Essai Nouveau Dacia Duster : A la poursuite de la réussite ?
Another one [of us] tries the Duster !
Levé tôt le matin, nous avions rendez-vous au Nord de la région parisienne – non loin de la Mer de Sable – avec l’un des baroudeurs les plus attendus du moment. J’ai nommé le tout nouveau Dacia Duster. Ciel dégagé, atmosphère humide, terrain boueux. Autant dire que tous les éléments étaient réunis pour baptiser comme il se doit le nouveau-né de la marque roumaine !
Dacia Duster 2 : Don’t Stop [It] Now !
Je pense ne pas me tromper quand je dis que le Duster n’est plus à présenter. Dans l’inconscient collectif, quand on entend SUV bon marché, on pense Dacia Duster. Dès que l’on parle de franchisseur low-cost, la réponse est Dacia Duster. Si l’on en vient à réfléchir au SUV le plus polyvalent au meilleur prix, le Dacia Duster est une évidence. Plus qu’une force, le nouveau Dacia Duster a donc fort à faire pour entretenir la « légende » forgée par son aîné. Va-t-il s’arrêter sur sa lancée ? Laissez-moi orienter votre réponse…
C’est donc au bout de sept belles années que la première génération du Dacia Duster prend une retraite des plus méritées. En effet, le bilan est aujourd’hui sans appel pour l’un des modèles phares de la marque roumaine. Quelques chiffres parleront plus qu’un long discours : premier SUV de la marque, prix contenus entre onze et vingt mille euros, plus d’un million de vente sous la marque Dacia, chiffre doublé à l’échelle mondiale grâce au grand frère et partenaire privilégié qu’est le Losange. Autant dire qu’avec un tel héritage, le nouveau Dacia Duster est en quelque sorte « Under Pressure » !
Le fier descendant du « passe-partout » roumain n’a qu’une seule idée en tête : on prend les mêmes et on recommence. Et ce dans tous les sens du terme, que ce soit sur la philosophie, le style ou le positionnement. Positionnement qui est d’ailleurs toujours aussi compliqué que celui de son prédécesseur. Animé par la vague SUV qui ne cesse de déferler sur l’Europe, le Duster surfe sans complexe à cheval sur deux planches de gabarits différents. En effet, tel un caméléon, il s’affirme comme un sérieux prétendant du segment C, alors qu’il a les ambitions financières d’un petit représentant du segment B. Brouiller les pistes, jouer les trouble-fête, le Duster semble difficile à cerner. Mais reste une chose à savoir, est-ce de la poudre aux yeux ou une promesse vraiment tenue ? Faisons connaissance avec cet alchimiste de l’automobile.
Design Extérieur : [It] Will Rock You !
A quoi reconnaît-on aujourd’hui un Duster ? Une grosse bête haute sur pattes, un brin rondouillarde mais attachante, brute de décoffrage d’un point de vue esthétique, mais semblant être à l’épreuve de vents et marées. Pas de surprise, Dacia a conservé les atouts de la première génération, mais sans se moquer de sa clientèle. Effectivement, le nouveau Duster se vente d’un design renouvelé sans aucune récupération stylistique de l’ancienne version.
Le dépaysement n’est pas au programme, la filiation est assez nette. Erde Tungaa en est la profonde cause. Cet homme à l’origine des traits du premier Duster est revenu prêter main forte au design Dacia. L’artiste mongole a voulu développer les points forts du Duster, lui permettant d’acquérir de nouvelles lignes plus travaillées. Celles-ci lui confèrent une prestance désormais nécessaire. L’essentiel est bien là. Le but n’était pas de repartir de zéro, mais de renforcer les codes du SUV.
Ce qui choque le plus sur la carrosserie du nouveau Duster, c’est la nette augmentation de surfaces peintes sur les boucliers, tirant un trait sur les plastiques basiques teintés dans la masse trop présents jusque-là. Cette face avant respire désormais, elle inspire une meilleure finition. Alliance de la robustesse de l’ancien Duster et de la finesse des dernières Sandero Stepway, la proue se cale sur le crédo du segment C : le mythe du baroudeur cossu.
