Mazda MX-5 : cure de passion sur les routes du Tour Auto
Chaque année au printemps se déroule le mythique Tour Auto. Plus de 200 voitures historiques, allant de la BMW Isetta à de rarissimes Ferrari, Ford GT-40 ou Cobra Daytona, traversent notre pays par ses plus belles routes. Une opportunité unique de respirer les douces senteurs d’essence et de prendre une bonne dose de passion automobile. Pour nous accompagner au fil des deux premières étapes de ce Tour Auto 2022, nous avons choisi la mouture 2022 de la Mazda MX-5, roadster ô combien attachant et adapté à cet exercice.
La MX-5 n’est pas une nouveauté. Elle est même plutôt en fin de carrière pour cette quatrième génération. Mathias avait eu le plaisir de l’emmener sur les jolies routes de la Forêt Noire dans sa version 1.5, de découvrir la version à toit dur RF et son exotique boite automatique, puis en Auvergne avec la très exclusive déclinaison 30e Anniversaire. Une idylle entre le blog et la petite Japonaise que l’on poursuit ici, sept ans après sa commercialisation.

(Presque) pas une ride
Sept ans sans connaitre un coup de bistouri, de nos jours, c’est rare ! Notre MX-5 de 4e génération a été lancée en 2015, et sa robe n’a pas connu de restylage depuis. Mais en a-t-elle réellement besoin ?
Elle ne vieillit pas cette voiture… Ses lignes tendues, son capot et son bosselage de bébé muscle-car, ses hanches bombées et ce format de petite puce : la MX-5 ND est encore dans le coup. Et même si elle mériterait une signature lumineuse affinée et un poil plus dans la veine des Mazda 3, elle n’accuse pas ses sept bougies.


Mazda lui a offert au fil de sa carrière de nouveaux coloris, dont notre tout nouveau Platinum Quartz : une teinte très classe qui passe du doré brillant en plein soleil à un gris rosé avec moins de lumière. Pour le cru 2022, on peut aussi choisir la couleur de sa sellerie (blanche, noire ou marron) ainsi que sa capote (noire, bleue ou bordeaux). Une possibilité de personnalisation que les clients demandaient depuis longtemps. Notre configuration Platinum Quartz, capote bleue et sièges RECARO a un côté chic et sport très réussi.



À bord, même topo. Aucun changement notable depuis la naissance de cette 4e génération : à part l’arrivée de CarPlay (sans-fil) et Android Auto, de nouveaux pare-soleil et un volant réglable en profondeur. Après tout, pas besoin de plus, même si l’écran a pris un petit coup de vieux. C’est solide, bien conçu et surtout très ergonomique. Juste ce qu’il faut de connectivité et d’aides à la conduite pour être dans l’ère du temps et se concentrer sur ce qui compte : la conduite.

Les bagages pour quelques à jours à deux passent tout juste dans le petit coffre et on se plait à retrouver ces fauteuils Recaro aussi enveloppants et confortables qu’ils sont beaux. Le Tour Auto, c’est entre 400 et 500 km avec 8 à 9 heures de route par jour, alors il faut choisir sa monture avec soin pour ne pas finir la semaine en vrac.
En route !
MX-5 ou la quête du « light is right »
Chaque élément a été pensé pour alléger la voiture, améliorer encore le plaisir de conduite, et revenir aux sensations de la NA originelle. Les Japonais appellent ça le « Jinbai ittai » : faire corps avec sa machine.

Moins d’une tonne à vide : elle réussit l’exploit, en se dotant pourtant de tout le surplus de confort à bord, de peser moins que sa devancière. Pour arriver à ce poids plume, Mazda a eu recours a de l’acier haute-élasticité et de l’aluminium pour sa structure, et chaque détail a été pensé pour être moins lourd : une recherche de la légèreté jusque dans les moindre détails avec, et c’est véridique, des vis et fixations conçues et polies exclusivement pour le modèle par exemple. La répartition des masses est elle aussi optimale (50/50) : le moteur est en position centrale avant, placé derrière l’axe des roues, et la propulsion sous les fauteuils.

