Essais

Essai/Roadtrip : Paris-Spa au volant d’une Ford Mustang GT Convertible V8 5.0 2018


The legend fights back

Dans le club très sélect des autos de légende, la Ford Mustang figure en bonne place. Lancée en 1964 à la Foire Internationale de New-York, l’auto est devenue presque instantanément iconique, avec son prix abordable, ses solides performances (pour les versions supérieures), et son inimitable gueule. Une formule tellement réussie qu’elle demeure encore aujourd’hui inchangée, alors que l’auto en est à sa sixième itération (relire notre essai de la Mustang EcoBoost de 2015).

Ford nous a convié il y a peu à découvrir la version restylée de sa muscle-car, en nous embarquant pour un roadtrip d’anthologie. L’objectif était alléchant : quitter les affres de la circulation Parisienne et se diriger vers la Belgique, afin d’assister à la première épreuve de la « Super-Saison » du WEC : les 6 Heures de Spa-Francorchamps.

Pour compléter ce tableau idyllique, précisons que nous avons roulé dans une superbe Mustang V8 Convertible dans un convoi comprenant au total trois autos (V8 Fastback, EcoBoost Convertible, et notre V8 Convertible), que le soleil n’a pas cessé de briller tout au long du week-end, et que la Ford GT n°66 notamment pilotée par Olivier Pla a remporté la course dans sa catégorie. Enfilez vos lunettes de soleil, je vous embarque avec moi au volant d’un véritable morceau d’Amérique !

Pour la première partie, je me pencherai sur les nouveautés introduites par la Mustang 2018, pour ensuite me consacrer à mes impressions de conduite. Un deuxième article consacré aux 6 H de Spa suivra rapidement.

Une ligne plus évocatrice que jamais, et un intérieur remis au goût du jour

A la présentation de la Mustang restylée il y a quelques mois, je dois bien avouer que j’étais un peu dubitatif, comparé à la version 2015, dont les traits se rapprochaient de ceux de la Mustang originelle avec beaucoup de brio. Pourtant, mes craintes ont été immédiatement balayées quand j’ai enfin pu voir l’auto « en vrai ». Plus agressive que la Phase 1, cette Mustang « 2018 » dispose d’un nouveau (long) museau comprenant un capot plus galbé qu’avant (il intègre désormais des ouïes d’aération), un « nez » plus bas qu’avant, ainsi que des nouveaux feux avant à LED plus fins. Le résultat final est une auto plus évocatrice que jamais, et surtout identifiable au premier coup d’oeil. Cerise sur le gâteau, ces modifications augmentent la portance à l’avant (et donc la stabilité), et réduisent la traînée aéro. Well done Ford !

Facturée 4.000 Euros de plus que la version Fastback, la Mustang Convertible dispose d’une capote souple électrique, qui s’escamote très rapidement (seul le verrouillage/déverrouillage est manuel), et qui ne ternit pas le profil de l’auto, même si les « hanches » du Coupé ont quand même ma préférence.

Si les modifications sont plus subtiles qu’à l’avant, l’arrière de la nouvelle Mustang est également revu, avec des feux à LED aux lignes plus anguleuses, et un nouveau diffuseur intégrant deux doubles sorties d’échappements (pour la version GT). Toujours au chapitre des modifications esthétiques, Ford annonce trois nouvelles couleurs de carrosserie, et de nouvelles jantes 19 pouces.

Encore plus charismatique qu’avant, l’auto n’aura pas cessé d’attirer regards et pouces levés tout au long du week-end, preuve s’il est que la Mustang possède un capital sympathie plus fort que jamais. Une jolie réussite pour la marque de Dearborn, et aussi une très belle vitrine pour ses autres produits.

On ne va pas se leurrer : la Mustang n’a jamais été réputée pour son intérieur. Cela étant, cette nouvelle génération marquait déjà une montée en gamme assez sensible, et cette version restylée poursuit ces efforts, avec une part plus importante d’éléments en aluminium, et un nouveau matériau plus flatteur recouvrant la console centrale. Même si on reste encore assez loin des productions teutonnes en terme de qualité ou de raffinement, l’ensemble reste tout à fait satisfaisant, surtout au regard du prix réclamé. Par ailleurs, l’auto se montre très bien équipée et parfaitement au goût du jour d’un point de vue technologique, avec un système multimédia SYNC 3 intégrant désormais les connectivités CarPlay ou Android Auto, et une instrumentation 100% numérique avec écran 12 pouces, qui varie en fonction du mode de conduite choisi.