Alors que les dimensions n’ont pas changé d’un iota puisque la plateforme utilisée reste la même (c’est quand même assez rare de nos jours pour le souligner !), le sentiment que dégage ce nouveau Duster est radicalement différent. Les blocs optiques avant sont affinés, et déplacés strictement aux extrémités du volume avant. Ils permettent d’élargir l’assise visuelle du SUV. Entre eux s’intercale la nouvelle calandre aux inserts chromés affirmant une nouvelle identité plus élégante. Surplombé par ce nouveau regard, le bouclier s’est laissé pousser la moustache. Proéminence résolument exagérée, l’épaisse partie plastique grise ajoute robustesse et gaieté au nouveau Duster. Dernier changement, le capot moteur est affublé de nervures, à l’instar de la petite Sandero. Cela lui permet au passage d’avoir un profil plus horizontal et donc de rehausser sa carrure d’attaque. Jusqu’ici, un sans-faute.
Les flancs sont quant à eux plus conventionnels. Le profil fait l’économie de l’ancienne ligne incurvé sur le bas des portières pour gagner un renflement des bas de caisses et une augmentation de la hauteur de la ligne de caisse. Robustesse quand tu nous tiens ! La réelle nouveauté est l’ensemble enjoliveur d’aile et marchepied. C’est ce qui interpelle au premier regard, et fait déceler rapidement la nouveauté de ce Duster. Cet artifice, inspiré des passages de roue en plastique brut que l’on pouvait apprécier sur certains 4×4 ou sportives du siècle précédent, accueille désormais le répétiteur ainsi qu’un monogramme 4WD s’il vous prend l’envie d’opter pour la version la plus radical du Duster. Il a, tout du moins, l’avantage de trancher avec les coloris clairs comme le nouvel Orange Atacama, pimpant à souhait !
A l’image de la face avant, l’arrière du nouveau Duster entretient ce désir d’affirmation de la seconde génération. Dans un souci d’adéquation, l’insert gris habille la fuite du bouclier arrière, effaçant l’ancien bandeau non-peint du premier Duster. On peut également remarquer la présence d’un petit diffuseur, qui habille la base de la poupe.
Mais, à quoi aspire une automobile moderne ? Être reconnaissable et reconnue, id est marquer les esprits ! Dacia a, par conséquent, travaillé la signature visuelle du dernier venu. Si l’avant du Duster s’adjuge le droit à deux virgules lumineuses diurnes, les feux arrières s’en retrouvent totalement chamboulés. Une nouvelle fois, c’est de la Sandero que provient cette idée de visuel à quatre carrés, séparés par un clignotant en forme de croix.
Maintenant que le portait décrit par ce nouveau Duster n’a plus de secret pour vous, permettons-nous d’ouvrir la porte, et de pénétrer dans l’antre de la bête.
Prestations Intérieures : Knocking On Heaven’s Door
Passons le titre qui, je vous l’accorde, est légèrement tapageur et optimiste. Mais quand Dacia promet, Dacia ne ment pas. Exit les sièges avec moins de maintien qu’un tabouret. Adieu les finitions des années 1990. Oublié l’esprit pratique relayé au profit du coût. Dacia a pris le train en marche, voilà son nouveau Duster projeté dans le nouveau millénaire ! Bien sûr, il faut raison garder. Je vais essayer d’être le plus objectif possible en calquant mon avis sur l’équilibre prestations/coût. Un maître-mot en somme : être efficace !
Evidemment, le premium n’est pas le cœur de cible, mais force est de constater que Dacia est capable de faire de petits miracles avec ses modestes moyens. Et j’ai bien écrit « miracles » au pluriel, car pour le coup, difficile de s’y retrouver dans cet habitacle tant les nouveautés sont nombreuses. La rupture avec son aïeul est flagrante. Alors qu’il ne fallait pas trop secouer la clientèle sur le sujet de la carrosserie, Dacia n’a pas lésiné sur l’intérieur, et l’avoue volontiers. Pour ne pas être dépassé par les SUV actuels, sans manquer d’exprimer le renouveau de la marque sur la qualité perçue, le service design est ici parti de la page blanche. Totalement remodelée, cette nouvelle planche de bord pioche çà et là dans la banque d’organes Dacia et Renault les éléments de sa future réussite.
Tout d’abord, élément important et non des moindres, le cerceau légué par la petite sœur Sandero impose une entrée en matière des plus correctes. Surtout qu’il est désormais réglable en profondeur, ce qui manquait cruellement sur la précédente version. Sur notre modèle « Prestige » (le haut-de-gamme à la Dacia), le garnissage du volant est honnête, avec des surpiqûres parfaitement exécutées.
