Essais

Volkswagen Golf 8 GTI Clubsport Edition 45 : La Reine est de retour !

La Golf GTI, c’est le best-seller de VW depuis des dizaines d’années, et indéniablement la voiture la plus importante pour le constructeur depuis qu’elle a vu le jour en 1978. Elle a aussi marqué l’histoire en étant à l’origine d’un nouveau concept de l’automobile, aujourd’hui mondialement connu et représenté par trois lettres : GTI.

Sauf que voilà… Un peu à notre image, avec les années, la Golf a pris de l’embonpoint et a perdu son âme d’enfant. Au fil des générations, la compacte star a grandi, elle s’est embourgeoisée et elle a quelque peu délaissé son âme et son pedigree de sportive.

Dieu Merci, de vieux sorciers de la division sportive de Volkswagen parcourent toujours les couloirs de Wolfsburg. Ces derniers mettent au point des modèles pétillants comme la Golf 7 GTI Clubsport S, devenue aujourd’hui un véritable collector avec une belle cote. En 2021, c’est la Golf 8 qui a eu droit à sa déclinaison ultime, dites bonjour à… la Golf GTI Clubsport !

Essai – Volkswagen Golf 8 GTI Clubsport Édition 45

Dans la famille des « grosses » Golf 8, on trouve donc : la Golf GTD (diesel de 200 ch), la Golf GTI (essence 245 ch), la Golf GTE (essence hybride 245 ch), notre Golf GTI Clubsport (300 ch) et la fameuse Golf R (4 roues motrices, 320 ch). Une gamme étendue où chaque modèle a sa propre philosophie, et au sein de laquelle la GTI Clubsport se veut être la plus sportive, et la plus aboutie de toutes. Ça promet !

Un hommage à la pionnière

45 ans après la sortie de la Golf GTI, nous voici donc en présence d’une édition anniversaire très limitée (et déjà épuisée) de la Golf GTI Clubsport : l’Édition 45.

Côté look, la Clubsport apporte ce soupçon de piment supplémentaire bienvenu. Dans son coloris Gris Nardo Lunaire, dont la teinte change en fonction de la lumière, et avec des éléments noir et rouge, l’ensemble est musclé ! Le bouclier avant a perdu ses feux de jour à damiers pour une grosse entrée d’air et un regard plus agressif, alors que la ligne rouge GTI traverse toujours la calandre et les feux, le tout souligné par une ligne de LED jolie comme tout.

De profil, la Golf GTI Clubsport 45 en met plein la vue. L’édition spéciale propose des stickers rappelant ceux de la Golf 7 GTI TCR et de belles jantes de 19 pouces noires et rouges à rayons derrière lesquelles d’imposants disques et leurs étriers rouges ne se cachent pas du tout. Sa garde au sol a également été réduite de 10 mm par rapport à une Golf GTI. À l’arrière, un imposant béquet trône au-dessus de la lunette arrière, et une double sortie d’échappement signée Akrapovic (de série sur cette série spéciale) habille le diffuseur.

Le cocktail stylistique de cette édition 45 ne fait pas dans la dentelle, et fait tourner les têtes. La chic et sage Golf GTI qui se fond dans tous les univers laisse ici sa place à une vraie sportive, qui a toute légitimité à se retrouver au Nürburgring.

Le Nürb’, justement, a trouvé sa petite place au cœur de cette Golf GTI Clubsport : le circuit mythique a servi de terrain de mise au point pour cette super Golf. Parmi les petites exclusivités de cette Clubsport, on trouve un mode de conduite dérivé du mode Sport spécifique permettant d’ajuster plusieurs paramètres de la voiture. Mais on y reviendra plus tard…

La GTI haut-de-gamme

Pour l’heure, on découvre un intérieur de Golf 8 GTI somme toute « normale » : pas de décoration ou équipement spécifique à la Clubsport. Le volant se voit doté d’un petit logo 45 pour notre édition spéciale, et de beaux sièges baquet monoblocs remplacent les fauteuils au traditionnel motif Clark. À bord, la Golf 8 GTI Clubsport est loin d’être une sportive radicale qui fait l’impasse sur le confort et la dotation digne d’un haut-de-gamme. Elle ne laisse pas tomber sa banquette comme le faisait son ancêtre, Golf 7 GTI Clubsport S.

L’équipement est complet, l’ergonomie des commandes tactiles/haptiques toujours aussi discutable et la position de conduite ne souffre d’aucune critique. Les fesses et les épaules sont bien calées dans les fauteuils, le volant à la jante épaisse, dont les parties où les mains se posent sont recouvertes de cuir perforé, tombe parfaitement en mains. L’instrumentation numérique personnalisable permet notamment de choisir une interface avec un compte-tours central proéminent. Ça commence à sentir le sport !

