Essai : Renault Kadjar restylé : Une mise à jour suffisante ?
Un Kadjar bousculé de toutes parts
Lancé en 2015, le Renault Kadjar disposait alors d’un marché qui lui était assez favorable (relire l’essai du Kadjar par Quentin), puisque plusieurs ténors de la catégorie n’avaient pas encore été lancés (Peugeot 3008, Seat Ateca…).
Les choses ont été plus compliquées ensuite, et malgré plus de 450.000 exemplaires vendus, le SUV au losange commençait à sérieusement s’essouffler depuis quelques temps, surtout que son segment des « C-SUV » (SUV du segment C si vous préférez) est plus concurrentiel que jamais (il compte 40 modèles au total !).
Il était donc grand temps que Renault relance son modèle, en lui offrant une version restylée, ce qui est désormais chose faite. Je suis parti sur la magnifique île de Sardaigne pour essayer ce Kadjar Phase 2, et examiner si les retouches apportées par Renault seront suffisantes pour qu’il puisse affronter sereinement ses -féroces- concurrents.
Un Kadjar mieux assis sur la route, et un intérieur (qui se veut) plus valorisant
L’un des points forts du Kadjar Phase 1, c’était son dessin expressif et plutôt dynamique, dans la lignée du nouveau style maison, inauguré par la Clio IV. Cette nouvelle version ne bouleverse pas cette formule, mais la fait évoluer par petites touches, histoire de donner un « coup de jeune » au modèle.
A l’avant, on découvre un nouveau ski de protection en partie basse du bouclier, qui permet de mieux « assoir » visuellement l’auto, qui paraît plus large qu’avant. Des inserts chromés (à partir de la finition Intens) font leur apparition sur la calandre, qui se rapproche ainsi de celle du grand-frère Koléos (relire mon essai du Koléos en Finlande).
On note également l’apparition d’un cerclage chromé autour des anti-brouillard, lesquels passent d’ailleurs en Full LED (tout comme les clignotants). A l’arrière, on remarque un pare-chocs revu, qui s’inspire une nouvelle fois du Koléos, tandis que tout l’éclairage adopte (également) la technologie Full LED.
Citons également l’apparition de nouvelles teintes de carrosserie (Vert Oural, Blue Iron et Gris Island), et deux nouveaux types de jantes, dont les jantes noires spécifiques à la nouvelle finition Black Edition.
L’habitacle, le point sur lequel le Kadjar avait le plus vieilli, a lui aussi bénéficié de cette mise à jour. Le maitre-mot a été l’harmonisation : exit les éléments aux finitions différentes, de nombreuses pièces passent ainsi en « chromé satiné », histoire d’unifier l’aspect de la planche de bord. Citons également l’accoudoir coulissant à l’avant, des bacs de portières à l’avant plus grand (ils peuvent accueillir une bouteille d’1.5 L), et l’apparition de buses d’aération et de deux ports USB à l’arrière.
Renault annonce une dalle d’écran tactile mieux intégrée, et élargie. Le premier point est indéniable, mais le second l’est moins. Si l’écran paraît effectivement plus grand qu’avant (il intègre désormais des boutons de commande sur la gauche), avec des bandes noires latérales, la taille de l’écran à proprement parler n’a pas bougé : il fait toujours 7 pouces. Un peu juste face à la concurrence, qui oscille plutôt entre 8 et 9 pouces. On apprécie quand même l’arrivée des connectivités Apple CarPlay et Android Auto.
Et la qualité dans tout ça ? S’il est indéniable que le travail de simplification des matières a permis de rendre l’ensemble plus cohérent, que la combinaison sellerie Alcantara/ciel de toit noir de la version Black Edition apporte un vrai raffinement, et que quelques améliorations étaient particulièrement bienvenues (comme les nouvelles commandes de climatisation, ou les nouveaux boutons de lèves-vitres), le Kadjar n’atteint toujours pas le niveau de raffinement intérieur des ténors de la catégorie (Tiguan/3008/Ateca). On ne va pas se leurrer, et sauf à complètement changer la planche de bord, le SUV Renault ne pouvait pas de toute façon combler son retard sur ce point. L’ensemble reste toutefois solidement assemblé, et le côté « pur SUV » (de part la position de conduite haute déjà) pourra quand même séduire une partie de la clientèle.
Un contenu technologique mis au goût du jour, et de nouvelles motorisations
Renault s’onergueillit d’offrir plus d’une dizaine d’aides à la conduite sur son Kadjar restylé, dont la nouvelle alerte de survitesse, qui utilise la caméra intégrée dans le rétro central pour lire les panneaux, et corrige ensuite automatiquement la vitesse affichée sur le GPS.
Mais c’est surtout sous le capot que le SUV au losange évolue le plus. Il offre en effet quatre nouveaux moteurs, et propose au total huit offres différentes. En essence, il dispose du nouveau 1.3 TCe, conçu avec l’Alliance et Daimler, qui offre deux niveaux de puissance : 140, ou 180 ch (en BVM, ou avec la boite à double embrayage EDC). Il est équipé d’un FAP.