Comme précisé plus haut, le Duster veut faire ses preuves. La planche de bord en est un exemple parfait. La qualité du plastique est en constante amélioration. Restant dur, le grain est nettement plus fin et j’en suis venu à tâter du doigt le rendu tactile de ce nouveau plastique. Il est désormais moins sensible aux agressions extérieures, il conserve un aspect mat qui évoque la rigidité, et surtout il ne craque pas ou ne sonne pas creux à la sollicitation. Son nouveau design permet une augmentation de l’habitabilité avec, par exemple un tapis anti-dérapant dans la boîte à gants supérieure. Une très bonne idée, qui marche à ravir lorsqu’on y pose son téléphone qui recharge grâce à la prise USB.
Vu qu’on en parle, cette planche de bord accueille l’écran tactile du MediaNav, bien mieux implanté que sur l’ancien modèle. Il tombe sous la main très facilement, et est relayé par les sempiternels satellites Renault à l’arrière du volant. Bien qu’assez récent sur la gamme Dacia, ce système d’infotainment pousse à la nostalgie : la joie de retrouver un système simple et basique comme on en trouvait au milieu des années 2000…
Bref, il faut se remettre en tête que nous sommes dans le low-cost, excusez mon égarement. Le MediaNav se révèle donc intuitif et simple d’utilisation. On pourrait simplement lui reprocher deux choses. Premièrement, une certaine lenteur à la sollicitation tactile, ainsi que l’impossibilité de fondre la voix du GPS sur celle du morceau écouté. Deuxièmement, l’affreux, que dis-je l’horrible, qu’entends-je l’insupportable avertisseur sonore de radars sur le système GPS. Plus d’une fois, concentré sur ma conduite, j’ai dû décoller de mon siège de deux centimètres en entendant cette sonnerie. Sinon, le bonhomme fait son travail, rien à redire.
Dacia est également fier de présenter sa toute nouvelle console de ventilation. Dorénavant automatique, la climatisation se voit habillée d’élégants écrans à cristaux et de cerclages chromés. Elle se retrouve surplombée par l’ensemble des fonctionnalités basiques du véhicule esthétiquement présentées sous la forme d’une console piano. Le levier de vitesse de la boîte manuelle se fera un plaisir de rappeler le style des commandes de la climatisation, alors que celui de la boîte EDC fera plus viril.
Le service design y étant allé au rouleau, le ravalement de l’intérieur se prolonge sur les contre-portes, qui en deviennent plus flatteuses. Une nouvelle fois, on a remplacé les lignes arrondies par de l’anguleux plus élégant. Le tout saupoudré par quelques inserts en alu brossé, sans omettre les accoudoirs en imitation cuir qui finissent proprement l’ensemble.
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Dacia a profondément repensé l’ensemble de sa sellerie. Refonte du châssis des sièges, augmentation voire même apparition de maintiens latéraux, tissu solide ou cuir plutôt flatteur, amélioration de la densité des mousses, appui-tête repensé, tout y est passé. Et Dieu que c’est agréable. S’il y a bien un défaut que Dacia se devait de gommer, c’est celui-ci. Pour être honnête, Dacia n’a pas à rougir sur le confort et la position de conduite de son nouveau Duster. Réglable dans tous les sens manuellement (oui, n’oublions pas la fiabilité et le coût de commandes électriques…), ce nouveau siège nous apporte avec joie un réglage des lombaires ainsi que la présence d’un nouvel accoudoir. Ce dernier élément sera bien plus appréciable sur une base EDC que sur une version manuelle, pas besoin de vous préciser pourquoi…
Pour finir ce chapitre sur l’intérieur, comme je me dois d’en parler, ce nouveau Duster conserve les atouts du précédent. L’habitabilité aux places arrières est très appréciable. Mon gabarit et ses 1m85 n’ont aucunement souffert lors de son insertion ou de son assise. Espace aux genoux correct, et garde au toit suffisante. De même, le Duster conserve un atout majeur pour moi, le bricoleur du dimanche. Oui moi, cet homme qui aujourd’hui pleure quand il ouvre le coffre des leaders du segment C, qui contemple la petitesse des volumes sous la malle arrière. Quoiqu’il en soit, le Duster fût mon rayon de Soleil. Son coffre nous éblouit par l’espace qu’il propose. Jamais je n’ai été aussi ému devant autant de vide ! Comme on s’en doute, la hauteur de l’échassier fera que le seuil de chargement reste important, mais son plancher plat comble cette faiblesse chronique.
