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Essai : Audi S6 : La sportivité peut-elle rimer avec diesel ?


Un carburant anachronique ?

Tout nous laisse à penser que les belles années du diesel sont révolues. Autrefois encensé pour son économie et son degré de raffinement sans cesse croissant, le carburant au pistolet jaune a depuis traversé une crise sans précédent, crise dont les origines coïncident (et ce n’est pas un hasard) avec le Dieselgate.

Aujourd’hui vilipendé sur la place publique et désigné comme la cause de bien des problématiques environnementales et sanitaires (bien souvent à tort), ce carburant n’a pourtant pas dit son dernier mot. S’il est évident qu’il n’a pas sa place sous le capot de véhicules destinés à un usage citadin, il apparaît qu’il peut s’avérer être un choix judicieux pour ceux qui roulent beaucoup.

C’est dans ce contexte qu’Audi nous a convié dans les environs de Rodez et de Millau (en passant par les gorges du Tarn), afin de nous faire essayer plusieurs véhicules de sa gamme V6 et V6 S TDI.

Premier véhicule à passer entre nos mains : la nouvelle S6, déclinaison de pointe de la nouvelle génération d’A6 (en tout cas en attendant la future RS6). Cette S6 a fait jaser lors de sa présentation : carburant autrefois au sans-plomb, elle s’est en effet convertie au diesel pour ce nouvel opus. Diantre, surtout vu le contexte qu’on vient de décrire !

Pour le dire autrement, ce choix d’Audi ne manque pas de susciter des interrogations : un diesel à vocation sportive, est-ce une bonne ou une mauvaise idée par les temps qui courent ? Plus généralement, quel est l’intérêt pour Audi de convertir sa S6 au diesel ? Autant de questions auxquels nous allons répondre !

Un style suggestif mais raffiné

On ne va pas vous faire le descriptif esthétique de cette nouvelle S6 par le menu : oui, sa ligne est une vraie réussite

À la fois évocatrice, statutaire et raffinée, elle bénéficie d’attributs résolument sportifs, en conformité avec son blason S : les jantes 21 pouces sont spécifiques, tout comme les boucliers avant et arrière, ce denier recevant par ailleurs un diffuseur orné d’une quadruple sortie d’échappement (en tout cas en apparence : la vraie double sortie est dissimulée du côté gauche). On apprécie également les touches façon chrome foncé/aluminium, notamment sur la calandre ou les coques de rétroviseurs. C’est propre, net, et précis, et malgré ses dimensions imposantes (4.95 m de long), l’engin reste dynamique.

Un habitacle au cordeau

Comme pour la ligne extérieure, nous n’irons pas par quatre chemins pour vous décrire nos impressions une fois qu’on est (confortablement) installé à l’intérieur de cette S6. 

Même en cherchant la petite bête, nous n’avons remarqué aucun accastillage ou assemblage qui n’inspire pas le sérieux qu’on peut légitimement attendre d’un engin de cette trempe. A vrai dire, qualité de présentation et de finition sont tout bonnement exceptionnels

Comme pour l’extérieur, cette déclinaison S dispose d’éléments spécifiques : pédalier et repose pied en acier inoxydable, surpiqûres contrastées, appliques décoratives en aluminium,  sièges sport S avec sellerie cuir/Alcantara, ou encore une présentation spécifique du Audi Virtual Cockpit. Autant d’éléments qui permettent de la distinguer des autres A6, sans pour autant verser dans le mauvais goût et/ou l’ostentatoire (les deux allant d’ailleurs souvent de pair).

Un V6 S TDI à la pointe de la technologie

Hier motorisée par un V8 4.0 TFSI de 420 ch, la S6 passe au diesel. Mais pas n’importe lequel. Le V6 S 3.0 TDI qui l’anime (à ne pas confondre avec le V6 TDI « tout court », qui est proposé sur les modèles de la gamme disposant des motorisations 45 et 50 TDI, et dont on reparlera prochainement sur le blog) dispose en effet d’un raffinement technologique remarquable.

Ce moteur, qui anime également les S4, S5, S7 et SQ5, reçoit un système hybride léger de 48 volts (MHEV), ainsi qu’un compresseur électrique. Disposé juste à côté du moteur, ce compresseur est la clé de voûte de ce bloc V6 S TDI. 

Il s’allume grâce à la puissance du système hybride de 48 volts, ce qui lui permet d’annihiler le temps de réponse à l’accélération (ou presque : 250 millisecondes), en venant épauler le turbocompresseur. Oubliez le fameux turbo-lag qui vous laisse parfois sans puissance (ou presque) pendant quelques instants, le compresseur électrique (qui est capable de tourner à 70.000 tr/min !) vient gaver le moteur d’air dans les situations où les gaz d’échappement sont justement trop faibles pour l’alimenter. Une technologie étroitement dérivée de la compétition, et plus précisément des mythiques R18 e-tron quattro V6 TDI, qui ont remporté à plusieurs reprises les 24 Heures du Mans.

Au final, cette S6 offre un couple maximal de 700 Nm (!), tandis que sa puissance toise les 350 chevaux (349 pour être exact).

