Essai : Skoda Enyaq iV : Première incursion réussie ?
Skoda Enyaq iV : Le SUV électrique à l’essai
La mobilité électrique est bien plus qu’une lubie passagère des constructeurs automobiles : c’est une tendance de fond. Tout le monde se lance (ou va se lancer) dans la bataille du véhicule électrique, et même des constructeurs prestigieux comme Porsche y passent avec sa Taycan. Septième constructeur Européen à la fin du premier trimestre 2021, Skoda ne déroge évidemment pas à la règle, avec le lancement de son premier « vrai » modèle électrique : le SUV Enyaq iV. Pourquoi des guillemets ?
Parcqu’en réalité le premier modèle électrique de la marque remonte à 1992, avec l’Eletra. Elle ne vous dit rien ? C’est normal : étroitement dérivée de la Favorit, l’Eletra a connu une diffusion ultra-confidentielle. Il faudra attendre 2019 et le lancement d’iV (la marque de Skoda dédiée à la l’electromobilité) pour que Skoda lance un nouveau modèle électrique, sous la forme de la micro-citadine Citigo iV, un clone de la Volkswagen e-Up. Le compte est donc bon : le Skoda Enyaq iV est le premier vrai modèle électrique de la marque Tchèque. J’ai eu l’opportunité de l’essayer en Touraine : il est temps pour moi de vous donner mes impressions.
Skoda Enyaq iV : Bien plus qu’une simple « copie » du VW ID.4
S’il repose sur la même plate-forme MEB que le Volkswagen ID.4 (vous pouvez d’ailleurs lire l’essai du SUV électrique de Wolfsburg ici), et que sa longueur est sensiblement équivalente (4,65 m de long, contre 4,58 m pour l’ID.4), le Skoda Enyaq iV a le bon goût de proposer autre chose qu’un simple rebadgage. Et pour cause : non seulement il a sa propre personnalité (en commençant par sa ligne), mais il a en plus le bon goût de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès de la marque : habitabilité excellente, nombreuses astuces pour faciliter le quotidien, positionnement tarifaire compétitif, et encore plus. Débutons par le commencement, si vous le voulez bien : son style.
Une ligne à la croisée des genres
Premier modèle électrique de la marque Tchèque, le Skoda Enyaq iV n’en demeure pas moins une Skoda « pure souche ». Comprenez par là que sa ligne s’inscrit parfaitement dans la gamme du constructeur, avec ses flancs sculptés, ses formes géométriques (un gimmick typique de la maison), ou encore ses projecteurs Full LED au dessin acéré. Je trouve qu’il a plutôt fier allure, surtout que je dois bien concéder avoir eu un coup de coeur pour sa teinte « Gris Artic », qui oscille entre le vert et le gris.
Par rapport aux autres modèles de la gamme Skoda, l’Enyaq iV dispose d’un élément distinctif : sa calandre pleine avancée, baptisée « Crystal Face ». Volontairement imposante, elle démontre à elle seule le changement d’image de la marque ces dernières années : Skoda s’assume ! Notez d’ailleurs qu’il est possible d’avoir un rétroéclairage de la calandre en option !
Vu de profil, l’Enyaq iV brouille un peu les pistes, avec une ligne de toit assez similaire à celle d’un break. L’excellente Octavia break n’a qu’à bien se tenir ! Un dernier point : Skoda offre un large choix de jantes en fonction de la version choisie, avec des dimensions allant jusqu’à 21 pouces.
Un habitacle moderne et valorisant pour le Skoda Enyaq iV
Résolument valorisante à l’extérieur, le Skoda Enyaq iV l’est tout autant à l’intérieur. Aérienne et épurée, la planche de bord délaisse une bonne partie des commandes physiques (boutons si vous préférez), au profit d’une imposante tablette tactile centrale de 13 pouces.
