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Carnet de Routes : La Côte d’Émeraude en Porsche Taycan

2021 marque un tournant pour Porsche. Le constructeur a vendu depuis le début de l’année dans le monde plus de Taycan que de 911. Alors pour fêter ça, nous avons choisi de partir en road-trip au volant de la Porsche Taycan Turismo, dans sa version la plus ultime : la Turbo S.

C’est le long de la Côte d’Émeraude, sur le littoral nord de la Bretagne, que nous nous sommes évadés pour prendre un grand bol d’air iodé avant l’arrivée de l’hiver en compagnie de la Porsche de grand-tourisme ultime.


Road-Trip | La Côte d’Émeraude, entre Saint-Brieuc et Cancale

  • Longueur : 99 km
  • Durée (avec arrêts) : 2 jours, 1 nuit à Dinard ou Saint-Malo
  • Rythme : coude à la portière
  • Tracé


Partir en Bretagne début décembre, quelle idée… On est comme ça nous, on aime être tranquilles sur la route et pouvoir sillonner les plus beaux endroits de notre pays sans être coincés derrière des hordes de SUV ou des groupes de cyclistes. Afin de savourer le calme et la sérénité du littoral, nous avons opté pour la Porsche Taycan Cross Turismo Turbo S, version qui chapeaute la gamme et pleinement adaptée à l’exercice du road-trip qui nous attend.

Ça n’est pas la première fois que nous côtoyons Taycan. Nous avons pu découvrir pour la Porsche électrique en version Propulsion au printemps dernier, puis nous sommes allés nous amuser dans les dunes du Touquet avec Cross Turismo Turbo cet été. Partons maintenant enchainer près de 1000 km à son bord, dont pas mal d’autoroute avant d’apercevoir la mer…

Grand-tourisme oblige, la Taycan est une voyageuse bien née. Pour parcourir de longues distances sans appréhension, Porsche a intégré à Taycan un système de navigation complet et intelligent prenant en compte les arrêts recharge sur le réseau Ionity, et sur des bornes tierces (AC et DC). Combiné à la carte de charge fournie avec la voiture, cela permet de n’avoir qu’à suivre les recommandations fournies pour arriver à destination sans encombre. Le voyage en électrique demande toujours un peu d’anticipation, mais ces systèmes nous prennent par la main et rassurent.

Le planificateur de voyage intègre les arrêts recharge

Dans notre cas, pour rejoindre Rennes puis Les Côtes d’Armor, soit plus de 400 km de voie rapide exclusivement, nous avons dû nous arrêter deux fois sur des aires de repos équipées de stations Ionity. La première à Laval sur l’A8, sur laquelle nous sommes arrivés avec moins de 3 % de batterie restante. Et la seconde entre Rennes et Saint-Brieuc afin de remplir la voiture avant de repartir sur un réseau secondaire encore trop mal pourvu en bornes pour être vraiment confiant.

Avec sa batterie de 93,4 kWh, on aurait pu espérer de Taycan une autonomie proche des 500 km, comme le Mustang Mach-E GT. C’était sans compter sur des pneus énormes, et une propension à consommer de watts autant qu’une Porsche 911 Turbo avale le sans-plomb. Sur autoroute à 130 km/h avec les aides à la conduite activées, un peu de chauffage, 5 degrés dans l’air et le mode Range (autonomie accrue) activé, la consommation s’élève alors à 34 kWh/100 km. Nous avons ainsi pu parcourir environ 210 km sur voie rapide avant de devoir s’arrêter pour faire le plein.

Porsche est membre du consortium Ionity

Heureusement, Taycan repose sur une architecture 800 volts et propose une charge ultra-rapide que nous avons pu mesurer jusqu’à 256 kW malgré un froid ambiant. De quoi remplir la batterie de 10 à 80 % en 25 minutes, afin de ne pas rendre les stops recharge trop longs et trop contraignants.

Taycan recharge jusqu’à 275 kW (quand il ne fait pas trop froid…)

Contraignante, elle ne l’est pas. Sur autoroute, elle propose une expérience de voyage absolument délicieuse où l’on ne soupçonne pas qu’elle est l’une des Porsche les plus performantes qui soient. Réelle catapulte de 761 ch et 1050 Nm de couple, elle nous satellise en sortie de péage avec un 0-100 km/h abattu en 2,8 secondes. Histoire de se remettre des G infligés à notre petite organisme, on profite alors de son double vitrage et du soin particulier apporté à l’insonorisation. Aucun bruit d’air ou de roulement ne vient troubler la symphonie du système HiFi Burmeister et sa spatialisation exceptionnelle. Porsche a eu la bonne idée de proposer des playlists dédiées sur Apple Music, dont trois spécifiquement créées pour Taycan. 

Porsche propose des playlists sur Apple Music

L’habitacle de notre compagne d’escapade est bardée de petits détails provenant du service de personnalisation Porsche Exclusive Manufaktur et justifiant en quelque sorte les 230 000 € de notre version. Chronographe assorti à la couleur des fauteuils et des surpiqures, monogramme Porsche brodé, inserts en carbone sur le volant et sur les portes… Le cocon est résolument sportif, extrêmement bien fini, et technologique à souhait avec des écrans bien conçus et agréables à utiliser.

Le conducteur n’a alors que très peu de mission, à part profiter du voyage. Enchainer les kilomètres à son bord est une expérience reposante, tant la voiture s’occupe de tout pour nous avec une conduite autonome (très) intelligente. Il nous reste à profiter du confort remarquable des sublimes sièges et de l’excellent sytème multimédia pour planifier notre journée le long du littoral.