Pas de balle de golf en guise de pommeau de boite de vitesses, la Golf 8 GTI Clubsport n’est plus disponible qu’avec la boite à double-embrayage DSG 7. Une petite déception de ne pas laisser le choix pour une version ultime de la Golf GTI, mais elle se veut ainsi plus vivable et plus polyvalente.

Civilisée (mais pas trop)

Même en version Clubsport, la Golf 8 GTI reste ce couteau-suisse bluffant qui a fait tout son succès au fil des générations.

Basculer en Mode Éco permet même de limiter les consommations en arrêtant le moteur en roue libre et en phases de décélération, mais aussi de brider la puissance du moteur et de bâillonner la boite DSG. Ça ne mène logiquement pas au niveau d’économies de la Golf GTE, mais ça rajoute une couche supplémentaire de polyvalence dans la vie de tous les jours. Silence, consommations mesurées (8 L / 100 km sur autoroute, 6,5 L / 100 km au quotidien), les rapports passent sous 2500 tr./min., le moteur est aphone, la direction toute douce : diantre, cette Golf en mode Confort est une Golf lambda avec un gros kit carrosserie.

La présence de l’amortissement piloté (DCC), réglable sur pas moins de dix positions, illustre parfaitement cette polyvalence. Combiné au sélecteur de modes, on peut ainsi élaborer la Golf que l’on désire et avoir une voiture tantôt très ferme, afin de gommer une quelconque prise de roulis, tantôt presque confortable. « Presque », car elle reste ferme et exigeante pour les lombaires.

On peut envisager sans souci rouler au quotidien et partir avec en vacances grâce à toutes les aides à la conduite et équipements de confort, mais elle vous rappelle à chaque dos d’âne que son truc à elle c’est plutôt l’attaque…

Taillée pour envoyer !

Passer en Mode Sport transforme cette Golf GTI Clubsport ! Avec le 2.0 TSI porté à 300 ch (à 5300 tr.min.) et une cartographie adaptée, l’infatigable quatre cylindres du groupe VAG offre des performances loin d’être ridicules. Le 0-100 en 5,6 secondes est abattu grâce à un couple de 400 Nm dès 2000 tr. / min., et la vitesse maximum frise les 270 km/h.

Appuyer sur la pédale d’accélérateur catapulte la Golf : ce bloc turbo, aussi souple à bas régime que plein jusqu’à 7000 tr./min est l’un des plus ronds et pleins encore à ce jour. Accompagné par une ligne Akrapovic volubile juste comme il faut, qui ne tombe pas dans la vulgaire à chaque passage de rapport, chaque accélération en devient alors grisante ! Chaque lâcher de gaz nous gratifie de quelques pétarades rigolotes, mais la Golf 8 est bien plus discrète que la Golf 7 R et son échappement Akrapovic en titane qui se faisait remarquer. La sonorité est amplifiée à bord, mais elle sonne également merveilleusement bien de l’extérieur.

Forcément lié à la transmission automatique, le duo 2.0 + boite DSG bien connu est ici un peu le talon d’Achille de la voiture à mon sens. Laisser faire le système (en mode Sport) revient à faire crier inutilement le moteur jusqu’à la zone rouge à la montée avant de passer au rapport suivant, et à souffrir de rétrogradage paresseux à la descente, se retrouvant ainsi souvent en sous-régime et manquer de frein-moteur. On en vient alors à utiliser en permanence les palettes… profitant ainsi de la rapidité des passages de rapports de la DSG. On peste toutefois sur le refus pour la boite de rétrograder rapidement en 4 > 3 > 2 et rester haute dans les tours, posant alors problème sur les gros freinages en conduite sportive.

Le manque de frein-moteur, combiné à cette paresse à la descente de rapports de la boite de vitesse, fait que l’on sur-sollicite les freins de la Golf. Ces derniers ont été adaptés sur la version Clubsport : les disques avant percés mesurent 357 mm de diamètre et les étriers à deux pistons offrent un bon mordant, mais l’endurance s’en voit réduite sur de trop longues sessions.

Un tour complet du Nürb à rythme énervé avec les plaquettes de série me semble compliqué à boucler. En ce week-end avec un air à plus de 33 degrés et sur des sessions de gros roulage de 10 minutes, au fil des freinages appuyés et de la montée en température, je sentais petit à petit le système baisser en efficacité et la pédale changer de consistance. Pas forcément rassurant.

