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Essai : Skoda Scala 1.5 TSI 150 DSG Style : L’âge de la maturité ?


Une alternative (enfin) crédible ?

Rien ne semble pouvoir arrêter Skoda. Moribonde au tournant des années 90 (je vous recommande à ce sujet la brillante -et très habile- pub de la marque « moche dans les années 90 », remplie d’autodérision, et qui vient d’ailleurs d’être primée), la marque Tchèque a opéré ces dernières années un véritable changement de paradigme, pour devenir l’un des constructeurs les plus dynamiques du Groupe Volkswagen (si ce n’est LE plus dynamique).

De l’espiègle Fabia à la grande berline Superbe (dont le restylage est imminent), en passant par l’Octavia (qui sera remplacée d’ici à la fin de l’année), ou les sacro-saints SUV Karoq et Kodiaq (qui seront bientôt épaulés par un petit SUV fin 2019 : le très attendu Kamiq), la gamme Skoda ne manque pas d’atouts, et les chiffres de vente ne s’y trompent pas. Les immatriculations en France grimpent d’année en année, et Skoda est devenu l’un des constructeurs les plus importants à l’échelle Européenne, occupant la 8ème place, devant des constructeurs pourtant bien établis : Citroën, Toyota, Nissan…

Dans cette gamme plutôt dynamique, la Rapid figurait en retrait, avec un positionnement manquent de clarté (citadine rallongée ou vraie compacte ?), et des prestations rapidement datées. C’est donc de pied ferme que la première vraie représentante de la marque sur le segment des compactes était attendu, surtout qu’il continue de représenter des volumes importants en Europe, avec plus de 220.000 autos écoulées chaque année. Baptisée Scala (mot latin qui signifie escalier, échelle -c’est tout sauf anodin !-), ce nouveau modèle viendra marcher sur les plates-bandes de pointures du genre : Peugeot 308, Renault Mégane, Volkswagen Golf, sans oublier les outsiders Kia Ceed ou Ford Focus. Je suis parti à sa découverte en terres Bretonnes, entre Brest et Roscoff, afin de vous donner mes impressions.

Un style plus affirmé, et qui s’assume enfin

Plutôt fade, la Rapid n’était pas du genre à déchaîner les foules. Sans verser pour autant dans l’exubérance, cette nouvelle Scala s’affirme clairement. Les traits sont plus marqués, la face avant est plus expressive, et le dynamisme est enfin présent. Un travail particulier a été réalisé sur les optiques, qui peuvent -en fonction du modèle- se convertir au Full LED, à l’avant comme à l’arrière.

Signe que la marque n’a désormais plus peur de son image, le hayon se débarrasse du logo de la marque, et lui préfère un lettrage « Skoda », plus statutaire.

Le profil est à mi-chemin entre une compacte et un break, avec une lunette arrière qui forme un dessin bien plus arrondi que ses autres concurrentes, et donc le verre se prolonge jusqu’à au dessus de la plaque de police.

Un habitacle enfin inspiré, et résolument flatteur

Les changements sont encore plus flagrants quand on s’installe à bord. Exit le design « brut de fonderie » de la Rapid, la Scala opte pour une planche de bord horizontale et aérienne, bien plus agréable au regard, mais aussi au toucher.

La qualité des matériaux utilisés est sans commune mesure par rapport à sa devancière, avec des plastiques généreusement moussés en partie supérieure de la planche de bord, mais aussi sur une partie des panneaux de porte. Si les matériaux utilisés en partie inférieure sont rigides, l’impression globale reste bonne, d’autant que l’auto dispose d’excellents sièges, beaux et confortables.

Auparavant cantonnée à recevoir après tout le monde les dernières technos du groupe, la Scala hérite en avant-première du nouveau système d’infotainment de 9,2 pouces (de série sur Style), réactif et agréable à l’usage. Chose rare, il peut offrir une connectivité Apple CarPlay sans fil. Le Digital Cockpit 10,25 pouces est également de la partie (de série sur Style), de même que la recharge par induction.

Une excellente habilité, et des aspects pratiques soignés

Reposant sur la plate-forme MQB A0 (la même des citadines et SUV urbains du groupe -Audi A1, Seat Ibiza et Arona…-), la Scala ne repose pas sur la même base que les Seat Léon et VW Golf, et ne pourra donc pas recevoir une transmission intégrale, ou de version hybride ou électrique. Longue de 4,36 m, elle dépasse de quelques millimètres une Mégane, mais se montre légèrement plus compacte que la dernière Focus.

Comme souvent chez Skoda, l’auto offre une excellente habilité (une habitude chez la marque), l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure du segment : coffre géant de 467 litres, 87 mm d’espace aux genoux, et 982 mm de garde au toit à l’arrière (une Mégane affiche respectivement 384 litres, 80 mm et 959 mm). Voyager à l’arrière donc rien d’une punition, bien au contraire.

