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Essai : Tesla Model 3 Performance : Tueuse de M3 ?


Une auto qui fera date !

Chez Tesla, les choses vont vite, très vite même. Le chemin parcouru depuis mon premier essai d’un modèle de la marque (c’était il y a -déjà !- 4 ans, avec mon roadtrip jusqu’aux portes du Nürburgring en Model S P85D) est impressionnant. Depuis cette date, la gamme du constructeur Américain s’est en effet enrichie du grand SUV Model X (relire mon essai « Back to the Futur » de la Model X 90 D), et plus récemment de la « petite » berline familiale, la Model 3, évidemment toutes deux 100 % électriques. La technologie embarquée elle n’a cessé de se bonifier : interface graphique revue, déploiement et perfectionnement de l’assistant de conduite – le fameux Autopilot-, ajouts de nouvelles fonctionnalités (mode Sentinelle, accès à Youtube et Netflix…)…

Quant au réseau de recharge maison (les fameux Superchargeurs Tesla -SuC pour les intimes-), il s’est considérablement étoffé. De 27 SuC lors de mon essai à l’été 2015, le territoire Français se voit désormais quadrillé par 70 SuC, et les SuC Européens ont vu leur capacité de charge augmenter au fur et à mesure du temps, pour atteindre désormais 150 kW (et même 250 kW pour les stations « V3 », qui commenceront à être déployées à compter de fin 2019).

Mais revenons-en à la petite dernière : la Model 3. Cette concurrente des Audi A4, BMW Série 3 et Mercedes Classe C (pour ne citer qu’elles), je l’attendais avec impatience, tant son habitacle minimaliste, ses prestations prometteuses (autonomie, performances…) et son tarif « abordable » m’avaient séduits.

Vous l’aurez compris, j’ai récemment pu l’essayer, dans sa version de pointe, baptisée Performance. Histoire de pleinement vivre l’expérience, je l’ai emmenée jusqu’en Auvergne, pour un vrai week-end de « bagnolard » (vous me passerez cette expression un rien trop bobo) : gîte de charme ambiance pilote des années 60 tenu par un biberonné Ferrari, et découverte d’une école de pilotage unique au monde, sur un circuit qui l’est tout autant : Charade ! Concurrente annoncée des BMW M3 ou Alfa Roméo Giulia Quadrifoglio (relire mon essai de la diva Italienne), cette Model 3 Performance arrive-t-elle à distiller le même élixir que ces dernières, j’ai nommé le plaisir de conduite ? Ma réponse à la fin de l’article !

Un air de parenté flagrant, mais une personnalité bien à elle

Même si elle se montre plus compacte que la Model S (4,69 m contre 4,97 m), la filiation esthétique de la Model 3 à sa grande soeur est évidente, surtout vue de profil ou de dos.

Une Model S en premier plan, et « ma » Model 3 derrière

Cela ne l’empêche pas d’avoir une personnalité bien à elle, au travers de sa face avant, qui diffère assez sensiblement des autres modèles de la gamme. Dépourvue comme ses grandes soeurs de grille de calandre (inutile vu le mode de propulsion de l’auto), la face avant de la Model 3 se caractérise par son pli marqué au niveau du pare-chocs, en forme de sourire inversé. Une caractéristique qui donne beaucoup d’expressivité à l’auto, et qui après un petit temps d’adaptation se montre vraiment séduisante.

Les impressions sont encore plus flatteuses sur cette version Performance, qui dispose en effet d’attributs résolument sportifs : superbes jantes 20 pouces, étriers de frein rouges, suspensions abaissés, ou encore aileron en fibre de carbone. Le doute n’est plus donc plus permis : la Model 3 revendique clairement ses velléités sportives !

Un habitacle unique, et qui démode instantanément tout le reste

Avant d’aborder ce chapitre vie à bord, je dois vous faire une confession : à la vue des premières images officielles de la Model 3 (c’était en 2016), j’avais un peu de mal avec sa planche de bord, dépouillée à l’extrême.

C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai pénétré pour la première fois à son bord. Et très rapidement, j’ai revu mon avis. Car oui, et si tenté qu’on accepte de revoir ses habitudes et qu’on laisse de côté tout ce qu’on a connu jusqu’alors (même chez Tesla), on se prend à l’aimer cet habitacle. Et même beaucoup.

