Essais

Nouvelle Renault Mégane 4 R.S. : Toujours la reine des tractions ?


Une si longue attente…

Nous étions nombreux à l’attendre, cette nouvelle Mégane 4 R.S. ! Après le succès mérité des deux versions précédentes (relire notre essai hommage de la Mégane 3 R.S. Trophy), cette nouvelle génération s’annonce plus performante que jamais, avec ses 4 roues directrices, et son nouveau bloc 1.8 L TCe de 280 ch. Nous nous sommes donc rendus en Andalousie pour essayer deux versions : la 4 R.S. châssis Sport avec boite EDC sur route, et le châssis Cup en boite manuelle, sur le très beau circuit de Jerez

Un design des plus sportifs

Au premier regard, cette nouvelle mouture se démarque des modèles standard de la gamme, et même de la version GT, la version la plus sportive de la gamme actuelle (relire mon essai de la Mégane 4 GT au Portugal). Rabaissé de 5 mm, ailes élargies de 60 mm à l’avant et 45 mm à l’arrière, la Mégane 4 R.S. annonce clairement la couleur ! A l’avant, un nouveau bouclier intègre les nouveaux feux auxiliaires R.S. Vision, déjà vus sur la dernière Clio 4 R.S. (antibrouillard, longue portée et directionnel). Sous le large logo, on retrouve le sigle R.S. entouré d’une grille de calandre spécifique, en nid d’abeille. Une lame F1 couleur gris satiné complète le tout.

Vue de l’arrière, les modifications sont (encore plus) visibles. Des extracteurs d’air ont été ajoutés sur les ailes avant et arrière. Un becquet et un diffuseur assez agressifs ont pris place, afin d’optimiser l’aérodynamique. La sortie d’échappement prend place en position centrale, comme sur le Mégane 3. On notera également les fameux étriers de frein Brembo (gris pour le châssis Sport, et rouge pour la version Cup) bien visibles à travers les jantes 19 pouces (en option).

S’agissant du nuancier, Renault reconduit le somptueux Jaune Sirius (en plus des couleurs habituelles), et ajoute une nouvelle couleur, toute aussi discrète : le Orange Tonic.

A l’intérieur, les modifications sont beaucoup plus sobres. Des logos Renault Sport agrémentent ci et là l’habitacle, comme sur le somptueux volant cuir-alcantara, avec surpiqures rouges, et toujours muni d’un centreur. Des inserts façon fibre de carbone habillent les contre-portes et le dessus de la boite à gants. Enfin, un pédalier et un repose-pied (pour la version EDC) en aluminium complètent la dotation. Quant aux sièges, ils sont issus de la Mégane GT, mais avec des surpiqures rouges, et un logo R.S.

Mégane 4 RS : Tout le savoir-faire de Renault Sport

Sous le capot, on retrouve le quatre cylindres 1,8 L TCe de la dernière Alpine (voir l’essai complet de Mathias). Mais les ingénieurs de Renault Sport l’ont ici poussé à 280 chevaux à 6000 tr/mn, et 390 Nm (de 2400 à 4800 tr/mn), contre 252 ch/320 Nm dans l’Alpine. Une plus grande place sous le capot avant a permis d’optimiser l’admission d’air (2 conduits d’admission au filtre). Les motoristes de Viry-Chatillon ont conçu une toute nouvelle culasse, avec une structure renforcée, et un refroidissement plus efficace, permettant de dissiper les calories au plus près de la chambre de combustion. Toujours dans l’optique d’améliorer les performances, le moteur de cette nouvelle Mégane 4 R.S. bénéficie d’un traitement de surface issu de la compétition, comme le DLC (Diamond Like Carbon) pour les poussoirs de soupapes, et le Mirror Bore Coating pour le revêtement des chemises de cylindres, optimisant ainsi les frottements, à l’avantage du rendement, et donc de la consommation. Ils ont également greffé un turbo twin-Scroll (double entrée d’air) soufflant à 1,7 bars (1,4 b pour la Mégane 3, et 1 b pour la Mégane 2 R.S.). Enfin, ce moteur est doté d’une distribution par chaîne : fini la « corvée » de changer la courroie de distribution tous les 6 ans !

Au global toutes ses amélioration ont permis de réduire les émissions de CO2 et la consommation (respectivement -11 % et -8 % par rapport à une Mégane 3 R.S.), tout en offrant à l’auto de meilleures performances : le 0 à 100 km/h est exécuté en 5,8 secondes, le 1000m DA est franchi en 25 secondes, et la vitesse maxi est de 255 km/h.

