Essais

Essai KIA e-Niro : une offre vraiment crédible ? Verdict !


You’re talking’ to me ? (OK, elle était facile…)

On connaît tous les problèmes liés à l’utilisation d’une voiture électrique :
– Autonomie souvent très loin des déclarations officielles…
– Temps de recharge trop long
– Coût d’une éventuelle location de batterie en sus du prix d’achat de l’auto.
Le Coréen KIA nous a invité à essayer le tout nouveau e-Niro 100% électrique dans le massif de l’Esterel.

Encore un nouveau « truc-machin » qui va faire le buzz quelques temps et tomber dans l’oubli, ou réelle volonté de la part du constructeur de proposer une offre crédible 100% Zéro émission ? Je dois avouer que cet engin m’a beaucoup étonné…!

En détails

Je ne reviendrais pas en détail sur le Niro qui garni déjà les Show-Rooms des concessions de la marque depuis quelques temps, sympathique crossover qui s’est déjà vendu à plus de 33.000 exemplaires en 2017 dans toute l’Europe, et qui en dit long sur le succès grandissant de cette firme sur notre continent depuis plusieurs années.

Cette voiture est équipée d’une suspension de type McPherson à l’avant et d’un essieu arrière à roues indépendantes à double triangulation, on verra plus loin que la tenue de route ne souffre d’aucune critique. Comme sur les autres versions de la gamme les roues avant sont motrices (pas d’offre 4×4), et la direction à crémaillère est à assistance électrique.

KIA nous propose donc une version spécifique de ce modèle propulsée par un moteur électrique synchrone à aimant permanent développant la puissance de 150 kW (204ch Din), et doté d’une seule batterie d’une capacité de 64 kWh, placée sous le plancher. Le look global a très peu changé, puisque dès l’étude du modèle une version 100% électrique était prévue dans le cahier des charges, et la seule façon de distinguer cette nouveauté d’un Niro Hybrid ou Plug-In est de constater l’absence de calandre. Cette dernière, devenue inutile, est en effet désormais bouchée, ce qui en plus d’intégrer la trappe pour le rechargement permet de faire chuter le Cx à 0,29.

La batterie, de type Lithium-ion polymère à haute capacité, se compose de 294 cellules qui, en cas d’avarie, peuvent se changer à l’unité. Un plus indéniable pour le portefeuille de celui qui ne sera pas obligé de changer TOUTE la batterie en cas de dysfonctionnement d’un des éléments qui la compose (et n’oublions pas la fameuse garantie constructeur de 7 ans/150.000 km qui vaut aussi pour cette dernière). Comble de raffinement, elle dispose d’un système de réchauffage par eau qui l’isole et permet de maintenir une température optimale en hiver, afin de la préserver de trop grands écarts de température.

Un condenseur permet aussi d’assurer un chauffage efficace de l’habitacle sans «taper» dans la consommation électrique de la batterie, un plus pour l’autonomie.

Les performances annoncées? 7,8 secondes pour le 0 à 100, et même 2,8 secondes pour passer de 30 à 70 km/h et 5,0 secondes pour le 80-120 km/h, ce sont des chronos de petite sportive que nous offre ce Crossover!
C’est surtout un gage de sécurité appréciable en cas de dépassement, on a clairement affaire à un engin qui ne se traîne pas sur l’asphalte.

La vitesse maxi est de 167 km/h, compte-tenu de notre époque de répressions en tous genres c’est largement suffisant pour se retrouver à pied… Il me semble vous entendre d’ici : «Il est bien gentil le Jensen avec son grille-pain à roulettes, visiblement ça pousse fort mais sur quelle distance ? Qu’on rigole…».


Et bien c’est ici que les choses deviennent intéressantes, car KIA garantit l’autonomie de son e-Niro à 615 km en cycle urbain, et encore 455 km sur route avec la nouvelle norme WLTP ! Vous pensez que les chiffres sont un peu optimistes ? Moi aussi je le pensais à mon arrivée… Et d’ailleurs ne tardons pas pour nous installer à bord.

Welcome on board !

Le e-Niro est proposé en trois niveaux de finitions :
e-Active :
– 7 airbags
– Assistance active à la conduite dans les embouteillages
– Freinage d’urgence autonome avec détecteur de piétons
– Système d’alerte de vigilance du conducteur
– Assistance au maintient de voie
– Sellerie mixte tissu/cuir artificiel
– Jantes alu 17 »

e-Design : e-Active +
– Feux full LED
– Radar de stationnement avant
– Sellerie cuir

e-Premium : e-Design +
– Toit ouvrant en verre
– Écran tactile 8 »
– Système audio JBL à huit haut-parleurs
– Sièges chauffants
La seule option étant la peinture métallisée.

Un concentré de technologies

Toutes les versions disposent des mêmes raffinements mécaniques, et il faut bien insister sur le fait que cet opus électrique ne se conduit pas vraiment comme une simple Clio dCi.