Réduit à sa plus simple expression (des lignes droites, pas de boutons physiques -hormis sur le volant-…), la planche de bord reçoit en partie centrale une gigantesque tablette tactile de 15 pouces, en format paysage. Cette tablette, qui centralise la quasi-totalité des commandes et des fonctionnalités de l’auto, est un vrai bonheur à l’usage : la navigation est fluide et intuitive, et sa lisibilité est parfaite en toutes circonstances, même en plein soleil. Pourvue (en série) d’une connexion LTE (qui permet notamment à l’auto de recevoir des mises à jour à distance !), cette tablette dispose d’un compte Spotify Premium intégré, et offre plusieurs jeux et autres Easter Eggs (dont le rigolo mode « traineau de Noel », ou le plus douteux -mais diablement efficace !- coussin péteur), pour vous faire passer le temps lors de la recharge. Grâce à une mise à jour récente, un accès à YouTube et Netflix est même désormais de la partie ! Pour ne rien gâcher, le système audio est d’une finesse et d’une puissance remarquable, avec ses 14 haut-parleurs, son caisson de basse, et ses 2 amplificateurs.

La tablette centrale intègre un navigateur internet…
Mais aussi des jeux, dont ce très sympa « Beach Buggy Racing 2 », une sorte de Mario Kart à la sauce Tesla…
… Et même depuis peu un accès Youtube et Netflix (évidement uniquement disponible à l’arrêt) !

Pour en revenir à l’habitacle, son minimalisme poussé à l’extrême me rappelle d’ailleurs par bien des points le fameux courant artistique (et architectural) Bauhaus, et clairement, il contribue à l’impression que l’auto est en avance sur son temps, et que tout le reste de la production relève d’une époque révolue. Deux exemples parmi d’autres : l’auto est dépourvue de clé physique et de bouton de démarrage. Il suffit donc d’être muni de son smartphone -connecté en Bluetooth à la voiture- pour déverrouiller les portières (Tesla a également prévu un système de badge à présenter sur le montant de portière au cas où), et d’appuyer sur la pédale de frein pour la démarrer. Autre détail unique : l’absence d’aérateurs individuels, au profit d’une bouche d’aération courant sur toute la longueur de la planche de bord, et dont le flux d’air peut être orienté dans toutes les directions via la tablette tactile.

Une bonne familiale, logeable et pratique

Avec ses batteries implantées dans le plancher, la Model 3 ne rogne en rien sur les aspects pratiques. L’espace à bord est en effet satisfaisant, avec des dossiers creusés et un bel espace aux jambes aux places arrières, places qui offrent par ailleurs une garde à toit plutôt confortable (plus que dans une Peugeot 508 par exemple), même s’il faut tout de même noter que les passagers mesurant plus d’1,90 m voyageront la tête dans le pavillon.

Même dans cette version Dual Motor, la Model 3 offre deux coffres : un petit à l’avant, et un vrai coffre à l’arrière, les deux cubant au total 542 litres. Largement de quoi engloutir les armes et bagages d’une famille !

Une finition flatteuse, mais quelques détails à parfaire

Et la finition dans tout ça ? Elle souffle le chaud et le froid, pour être tout à fait franc avec vous. Le chaud d’abord, car les matériaux utilisés sont globalement flatteurs, à l’image du joli plastique rembourré de la partie supérieure de la planche de bord ou des contre-portes, du placage blanc mat de l’intérieur Premium (la version de série dispose d’une finition bois), ou de la fameuse sellerie en cuir Vegan blanc (apanage toujours de l’intérieur Premium), qui donne parfaitement l’illusion du « vrai » cuir. Le tout est bien mis en avant par le toit vitré (dépourvu de vélum occultant, mais doté d’une protection infrarouge et ultraviolet, ce qui revient au final au même), qui apporte encore plus de clarté à un habitacle où il fait décidément bon vivre.

Le froid ensuite, avec à l’intérieur quelques découpes hasardeuses du ciel de toit (notamment aux places arrières), ou un coffre arrière dépourvu de garniture, et à l’extérieur des assemblages carrosserie laissant apparaître des jours trop importants et/ou différents d’un côté à l’autre. Même si l’impression globale reste tout à fait flatteuse, on aimerait bien que Tesla corrige ce point dans les mois à venir.

Une voyageuse au long cours

Après avoir pris possession de « ma » Model 3 au siège de Tesla France, à Chambourcy, je me suis immédiatement mis en route, en direction de Clermont-Ferrand, via les autoroutes A10 puis A71, et avec une pause conducteur et auto (recharge au SC local) à Bourges. Un premier trajet long de 430 km, idéal pour mettre en exergue les talents d’autoroutière de l’auto.

En effet, le confort offert par l’auto est excellent : les sièges sont ergonomiques et maintiennent bien le dos, l’amortissement est confortable (en dépit des jantes 20 pouces, et de l’absence des suspensions pneumatiques pilotées des Model S et X), et le niveau sonore est inférieur à celui d’un véhicule thermique équivalent. Il faut tout de même noter les bruits d’air aux allures autoroutières, qui auraient pu être mieux contenus. Par ailleurs, et même s’il ne faut pas le confondre avec un système permettant la conduite autonome, l’Autopilot constitue un excellent assistant : fluide et faisant preuve de discernement dans ses interventions, il se montre plus probant que les systèmes concurrents que j’ai eu l’occasion de tester.

