Essais

Essai : Peugeot 208 GTi By Peugeot Sport : Tournée d’adieux


Une succession réussie ?

Quand des « bagnolards » parlent de citadines sportives, la conversation finit toujours par tourner autour de la Peugeot 205 GTI. Véritable icône des années 80 (relire l’article sur l’histoire de la 205 GTI par Jensen), la petite Française a laissé une trace indélébile dans son segment, à tel point que sa cote d’amour ne cesse de grimper, tout comme sa cote tout court… Peugeot n’a jamais réussi à retrouver la formule du succès de son fameux « sacré numéro », le summum ayant été atteint avec la 207 RC, qui n’avait plus grand chose en commun avec sa devancière…

A contrario, la 208 GTi a marqué un certain « retour aux sources » dans la lignée, avec une cure d’amaigrissement bénéfique, et surtout un accent mis sur la valeur fondamentale de la 205 GTI : le plaisir de conduite. Si tout n’était pas encore parfait, et que certains lui reprochaient son côté un peu trop timide, la base était bonne, ce qui conduit rapidement la marque sochalienne à confier sa citadine sportive aux mains du préparateur maison : Peugeot Sport, ce qui donna naissance à la 208 GTi 30th, que Stéphane avait pu essayer fin 2014.

La 208 GTi 30th.

Alors qu’elle connait ses derniers instants de commercialisation, la 208 3 portes ayant récemment disparu du configurateur (or il s’agit de la seule carrosserie disponible sur la GTi), je suis reparti à la découverte de la 208 GTi by Peugeot Sport, la déclinaison ultime de la petite citadine, pour un dernier essai. Alors, la 205 GTI peut-elle être fière de sa descendante ? Mon verdict !

Une ligne (très) suggestive

La 208 GTi By PS dispose des mêmes attributs que la 208 GTi 30th, mais transposés à la version restylée de la citadine au lion. On retrouve donc l’assiette abaissée de 10 mm par rapport à la GTi, de même que des voies élargies (22 mm à l’avant, 16 à l’arrière), des roues spécifiques en 18 pouces peintes en noir mat, cette couleur recouvrant par ailleurs bien d’autres éléments de carrosserie : élargisseurs d’ailes, bas de caisse, entourage de calandre…

Histoire de contraster, on remarque la lame du pare-chocs avant en rouge, de même que les étriers de frein avant, siglés Peugeot Sport.

Rajoutez à ce cocktail un large aileron, une double canule d’échappement chromée, ainsi qu’un enjoliveur de custode « Peugeot Sport » accompagné du drapeau tricolore, et vous obtenez une auto bien plus suggestive que la version GTi classique, un brin trop discrète à mon goût.

La différenciation peut encore être exacerbée si vous optez pour l’option « Coupe Franche », comme sur ma 208 d’essai. L’auto se pare alors d’une robe bi-colore, associant un noir mat texturé à l’avant à une peinture vernie à l’arrière. Facturée 1.350 Euros, cette option ne brille sans doute pas par sa discrétion, mais confère un look encore plus « radical » à l’auto. Par ailleurs, si vous disposez de la même combinaison noir mat/bleu magnetic qu’ici, vous détiendrez sans aucun doute un véritable collector dans quelques années !

Un intérieur plus discret, à quelques détails près

A l’exception des superbes sièges baquets (aussi beaux qu’agréables à l’usage, et au maintien parfait), les modifications apportées à l’habitacle de cette 208 GTi By PS sont bien plus discrètes qu’à l’extérieur. Une nouvelle fois, on remarque quelques touches de rouge ça et là (crosses de porte…), histoire de nous rappeler qu’il ne s’agit pas d’une « banale » GTi.

Les baquets siglés Peugeot Sport conjuguent Alcantara, TEP et maille.

J’ai littéralement craqué pour les tapis de sol rouges, qui font habilement écho aux moquettes rouges qui habillaient l’intérieur des 205 GTI, et qui égaient un peu un habitacle par ailleurs plutôt sombre.

Sans atteindre celle d’une Polo GTI (lire l’essai de la Polo GTI par Michael), la finition surpasse celle de sa principale concurrente Française : la Clio R.S Trophy (lire l’essai de la Clio R.S. Trophy Ph. 2). Les plastiques paraissent ainsi globalement plus flatteurs, notamment au niveau des contre-portes, ou du bandeau recouvrant la partie supérieure de la planche de bord.

Comme toutes les dernières productions Peugeot, la 208 GTI by PS dispose du fameux « i-cockpit », caractérise par un petit volant, et des compteurs surélevés. On prend très vite ses marques !