Cette note d’humour passée, je vous propose de fermer la porte, de poser la carte dans le vide-poche, d’appuyer sur le bouton « Engine Start », de libérer le frein à main pour laisser vie au Duster.
Sur la route : On The Road Again
Premier détail qui porte à sourire, le travail sur l’étanchéité du véhicule. Les joints (neufs pour l’essai je l’accorde) sur le pourtour des 5 portes sont d’une grande rigidité. Je me suis surpris plusieurs fois après être remonté en voiture, de devoir claquer une seconde fois ma portière avec plus d’élan pour réussir à la verrouiller. Le tout est accompagné par un son de claquement de portière sourd et parfaitement maîtrisé. Cela peut paraître futile, mais la qualité se cache dans les détails, et celui-ci agit fortement sur l’inconscient (claquement roque est souvent synonyme de robustesse et donc de voiture solide et fiable). Maintenant que nous y sommes, en avant !
Pour entamer le sujet, je vais vous parler dans un premier temps de l’agrément de conduite. Cet essai, je l’ai débuté avec comme première motorisation le TCe de 125 chevaux accouplé à une boîte manuelle à 6 rapports ne desservant que deux roues motrices. Loin d’être un foudre de guerre, le petit bloc de 1200 cm3 emmène le gabarit imposant du Duster. Cela s’explique tout d’abord par un poids plume pour sa catégorie, entraînant un rapport poids/puissance dans la moyenne. Les reprises sont acceptables pour ce genre de véhicules. Le plus agréable sur cette motorisation est sans conteste l’insonorisation, qui résulte de la combinaison de plusieurs améliorations. Très critiquée sur l’ancien modèle, Dacia a bien révisé sa copie. Les surfaces isolées phoniquement ont proliféré de 20% dans l’habitacle, alors qu’elles se sont multipliées par deux dans le compartiment moteur. Ajoutés à cela des vitrages plus épais et une rigidification du châssis pour limiter les bruits de roulements, et le tour est joué. Ce nouveau Duster peut enfin revêtir le costume de la quiétude à bord.
Se sont offertes à nous des routes toutes aussi différentes les unes que les autres, très bon moyen de tester justement ce châssis modifié, ainsi que le focus réalisé sur la liaison au sol. Passage par l’autoroute, navigation sur une nationale telle un billard, promenade dans les sentiers de campagne jusqu’aux chemins de traverse, le Duster est partout chez lui. A vrai dire, je m’inquiétais a priori du confort que pourrait offrir une marque comme Dacia, à l’heure où les marques premium se tournent le plus souvent vers des suspensions indépendantes pilotées. Dire que j’ai été surpris serait un euphémisme. Vous pardonnerez mon enthousiasme mais la centaine de kilomètres avalés d’une traite fut une partie de plaisir, et je vous laisse vous souvenir de la diversité de revêtement rencontrée.
De manière plus factuelle, le Duster allie dynamisme au confort. La suspension se révèle ferme, sans être tape cul. Les aspérités de la route sont littéralement gommées, pour ne laisser transparaître que les reliefs importants, sans pour autant mettre en branle l’ensemble de l’engin. Une certaine satisfaction est ressentie lors du premier giratoire. Le Duster est exempt de roulis, alors que l’ensemble de ses caractéristiques l’obligeraient à s’écraser sous son propre poids. La limite est trouvée lors des entrées optimistes, où il avoue un sous-virage prévenant.
De même, ce que j’appréhendais le plus était les rebonds sur terrain mal carrossé. Habitué au confort de la suspension hydraulique, je n’ai pas eu de haut le cœur au volant du Duster. Une fois le haut de la bosse passée, la suspension amortit correctement le retour sur Terre du colosse. Aucune mauvaise surprise, aucune détente inopinée et sauvage des ressorts n’est à déplorer. Un gage de confort et surtout de confiance.
La directivité du Duster est également à hisser haut. On ressent le travail fourni sur la nouvelle direction assistée électrique à résistance variable. La précision est acceptable pour une auto de cette taille, et elle permet surtout d’arrondir les angles de la route, laissant au repos l’esprit concentré du conducteur.
