Essai Kia EV4 : Une vraie baby EV6 ?
La première berline électrique de Kia à l’essai
L’électrique et Kia, c’est une affaire qui marche. Le constructeur Coréen a fait ses armes dens ce domaine en 2014, avec le e-Soul, rejoint par la suite par le e-Niro. Le crossover EV6 a ensuite marqué une seconde phase, à la fois stylistique et technique, puisqu’il inaugurait la plate-forme E-GMP (dédiée aux véhicules électriques), et l’architecture 800V. Les EV3 et l’EV4 (qui nous intéresse aujourd’hui) constituent désormais une troisième étape : celle de la « démocratisation » des Kia électriques. Nous sommes partis à Marbella en Espagne pour essayer la nouvelle née de la gamme électrique du constructeur Coréen : notre essai de la Kia EV4.
La première Kia électrique produite en Europe
La nouvelle Kia EV4 est un modèle important pour le constructeur Coréen. Il s’agit en effet de sa première berline 100 % électrique, et c’est également son premier modèle électrique produit sur le sol Européen (avec une petite nuance qu’on vous détaille plus bas). Par ailleurs l’EV4 s’aligne sur un marché très disputé : celui du segment C, actuellement occupé par les Cupra Born, VW ID.3, Peugeot e-308 ou encore Citroën ë-C4. Pour séduire les clients, Kia annonce la meilleure autonomie du segment C, et plus globalement la meilleure autonomie d’une Kia électrique, rien que ça !
Deux carrosseries au choix : 4 et 5 portes
L’EV4 est disponible en deux carrosserie : 4 portes (baptisée Fastback), et 5 portes. L’EV4 5 portes est beaucoup plus compacte, s’étirant sur 4,43 m, contre 4,73 m pour la version Fastback. Elle a été pensée pour le marché du Vieux Continent, et ne sera d’ailleurs commercialisée qu’en Europe.
Avec son important porte-à-faux arrière façon « sac à dos », l’EV4 4 portes devrait être peu diffusée sur notre marché, peu friand des berlines tri-corps. Surtout, sa production en Corée du Sud l’exclut des dispositifs d’éco-score, et des avantages fiscaux qui s’y rattachent. Produite quant à elle sur le sol Européen (en Slovaquie), l’EV4 5 portes dispose donc d’un « éco-score » favorable. Autre bonne nouvelle : sa batterie LG est (elle aussi) fabriquée dans l’Union (en Pologne en l’occurrence), ce qui lui permet de bénéficier de 1.000 Euros de bonus supplémentaire (le dispositif rentre en application le 1er octobre 2025).
Une berline au style très tranché
Après le SUV compact EV3, L’EV4 décline le design maison « Opposite United » (l’alliance des contraires) au genre des berlines. L’ensemble est particulièrement dynamique, avec des flancs acérés, un nez surbaissé, et une lunette arrière inclinée. La face avant se caractérise par ses optiques verticaux, et sa signature « Star Map », en forme de constellation.
Très tranché, le style de l’EV4 ne plaira peut être pas à tout le monde. Et c’est justement l’objectif : ne laisser personne indifférent. Et pour le coup, l’objectif nous semble réussi, pour ce qui constitue à plusieurs égards une « baby EV6 ».
Un bel espace à bord, grâce à un généreux empattement
Grâce à son généreux empattement de 2,82 m (c’est plus qu’un Sportage !), l’EV4 offre un bel espace à bord. Même le Renault Scenic E-Tech -pourtant réputé pour son sens de l’accueil- est dépassé, à 2,78 m. Ainsi pourvue, les places arrières offrent un espace aux jambes royal. Kia annonce ainsi 10 cm de plus qu’une Tesla Model 3 (pourtant bien plus longue) aux places arrières, et 97 cm d’espace aux jambes au total.
Par ailleurs, la firme Coréenne n’a pas lésiné sur la qualité d’assise, avec un dossier incliné, ni sur la sellerie, particulièrement confortable. Même si son volume est moins impressionnant que l’espace à l’arrière, le coffre est plutôt logeable : 435 litres (5 portes), et même 490 litres en carrosserie Fastback. C’est mieux que ses principales concurrentes, et par exemple des ID.3/MG4.
Un grand écran d’infodivertissement pour la Kia EV4
C’est devenu un incontournable dans l’industrie automobile, et la nouvelle EV4 ne déroge pas à la règle : elle dispose elle aussi de son grand écran panoramique, implémenté en partie supérieure. Ce dernier englobe trois écrans, et au total, la dalle fait 30 pouces. L’écran central correspond à un petit afficheur de 5,3 pouces, dédié aux commandes de ventilation.
Le système d’infodivertissement intègre plusieurs applications pour visionner du contenu à l’arrêt (coucou Tesla !), à l’image de YouTube, Netflix ou Disney +. L’assistant vocal ChatGPT est intégré dans l’assistant vocal, via la commande « Hey Kia ». Par ailleurs, le système peut recevoir des mises à jour OTA, et il intègre le crucial planificateur d’itinéraire.
