias en sortant de la petite !
Diantre, pourquoi tant de vulgarité ? La réponse est simple : après avoir enchaîné ces derniers mois les essais de SUV électriques (aussi réussis soit-ils), la Hyundai i20N nous rappelle à quel point une sportive thermique peut se montrer grisante et attachante à conduire sans avoir 400 chevaux sous le capot. En des temps obscurs pour l’automobile-plaisir alimentée à la Sainte-Octane 98, le divin enfant est né. Et il est signé Hyundai !
Le constructeur coréen n’en finit plus de nous surprendre. Après nous avoir charmé avec le très réussi dernier Tucson puis ébloui avec l’aussi atypique que novatrice IONIQ 5, Hyundai débarque avec i20N sur un segment ô combien intéressant mais aussi ô combien déserté des citadines sportives, ou « Hot Hatch » pour les intimes.
La divison N de Hyundai n’en est plus vraiment à son coup d’essai. Mais… la i30N n’étant plus commercialisée chez nous et le Kona N n’étant même pas prévu pour la France, i20N sera ainsi la seule porteuse du N. Cette lettre, évoquant aussi bien le centre de recherches coréen de Namyang que celui du Nürburgring, sur lequel notre i20N a été en parti mise au point, incarne également la symbolique d’une successions de virages. Des virages, justement, c’est tout ce que nous sommes allés chercher à son volant…
… Car la petite est plutôt demandeuse de belles courbes sur de jolis rubans d’asphalte. Mais ne nous emballons pas, faisons avant tout connaissance avec l’une des dernières représentantes d’une espèce en cours d’extinction. Elles se comptent sur le doigt d’une main, ces petites turbulentes du marché qui nous font chavirer : Cooper S, Fiesta ST, Polo GTI, Swift Sport et… notre Hyundai i20N. Il faut se faire une raison : les voitures sportives « abordables » vont devenir des collectors, sacrifiées sur l’autel des émissions de CO2 et du malus écologique.
Pas forcément très partisan du look originel de la i20 dont notre cher Mathias nous a déjà parlé ici, et notamment cette signature lumineuse arrière tristounette avec un faux bandeau rouge faisant croire à une ligne de LED… je dois dire que le passage chez les sorciers de la division N lui a fait le plus grand bien.
Sportive jusqu’au bout des pneus, la petite puce met le paquet pour marquer son pedigree : boucliers exclusifs et agressifs, bequet posé sur le toit, diffuseur avec anti-brouillard en mode WTCC et gros échappement ovale, jupes spécifiques siglées ou encore jantes spécifiques et le « Performance Blue », teinte signature des Hyundai sportives… Ça décoiffe, même à l’arrêt !
Impossible de confondre la petite puce de base et sa version N. Jouissant déjà de lignes bien musclées et d’un regard agressif, i20N s’est racée, et pourrait presque paraitre « too much » au premier coup d’œil, mais le plumage est assumé et complètement cohérent avec le ramage.
Born to be Wild
À bord, j’avoue être un peu resté sur ma faim. La présentation est relativement simple, l’ergonomie est plutôt soignée et cohérente, mais l’ensemble est triste et assez peu quali’. Bon, on s’amuse tellement à son volant qu’on ne passera pas sa vie à tâter le plastique soviétique qui recouvre la planche de bord et à peu près tout dans l’habitacle, ou à reluquer ces disgracieuses lignes prolongeant les aérateurs et qui ne servent foncièrement à rien. Mais c’est pas fameux quand on sait ce qui se fait ailleurs.
On préférera caler ses fesses dans les jolis petites fauteuils siglés N, ou poser ses mains sur le volant spécifique. Ce dernier est pourvu d’un bouton rouge bien intriguant et de touches N permettant de configurer puis de sélectionner ses modes de conduite, dont un mode N qui transforme Dr. Jekyll en Mr. Hyde. Allez, puisque je suis vraiment tatillon, j’aurais aimé pouvoir être assis un peu plus bas et avoir un meilleur maintien latéral des baquets. Dans mes souvenirs, les RECARO et la position de conduite de la Fiesta ST était un ton au-dessus.