Ce moteur a encore de la marge, et Renault a déjà d’ores-et-déjà annoncé une version Trophy en septembre, avec une puissance portée à 300 ch et 400 Nm de couple, histoire de venir titiller les Honda Civic Type-R et Seat Leon Cupra. Cette Trophy embarquera également d’autres options, comme les disques bi-matières. Pour le moment, ce moteur est disponible soit avec la traditionnelle boite manuelle à 6 rapports (avec le châssis Cup) pour les puristes, soit avec la boite EDC à 6 rapports (avec le châssis Sport). Sur cette dernière, les temps de passage de vitesse diffèrent suivant le mode enclenché : privilégiant le confort et l’absence d’à-coups en mode Confort et Normal, l’EDC privilégie ensuite les performances sur les modes Sport ou Race.

Coté châssis, les sorciers de Renault Sport ont repris le système 4Control de la Mégane 4 GT. Lors de son essai, j’avais été bluffé par l’efficacité qu’apportait cette solution technique en termes d’agilité dans les virages serrés et de stabilité dans les grandes courbes.

Dans la Mégane 4 R.S, ce système a été encore optimisé, afin de repousser les limites d’adhérence, et d’avoir moins de sous-virage. Ainsi le seuil d’inversion du sens de braquage des roues arrière a été porté à 100 km/h (en mode Race), contre 80 km/h au maximum sur la GT. Pour les autres modes de conduite,  l’inversion se déclenche à 60km/h. À basse vitesse, les roues arrière braquent dans le sens opposé des roues avant, dans une limite de 2,7 degrés. Le comportement est encore rendu est plus incisif, avec une direction plus directe de 20 %. Les réglages choisis procurent une meilleure inscription dans les virages, et un côté « joueur » inédit sur une traction avant. À haute vitesse, les roues avant et arrière braquent dans le même sens, dans une limite de 1 degré pour les roues arrière. Ainsi, la stabilité est augmentée, et les vitesses de passage accrue.

Autre nouveauté sur la Mégane R.S (repris de la Clio 4 R.S), les amortisseurs à butées hydrauliques de compression. Cette technologie inspirée du rallye consiste à intégrer un « amortisseur dans l’amortisseur ». À l’approche de la fin de course, un piston secondaire amortit le mouvement de la roue avant la butée de choc. Ce système permet d’éviter les effets de rebond, et apporte donc un surcroît de confort sur les obstacles du quotidien (dos d’âne, nids-de-poule…), tout en offrant de meilleures performances en conduite sportive.

Une Mégane R.S, 2 châssis, 2 philosophies

Avec cette nouvelle auto, Renault Sport a voulu faire 2 autos différentes pour s’adapter au mieux à ses clients. La Mégane 4 R.S. châssis Sport est là pour ceux qui veulent de la performance, sans dégrader le confort au quotidien. La cible est vraiment les propriétaires de VW Golf GTI (voir l’essai complet de Mathias) ou de Seat Leon Cupra.

La version Cup est faite pour ceux qui vont titiller le chrono sur les circuits (ce dernier est tarifé 1.500 €). Ce châssis propose une caisse abaissée de 2 mm, une suspension raffermie de 10% (via des ressorts, amortisseurs et barres antiroulis spécifiques), et un nouveau différentiel mécanique Torsen à glissement limité, avec de nouveaux tarages : 25% à la décélération (30% pour la 3 R.S.) et 45% à l’accélération (38% sur la 3 R.S.).  Enfin, les étriers de freins Brembo sont peints en rouge, et un levier de frein à main vient remplacer le frein de parking électrique. A noter sur cette version, que les disques de freins de 355 mm peuvent être proposés en bi-matière (montés sur bol en alu pour mieux dissiper la chaleur, et réduire le poids par roue de 1,8 kg).

Après tous ces détails techniques, passons aux choses sérieuses, les essais. Nous avons eu l’occasion de conduire la version châssis Sport à boite EDC sur route, et la version Cup à boite manuelle sur circuit.

Essai de la Mégane R.S. châssis Sport sur route

Cela faisait très longtemps que j’attendais ce moment. Propriétaire de Mégane 2 R.S. depuis 7 ans, j’avais hâte de tester cette dernière monture, surtout suite à l’essai de la Mégane GT qui m’avait bluffé d’efficacité avec son système 4Control. C’est donc dans une livrée Orange Tonic de plus bel effet, que je monte à bord.