Première halte : Classic Driver Home

Malgré les plus de 4 heures de trajet, c’est donc encore « frais » que j’arrive sur mon lieu de villégiature : le chalet « Classic Driver Home », situé à Royat, à quelques encablures de Clermont-Ferrand. Ce gîte, ouvert il y a peu, rend hommage à la compétition automobile des années fastes (les 60’s et 70’s), et plus particulièrement à la discipline reine : la Formule 1. Méritant un sujet à lui tout seul, ce gîte fera donc l’objet d’un article dédié sur le Blog !

Le lendemain matin, après avoir profité une dernière fois de l’ambiance unique du lieu, je me remets en route, comptant bien profiter des belles routes Auvergnates pour juger des talents de l’auto.

Un plaisir de conduite bien réel sur le sinueux

C’est justement sur une petite route au pied du Puy-de-Dôme que je trouve mon juge de paix. Serpentant à travers les bois, ce morceau de bitume est l’occasion pour moi de confirmer mes premières (bonnes) impressions.

Forte de 331 kW (l’équivalent thermique de 450 ch) et de 639 Nm de couple, disposant d’un centre de gravité bas grâce aux batteries implantées dans son plancher, et comptant par ailleurs sur la technologie Dual Motor (un moteur électrique sur chaque essieu, l’auto étant de facto une 4 roues motrices), la Model 3 Performance fait en effet bien plus que de la figuration sur itinéraire sinueux : elle excelle. Moi qui vantait dans ces mêmes colonnes les mérites de la direction de la Giulia Quadrifoglio, je crois avoir enfin trouvé une auto qui arrive à tutoyer la diva Italienne ! Extrêmement réactive (limite trop), dépourvue de toute latence autour du point milieu (lorsque son mode sport est enclenché, le mode normal permet de l’assouplir un peu), cette direction offre un agrément sensationnel, et permet de placer l’auto au millimètre près en courbe.

Dotée d’excellents pneus (des Michelin Pilot Sport 4), l’auto offre des liaisons au sol très soignées, avec son train avant à double triangulation, et son train arrière multibras. Le résultat, c’est un comportement routier très incisif, et complètement rivé au sol. Peu encline au sous-virage (et encore moins aux prises de roulis), malgré en dépit d’un poids relativement élevé (1.847 kg), la Model 3 offre une tenue de route qui lui permet de se frotter au gratin des berlines familiales. La motricité est excellente, puisque l’auto arrive à passer en toutes circonstances (même sur chaussée mouillée) son extravagante cavalerie. Quand Elon Musk, le très charismatique (mais parfois facétieux) patron de Tesla dit que sa Model 3 Performance vise la BMW M3, il faut le croire !

Des accélérations stratosphériques

Mais encore plus que son excellente tenue de route, ce sont les performances qui me laissent le plus pantois. Même si je ne suis pas à mon coup d’essai avec Tesla, je dois bien avouer qu’à chaque fois, c’est la même chose : la première accélération pied au plancher me file un énorme sourire, et un gloussement de voix digne d’un adolescent, période crise de puberté, supplément fan de Tokyo Hotel. Et vous savez quoi, une nouvelle fois, ça n’a pas manqué ! Catapultant ses passagers de 0 à 100 km/h en 3,4 secondes, et capable d’atteindre les 261 km/h, cette Model 3 Performance est capable de larguer à peu-près tout ce qui roule, et notamment ses rivales sur le segment des berlines sportives (pour rappel, une M3 F80 Pack Compétition DKG de 450 ch, c’est un 0 à 100 km/h en 4 secondes). A vrai dire, il semble de toute façon difficile d’égaler le caractère instantanée de la puissance offerte par l’auto, qui lui permet également d’exceller dans le domaine des reprises (il faut même faire preuve de prudence et d’anticipation dans ce domaine, afin d’éviter de percuter l’auto qui nous précède !).

Après ce vrai petit morceau de bonheur, je rejoins dans le courant de l’après-midi Arnaud, le propriétaire de Classic Driver Home. Un café et une visite de son impressionnante collection personnelle d’objets liés à la F1 plus tard, on se met en route pour le circuit de Charade. Pour sublimer cette belle journée d’automne, il sort sa magnifique Ferrari Mondial 3.2, dont le V8 offre des vocalises à faire pâlir de jalousie n’importe quelle diva.