Autre point fort de ce moteur : l’efficience. Avec le freinage régénératif, et la possibilité de rouler en roue libre pendant 40 secondes (entre 55 et 160 km/h), Audi annonce une consommation moyenne de 6.2 L / 100, un vrai tour de force vu la puissance offerte. Avec le gros réservoir de 73 litres optionnel, vous obtenez une autonomie de long-courrier : 1.170 km !

Et dans les faits, ça donne quoi ?

Avant de vous livrer mes impressions, je dois me confesser : je n’ai jamais été un fervent partisan du diesel. Roulant depuis des années au sans-plomb, j’avoue avoir toujours eu un peu de mal avec le carburant gras, a.k.a le gazole. Non pas que le diesel soit dénué d’intérêt à mes yeux, simplement que je préfère l’onctuosité de l’essence, sans même parler de la sonorité souvent peu flatteuse des véhicules carburant au gazole. 

Maintenant que les présentations sont faites, je peux vous l’affirmer sans sourciller : oui, j’ai pris du plaisir à malmener cette Audi S6 sur les routes tortueuses des Gorge du Tarn. Beaucoup de plaisir même

Grâce aux excellentes liaisons au sol tout d’abord. Avec sa suspension S sport avec amortissement piloté, l’auto se joue efficacement des irrégularités de la chaussée, tout en offrant des prises de roulis limitées au strict minimum. En fonction de la vitesse et/ou du monde enclenché, l’auto peut s’abaisser de 20 mm. 

Malgré son poids déjà conséquent, l’auto se montre agile et efficace sur route sinueuse, et on se surprend ainsi à hausser progressivement le rythme, sans jamais ressentir la limite d’adhérence, qu’on imagine (très) haut placée. Il faut dire que mon S6 d’essai était équipée de la direction dynamique intégrale -les quatre roues directionnelles si vous préférez-, qui efface comme par magie le gabarit conséquent de l’auto. Les roues arrières tournent dans le sens opposé des roues avant sous les 60 km/h (dans le même sens au delà), au bénéfice du diamètre de braquage, et de l’agilité. 

Dotée d’une transmission intégrale permanente quattro, la S6 a offert une motricité hors pair au cours de cet essai, avec des conditions idylliques il est vrai. Le système répartit automatiquement la puissance entre les essieux avant et arrière, avec un rapport 40 : 60 dans des conditions normales. Malgré tout, cette S6 n’est pas du genre joueuse : le châssis reste donc délibérément neutre, et pour les dérobades du train arrière, il faudra donc repasser. On parie que la clientèle n’attendait pas ça d’elle de toute façon.

La boîte de vitesse Tiptronic à 8 rapports livre une très bonne copie. Point de S-tronic en effet sur cette S6, mais ce n’est pas une mauvaise chose, tant la « Tiptro » se montre fluide et douce en conduite apaisée, et plutôt véloce en conduite sportive. 

Le V6 S TDI est au diapason. Il est capable de catapulter l’auto de 0 à 100 km/h en 5 petites secondes, et accessoirement de vous coller au siège à la moindre accélération. Clairement, le blason S n’est pas usurpé, et cette S6 est capable d’impulser un rythme que bien des sportives pourront lui envier, surtout avec la réponse instantanée à l’accélération permise par le compresseur électrique.

Point faible habituel des diesel, la sonorité a fait l’objet d’un travail particulier. Dotée d’un système de sound actuator, l’auto distille une sonorité supplémentaire (et résolument sportive vous l’aurez compris) lorsqu’on enclenche le mode de conduite sportif (mode Dynamic en l’occurence). Pour être tout à fait franc avec vous, ce n’est pas naturel pour un sous, mais ça fait vraiment bien le job.

Le tarif de la S6

L’Audi S6 débute à 84.280 Euros. A titre de comparaison, une A6 50 TDI, animée par un V6 TDI de 286 ch, est affichée à 61.510 Euros.

Premium Allemand oblige, inutile de vous préciser que le tarif peut vite s’envoler en fonction des options choisies. A titre indicatif, elle n’est pas encore disponible à la commande, ni même configurable. Il faudra donc montrer un peu de patience.

Conclusion de l’essai : Non, le diesel n’est pas mort !

« Le TDI n’est pas prêt de mourir ». L’expression n’est pas de moi, mais du responsable du parc presse Audi, à l’occasion de la conférence de presse organisée lors de ces essais. Clairement, je ne compte pas le contredire. Cette S6 a fait le pari de troquer son gros V8 essence pour un plus modeste V6 diesel, et c’est un pari gagné.

Ok, et malgré un travail particulier effectué sur la sonorité, on perd les vocalises du V8. Mais pour le reste, c’est plutôt un carton plein : les accélérations vous collent au siège (merci l’hybridation légère et le compresseur électrique !), la tenue de route est de haute volée, et les consommations n’ont plus rien à voir avec l’ancienne S6. En optant pour le gros réservoir, vous obtenez là une routière de haute volée, capable d’en remontrer à plus d’une sportive, tout en étant capable de faire plus de 1.000 km avec un plein, le tout dans un confort exceptionnel. Une vraie invitation au voyage…