Au milieu des Lotus Elan ou Austin Healey au départ de ce Tour Auto, la MX-5 à sa place. Cette quête de la légèreté qui remonte aux origines de la première génération NA, en 1989, est ici plus que jamais l’une des raisons du succès de cette ND. Tout le charme du roadster anglais, fiabilisé et modernisé.
Relative polyvalence
Cette cure d’allégement permet au petit quatre cylindres 1.5 atmo’ de 132 ch de démontrer sa vigueur et de servir comme il faut la MX-5. Il offre le luxe de cruiser tranquillement à 3200 tr./min. sur autoroute avec en fond une petite sonorité rauque très agréable, et ce en consommant autant qu’avec une citadine (environ 6,3 L). Les bruits d’air sont bien évidemment présents, mais on peut discuter sans soucis avec son copilote et profiter du système Bose embarqué.

La ND ne rechigne pas à enchainer les kilomètres de liaison autoroutière du Tour Auto, on peut voyager à son bord sans être fatigué. Pas besoin de casque anti-bruit ou de pause trop fréquentes, elle est une voiture moderne avec toute l’authenticité d’une voiture-plaisir.
Pour le plaisir, juste pour le plaisir
La position de conduite de la MX-5, premier attribut du plaisir de conduite. Après s’être glissé à bord, impossible de ne pas avoir envie de faire un long road-trip… Une assise basse juste comme il faut pour apercevoir ce capot interminable et son bosselage dont je suis amoureux, le dossier du siège raide, les jambes allongées qui viennent se poser contre le pédalier vertical et un volant qui tombe parfaitement en mains. Un régal.

Côtoyer les Ferrari 250 GT SWB, Cobra et Jaguar Type-E des participants du Tour Auto en cabriolet éveille les sens. Nos tympans entendent débouler les V12 et V8 de loin, puis les effluves d’essence et d’huile propres aux anciennes arrivent jusqu’à nos narines une fois ces merveilles devant nous. Une expérience de passionné absolument magique, qui nous rappelle à quel point la vision du roadster est proche de celle de la moto. On profite de la nature et des éléments avec un rapport que l’on a pas avec un coupé sportif fermé.

En ce petite matin brumeux, il caille un peu à Rambouillet au départ du Tour Auto. Chauffage activé, sièges-chauffants enclenchés, on ouvre et on profite de la conduite au grand air. Le mécanisme d’ouverture/fermeture de la capote est enfantin et a l’immense avantage de se faire en roulant, à une main et en moins de cinq secondes. La philosophie du roadster s’exprime enfin, et il ne faut que quelques minutes à son volant pour tomber amoureux de la MX.

Rouler en MX-5 : retour aux sensations authentiques
Le quatre cylindres atmo’ a un petit côté « à l’ancienne » et atypique qui chamboule les moteurs que l’on a l’habitude de côtoyer. Il perd sa relative timidité une fois les 4000 tr./min. passés, et le mignon ronronnement laisse place à une montée en décibel jusqu’aux confins de la zone rouge (7500 tr./min.). Peu de moulins montent aujourd’hui haut sans s’essouffler et avec autant de panache, mis de côté les flat-6 Porsche.

La puissance du 1.5 L va toutefois se chercher et se mérite, c’est un moteur qui n’aime pas la fainéantise et qui ne demande qu’à être cravaché pour montrer le meilleur de lui-même. On ne peut pas vraiment rouler sur un filet de gaz et décider de relancer efficacement à 2500 tr./min. comme avec 99 % des sportives d’aujourd’hui. Ça n’a pas la souplesse du moteur 2.0 L, mais c’est bien plus agréable à emmener que le flat-4 des précédentes Subaru BRZ et Toyota GR-86. Il faut jouer de la boite de vitesse pour savourer cette mécanique, et apprivoiser un peu le caractère de ce moteur pour l’apprécier à sa juste valeur.
Conçue pour la passion
Une boite que l’on met au panthéon des boite méca’ d’ailleurs, avec son débattement court (40 mm), ses verrouillage francs, et sa conduite excellente. Le petit pommeau rond a été placé au millimètre près, à la position parfaite pour qu’il tombe parfaitement sous la main. On en vient même à passer des rapports pour le plaisir d’entendre l’échappement s’exprimer. Le pédalier est un régal pour le talon-pointe, et la course de la pédale d’embrayage est dosée juste comme il faut pour des passages de rapports fluides et efficaces.

Volant bien en mains, la direction est précise et informative à souhait, même si on aimerait un train avant un brin plus précis à l’inscription. Une sensation que l’on peut retrouver en rabaissant l’auto’ avec un kit accessoires à 500 €, gommant ainsi sa propension à plonger le museau dans l’asphalte lors des freinages appuyés.