Une qualité de présentation plutôt flatteuse
Moderne et aérien, l’habitacle de la Kia EV4 se montre également plutôt soigné. Certes, il a recours à des matériaux durables (notamment pour les sièges, les panneaux de portes, ou encore la moquette), mais cela n’entache pas l’impression globale de qualité. Un bémol en revanche : les reflets de la planche de bord dans le pare-brise, par grand soleil.
Les sièges (qui peuvent être ventilés -option comprise dans un pack-) se montrent particulièrement confortables, avec une mention spéciale aux appuie tête, façon siège de business class.
Avec son harmonie bi-ton (blanc/off white) en finition GT-line, l’EV4 offre la pointe d’originalité qui fait souvent défaut à ses concurrentes, et leurs habitacles façon 50 nuances de noir (ou de gris). Notez que le volant à trois branches est l’apanage de la version GT-line (volant à deux branches pour les autres versions).
Autre bonne nouvelle : Kia a conservé des commandes physiques pour la ventilation, le volume, les caméras extérieures ou l’aide au stationnement… Elles sont disposées au centre de la planche de bord, ou sur la console centrale flottante. On apprécie par ailleurs les touches implantées sous l’écran, qui permettent d’accéder « en direct » aux menus les plus importants : navigation, média, réglages… Si la dalle numérique est de qualité, le système d’infodivertissement nous parait un brin trop compliqué, avec trop de sous-menus, et une arborescence difficile à intégrer rapidement.
Deux batteries disponibles, jusqu’à 625 km d’autonomie
Reposant sur la plate-forme E-GMP, la Kia EV4 est disponible en deux versions : Autonomie Standard (batterie de 58,3 kWh), et Autonomie Longue (batterie de 81,4 kWh). Ces dernières sont partagées avec l’EV3. La Kia EV4 affiche jusqu’à 625 km d’autonomie (440 avec la batterie standard), et même 633 pour la version Fastback. La concurrence est dépassée, la meilleure dans ce registre (la VW ID.3) « plafonnant » à 605 km.
Une recharge classique, sans grand éclat
L’EV4 dispose d’un classique chargeur embarqué de 11 kW. Côté recharge rapide, Kia est assez discret sur la puissance max encaissée par la batterie, et préfère (à plutôt juste titre d’ailleurs) annoncer une courbe de recharge plus stable que la concurrence. Dans les faits, le constructeur annonce un 10 à 80 % en 31 minutes sur chargeur rapide pour la version à grosse batterie (les modalités de l’essai ne nous ont pas permis de tester la recharge). C’est dans la bonne moyenne de la catégorie, mais loin des temps records de l’EV6. Et pour cause : l’EV4 ne dispose pas de la plate-forme 800V de sa grande sœur.
Pour clore ce chapitre, notez que l’EV4 intègre la fonctionnalité Plug & Charge, qui permet de se brancher directement en arrivant à la borne, sans avoir à badger. Kia est d’ores et déjà compatible avec des grands opérateurs : Ionity, Shell, Allego, Electra…
Gamme et tarifs de la Kia EV4
Les Kia EV4 sont des respectivement affichées 38.290 (Autonomie Standard) et 42.890 Euros (Autonomie Longue). Comptez 46.990 Euros pour l’EV4 « grosse batterie » en finition haute GT-line. L’EV4 4 portes est plus chère, à respectivement 42.290 et 46.880 Euros.
L’EV4 est disponible en leasing social, avec un loyer de 189 Euros sans apport, pour 37 mois 37.000 km. Évidemment, la fameuse garantie 7 ans est présente, et même 8 ans / 160.000 km pour la batterie.
Trois finitions sont ensuite disponibles : Air, Earth et GT-line (uniquement Earth et GT-line sur l’EV4 Fastback).
La finition Air propose la caméra de recul, des radars de stationnement (avant, arrière, latéraux), le régulateur de vitesse adaptatif avec fonction Stop & Go, les projecteurs avant et arrière à LED, la climatisation automatique bizone, l’ouverture et démarrage sans clé, la connectivité Android Auto et Apple CarPlay sans fil, ou encore le triple écran panoramique.
La finition Earth dispose quant à elle du système anticollision avec détection des angles morts (BCA), de jantes 19’’, des vitres et lunettes arrière surteintées, de la sellerie mixte tissu/matière synthétique, du hayon électrique à ouverture mains libres, du siège conducteur réglable électriquement avec réglage lombaire, du volant et des 4 sièges chauffants, ainsi que la recharge par induction pour smartphone.
Haut de gamme, la GT-line dispose d’éléments de carrosserie au dessin plus sportif, et des inserts noir brillant. Les phares LED deviennent matriciels, et l’intérieur dispose d’un éclairage d’ambiance personnalisable, mais aussi d’un pédalier aluminium, d’un volant à 3 branches multifonction, et d’une sellerie en matière synthétique. Le siège passager gagne des réglages électriques, et l’assistant à la conduite sur autoroute de niveau 2 (HDA 2) est livrée de série.
