Essai : Ford Mustang Bullitt : Steve McQueen en aurait été fier !
C’est l’histoire d’un mec…
Bullitt, qui ne connait pas ce film ? OK, je vois que l’on suit dans la salle. Tout le monde (ou presque !) connaît ce film pour sa course poursuite complètement folle dans les rues vallonées de San Francisco. La Ford Mustang conduite par Steve McQueen s’y écharpe férocement contre la Dodge Charger des méchants vilains.
Une scène devenue culte auprès de tous les fans de courses poursuite, mais également aux yeux des -nombreux- amateurs de la Mustang. Et dire qu’au départ Ford ne voulait pas entendre parler du film ! Steve McQueen n’étant pas vraiment impressionnable, il décide d’acheter lui-même les trois Mustang Fastback V8 GT390, et les dé-sigle, en réaction à la position de Ford. La Mustang est ensuite profondément modifiée, au niveau du moteur, des suspensions ou des freins. La Dodge Charger R/T V8 440 ci, voit elle-aussi ses suspensions corrigées, afin d’encaisser les sauts. Le tournage de la course poursuite durera trois semaines, et les cascadeurs atteindront des vitesses ahurissantes (pour une course filmée), grimpant jusqu’à 180 km/h. Le film remportera un franc succès, et se verra décerner l’oscar du meilleur montage en 1968. La course-poursuite inspirera de nombreux films, et même la série Alcatraz réalisera une copie remise au goût du jour, avec les modèles actuels.
Une icône de cinéma dans la rue
Pour fêter les 50 ans du mythique film réalisé par Peter Yates, Ford a décidé de sortir une édition spéciale de sa sixième génération de Mustang, alors fraîchement restylée, et tout simplement dénommée… Bullitt ! Avec Michael, nous avons eu la chance d’en prendre son volant le temps d’une semaine. Embarquez avec nous au volant de cette véritable icône de cinéma, pour un essai que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
Un look hommage, encore plus évocateur
La Mustang de sixième génération n’est pas vraiment réputée pour sa discrétion. Véritable « petit » morceau d’Amérique, elle devient encore plus évocatrice (et d’autant moins discrète) avec cette version Bullitt, qui singe le look de la Mustang Fastback de Steve McQueen dans le film éponyme.
Comme la Mustang du film, elle reçoit une grille de calandre spécifique cerclée de chrome, et dépourvue de toute référence à la marque ou au modèle (mais est-ce vraiment nécessaire ?). De la même manière, elle dispose d’un magnifique coloris « Dark Highland Green », dont la teinte varie en fonction de l’éclairage, et qui lui sied à ravir ! Notons qu’un plus classique noir est également disponible, mais franchement, on vous le déconseille : une Bullitt se doit d’être verte.
On note également les jantes spécifiques de 19 pouces, qui sont -elles aussi- un clin d’oeil à la Bullitt originelle, ainsi que les étriers de freins Brembo peints en rouge. Pour qui le quidam ne s’y trompe pas, un joli badge Bullitt orne la malle arrière, en lieu et place du traditionnel sigle GT.
Y’a-t-il lieu de vous préciser que cette Mustang nous aura définitivement tapé dans l’oeil à Michael et à moi, et qu’elle aura suscité un nombre incalculable de pouces levés et de réactions enflammées de la part des passants ? On parie en effet que vous l’aviez déjà deviné.
Un habitacle classique, mais richement doté
Les Mustang n’ont jamais été réputées pour leur qualité de finition, c’est un fait. Ainsi, et même si la génération actuelle a poussé le curseur à un niveau inconnu par ses devancières, elle reste encore à quelques encablures de ses rivales Européennes.
La qualité des matériaux est disparate, allant du bon au plus « limite », mais dans l’ensemble tout est bien arrimé, et c’est bien l’essentiel. La Mustang compense ce côté relativement brut de décoffrage par une dotation absolument imbattable au regard du prix demandé : le combiné d’instrumentation numérique de 12 pouces (avec animation spécifique Bullitt), le système multimédia SYNC 3 (avec connectivité CarPlay et Android Auto) avec audio premium B&O PLAY offrant 12 haut-parleurs et 1 000 watts, les sièges chauffants et ventilés sont ainsi de série, pour ne citer qu’eux.
Comme à l’extérieur, quelques éléments spécifiques distinguent l’auto d’une Mustang classique : plaque numérotée sur le tableau de bord, seuils de porte rétroéclairé avec logo Bullitt, sellerie spécifique avec surpiqûres vertes, et surtout le génial pommeau de levier de vitesse façon boule de billard. Un détail certes, mais qui n’est évidemment pas là par hasard : la Mustang de Steve McQueen dans le film avait un pommeau similaire.
Outre cette débauche d’équipements, on décernera une mention spéciale à la position de conduite proche du sol, et à l’espace à bord, qui permet de voyager confortablement à deux (et même à quatre, si tenté que les passagers arrières ne soient pas trop grands !).
Sur la route : hot-road, ou vraie sportive ?
