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Essai : BMW 128ti : A la hauteur de son blason ?


BMW 128ti : Un label de légende renait de ses cendres

Ti. Amateur d’autos sportives, ces deux lettres ne vous sont sans doute pas étrangères. Un peu à la manière du badge GTI chez d’autres constructeurs, ce label ti (pour Turismo Internazionale) a longtemps désigné chez BMW les versions plus « corsées » de modèles existants. Inauguré en 1964 avec la 1800ti, il faudra attendre 1968 et la sortie de la mythique 2002ti pour que ce sigle rentre dans la légende. Vu pour la dernière fois en 2004 sur la 325ti, ce label renait aujourd’hui, puisqu’il est apposé depuis fin 2020 à la berline compacte de la marque : la Série 1. Baptisée 128ti, cette version s’intercale entre les 120i et M135i xDrive. Après un weekend à arpenter les routes sinueuses du Morvan (en compagnie de deux autres compactes sportives, Victor vous en reparle d’ailleurs très vite…), je vous dit tout ce qu’il faut savoir au sujet de cette nouvelle BMW 128ti !

Un look évocateur pour la 128ti

Si vous êtes inscrit dans une salle de sport, vous pourrez difficilement me contredire : la sportivité est pour beaucoup une question d’apparence. La BMW 128ti l’a très bien compris, puisqu’elle affiche ostensiblement la couleur.

Prenant pour base la déjà très dynamique finition M Sport, elle y rajoute des bandes latérales (rouges ou noires en fonction de la couleur de la carrosserie) avec inscription ti, et des étriers de frein peints en rouge.

Les éléments d’habitude chromés sur la Série 1 laissent ici place à des éléments peints en noir : calandre, entourage des vitres (dans le vocable maison on parle de « Shadow Line Brillant »), coques de rétros (en option gratuite), et même des projecteurs BMW Individual fumés. La BMW 128ti dispose en série de jantes 18 pouces (bicolores et siglées M), les sublimes jantes 19 pouces de mon modèle d’essai réclamant un (petit) supplément de 660 Euros. 

L’ensemble donne un look évocateur très réussi, et qui va comme un gant à la Série 1. 

Un habitacle plus sportif, et (très) réussi 

Suggestive à l’extérieur, la 128ti l’est également dans son habitacle. L’accastillage spécifique laisse peu de place au doute : ciel de pavillon anthracite, surpiqures rouges à tous les étages, écusson ti brodé sur l’accoudoir, et divers éléments piochés dans le catalogue M : volant, ceintures et sellerie aux couleurs de la célèbre (et rapide) lettre.

La finition est excellente : les matériaux utilisés en partie centrale et supérieure respirent la qualité, et le recours à des plastiques durs est parcimonieux : il est réservé à la console centrale et aux parties inférieures. Parfois négligés chez la concurrence, les contre-portes laissent ici une impression flatteuse.

On pouvait craindre l’abandon des traditionnels compteurs à aiguilles, mais il n’en est rien : l’instrumentation digitale de cette 128ti est une réussite. Les graphismes sont clairs, et l’interface est très lisible. De bonne taille, l’écran du système d’infotainment est légèrement tourné vers le conducteur, et il est placé dans le champ de vision de ce dernier. Il se commande via la molette du système iDrive, ou de façon tactile. 

Contrairement à certaines concurrentes (coucou la VW Golf), la Série 1 a eu la bonne idée de conserver des commandes physiques pour la climatisation : l’ergonomie y gagne. Notez enfin qu’avec ses 380 litres de volume de chargement, le coffre de la 128ti engloutira sans peine vos courses de la semaine. 

Au volant de la BMW 128ti

La 128ti reprend le 2.0 litres TwinPower Turbo de la M135i xDrive, dans une version légèrement plus sage (tout est relatif je vous rassure, puisqu’elle développe tout de même 265 ch/400 Nm !). La boite automatique à 8 rapports est livrée d’office, et la 128ti garde également les barres antiroulis (et les supports idoines) de sa grande soeur, de même que le système de freinage M Sport, avec des disques ventilés (à l’avant et à l’arrière), et des étriers à 4 pistons à l’avant.

En revanche, elle laisse de côté la transmission intégrale xDrive et la suspension pilotée de la M135i. Un plus indéniable sur la facture, lorsqu’il faut faire réviser sa voiture. La 128ti est donc une « simple » traction, mais qui est aidée par un différentiel mécanique à glissement limité / Torsen, une suspension abaissée de 10 min, et une direction spécifique. De bons ingrédients donc. Surtout qu’elle accuse 80 kg de moins sur la balance.

Des premières impressions positives

Les premières impressions sont positives : la position de conduite est agréable, les sièges calent parfaitement mon dos, et j’apprécie le fait de pouvoir étendre leur assise. Rembourré et agréable à la préhension, le volant est en revanche un peu trop massif à mon goût, surtout que sa jante est imposante.

Les premiers kilomètres permettent de constater que les suspensions penchent clairement du côté de la fermeté, mais sans pour autant que cela ne devienne trop caricatural. La direction a aussi ce penchant (surtout en mode Sport), mais pour le coup personne ne s’en plaindra (surtout pas moi).