En fait, tout est pensé pour régénérer au maximum la charge de la batterie grâce à l’inertie du véhicule, et un petit cockpit-check est requis avant de prendre le volant : Pas de problème pour la transmission, nous sommes dans la même configuration qu’une boite automatique : Deux pédales, et un bouton rotatif «R, N, D».

Ça se corse un peu avec les deux palettes de chaque côté du volant.
Ici on ne monte ou ne descend pas les rapports c’est inutile, par contre ce système, baptisé «HOLD» chez Hyundai-Kia, à quelques atouts dans son sac :
Si vous avez votre permis poids-lourds ou le transport en commun le Hold va vite vous rappeler le fameux ralentisseur électromagnétique «Telma», qui permet de retenir le véhicule dans les longues descentes afin de soulager des freins qui autrement crieraient vite grâce.

Grâce à la palette de gauche vous pouvez sélectionner trois positions :
1: Retenue modeste au lever de pied
2: Retenue plus forte
3: Retenue maximaleAvec un peu de pratique il est possible de stopper sans toucher aux freins principaux et, cerise sur le gâteau, vous vous apercevrez au tableau de bord que la force de retenue va se transformer en électricité qui va directement recharger votre batterie (le système fonctionne aussi couplé avec la pédale de frein).

De la sorte un conducteur qui anticipe va pouvoir considérablement augmenter son rayon d’action, et je vous affirme que sur une départementale Française composée de son cortège de feux tricolores, de rond-points et autres ralentisseurs, il est parfaitement possible de dépasser les 500 km d’autonomie! Il n’y a guère que sur autoroute où le système n’a pas d’intérêt, et c’est d’ailleurs à cet endroit que la batterie se déchargera le plus rapidement…

La palette de droite n’a pour fonction que de retirer des «crans» au Hold, mais il faudra alors faire très attention si vous le placez sur 0, car la voiture est lourde (1.800 kg!), et a donc une tendance naturelle à «cavaler» au lever de pied du fait de son propre poids. J’ai failli me faire piéger lors d’un ralentissement, mais heureusement les freins à disques sont franchement puissants et arrêtent l’auto sans problème !

Bref c’est une nouvelle habitude de conduite à acquérir, cela ne prendra que quelques minutes pour certains mais des semaines pour d’autres et d’ailleurs des essayeurs présents à la même session que moi reconnaîtront ne pas avoir eu recours au Hold et avoir conduit de manière tout à fait normale avec le frein à pied.

Personnellement, j’ai eu beaucoup de plaisir à parcourir à plusieurs reprises la très belle D98 qui serpente entre Saint-Raphaël et Mandelieu, jouant avec les deux palettes du Hold, pour m’apercevoir que sur les 35 km du parcours mon autonomie ne variait pratiquement pas.

Je n’ai pourtant pas toujours été très économe avec la batterie, et je reste vraiment bluffé par la capacité d’accélération linéaire de la propulsion électrique : La puissance est tout de suite là, pas de montée en régime puis de brusque baisse de ce dernier au changement de rapport, tout est linéaire tant que le pied insiste sur l’accélérateur. Et quel silence ! Juste troublé par les bruits de roulement des pneus sur l’asphalte, KIA a d’ailleurs beaucoup travaillé l’isolation phonique du véhicule et si votre belle-mère conspire à l’arrière en chuchotant vous l’entendrez sans problème de votre place.

Hormis le poids conséquent de l’ensemble le comportement dynamique du véhicule se révèle sain : Pas de crissements de pneus ni de sur ou sous-virage prononcé, l’homogénéité est de bon aloi et le e-Niro semble résolu à ne pas vous jouer de mauvais tour sur la route tant que vous resterez conscient de son embonpoint. Idem pour le confort de suspension : C’est ferme mais jamais inconfortable.

Bon point aussi pour la direction à assistance électrique douce et précise, de plus le rayon de braquage est étonnant pour une voiture de ce gabarit. Le niveau d’équipement est l’un des points forts de cette voiture : Tout y est, même le superflu ! A commencer par cette manie de transformer l’éclairage intérieur en Night Club avec le choix entre six couleurs : Blanc, gris, bronze, rouge, vert et bleu.

Ça amuse toute la famille le jour de l’achat puis on choisit une bonne fois pour toute une couleur sans ne plus jamais y toucher, à la place de cet artifice une visualisation «tête haute» serait sans doute moins ludique mais plus utile à l’usage mais il paraît que la clientèle est demandeuse alors…
Et d’ailleurs au chapitre superflu on peut aussi parler des nombreuses fonctions comme les modes Eco+, Eco, Confort ou Sport qui existent aussi chez d’autres constructeurs et dont l’utilité réelle au quotidien reste largement à prouver.