Bien dans son temps, la i20N est intelligente ! L’interface du système multimédia tactile est ultra-complète, et l’on peut se concocter une bombinette aux petits oignons. Réponse de l’accélérateur, consistance de la direction, comportement de l’ESP et… vocalises de l’échappement. Comme sur la grande sœur i30N, ce dernier est une attraction à lui-seul quand on vient à ouvrir ses clapets : pétarades à tout-va, comme sur une vraie petite caisse de rallye.
Même si elle peut se targuer d’avoir quelques aides à la conduite (mais pas de régulateur de vitesse adaptatif) et tout ce qu’il faut de confort (sauf les sièges chauffants), la i20N n’est pas cette citadine sportive douce et prévenante qui pourra être utilisée au quotidien en ville comme une Mini Cooper S. Elle ne consomme pas grand chose (6,0 L en mode ECO sur autoroute urbaine), propose une habitabilité et un coffre correct, mais son rayon de braquage est pénalisant, et son confort… ferme. Très ferme.
Elle joue alors à fond la carte de la sportivité « à l’ancienne ». Disposant d’une architecture classique à quatre cylindres, le 1.6 T-GDI est dépourvu de toute assistance électrique, et il est uniquement associé à une boite mécanique à six rapports. Doux comme un agneau en mode « Éco », docile en mode « Normal », le moteur se fait plus pressant en mode « Sport », sans jamais se départir de sa belle souplesse.
Mais ces trois premiers modes restent des préliminaires face au truculent mode « N ». Ce dernier nous fait rentrer dans une autre dimension : le clapet à l’échappement passe en position ouverte (détonations et autres « pop-pop-pop » jouissifs à l’appui), l’instrumentation change, et le moteur devient plus rageur que jamais. Une légère latence du turbo à l’appui sur la pédale d’accélérateur se fait sentir, puis les reprises sont expéditives et le moteur est plein jusqu’à 6000 tr./min. avec une poussée très linéaire mais pas asthmatique. Il en va de même pour le 0 à 100 km/h : 6,2 secondes, c’est un chrono digne d’une compacte sportive !
La boite de vitesses, bien étagée, est un régal à utiliser : les débattements sont courts, le talon-pointe automatique est efficace, seuls les verrouillages auraient mérité d’être un poil plus francs à mon goût pour rentrer au Panthéon des boites mécaniques, une autre espèce en voie de disparition. Bande-son jouissive, performances détonnantes : il ne reste qu’un châssis aux petits oignons pour que cette i20 N fasse carton plein.
L’amortissement est le seul organe sur lequel on ne peut pas agir en jouant avec les réglages « à sa sauce ». Elle ne propose qu’un seul et unique paramétrage par défaut d’amortissement, et alterner de mode de conduite n’y changera rien. En même temps, à part la Polo GTI qui propose grâce au Sport Select de raffermir sa suspension, personne d’autre ne le fait dans le milieu… Reste que le choix fait par Hyundai est cohérent, là encore. Pas forcément la plus polyvalente dans sa nature, la i20N est une véritable petite arme qui a pour intérêt de faire rougir à peu près tout ce qui existe à l’entrée d’une spéciale de rallye.
Quand on se penche sur le fiche technique, tous les feux sont au vert. Renforcé et rabaissé, le châssis reçoit de nouveaux amortisseurs et des barres antiroulis plus grosses ; sans oublier des Pirelli P-Zero développés spécialement pour l’auto. Un bonheur n’arrivant jamais seul, le différentiel mécanique à glissement limité est livré d’office sur le marché Français. Miam.
N’y allons pas par quatre chemins, nous avons pris un pied phénoménal à mener la i20N sur les routes tortueuses des environs de Sancerre. Ferme mais pas non plus cassante, l’auto est accrochée à sa trajectoire comme un petit roquet à son morceau de viande (il lui arrive d’ailleurs de lever la patte et de se retrouver sur trois roues).
Le différentiel à glissement limité permet de mettre « pied dedans » sans arrière-pensée, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il travaille bien le bougre en tirant littéralement le train-avant en sortie de courbe… Un sentiment assez redoutable d’agilité (et d’efficacité) en ressort, renforcé par une impression de stabilité saisissante dans tous les types de virages. C’est sain, mais ça sait aussi être joueur et piquant quand on vient la provoquer.