Sur les routes tortueuses du Morvan, la BMW 128ti souffle le chaud et le froid. Le chaud tout d’abord, puisque malgré son déficit de puissance par rapport à ses copines de jeu (la Mégane 4 R.S. 300 de Victor et une Golf 8 R emmenée par l’ami Maurice du blogautomobile), la 128ti est restée littéralement collée aux basques de ces dernières.

Une tenue de route de premier plan, de jolies performances…

La BMW offre globalement une tenue de route d’un très bon niveau, avec un joli dynamisme dans les changements d’appui, des mouvements de caisse limités, et un niveau d’adhérence élevé. Le freinage est lui aussi à la hauteur de la vocation sportive du modèle : il ne m’aura jamais fait défaut tout au long du weekend.

Le 2,0 litres TwinPower Turbo offre quant à lui une belle vigueur, avec un 0 à 100 km/h avalé en 6,1 secondes, et 250 km/h en vitesse de pointe. S’il pousse fort, il apparait un peu trop lissé, avec des montées en régime par trop linéaires. Par ailleurs, j’avoue être resté sur ma faim du point de vue de l’expérience sonore : appuyée par les haut-parleurs en mode Sport, la sonorité reste trop discrète à l’extérieur, malgré la présence d’un clapet à l’échappement. Pas de crépitements, et encore moins de détonations : cette 128ti la joue discrète. Un peu trop à mon goût.

… Mais un feeling remis en question

Des griefs relativement mineurs en comparaison du principal écueil de cette 128ti : les remontées de couple dans le volant. Chaque accélération poussée en sortie de virage se traduira par une sensation de tiraillement dans le volant, avec une direction qui nous « balade » à droite ou à gauche en fonction de l’état de la chaussée. Le train avant ayant déjà naturellement tendance à rebondir sur les irrégularités de la route, ce phénomène s’amplifie donc sur chaussée dégradée.

Si la sécurité de l’auto n’est absolument pas remise en cause (il suffit d’avoir conscience de ce phénomène et de tenir le volant à deux mains), le feeling offert par cette 128ti en prend forcément un coup. C’est d’autant plus regrettable que la motricité offerte par le Torsen incite à augmenter le rythme, puisque la cavalerie passe au sol sans difficulté.

Notez tout de même qu’il est possible de contrecarrer ce phénomène avec un peu de ruse, en personnalisant le setup du mode Sport, et plus précisément en plaçant la direction en mode Confort. Un miracle se produit alors : le tiraillement dans le volant est en bonne partie gommé !

Une agréable compagne de route

En parfaite adéquation avec son blason, la 128ti est une très agréable compagne de route sur de longues distances (la fermeté de ses suspensions mise de côté), avec un niveau sonore bien contenu sur autoroute, une bonne tenue de cap, et une boite automatique à 8 rapports, confortable et souple en conduite « cool ». Très bien géré, le mode « Eco Pro » permet d’optimiser les phases de roue libre, au bénéfice de la consommation. Il est assez facile de descendre sous les 8,0 litres / 100 km dans ces conditions. Une donnée honorable vu la puissance de l’engin !

Tarif de la BMW 128ti

La 128ti est affichée à 47.150 Euros, à mi-chemin entre la 120i (qui débute à 36.080 Euros) et la M135i xDrive, qui réclame 53.250 Euros. Tout l’accastillage sportif est de série (becquet excepté), de même que le Pack Connected Pro, le Live Cockpit Navigation Pro, ou le Park Assist. Il faudra en revanche repasser à la caisse pour disposer de la climatisation bizone, la recharge par induction ou le Pack Confort, qui comprend l’accès confort, l’appui lombaire et le hayon électrique. Je ne saurais trop vous conseiller de prendre l’option « feux de route anti-éblouissement », puisque c’est l’un des meilleurs systèmes que j’ai eu l’occasion d’essayer.

Conclusion : Le compromis est un art difficile

Un peu trop ferme pour être une GT, trop brouillonne pour être une sportive « pure et dure », cette BMW 128ti brouille les pistes. Sans doute trop. C’est d’autant plus dommage que sa tenue de route est très bonne en soi, que sa présentation est réussie, et que la qualité de son habitacle la place au sommet des berlines compactes. Supprimez les remontées de couple dans le volant, donnez un peu plus de panache à son moteur, ajoutez-lui une suspension pilotée, et vous pourriez obtenir une très sérieuse alternative aux divas de la catégorie. Et elle le mérite !

Un GRAND merci à Mickaël Roux Photographie, auteur des superbes clichés de cet article. N’hésitez pas à le contacter pour toute demande de shooting automobile 😉 .


BMW 128ti

7

7.0/10

On aime

  • Le look sportif réussi
  • L'habitacle très bien fini et agréable à vivre
  • L'infotainment et l'instrumentation digitale
  • La tenue de route efficace et dynamique
  • Le bon niveau de performances

On aime moins

  • Le moteur qui manque de relief (et de voix)
  • Les remontées de couple dans le volant
  • Les suspensions, un peu trop sèches pour une GT