Au volant de la Kia EV4 (version 5 portes Autonomie Longue)
Par rapport au SUV EV3 récemment essayé par Victor, l’EV4 offre une position de conduite plus basse de 4 cm. Les amateurs de berline apprécieront. Autre source de satisfaction : le confort global. En commençant par l’insonorisation, soignée, notamment grâce au recours à du double vitrage aux places avant. L’amortissement (passif/non piloté) offre un bon niveau de filtration, même avec les grandes roues 19 pouces de notre version GT-line d’essai. En revanche, on note quelques rebondissements intempestifs, quand on hausse le rythme.
C’est donc plus pour son bon niveau de confort que pour son dynamisme qu’on apprécie cette Kia EV4. Sans être maladroite, sa tenue de route n’a en effet rien d’exaltante, malgré son châssis plus proche de la route qu’un EV3, et par ailleurs relativement efficace. L’EV4 n’est pas aussi affûtée qu’une Renault Megane E-Tech. Elle s’apprécie donc plutôt en mode « cruising », où elle offre alors un agrément dans le haut du panier.
Un léger manque de piment à la conduite
Ce manque de piment se retrouve aussi au niveau de la motorisation électrique. Animée par un seul moteur électrique disposé sur les roues avant, l’EV4 développe 150 kW (204 ch). Le 0 à 100 est avalé en 7,7 secs (pour la version Autonomie Longue) : largement suffisant pour le quotidien, mais on est loin du « coup de pied aux fesses » ressenti chez certaines de ses concurrentes. Pour ceux qui veulent un peu plus de frisson, une version AWD à deux moteurs arrivera par la suite. Surtout, Kia nous a confirmé l’arrivée future d’une EV4 GT.
Une bonne efficience, et un planificateur intégré brouillon
Notez qu’elle offre la possibilité (via des palettes au volant) de moduler le freinage régénératif, mais qu’elle ne dispose en revanche pas de la fameuse fonction « one pedal » (et c’est bien dommage). L’EV4 se rattrape par sa bonne efficience. Nous avons ainsi relevé une consommation moyenne sur les routes Espagnoles d’environ 17 kWh/100, avec toutes les fonctionnalités de confort activées (climatisation et sièges ventilés, notamment). Notons quand même que nos conditions climatiques d’essai étaient pour le moins clémentes. S’agissant du fonctionnement du planificateur de trajet (intégré), je vous renvoie à l’essai de l’EV3 par l’ami Victor. Je cite :
« Dans les faits, ce planificateur fut plus une tare qu’autre chose, et brilla par son inefficacité sur notre trajet entre Le Mans et Paris. Malgré notre souhait d’arriver le plus bas possible au chargeur afin d’optimiser le temps de recharge, le système s’obstinait à nous arrêter sur des bornes en dehors de l’autoroute (alors que l’A11 en a sur toutes les aires), et ce alors que nous avions encore 50 %. L’état des bornes en temps réel via le système intégré n’était lui aussi pas bon. Un loupé »
Dommage par ailleurs que la pompe à chaleur soit facturée en supplément (elle est associée à la technologie V2L, dans un pack facturé 1.550 Euros).
Conclusion : Peut-être pas une baby EV6 à 100 %, mais une vraie bonne berline électrique, avec quelques menues lacunes
Version berline du récent (et remarqué) SUV EV3, la Kia EV4 nous a laissé une bonne impression. Première berline électrique de la marque Coréenne (et première électrique de la marque produite sur le sol Européen), cette dernière offre un niveau de prestations très probant : belle autonomie, niveau de confort dans le haut du panier (suspensions, insonorisations), habitabilité impressionnante aux places arrières. Certes, certaines concurrentes offrent plus de sensations au niveau conduite, et le système d’infodivertissement Kia a pris un coup de vieux. Sans être à proprement parler une « baby EV6 » (car elle ne dispose pas de sa fameuse plate-forme 800 V, et des temps de recharge exceptionnels qui la caractérisent), l’EV4 n’en reste pas moins une bonne proposition sur son segment.
Notre avis
Kia EV4 5 portes Autonomie LongueOn aime
- Le look tranché, qui ne laissera personne indifférent
- Un habitacle moderne, et original en GT-line (bi-ton)
- L'équipement, qui devient pléthorique en GT-line
- Le niveau de confort global, dans le haut du panier : amortissement, insonorisation
- La place impressionnante aux places arrières
- La production Européenne de la voiture (pour sa version 5 portes), et de sa batterie
On aime moins
- La conduite, qui manque d'un peu de piment
- Le style pataud de la version 4 portes (fastback)
- La pompe à chaleur en option
- L'ergonomie du système d'infodivertissement, un brin compliquée