Poursuivant notre journée avec la version dCi 110 chevaux héritant de la boîte EDC à six rapports, nous avons pu comparer ces deux motorisations à armes égales. Comme on aurait pu l’imaginer, le dCi profite de son couple et laisse transparaître un comportement plus dynamique pour une consommation moindre. Comptez de 5 à 6 L /100 km, là où le TCe aura besoin d’une gourde de deux litres supplémentaires ! Comme il n’y a pas de compliment sans un reproche concomitant, le bloc diesel n’est pas exemplaire par son silence. Même si l’insonorisation est en progrès, le ronflement du 4 cylindres reste encore bien présent au poste de conduite. Par contre, le Duster souffre étonnement d’un défaut présent sur les deux moteurs : une traction faillible au démarrage, suivant les conditions. Une accélération mal dosée, une chaussée légèrement humide, un démarrage roues braquées. Je me suis étonné plusieurs fois de patiner raisonnablement lors d’un démarrage d’un stop ou d’une sortie de chemin. La faute peut être aux polyvalents pneumatiques 4 saisons auxquels je ne suis pas aguerri.
Forcément, ma curiosité n’a pas de limite. Elle se complet dans l’exercice de mettre à l’épreuve. Tester une réputation qui pourrait être trop facilement héritée. Duster et boue ont eu une belle histoire d’amour ces sept dernières années. J’ai donc pris la direction d’un terrain d’entraînement tout-terrain pour éveiller mes compétences off-road, tout en mettant ce nouveau Duster au pied… de la butte !
Dacia Duster et le Tout-Terrain : Bo[u]emian Rapsody !
« Bon les gars, vous avez déjà fait du offroad j’espère ? ». Pas vraiment… « Pas grave, si vous suivez ce que je vous dis ça devrait être sympa, bien en confiance avec l’auto ? ». Sur l’asphalte, difficile de ne pas être à l’aise, mais là… « Au fait, avant d’y aller juste une petite précision. Si vous vous restez bloqués, rappelez-vous que je n’ai rien sur place pour vous sortir du pétrin ». Pas sûr qu’il s’agissait du meilleur encouragement… « Bon allez, mettez la première, enclenchez le Hill Descent Control, et on se retrouve en bas d’une descente à plus de 40% ». Coup d’œil au passager pas plus rassuré que moi. Déclenchement du bouton sur la console centrale et verrouillage du différentiel. Premier rapport enclenché, pédale d’embrayage relevée sans grande conviction, je m’approche de la descente ou plutôt du précipice. J’ouvre un œil, lâche toutes les pédales et me laisse dévaler à corps perdu.
Je vous rassure, tout s’est bien passé. Mon ange gardien dénommé Duster a veillé sur moi. Me voilà donc engagé dans un combat contre la gravité sur un terrain à la stabilité plus que défaillante. Les premiers passages me permettent de faire connaissance avec ma monture.
Comme évoqué juste au-dessus, le mode Hill Descent Control permet de réguler la vitesse de descente sur un terrain à la pente prononcée. Toutes pédales libres, le Duster appréhende son élan en jouant sur le freinage des 4 roues. Se laisser faire dans ce genre de situation n’est vraiment pas des plus évidents, au moment où le pied droit a de furieuses envies de sauter sur la pédale du milieu. Petit gadget, le moniteur d’assiette nous glisse à l’oreille la gravité des risques que nous sommes en train de prendre. Bizarrement, plus les chiffres augmentent, plus le sourire s’élargit et plus les yeux s’ébahissent. Etrange non ?
Cahin caha, rebondissant de bosses en hornières, le Duster dévoile son jeu. La suspension travaille à merveille, difficile de lui faire lever une roue du plancher. La motricité reste sans faille tant que l’on joue de sagesse et de discipline, à l’écoute de l’instructeur. Les passages de gué sont avalés avec la même facilité. Roues droites entraînées sur un rythme de première, l’auto se guide presque seule. Nous incombe le choix d’intervenir toujours aidés de cette direction sensible et précise même en milieux hostiles.
Allant de Charybde en Scylla, moi au volant fier comme Artaban, la fine équipe évolue dans la meilleure osmose. Ce ne sont pas les chants des sirènes de l’enlisement qui feront pâlir notre roumain à la force herculéenne. En effet, l’aventurier aux muscles saillant a plusieurs cordes à son arc. C’est d’ailleurs en abordant le dernier obstacle de notre odyssée qu’il déploie les grands moyens.
On attaque l’ascension à l’aveugle d’une butte démesurée. L’approche se fait lente et on redécouvre l’intérêt du dessin du Duster. Des chiffres qui feront pâlir tous les SUV contemporains… Angle d’attaque de 30° permettant d’engloutir de manière gargantuesque n’importe quel obstacle. Angle de fuite de 34° autorisant d’omettre ce qu’il se passe derrière. Garde au sol de 21 cm sous les bas de caisses. Besoin d’en rajouter ?