Bien implantée, cette dernière se montre à la hauteur de ce à quoi nous a habitué le groupe Volkswagen ces dernières années. Comprenez : elle est lisible, réactive et agréable à l’usage. Skoda a par ailleurs a la bonne idée de laisser quelques commandes physiques au dessus de la console centrale, afin d’accéder rapidement à certaines fonctionnalités essentielles : climatisation, désembuage, park assist…
Le conducteur n’a en face de lui qu’un (trop) petit écran reprenant les informations essentielles. Surtout, en fonction de la version choisie l’Enyaq iV peut disposer de l’excellent système d’affichage tête haute avec réalité augmentée de l’ID.4. Le système était excellent chez Volkswagen : il l’est également chez Skoda. Et je suis plutôt hermétique aux affichages tête haute en temps normal…
Et la finition dans tout ça ? Elle est également à porter au crédit du Skoda Enyaq iQ. Les matériaux utilisés sont flatteurs, avec un bandeau de plastique moussé au niveau de la partie centrale de la planche de bord, et des assemblages qui respirent le sérieux. Un bémol cependant : les contre-portes arrières dénotent avec le soin apporté aux places avant.
Un choix d’univers intérieurs très bien vu
C’est un gros point fort du SUV électrique Tchèque : l’Enyaq iV permet de choisir entre plusieurs « univers intérieurs ». En fonction de la finition choisie, et plus généralement du portefeuille de l’acquéreur, les accastillages intérieurs, une partie des matériaux utilisés et les selleries changent.
Pour ne citer que cet exemple, l’intérieur « Lodge » dispose ainsi de housses de sièges mêlant laine vierge naturelle et polyester issu de bouteilles recyclées. « Mon » Enyaq iV d’essai disposait lui du très bel intérieur « ecoSuite », avec cuir couleur cognac tanné selon un procédé écologique. Avec cet intérieur l’Enyaq iV laisse une impression « up-market » assez saisissante !
Ces univers intérieurs différenciants réclament évidemment une rallonge budgétaire. Mais cette dernière se montre plutôt raisonnable : comptez 630 Euros pour l’intérieur « Lodge », déjà très flatteur. En revanche, l’addition est plus salée pour l’intérieur « ecoSuite » : 1.880 Euros.
Un habitacle spacieux et pratique
Skoda oblige, l’habitabilité de l’Enyaq iV est excellente. Les passagers arrières disposent ainsi de beaucoup d’espace : garde au toit -près d’un mètre !-, largeur aux coudes, et bien évidemment espace aux genoux. Le coffre est au diapason : il offre 585 litres, et sa capacité s’étend même à 1.710 litres une fois la banquette arrière rabattue. Quand je vous disais qu’on est à mi-chemin entre SUV et break !
Skoda oblige, les fameuses astuces « Simply Clever » sont de la partie. Rangement avec parapluie intégré dans la portière du conducteur, entonnoir intégré au couvercle de lave-glace, gratte-givre (avec témoin d’usure des pneus s’il-vous-plait ! ) : tout cela est livré de série avec l’Enyaq iV. Les packs « Famille » et « Famille + » vont encore plus loin, avec une prise 230 V, des tablettes au dos des sièges avant, ou encore des stores pour les vitres latérales arrières, pour ne citer que ces astuces.
Sur la route : Une bonne copie
Une précision d’importante avant de vous livrer mes impressions : j’ai essayé la version 80 du Skoda Enyaq iV, à deux roues motrices. Une dénomination qui désigne la version avec la plus grosse batterie disponible sur l’Enyaq iV, forte de 77 kWh, et qui développe 150 kW/204 ch. En revanche, la vitesse maxi est la même pour les trois versions : elle plafonne à 160 km/h.
Commençons par les liaisons au sol. Malgré son poids élevé le Skoda Enyaq iV ne craint pas les virages. On le dit et on le répète, le centre de gravité abaissé grâce aux batteries implantées sous le plancher permet en bonne partie de pallier à la surcharge pondérale, à tel point que la notion de plaisir de conduite n’est pas étrangère au SUV électrique Tchèque. Surtout que l’auto se montre maniable, avec un rayon de braquage étonnant pour un engin de cette taille : merci les roues arrières motrices !