L’offre diesel est marquée par l’arrivée des nouveaux Blue dCi 115 et 150. Notez également qu’il est possible d’opter pour un système de motricité renforcée Extended Grip (en 2 roues motrices), contre un (petit) supplément de 250 Euros.
Je débute la journée au volant du Kadjar Black Edition (nouvelle déclinaison proposée sur ce Kadjar restylé), dans sa déclinaison 1.3 TCe 160 boîte EDC6. Bien éduqué, ce bloc se montre silencieux et plutôt souple (couple maximal : 270 Nm). Les performances sont relativement flatteuses (0 à 100 km/h en 9,3 s), et la boîte EDC offre une conduite douce et fluide, même si elle manque d’un peu de réactivité en conduite plus musclée. Même topo ou presque pour la version 140 ch, ici associée à une boîte mécanique (un peu accrocheuse au demeurant). Je trouve les qualités constatées sur la version 160 ch (silence, souplesse), et à vrai dire pas de différence notable en terme de sensations (couple maximal : 240 Nm, soit 30 % de plus que le 1.2 TCe 130 qu’il remplace). Assurément le meilleur choix dans la gamme Kadjar restylé !
Le comportement routier est d’un bon niveau : sain en toutes circonstances, le Kadjar accepte d’être un peu brusqué sans trop élargir la trajectoire, et arrive à soutenir un bon rythme, même sur les petites routes sinueuses de la Sardaigne. Le dynamisme n’est toutefois pas au niveau d’un Seat Ateca (relire mon comparatif Renault Kadjar Phase 1/Seat Ateca), ou d’un Peugeot 3008 (relire l’essai du 3008 par Michael // mon essai du 3008 GT), lesquels accusent des prises de roulis inférieures, et un train avant plus réactif. Renault annonce avoir retravaillé l’amortissement pour plus de confort, et avoir revu la mousse des sièges, afin d’augmenter le maintien latéral, tout en améliorant leur souplesse. Ce qui est sur, c’est que l’auto se montre globalement bien amortie, même lorsqu’on évolue en dehors des sentiers battus.
Jouissant d’une position de conduite haute, le Kadjar dispose d’un ADN baroudeur, étant étroitement lié au Nissan Qashqai. Il offre ainsi la possibilité d’opter pour une transmission intégrale (choix impossible sur le 3008), mais uniquement sur les versions diesel équipées de la boite mécanique (comptez un supplément de 2.000 Euros). Histoire de mettre en exergue les aptitudes de son Kadjar 4×4, Renault avait spécialement construit une piste pour nos essais, comprenant les difficultés classiques rencontrées en tout-terrain : pentes prononcées, inclinaisons latérales, croisement de pont, et surtout conditions d’adhérence précaires (en l’occurence, beaucoup de boue).
Et clairement, le SUV au losange peut se targuer d’offrir de réelles capacités de franchissement, avec des angles d’attaque, ventral et de sortie qui lui permettent de franchir certains obstacles, et surtout une motricité intéressante lorsqu’on enclenche le mode « 4×4 Lock ». Quel dommage en revanche qu’il n’offre pas le système de caméras multi-vues de son frère Qashqai (ou même les 4 caméras optionnelles du dernier Duster) !
Les tarifs et la gamme du Kadjar restylé
La gamme Kadjar restylé débute à 26.200 Euros, et grimpe jusqu’à 38.900 Euros. Quatre niveaux de finition sont proposés, dont la nouvelle finition Black Edition. Il est d’ores et déjà disponible à la commande, et arrivera chez nous en janvier.
Points positifs :
+Nouveaux 1.3 TCe souples et performants
+Comportement routier sain, et véhicule confortable
+Vraies aptitudes en tout-terrain, transmission 4×4 possible
+Qualité de présentation en hausse…
Points négatifs :
-…Mais progrès insuffisants pour « taquiner » un 3008 ou un Tiguan à l’intérieur
-Certains concurrents se montrent plus dynamiques en comportement
-Système multimédia trop petit
Conclusion : Une mise à jour bienvenue, mais…
Les améliorations apportées à ce Kadjar restylé vont dans le bon sens, et corrigent plusieurs défauts du modèle antérieur, qui avait été un peu « précipité » sur le marché. Renault rectifie donc le tir, et offre un véhicule plus valorisant qu’avant, même si l’habitacle reste encore en deçà des meilleurs. Le nouveau bloc 1.3 TCe, agréable et performant, va également dans le bon sens, et constitue un très bon argument de vente. Pour le reste, la formule reste (globalement) la même : ce Kadjar Ph.2 pourra séduire une clientèle recherchant de réelles aptitudes en tout-terrain, ou en tout cas un véhicule plus typé SUV que crossover dans ses gènes (position de conduite surélevée notamment).