Très confortablement installé dans les magnifiques sièges, je ne mets pas longtemps à trouver ma position de conduite. Le superbe volant tombe parfaitement sous la main, même si je trouve le diamètre de sa jante légèrement trop important pour mes petites mains. Sélecteur de modes de conduite Multisense en mode Sport, boite en mode Drive, et c’est parti pour une virée de 200 km sur les routes Andalouses; entremêlant sections très sinueuses bosselées, et routes rapides. Les premiers kilomètres se font sur l’autoroute, histoire de s’habituer aux commandes de l’auto. Premier point positif, la boite EDC. Bien étagée, ses changements de rapports se font très rapidement, et sans aucun à-coups (même en mode sport). Le niveau sonore à vitesse stabilisé est faible pour une sportive, Renault a travaillé ce point suite aux critiques des clients sur la précédente génération.

Une jolie sonorité pour un réveil !#MeganeRS #RenaultSport#RenaultLive

Publiée par Blog-Moteur.com sur Mardi 6 février 2018

Sur les petites routes sinueuses, la Mégane 4 R.S. me montre tout son potentiel. Le 4Control est un vrai plus, même si il nécessite une petite période d’adaptation. Il permet de mieux inscrire l’avant de l’auto dans les virages serrés, en évitant le sous-virage. La motricité fait un bond en avant, et il est difficile de la mettre en défaut, même sur des routes au revêtement imparfait. La direction est directe, et remonte très bien les infos de la route. Dans les grandes courbes, la stabilité est imperturbable, même à des vitesses très élevées.

Le moteur est très agréable, il permet des relances vives même à faible régime, et nous gratifie de pétarades à chaque lever de pied. Le son moteur est trop peu présent à mon gout, j’aurai préféré d’avantage de « sensations sonores », d’autant plus que la suspension filtre également très bien la route. La boite est tout simplement en parfaite adéquation : rapide, et choisissant le bon rapport, elle se fait vite oublier. On ne peut pas en dire autant de l’ergonomie des palettes. Placées trop hautes, ou pas assez longues, il m’est arrivé d’attraper la commande de la radio au lieu de faire un +1 ! Avec un peu d’habitude, on devrait s’y faire.

Autre sujet déplaisant, l’allumage des warning à chaque freinage appuyé ! Dommage, car les freins sont très efficaces et endurants, avec une pédale de frein facile à doser. Ils continuent de se déclencher même en mode Race, là où toutes les aides électroniques sont désactivées ! Parlons un peu de ce mode, qui est le plus abouti pour moi. Outre l’afficheur qui change de visuel, la réponse à l’accélérateur est beaucoup plus franche, la direction est encore plus incisive, et les vitesses de passage des rapports encore plus rapides, entrainant même des claquements à chaque enclenchement de rapport. L’auto est transfigurée ! Au final, on se prend vite au jeu avec cette Mégane 4 R.S, et on arrive à rouler à des vitesses moyennes très élevées sans même s’en rendre compte, ce qui est d’ailleurs confirmé par notre consommation moyenne (près de 20 L/100).

Une petite accélération de la Renault Mégane R.S, pour voir ce qu'elle a sous le capot !!!#MeganeRS

Publiée par Blog-Moteur.com sur Mardi 6 février 2018

En résumé, cette Mégane 4 R.S. châssis Sport est vraiment polyvalente, à la manière d’une Golf GTI, tout en étant aussi voire plus sportive qu’une Peugeot 308 GTI (voir mon essai sur le circuit d’Ascari). Ses acheteurs de cette version seront ceux qui recherchent une auto capable de rouler quotidiennement sur route, mais aussi capable de s’aventurer quelques jours par an sur circuit. Pour les adeptes des trackdays (voir exemple ici) ou ceux qui ne veulent que du sport, il faudra choisir la version Cup.

Essai de la Mégane R.S. châssis Cup sur Circuit

C’est sur le magnifique tracé de Formule 1 (et surtout Moto GP maintenant) de Jerez, que Renault nous a confié le volant de la version Cup de sa Mégane 4 R.S, cette fois-ci avec la boite manuelle. Oh bonheur, c’est une Mégane jaune Sirius (ma couleur de prédilection) qui nous attends ! Les jantes noires chaussée sde Bridgestone Potenza S001 en 245/30/19 laissent apparaitre clairement les disques montés sur bol et les étriers rouges. Dans cette livrée, l’auto a vraiment un look de sportive « pure et dure ».