Les occupants profiteront également de nombreuses solutions qui faciliteront leur vie (les « Solutions Simply Clever » si chères au constructeur), dont pour la première fois sur une compacte un hayon électrique.

Notons également la présence de quatre ports USB-C, un compartiment à parapluie dans la portière conducteur, un siège passager avant rabattage, ou encore un ingénieux système de bouchon-entonnoir dans le couvercle du bocal à lave-glace (pourquoi personne n’y a pensé avant ?).

Sur la route : Une élève consciencieuse

La Skoda Scala est l’exemple typique de la voiture sans histoire. Rigoureuse dans sa tenue de route, elle fait preuve d’un cetaine dynamisme si on augmente le rythme, même si quelques mouvements verticaux de suspensions sont à recenser, et que la direction offre un rendu trop artificiel à mon goût. Moins fun à emmener qu’une Seat Léon ou qu’une Peugeot 308, elle offre une position de conduite -basse- agréable, et un bon niveau de confort. A noter qu’elle peut s’équiper d’un amortissement offrant deux lois d’amortissement différentes, dont un mode sport qui rend la conduite plus précise et plus efficace (mais forcément moins confortable).

Agréable voyageuse, elle fait preuve d’une polyvalence indéniable, même si quelques bruits d’air sont à noter à allure autoroutière. A noter qu’elle peut se doter de nombreuses aides à la conduite : régulateur de vitesse adaptatif, aide active au maintien en ligne, détecteur d’angles morts… Autant d’aides qui rendent les trajets moins fatigants, notamment sur autoroute.

Sous le capot, trois motorisations sont disponibles : le 1.0 TSI (en 95 ch ou en 116 ch), le 1.5 TSI (150 ch, avec ACT : désactivation de deux des quatre cylindres si le moteur est peu sollicité), et le 1.6 TDI de 116 ch. Pour cet essai, j’ai opté pour la motorisation la plus puissante : le 1.5 TSI 150, équipé de la boite DSG7. Un moteur qui offre à la Scala ses galons de routière, puisqu’il se montre à la fois silencieux, performant (0 à 100 en 8,2 secondes) et agréable à l’usage. Un plaisir encore accru si vous optez pour la toujours très recommandable boîte DSG7, qui forme un duo de choix avec le 1.5 TSI.

Gamme, tarifs de la Scala

La gamme Scale débute à 19.460 Euros (Scala 1.0 TSI 95 Active BVM5), et est déclinée en trois niveaux de finitions : Active, Ambition, et Style (la quatrième finition Business est réservée aux professionnels). Dès la finition de base, la Scala fait le plein d’équipements de sécurité : Front et Lane Assist (freinage d’urgence et aide active au maintien en ligne si vous préférez), climatisation, Bluetooth, deux ports USB…

Richement dotée, la finition haut de gamme Style (à partir de 25.970 Euros) en offre beaucoup : Digital Cockpit, système d’infotainment 9,2 pouces, caméra de recul, projecteurs avant et arrière Full LED, ADML… Une dotation qui la place dans le groupe de tête de sa catégorie en terme de technologies embarquées.

Ma version d’essai (TSI 150 DSG7 Style) réclame ainsi 28.870 Euros, un tarif qui peut paraître élevé pour une marque dont la réputation sur le segment des compactes reste à faire, mais à mettre en rapport avec la polyvalence offerte par le duo TSI 150/DSG7, et la belle dotation de série. A titre indicatif, une VW Golf 1.5 TSI 150 DSG7 Carat vous en réclamera 33.200 Euros, tandis qu’une Renault Mégane 1.3 TCE 160 EDC Intens est affichée à 30.500 Euros.

Points positifs :

+Ligne plus valorisante et dynamique

+Habitabilité de référence

+Bonne prestations routières, confort intéressant

+Polyvalence offerte par le duo TSI 150/DSG7

+Finition en nette hausse par rapport à la Rapid…

Points négatifs :

-…Mais encore quelques détails à parfaire

-Bruits d’air sur autoroute

-Direction trop artificielle

Conclusion : Une étape franchie

Non, la Skoda Scala n’est sans doute pas l’auto la plus passionnante du segment. Mais pour le reste, elle vise juste. Son habitacle offre un espace digne de la catégorie supérieure, la qualité de présentation et de finition est en nette hausse par rapport à la Rapid qu’elle remplace, et les prestations routières sont également à porter à son crédit, même si elle n’offre pas le petit « je ne sais quoi » des références de la catégorie en ce domaine. Le coup d’essai dans la catégorie est donc validé : Skoda dispose (enfin !) d’une proposition attrayante sur le segment des berlines compactes.