Un châssis à toute épreuve

« Plus on roule vite, moins on sent les bosses ! »

Comme la Golf R, notre Golf GTI Clubsport est doté du mode Nürburgring. Heureusement, pas besoin d’être sur le noble bitume du circuit allemand pour l’activer, et c’est tant mieux !

Le mode Sport, et sa variante « Special » dédiée au Nürburgring (ou aux départementales Françaises)

Les dix niveaux de choix possibles de la suspension pilotée DCC offrent au conducteur tout le loisir d’avoir un voiture très ferme, parfaite pour la piste, ou plus confortable, même si le terme « confortable » est un poil usurpé tant cela reste assez raide. Le mode Sport, et son réglage de suspension lié, est à réserver aux circuits et routes au bitume parfaitement lisse. Compliqué d’être efficace sur nos petites départementales bosselées tant la suspension est rigoureuse et faut sautiller la voiture. On ressent alors chaque déformation dans la direction et dans les lombaires, rendant la Golf trop ferme pour être plaisante à mener.

Heureusement, le mode Nürburgring conjugue le meilleur du Mode Sport (direction raffermie, boite DSG plus rapide et sonorité moteur/échappement améliorée) tout en ayant un amortissement plus tolérant aux aspérités de la route. Plus on roule vite, plus la voiture semble survoler la route et avaler le bitume avec une efficacité redoutable. Sur la version Clubsport, Le train avant bénéficie d’un carrossage spécifique (-1,20° par rapport à la GTI). Cela lui permet de s’inscrire avec brio, et à l’arrière de suivre sans sourciller, n’accusant ni sous-virage ni prise de roulis. La voiture est parfaitement stable, et permet ainsi de repousser les vitesses de passages en courbes. 

Elle a beau être saine et bonne élève en la menant proprement, elle sait tout de même être fun quand on vient à la titiller. Le grip assez limité des Bridgestone Potenza S005 permettait ainsi à notre Golf GTI Clubsport de réagir avec entrain aux remises de gaz virulentes en décalant la proue avec joie. Dotée d’un différentiel à glissement limité et plus du différentiel électronique XDS moyennement convaincant de la GTI, cette version Clubsport et ses 400 Nm du couple passent sans soucis au sol.

Un bilan dynamique convaincant, qui apporte une dose non-négligeable de piquant par rapport à une très sage Golf GTI. Allez, rêvons un peu et imaginons une Clubsport S avec une boite mécanique à six vitesses, 10 chevaux en plus et des Michelin Pilot Sport Cup 2. Le Graal n’est plus si loin…

De l’âme !

Cela fait longtemps qu’une Golf ne m’avait pas autant filé la banane. La Golf 7 GTI TCR n’était pas à la hauteur de son pedigree, la Golf 8 GTI trop sérieuse pour être une vraie « hot hatch » comme diraient les Anglais, et la Golf 8 R trop aseptisée pour rester dans les mémoires. Un boulevard se dressait alors devant les metteurs au points de cette Golf 8 GTI Clubsport, et ils n’ont pas raté le coche.

De son look démoniaque à son moteur plein à tous les régimes en passant par un châssis digne d’un couteau-suisse parmi les références de la catégorie… elle est une vraie sportive sans pour autant être trop extrême. Une Golf GTI, même si pimentée, se doit de rester un minimum polyvalente et surtout approchable par le pilote amateur, tout en pouvant être un outil de choix sur circuit. Cette déclinaison Clubsport s’inscrit en tout cas parfaitement dans la gamme comme la sportive ultime de VW.

Espèce en voie de disparition, elle affronte désormais en France la formidable Mégane IV RS, dont les années sont comptées, sa cousine Léon Cupra et… c’est à peu près tout. Affichée juste au-dessus de 50 000 € (hors malus), notre version rare Edition 45 fait payer au prix fort ses qualités et son exclusivité (Clubsport à partir de 47 200 €).

7’54’’ le tour du Nürb’ par le pilote-maison VW, soit 13 secondes de mieux qu’une Golf 8 GTI, et 5 secondes de moins que la GTI Clubsport S pourtant vidée de sa banquette arrière et avec 10 chevaux de plus. Cette Golf, c’est plusieurs voitures en une, capables de rouler tous les jours avec la famille, mais aussi de réaliser des temps sur le Nürb’. Toute la maitrise des équipes de VW Motorsport se ressent ainsi dans cette voiture qui propose une vraie cohérence et illustre la vision de la GTI moderne. Son look est en adéquation avec ses prestations, et il y a fort à parier qu’il s’agisse de la dernière Golf GTI ultime. Un futur collector !

Galerie Photo – Volkswagen Golf 8 GTI Clubsport Édition 45