Essais

Mazda MX-5 2024 : faire encore mieux est-il possible ?

Dix ans ! La Mazda MX-5, dite ND, souffle cette année ses dix bougies. Rares sont les voitures pouvant se targuer aujourd’hui d’une si longue carrière avant de se renouveler, voire de disparaître. Fidèle à la tradition Japonaise, Mazda a fait évoluer chaque année cette quatrième génération de son roadster légendaire. Et pour ses dix ans, elle subit son premier petit lifting et quelques nouveautés intéressantes que nous avons pu essayer grâce à la concession Mazda de Dreux.

La MX-5 ND, on la connaît bien. Pour l’avoir eu personnellement plusieurs années dans le garage, nous vous en avons aussi proposé l’essai ici, , ici et plus récemment là pour suivre une étape du Tour Auto. Toit dur, toit souple, petit moteur 1.5 L ou performant 2.0 L, boîte mécanique ou boîte automatique : nous avons profité de chaque kilomètre au volant de cet attachant petit coupé nippon dans tout ce qu’elle a à nous offrir.

Depuis son annonce en 2014, le contexte automobile a changé : les voitures plaisir accessibles ont fondu comme neige au soleil, et les cabriolets ne sont plus l’apanage que des premiums allemands et des supercars. La chasse au CO2 a également été lancée, et Mazda, dont l’électrification ne passe que par une légère hybridation de ces SUV, dont le récent CX-60, et un énigmatique MX-30, se retrouve bien mal lotie.

La firme d’Hiroshima doit aujourd’hui faire avec les réglementations, et condamne ainsi pour 2024 le moteur le plus puissant sur la MX-5 : le 2.0 L 184 ch. Après quelques semaines de commandes, il n’est ainsi plus possible d’opter pour le plus gros moteur sauf à trouver l’un des rares modèles en stock (futur collector !). Le petit moteur 1.5 L 132 ch se retrouve ainsi être la seule variante mécanique disponible pour la MX-5 à partir de maintenant. Un mal pour un bien ?

Dehors : petit coup de bistouri pour la MX-5 des 10 ans

Dix ans et (presque) pas une ride. La MX-5 ND est l’une des voitures les plus marquantes des ces dernières années. Elle est à mon sens la plus réussie des quatre générations, et la plus proche de la pionnière en terme de vision : format de poche avec empattement court et capot long, poids-plume et vision minimaliste au service du plaisir de conduire.

Une évolution en douceur

Ce millésime 2024 ne réinvente pas une si belle recette, mais il renouvelle en douceur un modèle bien né. Le roadster garde ses galbes généreux et ses lignes tendues qui l’ont rendu si séduisant. À vrai dire, seuls les plus aguerris arriveront à différencier notre « ND3 » des MX-5 sorties entre 2015 et 2023. Les feux de jour avant verticaux dans les pare-chocs ont disparu, pour rejoindre les projecteurs, et le dessin des feux arrière a été renouvelé pour faire la part belle aux LED. De nouvelles jantes et un nouveau coloris, Aero Grey, font également leur apparition pour mettre un petit coup de jeune à la MX.

C’est tout ? Oui ! Ne parlons pas d’un vrai restylage, mais plus d’un rafraîchissement de fin de carrière. Avait-elle besoin de plus ? Pas vraiment… Les feux se modernisent comme il faut avec des clignotants à LED, le nouveau gris tape dans le 1000 des couleurs à la mode et le cocktail est toujours aussi séduisant.

Des évolutions à peaufiner ?

Dommage que Mazda ait juste mis des caches en plastique inutiles à la place des ex-feux de jour dans le bouclier avant, alors que de vraies entrées d’air ou des écopes plus agressives auraient pu y être intégrées. Même topo concernant les feux de plaque et lumières intérieures avec des ampoules halogènes jaunes, quand les feux sont passés en 100 % LED. Des économies de bout de chandelle qui font tâche…

Reste que la MX-5 ND fait toujours autant chavirer les cœurs et tourner les têtes. Qu’elle soit en mode roadster avec la ST ou en coupé-targa avec la RF, la MX est devenue une icône de style qui fait consensus et attise la sympathie.

À bord de la MX-5 2024 : le jeu des 7 différences

Même topo à bord du cocon : l’heure n’est pas à changer ce qu’on connaît déjà, mais à faire évoluer en douceur l’habitacle du MX-5. La présentation reste la même, mais les plus avertis remarqueront le nouvel habillage en simili-cuir surpiqué de la console centrale, le nouveau rétroviseur central ainsi que les aiguilles de compteurs re-dessinées.

Le gros des modifications concerne l’apposition d’un nouvel écran tactile de 8,8 pouces, repris des autres modèles de la gamme. Celui-ci gagne également en réactivité et offre une meilleure visibilité en plein soleil. Il intègre le dernier système multimédia MZD Connect avec deux ports USB-C, aux fonctions toujours aussi pauvres et aux menus fouillis, mais propose heureusement Apple CarPlay sans-fil et Android Auto. Nouveauté non négligeable : il est désormais possible d’activer l’écran tactile en roulant, uniquement avec Apple CarPlay pour connecter ses apps préférées et se laisser guider au fil d’un road-trip.

Pour le reste, statu quo. L’habitacle se décline toujours autour de deux types de sellerie, les très beaux sièges baquets Recaro optionnels et les sièges par défaut perforés en cuir. Ces derniers peuvent être recouverts de nappa beige via la finition haute Kazari, qui s’accompagne également d’une capote beige. La finition est bonne, sans être exemplaire, avec des matériaux dans la bonne moyenne, et les assemblages sont très bons. Rien ne craque, rien ne bouge : la MX-5 vieillit bien.