N’allez pas pour autant croire que l’Enyaq iV en devient joueur pour autant : son comportement routier est neutre. Par rapport au VW ID.4, j’ai eu l’impression que le Skoda prenait un peu plus de roulis dans les virages, sans que cela ne devienne gênant pour autant. Malgré les grandes roues de 21 pouces, l’amortissement reste prévenant. C’est d’ailleurs au chapitre confort que l’Enyaq iV se distingue : l’insonorisation est excellente (surtout avec l’option vitrage latéral feuilleté), et les trajets autoroutiers se feront donc en toute quiétude, surtout avec la qualité des assises.
Et c’est justement cette impression de quiétude qui transparait au volant de l’Enyaq iV. Les performances sont toute à fait correctes (surtout avec le couple instantanée de 310 Nm), mais ne vous attendez pas pour autant à être collé au siège : les ingénieurs ont « lissé » les accélérations. A titre d’exemple, l’exercice du 0 à 100 km/h demande 8,5 secondes.
Et l’autonomie dans tout ça ? Grosse batterie oblige, l’Enyaq iV 80 est celui qui dispose de la meilleure autonomie de la gamme : 537 km en cycle WLTP. Dans les faits sur les 240 km de ma journée d’essai, mon Enyaq iV m’aura gratifié d’une consommation moyenne de 19,3 kWh/100 km, avec la climatisation enclenchée, et des passages autoroutiers ponctuels. Sur un usage routier favorable et avec un pied droit léger, je suis descendu à 15.6 kWh/100 km. Vraiment pas mal, surtout pour une version richement équipée comme la mienne. A noter que l’Enyaq iV dispose de palettes derrière le volant qui permettent de gérer le niveau d’intensité du freinage régénératif. Malin.
Gamme, tarifs et concurrence du Skoda Enyaq iV
Le Skoda Enyaq iV est disponible en 5 niveaux de puissances (de 109 kW à 220 kW), et en 2 ou 4 roues motrices. 3 tailles de batteries sont disponibles : 50 (52 kWh -capacité de batterie nette-), 60 (58 kWh), et 80 (77 kWh). Les versions 50, 60 et 80 sont respectivement affichées 36.050, 41.220, et 47.770 Euros. Comptez un supplément pour la version Sportive, à la présentation plus dynamique, et à l’équipement plus riche.
Une fois la version choisie, il faudra ensuite recourir aux options pour équiper votre Enyaq iV comme il se doit. Notez que ces dernières sont souvent englobées dans des packs, et qu’il est souvent plus intéressant d’opter pour un pack plutôt que de prendre chaque option individuellement.
Dommage en revanche que certains équipements ne soient pas livrées d’office : c’est par exemple le cas de la pompe à chaleur qui permet pourtant d’économiser de précieux kilomètres d’autonomie, de la caméra de recul avec vision 360 degrés (facturée 355 Euros), ou encore des vitres latérales feuilletées.
Quoiqu’il en soit, et ça n’étonnera personne, l’Enyaq iV est meilleur marché que son homologue : la gamme VW ID.4 débute à 39.370 Euros (version City 52 kWh), et culmine à 58.950 Euros pour l’édition de lancement 1st Max 77 kWh. Autre future concurrente de taille, la Hyundai IONIQ 5 débute à 43.600 Euros avec une batterie 58 kWh et 170 ch, soit environ 2.300 Euros de plus qu’un Enyaq 60 équivalent.
Notez enfin que la gamme Skoda Enyaq sera enrichie dans les prochains mois par des versions 80x et RS, à transmission intégrale, et avec une puissance accrue (jusqu’à 220 kW/300 ch pour la version RS, qui passera de 0 à 100 km/h en 6,2 sec !).
Conclusion : Une très belle synthèse
Arrivé sur le marché quelques mois après le Volkswagen ID.4, l’Enyaq iV a beau être le premier « vrai » véhicule électrique de la marque Tchèque, il n’en demeure pas moins un pur produit Skoda. Comprenez qu’il en offre beaucoup : habitabilité, aspects pratiques, technologie, et autonomie très intéressante dans cette version 80. Le tout avec une vraie personnalité, et le petit plus qui m’a beaucoup séduit : les univers intérieurs qui permettent de transformer l’Enyaq iV en véritable cocon.