Pour clore ce chapitre technologique, on note l’arrivée d’un assistant Pré-Collision avec détection des piétons, d’un régulateur de vitesse adaptatif, d’un système d’aide au maintien dans la voie, ou encore d’une alerte de franchissement de ligne. En somme, l’auto dispose d’une dotation sécuritaire qui n’a rien à envier à la concurrence !

La Mustang la plus aboutie jamais produite

Plus agressive d’un point de vue stylistique et mieux équipée, la Mustang 2018 se veut également plus performante que jamais. Les deux motorisations commercialisées en France sont donc revues.

Le V8 5.0, entièrement en aluminium, délivre plus de puissance (450 ch / 529 Nm, contre 421 ch avant), et monte plus haut dans les tours, grâce à l’introduction d’un système de double injection (directe haute pression et indirecte à faible pression), tandis que la version quatre cylindres 2.3 EcoBoost voit sa puissance certes légèrement diminuer (il délivre maintenant 290 ch et 440 Nm de couple), mais elle compense cette baisse avec la fonction overboost du turbocompresseur, qui délivre un surplus de puissance lors des fortes accélérations.

On note également l’arrivée d’une nouvelle boite automatique à 10 rapports, tandis que la boîte manuelle 6 vitesses est plus raffinée qu’avant, avec un double disque d’embrayage, et un volant moteur bi-masse. Toutes les motorisations disposent désormais des fonctions « Launch Control » (pour des départs éclairs) et « Line Lock » (si l’envie vous prend de faire patiner les roues arrières à l’arrêt), de nouveaux modes de conduite (six au total), et d’une technologie de Valve Active sur le V8, qui permet de moduler à l’envie son volume sonore, et même le faire taire via un mode « Discret » (parfait pour ne pas réveiller votre voisinage !).

Enfin, on note des amortisseurs recalibrés et des barres antiroulis plus larges, et l’arrivée d’un nouveau système de suspensions adaptatives MagneRide en option. En alignant les particules métalliques présentes dans les amortisseurs par l’intermédiaire d’un champ magnétique, ce système permet de durcir ou d’assouplir à l’envie l’amortissement de l’auto. Qu’on se le dise : il est loin le temps où les Mustang souffraient d’une technologie dépassée, et c’est tant mieux !

Roadtrip en Mustang V8 Convertible

Après un lever (très) matinal pour un départ « à la fraîche » dans mes contrées Berrichonnes, j’arrive de bonne heure au parc presse Ford, dans le 17ème arrondissement de Paris. Je tombe alors sur celle qui ouvrira la route pendant les deux jours prochains : une Mustang V8 Fastback, dans une très seyante (à défaut d’être discrète) livrée « Orange Fury ». On a connu pire comme introduction !

Fracture de la rétine assurée…

Mais c’est pourtant sur la Convertible Gris Magnetic que je jette mon dévolu, trop tenté par ce type de carrosserie au début d’un week-end annoncé comme estival. A défaut de couleur vive, je me console en apprenant qu’il s’agit d’une version GT, dotée par conséquent du V8 5.0, ici associé à la BVA 10 rapports. J’ai n’ai pas hésité longtemps avec la Convertible EcoBoost Rouge Burgundy, car même si j’avais été plutôt séduit ce moteur lors de mon essai de la Fastback il y a maintenant deux ans, l’attrait du V8 est juste trop fort pour que je puisse passer à côté, surtout que je n’ai jamais eu l’occasion de me glisser derrière le volant d’une auto disposant de ce type de mécanique.

Dès que j’appuie sur le bouton Start, un énorme sourire se dessine sur mon visage : le V8 s’éveille en effet dans un véritable concerto, là ou la version quatre cylindres reste très discrète. Mon ouïe n’est pas la seule stimulée, puisque c’est toute l’auto qui oscille légèrement au démarrage du bloc 5.0 ! Pas de doute, je ne suis définitivement pas au volant d’une auto comme les autres…

Une fois extraite du périphérique parisien, ma Mustang s’élance sur l’autoroute A1, et enchaîne les kilomètres sans crier gare, dans un confort d’un excellent niveau : sièges agréables (ils sont mêmes chauffants et ventilés sur mon auto !), suspensions prévenantes, boîte automatique douce, et niveau sonore très convenable. Une vraie GT en somme, comme son appellation le suggère !