Si le look de cette Mustang Bullitt est calqué sur celui de sa mythique aînée, il y a un point sur lequel les deux modèles semblent sensiblement différer : la conduite. Ok, Michael et moi n’avons jamais eu la chance de nous glisser derrière le volant d’une Mustang Fastback V8 GT390 de 1968, mais on parie que si son arrière-arrière (…) petite-fille devait refaire la mythique scène de Bullitt, cette dernière la distancerait rapidement.
La raison, on vous l’a déjà exposée lors de notre essai de la Mustang EcoBoost 317 ch, ou lors de notre roadtrip au volant d’une V8 Convertible Facelift jusqu’aux 6 Heures de Spa : cette sixième génération a (enfin !) troqué son essieu arrière rigide pour des suspensions indépendantes. En rajoutant la suspension adaptative Magneride optionnelle (option cochée sur notre Bullitt d’essai), vous obtenez une tenue de route qui n’a plus à rougir face à la concurrence. Vraiment plus.
Si le poids au demeurant important (1.851 kg à vide) nécessite un peu de « doigté » pour inscrire l’auto en virage, l’auto peut s’enorgueillir d’une réelle agilité sur un itinéraire sinueux, avec une prise de roulis bien contenue sur les modes de conduite les plus sportifs (qui rigidifient comme il faut l’amortissement), un arrière qui enroule à la demande, et surtout un grip assez hallucinant (merci les Michelin Pilot Sport 4 S !). En revanche, la direction gagnerait à se montrer plus communicative, et le gabarit de l’auto est vraiment, vraiment difficile à cerner (c’est un vrai cauchemar en ville !).
Et le moteur dans tout ça ? Eh bien, contrairement à la tenue de route qui « s’européanise », on reste ici dans le « US pur jus ». La Bullitt reçoit en effet le même V8 5.0 « Coyote » que la Mustang GT. Ford lui a quand même offert 10 chevaux supplémentaires, avec 460 équidés au total, tandis que le couple maximal ne bouge pas d’un iota, avec 529 Nm à 4.600 tr/min. Dépourvu d’assistance respiratoire, ce gros bloc est à lui seul un motif d’achat de l’auto. Dès le contact, il vous colle un sourire béat, s’ébrouant comme un gros matou, avec une sonorité profonde, et la petite secousse caractéristique des gros moteurs.
Equipée d’un échappement actif, la Mustang Bullitt offre une sonorité envoûtante en toutes circonstances, et carrément rageuse en mode Track. Difficile de ne pas se prendre pour Steve McQueen au volant d’une Mustang GT390 de 68 avec cette bande-son ! Un mode Valet permet d’étouffer les vocalises du V8, mais ce dernier ne m’aura pas empêché de réveiller ma voisine en manoeuvrant la Mustang à 02H00 du matin dans la cour intérieure de mon immeuble. Oups… !
Les performances offertes par ce V8 sont très sérieuses, avec un 0 à 100 km/h avalé en 4,6 secondes. En plus de vous coller au siège à chaque pression du pied droit, ce moteur se montre d’une souplesse à toute épreuve, acceptant de reprendre dès les plus bas régimes sans broncher. Revers de la médaille, il est inutile de grimper jusqu’en haut du compte-tours, puisqu’il a plutôt tendance à s’essouffler en approchant les 6.000 tr/min. Bon, pour être tout à fait franc avec vous, je n’ai pas senti de différence quelconque avec la Mustang GT au niveau des accélérations, malgré les 10 ch supplémentaires, qui relèvent plus de l’anecdote que d’autre chose.
Autre motif de satisfaction : la commande de boite. La boite mécanique à 6 rapports (la seule disponible sur la Bullitt) offre en effet un guidage précis, mais aussi très ferme (je dirai même viril si vous me passez cette expression pseudo-machiste), ce qui accentue le côté « brut » de l’auto. Cerise sur le gâteau, cette boîte est équipée d’une fonction « rev-matching », qui génère un petit coup de gaz automatique au rétrogradage. Vu la bande-son du V8, inutile de vous dire que cette fonctionnalité devient très rapidement addictive !
Tarif de la Mustang Bullitt
La Mustang Bullitt est affichée 55.400 Euros, contre 48.400 Euros pour la version GT. Ne cherchez pas, vous ne trouverez aucune concurrente qui en offre autant pour un si « petit » prix : impossible de retrouver à tarif équivalent une auto offrant le dédale d’équipements, le gros V8, la gueule ou l’aura de cette Mustang (et même avec une rallonge budgétaire !). Evidemment, il y a un « mais ». Comme vous pouvez vous en douter, l’auto est plombé par le malus écologique. Avec 277 g de CO2, l’auto écope logiquement du malus maximal, à 10.500 Euros.
Conclusion : Le deal du siècle !
Difficile de rester de marbre face à cette Mustang Bullitt. Même si elle a du réaliser de nombreuses concessions par rapport à sa mythique devancière du film éponyme, elle n’usurpe clairement pas son blason, avec son look « bad-boy » fidèle à l’esprit Bullitt, son fantastique V8 à la bande-son époustouflante, et sa tenue de route qui n’a désormais plus rien de ridicule. Quelques points restent évidemment à parfaire (direction, matériaux utilisés…), mais vu le prix, on lui pardonne volontiers. Le deal du siècle vous dis-je !