Essai Kia Sportage 2018, vrai nouveauté ou simple restylage ?
Le Best-Seller Kia se refait une beauté
C’est en Champagne que KIA nous a invité à découvrir la phase 2 de son SUV Sportage, présenté il y a maintenant déjà trois ans. Je sais que certains vont faire la tête en découvrant un reportage concernant un SUV, mais il faut bien avouer que cette catégorie de véhicule draine désormais une bonne partie de la clientèle Européenne et, en particulier, Française.
Blog-Moteur.com n’ayant pas vocation à faire dans l’ostracisme, et comme il en faut pour tous les goûts (surtout quand cela concerne beaucoup de monde, puisque les SUV représentent 37 % des ventes ici-bas) un tel essai ne peut que satisfaire une bonne partie des lecteurs, et ce d’autant que parmi les internautes qui fustigent ces modèles sur le web, combien roulent en 3008 ou en Captur au quotidien ? Nous serions surpris d’en apprendre le chiffre, croyez-moi…
Bref, place désormais à l’essai du champion des ventes de la marque Coréenne en France, le susnommé Sportage, dont 10.688 exemplaires ont trouvé preneurs en 2017 dans l’Hexagone.
Autant le dire tout de suite, KIA ne va pas changer une équipe qui gagne, et ce nouvel opus du best-seller de la firme ne fait pas dans la révolution :
- Nouvelle face avant
Suivant les niveaux de finition vous aurez droit à un éclairage classique, ou full LED
- Feux arrières reliés par un bandeau translucide
- Nouveau bouclier arrière
Seule une sortie d’échappement est active, l’autre n’est là que pour la symétrie…
- Planche de bord modernisée, et plus ergonomique
Par contre le ménage a été fait sous le capot : Exit les 1.6 T-GDI 177 ch essence et Diesel 1.7 CRDi de 141 ch, soit pour cause de mévente sur notre marché, soit dans la crainte des nouvelles normes antipollution.
Désormais on ne pourra plus compter que sur trois motorisations :
–1,6 essence GDi 132 ch, avec filtre à particules et boite 6 manuelle
–1,6 CRDi 115 ch, aussi en boite 6
–1,6 CRDi 136 ch, proposé en boite 6 ou DCT-7
Les déclinaisons 4×4 ne sont disponibles qu’avec cette dernière motorisation, tant en boite manuelle que DCT-7.
Côté niveau d’équipement, il serait trop long ici de les détailler, mais il faut savoir que même les versions « de base » Motion sont très loin de faire dans l’indigence : ESP, écran couleur 7 pouces, jantes alliage, caméra de recul, bluetooth…
Mais prenons d’abord place à bord du premier modèle de notre essai, à savoir un Sportage doté du « petit » moteur TD de 115 ch.
Bien assis dans un environnement rassurant (la qualité de la finition n’a plus rien à voir avec celle d’un Sportage du début de la décennie) notre brave 1.6 se réveille dans un bruit feutré, de ce côté je ne serais d’ailleurs jamais dérangé par les bruits mécaniques durant ces deux jours passés au volant des différentes versions.
Doté d’un niveau de finition intermédiaire Active, on bénéficie déjà des antibrouillard avant, du volant cuir, de la climatisation automatique bi-zone, de la gestion automatique des feux de route, et d’une monte pneumatique en 225/60R17.
Très bon point que cette banquette fractionnable au dossier réglable !
Dès le premier contact, je suis vraiment surpris par l’aisance de la mécanique. Pour tout dire, je m’attendais à prendre les commandes d’un « gros veau » incapable de s’arracher, et je dois constater avec plaisir que ce moteur, s’il est loin d’être un foudre de guerre, fait le job, et le fait même très bien !
Certes, il ne vous plaque pas au siège, mais associé à une boite 6 correctement étagée et au maniement aisé (bien qu’il y ait un léger trou entre la seconde et la troisième) il vous permettra de réaliser des moyennes honorables avec une sobriété bluffante, qui ne dépassera pas les 7 litres aux cent, même bien cravaché !
Sur route, la suspension combinant MacPherson à l’avant et essieu multibras à l’arrière guide parfaitement le véhicule sans roulis prononcé (une chose que je redoute toujours avec ce genre d’engin plutôt haut perché), par contre la direction avoue un léger flou au point zéro, ce n’est pas rédhibitoire, mais pas très agréable non plus.
