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Essai : Kia ProCeed GT 204 ch : La révélation !

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Apparues sur le marché Français surtout dans les années 90, les voitures Coréennes se distinguaient alors par un tarif imbattable (rappelez-vous la petite Kia Pride, vendue à l’époque moins de 40.000 Francs !), un équipement riche, et… c’était à peu-près tout.

De génération en génération, elles n’ont pas cessé de s’améliorer, rattrapant ainsi progressivement leur retard sur leurs rivales Européennes. Pour Kia, cette révolution culturelle a vraiment commencée en 2006, avec le lancement de la première génération de Cee’d (avec l’apostrophe à l’époque), qui était pour la première fois dessinée, conçue, développée et produite en Europe (et plus précisément en Slovaquie). Par rapport à la fade Cerrato qu’elle remplaçait, cette Cee’d offrait un niveau de prestations alors jamais vu sur une Kia, offrant ainsi à la marque une visibilité et un succès sans précédent, avec plus de 1,3 million d’unités écoulées depuis.

Aujourd’hui, la gamme du constructeur Coréen se distingue par des modèles globalement dynamiques et compétitifs, de l’espiègle Picanto à la superbe Stinger, en passant par les sacro-saints SUV (et notamment l’excellent Sportage, et plus récemment le e-Niro 100 % électrique). Tous bénéficient en plus de l’argument massue du constructeur : la fameuse garantie 7 ans, qui a indéniablement contribué à son succès.

La sublime Kia Stinger

Trêve de bavardage, je n’ai jamais eu l’occasion d’essayer une Kia. Puisqu’il n’est jamais trop tard pour réparer ses erreurs, je suis parti à Barcelone mettre à l’épreuve la dernière production maison : la très intrigante ProCeed. Récit d’un coup de foudre automobile.

Une ligne à la croisée des genres

Cette nouvelle ProCeed symbolise bien le virage radical opéré par la marque ces dernières années. En effet, elle délaisse la carrosserie coupé 3 portes des deux premières générations afin de devenir un « shooting brake », à la croisée des genres entre break et coupé.

Plus basse, mais aussi plus longue qu’une Ceed 5 portes ou SW (relire l’essai de la Ceed de troisième génération par Michaël), la ProCeed offre un profil très élancé, long de 4.605 mm, et marqué par une très sensuelle « chute de reins ». Ses designers ont visiblement multiplié les sources d’inspirations : Mercedes CLA Shooting Brake, Porsche Panamera Sport Turismo… Avouez qu’il y a pire comme référence(s) ! A l’exception des ailes avant et du capot, tous les autres panneaux de la ProCeed sont spécifiques par rapport à la berline.

Si le profil plongeant est propre au modèle, la face avant reste proche de celle de la Ceed classique, avec la fameuse calandre pincée -Tiger Nose dans le jargon maison-, ou la signature visuelle des feux de jour, formant un carré (signature qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle des dernières productions… Porsche). A croire que Kia a délocalisé le design de sa ProCeed à Zuffenhausen !

Les boucliers sont spécifiques, avant un accès mis sur la largeur de l’auto, même si l’effet n’est que visuel (la largeur de la ProCeed est en effet identique aux autres Ceed). Même son de cloche à l’arrière, avec une signature lumineuse à LED qui s’étire sur toute la longueur de l’auto (là encore, c’est très réussi). Petit détail que j’adore : le troisième feu stop triangulaire, dans le plus pur esprit compétition auto (un élément que j’avais déjà remarqué sur la brillante Hyundai i30N –relire mon comparatif i30N/Mégane 4 R.S./Civic Type R).

Je ne vais pas tergiverser : pour moi, cette ProCeed est une vraie réussite esthétique, et cet avis est d’ailleurs partagé par les camarades présents lors de l’essai. Trapue, élancée, inspirant la vitesse même à l’arrêt, elle possède une vraie présence/prestance, et les nombreux regards qu’elle aura attiré chez les Barcelonais (pourtant habitués à voir défiler chez eux de nombreuses nouveautés automobiles) le confirment.

Renversante la ProCeed ? Il y a de ça !

Un habitacle au diapason

Par rapport à l’extérieur, les changements apportés à l’habitacle par rapport à la Ceed classique sont moins significatifs. La ProCeed reprend la planche de bord de la berline, avec son profil horizontal, et son écran tactile flottant de 8 pouces au centre (ergonomique et réactif à l’usage).

Le ciel de toit passe au noir, les sièges « sport » sont plus larges et fermes (ils maintiennent bien soit dit en passant), et l’auto dispose d’office d’un volant à méplat. Ce dernier reçoit des palettes en alliage lorsqu’on opte pour la boîte à double embrayage.

Même si le pavillon est abaissé, l’auto se targue d’offrir une garde au toit et une longueur aux jambes confortables. A l’arrière, deux adultes prendront ainsi confortablement place, et mon petit 1.76 m disposait encore de quelques centimètres au dessus de la tête !

Surtout, le coffre de la Kia offre un volume 50% plus important que celui de la berline, avec 594 litres, et un seuil de chargement particulièrement bas.

Le coffre de la ProCeed ne concède que quelques litres à la Ceed SW, qui offre 620 L de chargement

L’auto n’a pas à rougir de sa qualité de finition, bien au contraire. Les plastiques utilisés en partie supérieure de la planche de bord sont généreusement moussés, les commandes respirent le sérieux, et globalement la présentation est raffinée. Tout au plus, on pourra regretter certains plastiques « laque piano » utilisés au niveau du levier de vitesse qui marquent vite, et un combiné d’instrumentation un peu trop simple dans son graphisme (à quand une instrumentation digitale ?).