Pourtant, il suffit d’un simple péage pour que l’auto dévoile une autre facette de sa personnalité : GT certes, mais aux performances de tout premier ordre ! Le 0 à 100 km/h est ainsi abattu en 4,5 secondes (et même deux dixièmes de moins pour la version Fastback), et l’auto atteint 249 km/h en vitesse de pointe. La sonorité, déjà très flatteuse à l’origine, se libère complètement en mode « Race », puisque ce dernier commande l’ouverture de la valve à l’échappement. On rentre alors dans le domaine de la pornographie, avec un bruit rageur, qui s’intensifie au fort et à mesure que l’auto monte en régime (jusqu’à 7.000 tr/min), et des borborygmes et autres détonations au lever de pied. Pour moi, et même si j’ai déjà goûté au hurlement d’une Audi R8 V10 Plus, je dois avouer que le grondement du V8 de la Mustang est sans doute la chose la plus addictive à laquelle il m’a jamais été donné de goûter. Ni plus, ni moins !

Si elle n’est pas « larguée » d’un point de vue performances (0 à 100 km/h en 5,7 secondes en BVA), la Mustang Convertible EcoBoost (brièvement essayée) est loin d’offrir le charisme de la version GT. Le quatre cylindres reste en effet aphone ou presque, et malgré ses évidentes qualités il est loin d’offrir le même relief que le V8. Il réplique avec une consommation évidemment plus raisonnable, avec une moyenne en cycle combiné de 9,5 L, contre 12,5 L pour la GT Convertible BVA. Plus Européen dans l’esprit, il se marie bien avec l’esprit « cruising » de la Mustang, mais laissera forcément sur leur faim ceux qui ont la chance de goûter au V8.

Après quelques heures de route, je quitte enfin le réseau autoroutier Belge, et je me lance sur les petites routes de la région de Spa, parfaites pour mettre à l’épreuve le comportement routier de ma GT Convertible. Mode Sport + enclenché, l’auto étonne, avec une agilité plus qu’honorable, bien aidée par ses pneus Michelin Pilot Sport 4 S au grip de tous les instants, et surtout son excellente suspension Magneride (facturée 2.000 Euros en option, je vous recommande vivement l’investissement !). Plutôt bluffante sur le sinueux, la Mustang GT Convertible en redemande kilomètre après kilomètre, et on se prend ainsi à la jeter d’un virage à l’autre, malgré son poids conséquent (1.818 kg), et son absence de toit.

Evidemment, il faut raison garder à la remise des gaz en sortie de courbe, afin d’éviter d’être désarconé par les ruades du V8, qui soumet à rude épreuve le train arrière, pourtant pourvu d’un différentiel à glissement limité. Moins fine à conduire que les coupés Allemands, la Mustang se montre en revanche plus vivante que ces dernières en conduite sportive, impliquant davantage son pilote, ce qui n’est pas pour me déplaire. Quant à la BVA10, et même si sa profusion de rapports m’a parfois déstabilisé, elle se montre à la hauteur du reste : douce en conduite coulée, elle devient brutale et véloce en mode Sport +, distillant d’addictifs claquements à chaque passage de rapport. Miam !

La Mustang 2018 côté tarifs

La gamme Mustang 2018 débute à 39.900 Euros (Fastback EcoBoost BV6), et 46.900 Euros pour la GT V8 Fastback. La BVA10 réclame un supplément de 2.000 Euros, et la version Convertible 4.000 Euros. Notre V8 Convertible BVA était ainsi facturée 52.900 Euros, et 57.400 Euros avec les options. Un tarif auquel il faut rajouter les 10.500 Euros de malus écologique (montant identique sur EcoBoost et V8 !). Malgré cette fiscalité pénalisante, le tarif final reste très attractif, surtout au regard de l’équipement et de la motorisation. A titre de comparaison, une Jaguar F-Type Cabriolet 3,0 L V6 BVA est affichée à 92.670 Euros, tandis qu’une BMW M4 Cabriolet frôle les 100.000 Euros…

Conclusion : Une légende loin d’être usurpée…

A l’issue de 6 H de Spa, et après un retour nocturne éclair vers Paris, il est temps de quitter de ma belle. Même si je suis rompu à l’exercice des « adieux », je dois bien admettre que cette séparation m’aura laissé un goût particulièrement amer. J’en suis désormais persuadé : cette Ford Mustang 2018 n’a définitivement pas usurpé son image de légende automobile. Sculpturale, moderne et confortable, elle sait également se transformer en vraie sportive à l’envie, et ses prestations routières n’ont désormais plus grand chose à envier à ses plus redoutables concurrentes. Certes, la finition a encore du chemin à faire pour atteindre le niveau de la concurrence Anglaise ou Allemande, mais le prix de la Ford est si alléchant qu’on lui pardonne volontiers. Possédant le surplus d’âme qui manque à beaucoup de ses rivales, la Mustang GT dispose d’une vraie pièce d’anthologie en la forme de son V8 atmosphérique, moteur dont la voix gutturale restera gravée dans ma mémoire pour de très longues années