Côté confort, on ne se mentira pas en disant que tous les Sportage sont vraiment typés fermes, et comme les sièges ne sont pas non plus des modèles de souplesse les inégalités du revêtement sont bien ressenties à bord.
Une escapade hors bitume sur une piste entre les vignes (ben oui, à l’origine un SUV est un engin polyvalent, il ne faudrait peut-être pas l’oublier…) me confirmera la situation, bien entendu on ne rebondit pas à chaque mètre comme avec une combinaison essieu rigide-ressorts à lames, mais il est indéniable que l’on ressent bien à bord qu’on ne roule pas sur du billard, il me faudra d’ailleurs limiter l’allure…
La circulation en dehors des routes revêtues n’est pas le point fort du Sportage…
J’émettrais une réserve aussi sur le débattement de la suspension, qui me paraît franchement faible, au point de se retrouver en butée à plusieurs reprises, sans pourtant jouer au casseur.
Rien à signaler côté freinage, nous avons affaire à quatre disques qui se révèlent sans mauvaises surprises, idem pour la visibilité globale ou la prise en main : A aucun moment je n’ai eu le sentiment d’être dans une grosse voiture, tant la facilité de conduite est réelle (et le rayon de braquage très satisfaisant).
C’est clairement l’auto sans histoire, qui satisfera le père de famille qui sera aux commandes d’un véhicule très valorisant d’aspect, et qui pourra même se permettre de profiter d’un week-end pour s’aventurer hors bitume, mais attention il est clair que le Sportage n’a aucune capacité sérieuse de franchissement !
La capacité de chargement de la bestiole n’est pas négligeable : 480 litres.
Et bien entendu la possibilité de rabattre les sièges…
Place maintenant au « Top du Top » de la gamme, à savoir le Sportage à moteur 136 ch en finition GT Line Premium !
Dire que l’équipement est complet est un doux euphémisme : système audio JBL, sièges chauffants à l’avant et à l’arrière, toit ouvrant panoramique, feux full LED, écran tactile couleur 8 », ouverture des portes et démarrage sans clé, ouverture du coffre main-libres, volant chauffant, système de surveillance des angles morts, vision panoramique 360° pour les manœuvres, sellerie cuir à surpiqûres rouges…
Une fois au volant, la différence en terme d’accélérations avec la version précédente est énorme, et ce bien que, je le répète encore, la mécanique de 115 ch m’a pourtant enthousiasmé : Ici ça « envoie du bois », et même clairement ! Je me suis même demandé si KIA n’a pas un peu sous-estimé la puissance du moteur, et oublié une quinzaine de pur-sang dans la nature, tellement les performances sont plaisantes.
Par contre je vais vite déchanter… Monté cette-fois en 245/45R19, les pneus trop bas ne jouent plus leur rôle d’amortisseur pour les petits chocs, et retransmettent tous les événements de la route à la suspension. Un vilain nid de poule franchi involontairement à environ 60 km/h sur une départementale me confirmera très violemment cette situation, en me gratifiant d’un « BOUM » pour le moins retentissant, signifiant que la suspension était arrivée en butée !
Franchement, ce type de montage en 19 pouces et en taille 45 convient à une berline sportive, sur un SUV je n’en vois aucune utilité, si ce n’est pour l’esthétisme…
Pour une fois une monte pneumatique plus haute est nettement préférable pour plus de polyvalence.
Suivant le plan programmé dans le GPS par l’équipe du constructeur, nous nous retrouvons en rase campagne sur les hauteurs d’Épernay à progresser sur terre battue entre les vignobles des meilleurs crus de la région et soyons très clairs : La monte pneumatique de cette version est définitivement inapte à une circulation sur mauvaises pistes, non seulement nous sommes plus secoués que dans la version précédemment essayée (qui disposait d’enveloppes en taille 60) mais, et je ne fut pas le seul à partager cet avis, la suspension doit être revue rapidement au niveau de son débattement (beaucoup trop faible) et de sa souplesse d’amortissement !
Non, le Sportage n’est pas vraiment à l’aise dans un tel environnement.
Bien entendu sur bonne route la combinaison proposée est souveraine, et permet des passages en courbe digne d’une petite sportive, avec juste le regret de constater un manque de maintient latéral des sièges. Toutefois, annoncer que ce véhicule est un SUV (donc appelé à des escapades off road) me paraît exagéré.
C’est sur une bonne route sinueuse que le Sportage vous gratifiera de ses meilleures performances, et se montrera sous son meilleur jour.