C’est donc avec beaucoup d’impatience que j’attends mon tour pour pousser aux limites cette nouvelle Mégane 4 R.S. J’enclenche le mode Sport pour le premier tour, afin d’appréhender le circuit. Même derrière le Pace-Car pendant le tour de chauffe, je remarque immédiatement que ce n’est pas la même auto. Beaucoup plus ferme, elle est encore plus incisive, tout en étant toujours aussi équilibrée. La polyvalence laisse ici place à une sportivité exacerbée, pour mon plus grand plaisir. Pas de remarques particulières sur la boite de vitesse manuelle. Le levier tombe bien sous la main, la sélection et le verrouillage des rapports se font précisément et rapidement.

Essai Mégane 4 RS sur le circuit de Jerez

Le comportement de cette nouvelle Mégane dans une chicane en vidéo :

Publiée par Blog-Moteur.com sur Mercredi 7 février 2018

Le Pace-Car rentre au stand, il est temps de passer aux choses sérieuses. Le très beau circuit de Jerez enchaine des grandes courbes et de 2 gros freinages. L’efficacité de l’auto est incroyable pour une auto chaussée de pneus de série. Elle ne prend pratiquement pas de roulis, et la motricité est presque parfaite avec le DGL. Dans ces conditions d’utilisation maximales, le moteur s’essouffle légèrement à l’approche de la zone rouge (annoncé par un bip). Il faut dire que notre modèle n’était pas encore rodée, avec ses 2.500 km au compteur.

Au fur à mesure des courbes je rentre de plus en plus vite, et toujours pas de décrochage à signaler. Seuls les virages serrés, pris en seconde, montrent un léger sous-virage en sortie de courbes. Vu la qualité de l’ensemble, je suis déjà impatient de tester la prochaine Trophy-R et ses semi-slicks ! Pas de doutes pour moi, elle va reprendre le titre de traction la plus rapide au monde sur le Nürburgring.

2me tour, j’active le mode Race. Avec l’ESP et l’ASR désactivés, et une autre loi de direction, la Cup devient un peu plus survireuse, pour mon plus grand plaisir. Elle montre ici tout son savoir-faire, sans le filtre des béquilles électroniques. Le sous-virage est maintenant presque inexistant si on rentre tard sur les freins, laissant l’arrière pivoter. La pédale de frein est plus naturelle, même si les warning s’allument toujours à l’entrée de chaque courbe ! Dommage car l’endurance et la puissance des freins est bien là (aucune perte d’efficacité au fur et à mesure des tours). Malheureusement, le troisième et dernier tour est déjà bouclé. C’est avec regret que je laisse ma place, sans avoir eu le temps d’exploiter à 100% tout le potentiel de cette auto…

Mes 3 tours en vidéo embarquée :

Renault Megane 4 RS, Essai circuit chassis Cup

On vous emmène faire 3 tours du circuit de Jerez avec la nouvelle Megane 4 RS et son châssis Cup en boite manuelle.Le premier tour est réalisé en mode Sport, les deux derniers en mode Race.#MeganeRS #Renaultsport #renaultlive #jerez

Publiée par Blog-Moteur.com sur Dimanche 11 février 2018

Bilan de cette nouvelle Mégane 4 R.S.

Comme je m’y attendais, cette nouvelle Mégane 4 R.S. fait encore un pas en avant par rapport à la Mégane 3 R.S. Les ingénieurs de Renault Sport ont réalisé un excellent travail, surtout sur le châssis. Encore plus efficace, elle mériterait peut-être à mon goût un volume sonore un peu plus important en version Cup (en enlevant par exemple les tapis insonorisant dans le coffre), ou en ajoutant une ligne échappement Akrapovic (peut-être pour la prochaine version Trophy ?). Quoiqu’il en soit, et au vu de ses excellentes dispositions, j’ai vraiment hâte d’essayer la version 300 ch en septembre, et surtout une version radicale comme la Trophy-R (pas annoncé par Renault) avec 100-120 kg de moins, et des pneus semi-slicks.

Concernant le tarif, il vous faudra débourser 37.600 € + 4.253€ de Malus pour le châssis Sport, et 39.400€ + 3.113 € de Malus pour la boîte manuelle. La version Cup est facturée quant à elle 1.500 € de plus.

 On aime :

  • L’efficacité du châssis 4Control
  • Le look, surtout en Jaune Sirius
  • La facilité de conduite

On regrette

  • L’allumage des Warning à chaque freinage appuyé
  • Les palettes de la boite EDC trop haute
  • Un niveau sonore trop peu présent en mode Sport ou Race