Point de départ de notre virée bretonne : la grande plage de Saint-Pabu, à la sortie de Pléneuf-Val-André. Grande étendue de sable et de galets nichée dans la baie de Saint-Brieuc, ce cadre exceptionnel nous a permis de goûter de nouveau à la conduite silencieuse et respectueuse de l’environnement. Activer le mode « Gravel » et Taycan se mue en break tout-chemin avec une garde au sol rehaussée et un contrôle de la motricité amélioré. Des capacités à sortir des sentiers battus que vous pouvez retrouver dans notre essai du Taycan Cross Turismo.

Notre route se poursuit le long de la côte de Penthièvre, en passant par Érquy, puis Sable-d’Or-les-Pins. Posée à même une dune de sable, cette station balnéaire animée et joyeuse au printemps prend en ce mois de décembre des airs de ville-fantôme. Cette pittoresque petite bourgade marque le début d’une des routes les plus agréables de ce tracé, la D34.

Longeant la côte, cette départementale large et au bitume parfait offre des changements de dénivelés, de longues courbes et une visibilité excellente. Taillée pour profiter de sa monture, elle propose de surcroit des panoramas absolument délicieux sur la mer couleur émeraude. De nombreuses plages facilement accessibles jalonnent son tracé, et le phare du Cap Fréhel se profile au loin. À mi-chemin, l’Anse du Croc, une grande plage et sa dune méritent véritablement le détour.

Avec un tel terrain de jeu, difficile de ne basculer le sélecteur de modes sur « Sport+ ». L’asphalte est gras, mais ses énormes pneus Pirelli PZero en 265/35 21’’ devant et 305/30 21’’ derrière la rendent imperturbable. Le gros bébé a beau peser plus de 2,3 tonnes, son inscription en courbe est incroyable, et sa propension à enrouler chaque virage est jouissive. Le couple affolant de 1050 Nm spécifique à la version Turbo S nous cloue au siège à chaque relance. Taycan est une vraie Porsche, avec sa position de conduite impeccable et son toucher de route irréprochable. Le volant tombe parfaitement en main, la direction est précise et consistante, rares sont les voitures électriques qui impliquent autant leur conducteur.

En lieu et place des envolées lyriques du Flat-6, les moteurs électriques s’expriment via un son créé de toute part. Atypique mais loin d’être désagréable à bord. J’avoue préférer le silence dans le cocon, à n’entendre que la gomme travailler sur le bitume et le sifflement des deux moteurs. La seule sensation mécanique que l’on ressent ? Le passage du second rapport autour de 100 km/h.

Emmener Taycan à rythme musclé est physique. Son poids est parfaitement maitrisé, mais il demande de l’humilité et on se retrouve vite à des vitesses qui nous emmènent face au juge de proximité. Les performances de cette voiture sont affolantes, et l’on oublie vite ses dimensions et son poids. Elle repousse les limites de ce que l’on pensait possible, et peut inquiéter bon nombre de supercars.

À l’approche du Cap Fréhel, arrêt obligatoire sur notre road-trip avec son panorama sublime sur la mer, on calme le rythme et on retrouve la quiétude à bord pour continuer le trajet vers l’Est. On passe à proximité de l’immanquable Fort Lalatte, et on profite de passages en sous-bois pour se remettre de nos émotions ; Taycan met le tournis quand on met du rythme. Impossible de ne pas emprunter la pittoresque petite portion de Port Nieux, en contrebas du bourg de Trécelin. Chaussée étroite et sinueuse en bord de mer, du scénique comme on adore ! 

Ensuite, la route est sans grand intérêt jusqu’à Dinard, puis Saint-Malo. L’occasion de s’amuser à essayer de consommer un minimum, mais ça n’est pas facile… Même en jouant le jeu et en utilisation la conduite autonome, qui ralentit seule la voiture à l’approche des giratoires et des intersections, impossible de passer sous la barre des 24 kWh/100 km. Taycan n’est pas la plus sobre qui soit, mais elle incite à rouler tout doux malgré des performances hors-normes. Une « zénitude » reposante.

Le jour se couche tôt et nous choisissons Dinard en point de chute pour la nuit. Une soirée dans la station balnéaire, puis une matinée de balade dans la cité corsaire de Saint-Malo, de l’autre côté de la Baie, nous permettent de remplir les batteries sur les bornes publiques à une puissance de 22 kW. De quoi terminer notre virée sur la côte puis de rejoindre la route du retour sans craindre la panne.

Mais avant de quitter la Bretagne, nous entamons la dernière partie de notre virée le long de la côte nord entre Saint-Malo et Cancale. La D201 longe le littoral avec des portions intéressantes à conduire, dont les derniers kilomètres entre la plage du Verger et la pointe du Grouin. Une topographie et des paysages qui poussent à rouler tout en fluidité, où on peut prévoir quelques arrêts photo et baignade (en fonction de la saison) au fil des anses.

Cancale, le soleil se couche et les lignes futuristes de Taycan à la tombée de la nuit interpellent les passants. Notre escapade prend fin ici, après 1000 km à profiter de toutes les facettes de cette superbe machine.

Cette voiture n’est définitivement pas un coup d’essai, et cette virée bretonne à ses côtés nous l’a confirmé. Elle ne distille pas les mêmes émotions qu’une 911 ou qu’un 718, mais Porsche y a mis tout son savoir-faire et toute sa passion pour en faire quelque chose d’abouti, de cohérent, et respectant l’ADN du constructeur. Elle est à ce jour la voiture électrique qui incarne le mieux le plaisir de conduite, et donne une folle envie de repartir avaler quelques kilomètres à son bord…

Galerie Photo

Crédit : Victor Desmet