Idem aussi pour certains détails, comme les sabots de protection avant et arrière, c’est joli et même super design, mais ils sont en plastique ! J’émets de sérieux doutes sur leur résistance s’il leur vient à rencontrer une vilaine pierre…
Le sabot de protection n’est qu’un accessoire esthétique, pour qu’il soit efficace le métal est de loin préférable.
J’aurai aussi la possibilité d’essayer la même version avec la boite DCT-7 : Fidèle à son habitude (j’ai déjà fait sa connaissance sur la Ceed) les passages des rapports s’enchaînent sans à-coup, occasionnant une conduite pour le moins tranquille et sereine.
Par contre, bien que le moteur soit le même, son action sur la mécanique est pour le moins castratrice, et les accélérations s’en ressentent. En fait cette version de 136 ch se retrouve, au niveau des performances, entre le 1.6 de 115 ch et son homologue à boite manuelle. Mais précisons tout de même que le niveau reste très correct et pourra de toute façon, compte-tenu du climat autophobe qui règne de nos jours dans nos contrées, faire de vous un parfait justiciable en puissance…
En plus d’une version à essence de 132 ch (non disponible pour l’essai) KIA nous proposera en fin d’année une version Mild Hybrid de son Sportage. Elle sera dotée du 2.0 CRDi de 185 ch, équipé d’un système auxiliaire micro-hybride 48 volts avec un moteur électrique de 10 kW, qui assiste le Diesel dans les phases d’accélération, ou le coupe dès que la vitesse tombe en dessous de 30 km/h sur de très courtes distances. La circulation en mode totalement électrique même sur de petits trajets n’est pas possible avec ce système, en clair il ne s’agit que d’une assistance ayant pour fonction de garantir un bon niveau de performances, tout en limitant consommation et rejets de Co2. Cette version ne sera disponible qu’avec une boite automatique à huit rapports en définition 4×4, et uniquement en finition GT Line et GT Line Premium.
La direction du groupe m’a confirmé en conférence de presse qu’aucune version 100% électrique du Sportage ne sera proposée à la clientèle, les efforts de KIA se portant à ce niveau sur le Niro.
Alors ce nouvel opus du Sportage ?
Qu’en dire…
Qu’il s’agit d’un véhicule bien dans l’air du temps, avec un joli look de baroudeur, des performances des plus correctes sur route/autoroute, et un équipement qu’il n’est pas exagéré de qualifier d’opulent, mais il est aussi ce que je reproche au quotidien à bien des SUV concurrents, à savoir un joli look de baroudeur qui ne résistera pas longtemps à la réalité du terrain…
Bien sur, je suis un vieux schnock quinquagénaireun peu revenu de tout, et voir dans mes Alpes natales de tels véhicules littéralement plantés dans 10 cm de poudreuse m’a toujours beaucoup amusé, et c’est pourquoi je me permettrais une petite suggestion (c’est un peu pour ça que vous avez lu mon essai non ? Pour avoir mon avisj’imagine ?) :
Si un Sportage vous intéresse (et il est intéressant à bien des points de vue) privilégiez la version 1.6 de 115 ch, qui assurera largement l’essentiel, en définition Active ou Design (vous aurez droit en plus aux feux de jour à LED, à la recharge du smartphone par induction, et à la sellerie mixte cuir-tissu pour un ticket d’environ 30.000€) et lorsque vous passerez dans mon coin profiter de quelques jours de ski à l’Alpe d’Huez ou à Prapoutel n’oubliez pas les pneus hiver, et surtout la vraie paire de chaînes dans le coffre, tout devrait alors bien se passer !
Comme pour les êtres humains, on ne peut toujours compter sur les apparences pour s’en sortir…Dommage tout de même que l’option 4×4 soit indisponible avec cette motorisation, elle aurait permis de se passer des chaînes et serait, en fin de compte, la version de très loin la plus polyvalente de la gamme.
N’oublions pas non plus la garantie constructeur de 7 ans ou 150 000 km, un solide argument de vente, qui emportera bien des décisions, et qui mérite que l’on s’y attarde.
Être apte au franchissement ou plutôt préférer le comportement sur route, être un engin polyvalent ou un simple monte-trottoirs ?
Être ou ne pas être… Telle est la question !