On passera sous silence le fait de pouvoir connaître à chaque trajet la quantité de Co2 économisée par rapport à un véhicule essence de taille équivalente : C’est vraiment compliquer les fonctions du bord pour pas grand-chose. On préférera noter l’excellente contenance du coffre : 451 litres, bien entendu la banquette arrière est rabattable en deux parties et le volume maximum passe alors à 1 405 litres.

Quatre adultes voyageront très confortablement à bord, tout juste reprochera t-on l’impossibilité pour les passagers arrière de passer leurs pieds sous les sièges avant.

La finition a fait de gros progrès chez KIA ces dernières années, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, par contre l’ambiance intérieure reste tristounette et ce ne sont pas les aérateurs et autres contre-portes aux inserts «bleu anodisé» qui changeront grand-chose à l’affaire…

J’ai gardé le meilleur pour la fin. le KIA e-Niro est livré d’office avec :
-Un câble de recharge pour prise domestique 10A
-Un câble de recharge Type 2 32A
-D’une prise Combo 2 (recharge rapide à la norme Européenne)

Temps de charge :
-29 heures avec la prise 10A (0 à 100%)
-9h35 sur boîtier mural 32A (0 à 100%)
-1h25 sur borne de recharge rapide 50kW (0 à 80%)
-54 minutes sur borne 100kW (0 à 80%)
-42 minutes sur borne 100kW (20 à 80%)

Vous aurez donc constaté qu’avec une prise classique le temps de recharge est effectivement très long mais il a au moins le mérite d’exister, sans oublier que tout le monde ne possède pas l’électricité dans son box et que d’autres encore doivent se contenter de laisser leur voiture dans la rue ce qui devient, en effet, un frein sérieux à l’acquisition d’un véhicule électrique.

Concernant le tarif, il faut compter 42.500€ pour le Niro e-Active déjà bien pourvu, 44.500€ le e-Design et 46.500€ pour le haut de gamme e-Premium

Certes ce n’est pas donné, MAIS le constructeur a l’honnêteté de ne pas retrancher les primes gouvernementales et autres aides financières diverses qui peuvent être octroyées par certaines collectivités.
Il est donc tout à fait possible d’obtenir son e-Niro pour un prix d’environ 36.000 €, ce qui le rend concurrentiel surtout si l’on songe qu’«un plein» ne vous coûtera pas plus de 3 €, tout en étant conscient que si plusieurs millions d’automobilistes passent à l’électrique ces prochaines années le manque à gagner pour l’État sur les carburants classiques sera tel qu’il devra être comblé d’une manière ou d’une autre.

N’oubliez pas non plus que sur un véhicule électrique l’entretien se résume à peu de choses et sur ce e-Niro si vous parvenez à maîtriser le Hold vos plaquettes de freins se feront vieilles, peut-être même ne les changerez vous jamais, tout simplement!

Pour être tout à fait complet notez que KIA propose aussi un e-Niro avec une batterie de 39,2 kWh (136 ch) à partir de 38.500€, mais l’autonomie limitée à 290 km sur route et 405 km en ville le rend peu intéressant, du moins à mes yeux.

L’heure du bilan

J’ai apprécié :
– Les performances globales très satisfaisantes
– Le freinage puissant
– Le silence à bord
– L’autonomie réelle et vérifiée
– L’équipement très complet
– Le rayon de braquage étonnant pour une auto de cette taille
– La capacité du coffre préservée (batterie sous le plancher)
– Toujours la garantie de 7 ans/150.000 km, batterie comprise!

J’ai regretté :
-Le poids très élevé (la batterie pèse à elle seule 457 kg)
-Le prix toujours hors de la portée des petits budgets
-L’intérieur triste
-Les plastiques qui se rayent facilement
-La profusion de fonctions pas franchement utiles à bord, on est libre de ne pas les utiliser mais d’une manière ou d’une autre on les paient quand même…
-L’impossibilité de rouler toit ouvert-vitres fermées : La résonance aérodynamique est insupportable!

Les Coréens font feu de tout bois pour proposer depuis quelques temps des produits aussi innovants qu’intéressants, et ce e-Niro ne déroge pas à la règle, et si nous sommes encore loin des performances d’une Tesla S nous en sommes aussi très loin côté tarif ce qui rend ce véhicule attractif pour une clientèle qui souhaiterait passer à la fée électricité sans avoir à y laisser la chemise et le pantalon.

Mais à mes yeux le plus probant est qu’il est parfaitement possible d’acquérir cette voiture et de s’en servir au quotidien dans la majorité des cas comme n’importe quelle concurrente thermique ou hybride, voire même d’en faire le seul véhicule du ménage, KIA s’étant déjà engagé à équiper tout son réseau de bornes de rechargement rapides dont l’accès sera gratuit pour les possesseurs d’un e-Niro !

Sachez donc en profiter !

Jensen.