J’en viens alors à ma dernière remarque sur le plaisir de conduite offert par cette Model 3. Et je pense que vous voyez où je veux en venir : son seul vrai défaut, c’est qu’elle ne fait pas de bruit. Exit le feulement du 6 cylindres turbo de la M3 ou la sonorité enragée en mode Race du V6 bi-turbo de la Giulia Quadrifoglio, la Tesla Model 3 est complètement aphone. Ce point, qui est une qualité dans 95 % de la vie d’un automobiliste (c’est tellement agréable une auto qui n’émet aucun bruit en ville !) devient un défaut dans les 5 % restants, et c’est bien ceux qui nous intéressent aujourd’hui.

Il est toutefois temps de laisser mes réflexions de côté, puisqu’on arrive sur le circuit de Charade.

Découverte de Charade, et de la Classic Racing School

Ah, Charade… Ce tracé, implanté au beau milieu des monts d’Auvergne, et qualifié de « plus beau circuit du monde » par Sir Stirling Moss, a un temps accueilli la Formule 1 (du milieu des années 60 au début des années 70). Tous les bons ingrédients sont présents : fort relief, pas mal de vitesse, des virages techniques… Une difficulté n’arrivant jamais seule, le circuit est en plus étroit, et peu de dégagements sont prévus. Un vrai morceau de bravoure en somme, où il n’y pas vraiment de place pour l’à peu-près !

J’y découvre une école de pilotage unique au monde : la Classic Racing School. Unique, car son concept n’a pas vraiment d’équivalent : il s’agit en effet vous mettre dans la peau d’un pilote des années 60, au volant de monoplaces historiques (en l’occurence des Crosslé 90F -110 ch, 420 kg…-, reproductions à l’identique de monoplaces de course des années 60), avec l’ambiance « qui va bien » (combinaisons d’époque, mais aussi mobilier et objets de déco sur site dans la même veine), et le tout sur une sélection de circuits de charme.

Après avoir discuté avec la chaleureuse équipe de Classic Racing School, et sous le contrôle d’un des moniteurs de la team, je m’élance sur le circuit, pour une séance photo improvisée (et uniquement pour une séance photo, c’est important de le préciser). L’occasion de constater que l’aura dont bénéficie Charade est ô combien fondée, tant ce tracé est magique.

Dernières précisions : versions, tarifs, recharge, consommation constatée

La gamme Model 3 compte 3 versions :

  • L’entrée de gamme, baptisée Autonomie Standard Plus, simple propulsion (409 km d’autonomie, 0 à 100 en 5,6 secs), facturée 43.600 Euros (bonus écologique de 6.000 Euros déduit)
  • Le modèle « Grande Autonomie », 4 roues motrices (560 km d’autonomie, 0 à 100 en 4,6 secs), facturée 53.000 Euros
  • La version « Performance », 4 roues motrices (530 km, 0 à 100 en 3,6 secs), facturée 58.890 Euros.

Sur la version Performance, et outre la peinture métallisée (le blanc nacré ne demande pas de supplément), seulement deux options sont disponibles : l’intérieur Premium blanc (1.050 Euros), et la capacité de conduite entièrement autonome (6.300 Euros).

S’agissant de la recharge, notons tout d’abord que la TM3 est équipée d’une prise Combo CCS. Comptez environ une heure pour faire le plein d’une Model 3 Performance lorsque sa batterie est presque à plat, l’auto chargeant jusqu’à quasiment 150 kW. Sur les plus de 1.100 km au total de mon essai, j’ai consommé en moyenne 21,6 kW/100 km, avec quelques sessions de conduite sportive, et pas mal de grosses accélérations. Vraiment pas mal.

Points positifs :

+Ligne valorisante et originale

+Intérieur unique, espace à bord

+Technologie embarquée

+Plaisir de conduite bien réel, performances stratosphériques

+Autonomie confortable

Points négatifs :

-Quelques détails de fabrication à parfaire

-Bruits d’air sur autoroute

Conclusion : Le plaisir de conduite 2.0

Hormis quelques petits points à parfaire (finition, insonorisation sur autoroute), il m’est vraiment difficile de ne pas vous recommander cette Tesla Model 3 Performance. Très agréable à vivre (on aimerait bien que toutes les voitures soient bâties sur le même modèle), elle nous démontre qu’il est tout à fait possible de prendre du plaisir au volant d’une voiture électrique. Quoique différent d’une M3 ou d’une Giulia Quadrifoglio, l’agrément de conduite est remarquable, et clairement, je n’en attendais pas tant de la part de Tesla. Donc, si vous pouvez vous passer de la bande-son de ces autos, je n’aurai donc qu’un mot à vous dire : foncez !