C’est à vous de trouver la réponse en prenant le volant…
VERDICT
J’ai aimé :
– Le niveau d’équipement pléthorique
– La qualité de la finition
– L’habitabilité
– Le silence de fonctionnement et l’absence totale de vibrations
– La banquette arrière aux dossiers réglables
– Les performances sur route
– La sobriété des moteurs 115 et 136 ch
– Le freinage très satisfaisant
– La garantie 7 ans/150 000 km
J’ai regretté :
– La suspension à revoir !
– Les capacités hors bitume quasi-nulles
– Les quatre roues motrices disponibles uniquement en 136 ch et Mild Hybrid au prix fort
– La monte pneumatique totalement inadaptée des versions GT Lineet GT Line Premium
– L’absence de roue de secours
– Les protections en plastique juste la pour faire joli
– La boite DCT-7 qui bride un peu les performances
– La caméra de recul aux images floues
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
Données communes
Longueur : 4,48 m (4,49 m pour les GT Line)
Largeur : 1,85 m
Hauteur : 1,64 m
Empattement : 2,67 m
Coffre : 480 litres, et 1 469 litres banquette rabattue
Réservoir : 62 litres (55 sur Mild Hybrid)
Ad Blue : 18 litres
-Direction à crémaillère avec assistance électrique, rayon de braquage de 5,50 m.
-Suspension avant de type McPherson et amortisseurs à gaz
-Suspension arrière multibras et amortisseurs à gaz
-Quatre roues indépendantes
-Contrôles électroniques de trajectoire, de vitesse en descente et de stabilité d’une éventuelle remorque.
-Freins à disques sur les quatre roues, ABS avec répartiteur électronique de freinage EBD et allumage automatique des feux de détresse en cas de freinage d’urgence.
-Airbags frontaux, latéraux avant et rideaux.
-Assistance au démarrage en côte.
-Contrôle de pression des pneus.
-Kit de réparation sous le tapis de coffre en cas de crevaison.
1.6 GDI (essence) BVM6 4×2
4 cylindres en ligne à injection directe, 1 591 cm3, 132 ch Din à 6 300 Trs
16 mkg à 4 850 Trs
Distribution par chaîne
8cv
182 km/h
0 à 100 en 11,5 secondes
1 490 kg
Boite mécanique à six rapports
Consommation mixte : 6,9 litres
CO2 : 159 g/km
Tarifs entre 24.390 et 27.890 € suivant finition.
1.6 CRDi BVM6 4×2 115 ch
4 cylindres en ligne Diesel à injection directe, turbo à géométrie variable, 1 598cm3, 115 ch Din à 4 000 Trs,
28 mkg constants de 1 500 à 2 750 Trs
Distribution par courroie
6cv
175 km/h
0 à 100 en 11,8 secondes
1 579 kg
Boite mécanique à six rapports
Consommation mixte : 4,8 litres
CO2 : 129 g/km
Tarifs : entre 26.390 et 31.990 € suivant finition.
1.6 CRDi 136 ch
Idem ci-dessus sauf : 136 ch Din à 4 000 Trs
32 mkg constants entre 2 000 et 2 250 Trs
7cv
180 km/h
0 à 100 km/h entre 8,3 et 10,5 secondes suivant transmission
Poids entre 1 576 et 1 668 kg
Boite mécanique à six rapports ou DCT-7 à sept rapports en option
4×2 ou 4×4 sur demande
Consommation mixte : Entre 4,7 et 5,1 litres suivant version
CO2 : Entre 126 et 134 g/km
Tarifs entre 30.890 et 39.790 € suivant la finition et le mode de transmission choisi.
2.0 CRDi Mild Hybrid BVA8 4×4
4 cylindres en ligne à injection directe, turbo à géométrie variable, 1 995 cm3, 185 ch Din à 4 000 Trs
40 mkg entre 1 750 et 2 750 Trs
Distribution par chaîne
10cv
Système d’assistance micro-hybride de 48v
Transmission intégrale semi-permanente
Boite automatique à huit rapports uniquement
201 km/h
0 à 100 en 9,5 secondes
Poids : 1 747 kg
Consommation mixte : 5,7 litres
Co2 : 149 g/km
Tarifs entre 38.990 et 42.990 € suivant finition.
Options :
-Peinture métallisée : 650€
-Peinture nacrée : 750€
-Toit vitré panoramique ouvrant : 900€ (série sur GT Line Premium)
-Pack sécurité avancé, comprenant système de freinage d’urgence autonome avec détection des piétons, surveillance des angles morts et du trafic arrière : Entre 900 et 1.200 € suivant niveau de finition et transmission.
Jensen.