Pour clore ce chapitre, notons l’arrivée des connectivités CarPlay et Android Auto, qui redonne un petit coup de jeune au système d’info-divertissement de l’auto. En revanche, et hormis l’Active City Brake optionnel, l’auto commence à accuser le poids des années s’agissant des systèmes de sécurité et des aides à la conduite : pas de régulateur de vitesse adaptatif, ni d’aide ou d’alerte au maintien en ligne.

Un détail très agréable : les compteurs cerclés d’un éclairage rouge.

Sur la route : Un scalpel, supplément Tabasco !

Sortant de ma sage compacte Espagnole, les premiers mètres au volant de la 208 GTi By PS m’ont immédiatement mis dans l’ambiance. Les commandes sont fermes (volant, embrayage), et les suspensions remontant durement les irrégularités à basse vitesse : pas de doute, je suis bien au volant d’une voiture sportive !

Je remarque également la sonorité en provenance de l’échappement, résolument sportive, et disons-le clairement, TRES affirmée. C’est un vrai bonheur en conduite sportive, surtout qu’il ne s’agit pas d’un son généré artificiellement, mais cela peut devenir pénible dans certains cas, comme lors de longs trajets autoroutiers, puisque l’échappement se trouve dans un régime de résonance à 130 km/h, malgré la boîte 6. Pour le coup, une Clio R.S. Trophy sera bien plus supportable pour ce type d’utilisation.


Animée par le 1.6 THP qui propulse également sa grande soeur 308 GTi (lire l’essai de la 308 GTI sur le circuit d’Ascari par Philippe), la 208 GTi By PS dispose d’une jolie cavalerie : 208 ch, et 300 Nm. Décrié dans ses premières années de vie pour sa fiabilité franchement hasardeuse, le THP ne fait aujourd’hui plus parler de lui, au fur et à mesure de ses évolutions, d’autant qu’il est encore capable d’encaisser plus de puissance (270 ch sur la 308 GTi).

A l’usage, le THP fait preuve d’un tempérament de feu, avec un goût très marqué pour prendre des tours, la poussée ne s’essoufflant pas jusqu’à la zone rouge, fixée à près de 6.500 tr/min. Résolument joueur, ce moteur offre des performances de premier ordre à l’auto, avec un 0 à 100 km/h avalé en 6,5 secondes, et 230 km/h en vitesse de pointe. Pour ne rien gâcher, et grâce à son différentiel à glissement limité Torsen issu de feu la RCZ-R, la citadine signée Peugeot Sport passe très efficacement la puissance au sol. Pour pinailler un peu, je noterai quand même quelques remontées de couple dans la direction à pleine charge, sans que ce phénomène ne vienne toutefois perturber la conduite. La boîte 6 manuelle (elle aussi issue de la RCZ-R) se montre quant à elle probante, avec des verrouillages francs et un guidage de bon aloi, même si son débattement est un peu trop important à mon goût pour une auto sportive. La consommation moyenne reste raisonnable pour ce type d’auto : environ 8 L / 100 km constatés au cours de mon essai, et je n’ai pas vraiment été tendre avec la pédale de droite…

S’agissant des trains roulants, l’auto ne mérite que des éloges. Le train avant est d’une précision diabolique, avec une inscription en virage franche et précise. Clairement, j’ai rarement eu autant l’impression de faire corps avec une auto, avec des changements de direction tellement rapides que cela relève presque de la télépathie ! Les bienfaits de l’assiette de caisse rabaissée et des voies élargies transparaissent ici : le roulis est annihilé, l’auto colle littéralement à la route, et cerise sur le gâteau le train arrière n’est pas fermé à l’idée d’enrouler, notamment au levier de pied. Quant au freinage, il se montre puissant et endurant, avec ses étriers Brembo à l’avant.

Le tarif de la 208 GTi By Peugeot Sport

Facturée 29.900 Euros (contre 26.500 Euros pour la GTi classique), la GTi BY PS offre un équipement très complet, et il n’y a ainsi que deux options au catalogue : l’Active City Brake, et l’alarme. Sa principale concurrente, la Clio R.S. Trophy, légèrement plus puissante et obligatoirement associée à la boite à double embrayage EDC, est au même prix.

Conclusion : La reine est morte, vive la reine !

Vivante, gratifiante et tout simplement amusante, la 208 By PSP a ma préférence face à la Clio R.S. Trophy, et même par rapport à mon précédent graal dans la catégorie : la Fiesta ST200 (ancienne génération). Clairement, et même si je n’ai jamais eu la chance de me glisser au volant d’une 205 GTI, je pense que cette dernière peut être fière de sa descendante, qui conjugue ligne suggestive, sportivité, et plaisir de conduite. Ainsi, et si vous êtes un amateur de citadines énervées, je ne saurai que trop vous conseiller de vous ruer chez votre concessionnaire Peugeot, avant que cette très attachante petite auto ne quitte définitivement le marché.