On savoure le fait qu’elle vire à plat, la rendant aussi drôle qu’agile dans le sinueux, mais elle perd un peu en efficacité et sautille dès que la route se dégrade, pénalisée par la fermeté de son amortissement.
Sa direction est consistante juste comme il faut, avec une bonne remontée d’information qui permet de placer son train avant à la demande. Ça accélère fort, ça passe très fort, et ça freine très très fort sans montrer de signe de faiblesse. Ce que c’est cool cette petite auto’ ! Rafraichissante, pétillante et tellement attachante. On est sous le charme…
Qu’en pense notre pilote maison ?
« Pour faire simple, rapide et concis : j’adore !
J’adore qu’en 2021, où la sportivité rime avec « hybridité » (ça existe ce mot ?), Hyundai nous sorte une version énervée de sa citadine sans artifice électrique.
J’adore son look de mini WRC, surtout l’aileron et « le feu de pluie » façon WTCC.
J’adore son 1.6 turbo rageur dans les tours jusqu’à la zone rouge, avec une sonorité ultra sympa.
Le rev-matching automatique est bien calibré pour une relance des gaz sans qu’on s’en soucie au rétrogradage. On notera d’ailleurs que le pédalier n’est pas forcément super adapté pour faire le talon-pointe : les puristes feront la grimace.
Le « turbo lag » perturbe un petit peu l’exploitation et la prise en main du véhicule sur les premiers kilomètres mais cela participe à son charme : c’est l’un des plaisirs authentiques des anciennes que l’on retrouve sur une moderne, cela n’est pas banal et en devient presque attachant.
J’adore le comportement du châssis, sain et rassurant à l’attaque. Elle passe les virages sur 3 roues comme une auto de piste, l’arrière survire suffisamment pour l’aider à tourner, et elle pivote à la demande. Il suffit de mettre du gaz pour que le train-avant récupère la corde grâce a un auto-bloquant mécanique génialissime. Une vraie petite WRC homologuée et utilisable à tous les niveaux de pilotage !
Seul bémol pour moi : sur route bosselée, la voiture est un poil raide. Elle se met à sautiller et perd du grip, devenant alors même un brin inconfortable.
Merci Hyundai de nous avoir conçu une auto’ aussi moderne qu’authentique et attachante. Vivement la comparaison sur piste avec ses concurrentes, car la barre est placée très haute ! »
On achète ?
Bien sûr !
Notre conclusion sera très directe : FONCEZ acheter cette Hyundai i20 N. En tout cas si vous arrivez à en trouver une, vu qu’elle s’est arrachée avant même son arrivée dans les concessions. Ça ne nous étonne absolument pas : elle est une sportive, au sens littéral du terme, et un futur collector, témoin d’une espèce en voie de disparition.
Affichée à 27 800 €, avec pour seule option possible la jolie peinture bleue Performance à 550 €, elle ne demandera à ce jour « que » 1276 € de malus. Cela lui permet ainsi de rester sous le seuil très psychologique mais non moins important des 30 000 €. De quoi être dans une sphère tarifaire équivalente à sa seule grande rivale commercialisée à ce jour, la Ford Fiesta ST.
Et si chasser de la sportive et faire des chronos n’est pas dans vos priorités, Hyundai a eu l’excellente idée de proposer la très rationnelle mais non moins intéressante version 3 cylindres de 100 ch dans une édition limitée Michel Vaillant plus que séduisante. Un look très proche de la version N, accompagné du brillant petit moteur essayé par Mathias. Clou du spectacle : nous avons eu le privilège de passer quelques jours au volant d’une version unique avec un covering pour le moins explicite rappelant la BD éponyme.
À l’image de cette collaboration avec Michel Vaillant, Hyundai marque les esprits en s’imposant comme un nouvel acteur phare dans le segment des voitures sportives authentiques et efficaces. En plus de filer la banane, les Hyundai N savent donner des frissons à leur conducteur : du passionné du dimanche au pilote chevronné, chacun saura se faire plaisir à son volant et se sentir pousser des ailes. La i20N est le parfait exemple des progrès monumentaux effectués par le constructeur depuis quelques années, et mon coup de cœur sportif de cette année 2021.
Texte : Victor, avec la participation de Mathias et de Florian
Photos : Victor Desmet