Point fort habituel des productions Coréennes, la dotation de cette déclinaison GT haut de gamme est tout bonnement pléthorique : sièges chauffants et électriques, hayon électrique, système son Bose (pas mal du tout d’ailleurs), systèmes d’aides à la conduite avancés (régulateur adaptatif, lane assist -qui fonctionne très bien-), système d’échappement actif…

La ProCeed GT sur route & piste

Jolie, bien finie, très richement dotée, cette ProCeed GT a l’air d’avoir tout pour plaire. Reste une question centrale : elle donne quoi volant en mains ? Débutons avec l’essai routier justement.

Malgré des conditions apocalyptiques (bon OK, j’exagère un peu, mais entre le brouillard et la pluie le mauvais temps n’aura pas cessé de nous importuner…) l’auto se sera montrée tout simplement impériale. Direction précise et consistante, train avant réactif, prises de roulis très bien contenues, bel équilibre : clairement, Kia a soigné les liaisons au sol de cette ProCeed GT. Très agréable routière, l’auto se montre silencieuse et reposante sur longs trajets, notamment autoroutiers.

Version GT à caractère sportif oblige, les suspensions sont toutefois assez fermes (surtout que l’auto est équipée de roues 18 pouces), mais sans excès pour autant (c’est une bonne chose, vu qu’il n’est pas possible de jouer avec la fermeté des amortisseurs). A défaut de suspension pilotée, l’auto s’offre un vrai mode Sport, qui pour une fois n’est pas là que pour flatter l’égo de son conducteur : la direction se raffermit, la pédale d’accélérateur devient plus réactive, et la boîte à double embrayage DCT7 (livrée d’office sur la GT) est elle aussi plus affûtée.

Surtout, les clapets du système d’échappement s’ouvrent, et cela fait une sacré différence ! La sonorité devient en effet (beaucoup) plus démonstrative, l’auto émettant un bruit rauque vraiment plaisant (sans verser dans la caricature pour autant). Ecoutez vous-même :

Venons-en justement au moteur. Animée par un quatre cylindres 1.6 L Turbo de 204 ch et 265 Nm, la ProCeed GT offre des performances loin d’être ridicules : 0 à 100 km/h en 7,5 s, et 225 km/h en vitesse de pointe. En plus d’avoir de la poigne, ce moteur offre une bonne réactivité à bas régimes, et une allonge confortable, même s’il s’essouffle un peu à partir de 5.500 tr/min.

Pour ne rien gâcher, la transmission DCT7 livre une bonne copie. Fluide et douce en conduite classique, elle se fait plus réactive lorsqu’on décide de hausser le rythme, même si elle manque peut-être d’une petite pointe de piment pour égaler les meilleures.

Histoire de confirmer ces -flatteuses- premières impressions, Kia nous avait invité sur le beau circuit de Parcmotor Castelloli. Un tracé de 4,2 km présentant un beau dénivelé, parfait pour mettre en exergue les qualités de sa ProCeed. Et elles sont significatives : stabilité à toute épreuve (même sur une piste gras-mouillé), moteur offrant de belles relances, freinage puissant (mais manquant quand même d’endurance) : la Coréenne fait plus qu’assurer, elle brille.

Certes, l’absence d’autobloquant se fait un peu ressentir en sortie de courbe, l’arrière est indéboulonable, et la boîte à double embrayage manque de réactivité en mode manuel, mais pour le reste, on se retrouve avec un châssis vraiment proche des références du segment que sont les 508 SW (relire l’essai de la grande Peugeot par Philippe) ou BMW Série 3 Touring.

La vidéo d’une de mes sessions circuit :

Gamme et tarifs de la ProCeed

Par rapport à la Ceed, la gamme de la ProCeed est limitée aux versions haut de gamme. Trois niveaux de finition sont ainsi proposés : GT Line, GT Line Premium, et GT. Sous le capot, les trois blocs essence, offrent respectivement 120, 140 et 204 ch. Un seul diesel est disponible : un 1.6 CRDi de 136 ch. Côté tarifs, le ticket d’entrée est fixé à 26.590 Euros pour la version 120 ch essence GT Line. La gamme culmine avec la version GT, offrant tout de série (sauf la peinture blanc nacré réclamant… 100 Euros), livrée d’office avec la transmission DCT7, et affichée à 34.990 Euros. Clairement, il sera très difficile de trouver une auto présentant des prestations aussi intéressantes pour un prix équivalent. A titre de comparaison, une 508 SW GT 225 ch (avec la boîte auto EAT8) réclame une rallonge budgétaire de plus de 12.000 Euros (47.300 €) !

Points positifs :

+Ligne superbe

+Aspects pratiques intéressants

+Rapport prix/prestations/équipement imbattable

+Qualités routières, polyvalence d’ensemble

Points négatifs :

-Boîte DCT7 manquant de réactivité en mode manuel

-Quelques petits détails de finition

Conclusion : Kia a frappé fort !

En introduction de cet article, j’avais lâché un terme : coup de foudre. N’allez pas croire qu’il s’agit d’une formule de style d’un pseudo-journaliste (blogueur en d’autre termes) manquant d’inspiration. Car oui, je suis vraiment tombé sous le charme de ce break de chasse Coréen (enfin pas vraiment Coréen, puisque tout a été réalisé en Europe : son style, son ingénierie, sa mise au point, et sa production). Non contente de se montrer jolie et très bien positionnée en terme de tarifs, cette ProCeed GT tient remarquablement bien la route, et distille un vrai plaisir de conduite. Le message est clair : Kia est désormais prêt à se frotter au gratin des constructeurs Européens !