La MX-5, c’est une histoire de feeling : on ressent dans ses tripes les différents organes de la voiture s’exprimer : le pommeau tremble en phase d’accélération, le volant vous dit tout ce qui se passe sous les roues et l’échappement part dans des envolées lyriques attachantes à chaque relance. Le freinage, lui, est progressif et suffit dans ce pourquoi elle a été conçue. Il méritera toutefois quelques améliorations pour tenir de longues sessions de roulage musclées ou de la piste, avec avec un manque de mordant dans la course de la pédale et une endurance un peu légère.
Parfaitement imparfaite
Efficace, la MX-5 1.5 ne l’est pas vraiment. Pas au sens « performances » du terme en tout cas. Sa suspension en est le meilleur exemple : Mazda a cherché à rendre cette configuration de MX vivable au quotidien, et à produire ainsi ce compromis entre confort et sportivité. On ne pourra ainsi que féliciter le confort général de la voiture sur tous les types de route et sur de longs roulages. Ce tarage relativement souple de l’amortissement se ressent en conduite plus dynamique, sans pour autant que celui-ci n’entache le comportement général du roadster.

Surtout que cette version 2022 apporte un système appelé le Kinematic Posture Control (KPC), qui vient réduire le roulis. Il détecte immédiatement la différence de vitesse de rotation entre les roues arrière et serre légèrement le frein de la roue intérieure pour optimiser la réponse du train arrière et stabiliser le véhicule. Une intervention quasiment imperceptible qui laisse les fesses dériver à la demande, mais qui offre à ce cru 2022 un train arrière plus efficace. On a cette sensation que la MX-5 enroule bien mieux les courbes et gomme en partie ce transfert de charges dont on pouvait se plaindre sans pour autant être trop intrusif. Moi qui pensais à un élément marketing, l’essayer c’est le ressentir immédiatement, et l’adopter.

Dépourvue d’auto-bloquant sur cette version 1.5, glisser en Miata n’a rien de compliqué ou même de dangereux. La légèreté de la voiture et le comportement des pneus Yokohama Advan Sport collent parfaitement à sa philosophie. Le grip est excellent et l’on sent progressivement arriver le point de rupture de l’adhérence puis le train arrière partir. Un peu de maitrise et un gros sourire plus tard, remettre la voiture dans l’axe de la courbe est un jeu d’enfant, surtout que l’ESP n’est pas trop permissif, et fort heureusement déconnectable. La légèreté et l’équilibre des masses, là encore, est la clé.

Ce côté vivant et pétillant, cela participe au plaisir de conduite de cette voiture : tout son charme est de la sentir se balader dans les enchainements sinueux sans jamais devenir piégeuse. L’essence de la MX-5, c’est un petit moteur, un poids plume et un comportement vivant. Et même si la déclinaison 2.0 avec de bonnes suspensions sera bien plus efficace, cette version 1.5 a pour moi cette équilibre idéal qui fait tout l’intérêt du roadster japonais. Elle est la meilleure MX-5 à prendre à ce jour.

Une cure de passion automobile
Les kilomètres s’enchaînent et le charme opère toujours, la MX-5 c’est un état d’esprit et une recette qui prend depuis plus de 30 ans. Cette voiture… elle vous pousse à prendre des détours pour rentrer chez vous, à décocher l’option « autoroutes » du GPS et à partir un matin sans vraiment savoir où aller, à la recherche de virages et de paysages.
Ces deux premières étapes du Tour Auto 2022 n’auront guère eu d’intérêt d’un point de vue roulage, laissant à la fin de l’épreuve dans Le Périgord puis Les Pyrénées toutes les joyeusetés. Mais ça n’est pas grave ; inutile de rouler vite pour prendre du plaisir à son bord et se sentir rassasié, on se plait à profiter des champs de colza de La Beauce aux vignes de l’Anjou. À cruiser sur le remblais de La Baule ou à serpenter dans les méandres de la vallée de La Gartempe.

Ce rapport avec le monde qui nous entoure et cette connexion spéciale avec la voiture, c’est une véritable cure pour nous qui sommes à présent amenés à parler capacité de batterie, puissance de charge et autonomie sur autoroute. On ne sait ce que le futur réserve à la MX-5, mais Mazda compte bien proposer une nouvelle et sûrement ultime génération thermique dans les prochaines années. L’automobile-plaisir abordable court à sa perte, et la MX-5 est une formidable capsule temporelle que tout passionné se doit de découvrir, voire de posséder dans sa collection.

Galerie Photo – Sur les routes du Tour Auto






















Galerie Photo – MX-5 (2022)

































Photos : Victor Desmet, Vincent Moreau, Joris Clerc