Côté vie à bord, notre petit roadster nous rappelle de voyager léger : le seul vide-poches placé entre les deux sièges perd en volume de chargement, mais le petit coffre est bien fichu et permet de partir en road-trip à deux avec des sacs souples.

Sur la route : un roadster fait pour prendre du plaisir

Pour 2024, la MX-5 reçoit aussi son petit lot de nouveautés côté dynamique, pour le meilleur et pour le… moins bien.

Côté moins bien, la ND se dote désormais de l’arsenal d’aides à la conduite obligatoire (aide au franchissement de ligne et bip de survitesse) qu’il convient de désactiver à chaque démarrage. Heureusement, Mazda a prévu un petit bouton de raccourci permettant de tout museler d’un simple clic. Deuxième déconvenue, la disparition très prochaine sur notre marché de la déclinaison la plus puissante, le 2.0 L 184 ch, qui offrait un niveau de performances bien supérieur et permettant à la MX-5 de chatouiller le monde des sportives, que ça soit sur route ou sur piste.

Côté mieux, consolons-nous avec quelques nouveautés bienvenues sur ce millésime : un mode d’ESP « Track » permettant de ne pas désactiver totalement l’aide, tout en retardant son intervention. Dans les faits, l’ESP par défaut était déjà bien peu intrusif et laissait la dérive du train arrière s’installer avant d’agir. Cela rassurera ceux qui n’osaient pas le couper entièrement mais souhaiteraient toutefois glisser avec leur MX-5.

Une nouvelle direction pour plus de sensations ?

Autre nouveauté, et pas des moindres, Mazda annonce avoir retravaillé la direction de son roadster afin de la rendre plus directe. Dans les faits, cela ne saute pas aux yeux : le point milieu est effectivement un brin plus précis et la direction plus consistante, mais le feeling de conduite ne s’en trouve pas transfiguré. Les puristes regrettent l’assistance hydraulique, mais on ne peut à vrai dire pas reprocher grand chose à ce qui se passe entre nos mains au volant d’une ND : le museau réagit avec vivacité, avec une inscription en courbe précise et des transferts de charge marqués mais prévisibles et toujours sains.

En configuration standard, sans ressorts courts ou suspensions sport, la MX-5 est de toute façon toujours aussi volontaire à se dandiner et à passer de virage en virage avec panache. Elle n’est pas une voiture rigoureuse et performante au sens sportif du terme, on n’ira pas chercher le chrono avec cette auto en configuration par défaut mais plutôt les sourires. Le nouveau système KPC permet de réduire le roulis, mais elle garde une propension certaine à en prendre dans les appels/contre-appels et courbes serrées. Elle n’est pas sur des rails et vit, c’est ce qui fait tout son charme !

Sous le capot de la MX-5 2024 : un petit 1.5 L toujours aussi attachant

Côté mécanique, retrouver le pétillant petit 1.5 L de 132 ch désormais micro-hybridé est toujours un plaisir. Petit bloc atmosphérique qui aime monter dans les tours, il a l’appétit d’un moineau (5,5 L/100 km en conduite coulée, 7,0 L/100 km en conduite dynamique) sans pour autant gommer les sensations.

Peu coupleux à bas régime, il convient de rester au-delà des 4000 tr./min. pour faire chanter un échappement un poil plus volubile que dans mes souvenirs, et en tirer les frêles 152 Nm de couple. Cela ne lui permet pas de rouler sur un filet de gaz comme le 2.0 L et il faut 8,3 secondes pour abattre le 0-100 km/h, mais il incite à jouer de la jouissive boite mécanique qui nous enchante à chacun de nos essais par ses débattements courts et sa conduite exemplaire. Surtout qu’avec tout juste une tonne sur la balance, la MX-5 n’a à vrai dire pas besoin de plus de puissance.

Vous l’aurez compris, si vous possédez une Miata de quatrième génération, rien de bien nouveau à se mettre sous la dent côté conduite. Mais en même temps… elle n’avait pas forcément besoin !

Pour retrouver tous nos essais de Mazda MX-5 et les impressions de conduite complètes, c’est ici.

Un cru 2024 qui peaufine une génération bien née

Dix ans après, la MX-5 ne passe pas la cinquième. Mazda fait perdurer la ND et la fait évoluer tout en douceur pour gommer ses quelques rides naissantes et la mettre à jour au niveau technologique. Proposée à 29 000 € il y a encore cinq ans pour une configuration équivalente, notre version 1.5 L Exclusive Line est désormais affichée à plus de 36 000 € (hors malus de 983 €). Une inflation regrettable et difficilement explicable tant le produit n’a que peu bougé (à part la garantie qui passe à 6 ans ou 150 000 km), mais qui place toujours la MX-5 dans les autos passion les plus accessibles, et le cab’ le moins cher du marché.

Dans un contexte où la voiture plaisir re-devient un luxe, la ND prodigue des sensations devenues utopiques dans le paysage automobile. Elle transmet des sensations authentiques : ni modes de conduite, ni artifices, la Mazda MX-5 s’adresse à ceux qui cherchent un plaisir de conduite sans filtre. Sentir la route, être au plus proche de la nature et parcourir les plus belles routes sans laisser un rein à chaque plein d’essence, elle est l’outil parfait pour continuer à prendre son pied derrière un volant. Espérons que cela dure encore longtemps…

Galerie photo : Mazda MX-5 2024

Photo : Victor Desmet