Sur les conseils de notre instructeur, je mets en route une nouveauté pour la marque Dacia : la caméra multivues. Là où certains y verront une vision 360° low-cost, j’y ai personnellement trouvé un vrai compromis. J’ai été agréablement surpris de découvrir la qualité de ce système à 4 caméras indépendantes permettant d’observer l’avant, l’arrière et les deux roues avant du Duster. Et quand je parle de qualité, j’entends que la précision de l’image est à mettre en relief avec certaines caméras au visuel horriblement cheap, malgré leur positionnement haut-de-gamme sur le marché français. A méditer messieurs, nos cousins roumains ont une nouvelle fois prouvé que l’efficacité prédomine sur l’apparence.
J’avance donc les yeux fixés sur l’écran tactile du Duster, défilant tour à tour les caméras. Evitant les pierres mal placées sur les côtés grâce aux vues latérales, le système d’aide au démarrage en côte est un de mes meilleurs alliés pour progresser par phases ascendantes successives. A partir d’une certaine pente, lors de l’arrêt complet du véhicule, les freins sont maintenus automatiquement 3 secondes. Outil bien utile lorsque l’on jauge encore le couple du TCe sur ce parcours exigeant.
Une fois l’horizon retrouvé en haut de la bosse, la caméra muchée dans le bouclier avant me permet de retrouver une vue artificielle. Plus simple désormais d’appréhender les obstacles qui nous attendent lors de la descente. L’économie de sortir du véhicule pour une prise d’information directe est intéressante. Surtout lorsqu’on découvre un point faible du Duster jusque-là encore inconnu : la proéminence des marchepieds. L’esthétique est un point, la protection en est un autre, mais tout cela n’a pas de réelle conséquence à sec si je puis me permettre. Une fois notre Duster crotté jusqu’au nombril, l’entrée et la sortie du véhicule imposent une sympathique figure de style. Un petit saut des plus élégants mais surtout salvateur pour vos bas de pantalon. Le tout est de savoir si vous ne voulez pas que les séances ludiques de patauge dans la gadoue ne se transforment en explication dans le texte avec Madame et sa machine à laver…
Conclusion : The Show Must Go On !
L’issue de la journée se fait sous les meilleurs auspices. Plein de bonne volonté, le nouveau Dacia Duster ne rend pas une copie impeccable, mais difficile de ne pas lui attribuer une belle mention. Rattrapant son retard physique, il lui reste encore beaucoup à combler sur le plan de la technologie, dernier bastion économique difficile à faire sauter. Plus que sur l’infotainment, c’est bien sur la sécurité active que ce Duster laisse un goût d’inachevé. A part l’apparition du détecteur d’angle mort, il laisse la part belle à l’ensemble de vos talents et réflexes pour la conduite de tous les jours.
Ventilé sur quatre niveaux de finition, Dacia réussit à cadrer son nouveau-né avec un panel assez varié. 4 motorisations, deux boites de vitesses, deux systèmes de motricité, la marque n’est pas avare sur les propositions pour du low-cost nouvelle génération. Le manque de la boîte EDC sur les motorisations essences pour ces modèles de présentations laisse présager qu’elle pourrait rapidement trouver sa place au cœur du Duster. Bien sûr, il ne faut pas oublier que cette mécanique innovante de chez Renault n’est présente que depuis cette année dans la gamme Dacia. Il faudra donc être patient.
Quoiqu’il en soit, les prix iront de 11.990€ pour un Duster de base roulant au sans plomb, pour atteindre les 20.650€ sur une finition Prestige 4 roues motrices consommateur de gasoil. La promesse est donc tenue sur le critère irrévocable qui détermine aujourd’hui l’achat d’une Dacia. L’essentiel sous une robe aguichante, le Duster deuxième du nom promet de faire tourner les têtes à l’image de son aîné. Un achat malin pour une voiture somme toute moderne, les idéalistes de la voiture de tous les jours pratique et sympa sans se ruiner – dont je fais partie – sauront trouver midi à leur porte. Alors, qu’en dites-vous ? Could the all-new Dacia Duster claim : « I am the champion, my friend » ?
Points positifs :
+ Prix toujours aussi contenu
+ Design moderne
+ Insonorisation corrigée
+ Référence du tout-terrain
Point négatifs :
– Sécurité active faiblarde
– Infotainment lent
– Motricité en 4×2 faillible