Essai : Ford Fiesta ST200 : La quintessence de la citadine sportive
Course à l’armement
La course à l’armement touche également le segment des citadines sportives. Plusieurs d’entre-elles ont en effet dépassé la barre symbolique des 200 chevaux : 208 ch pour les 208 GTI by Peugeot Sport et DS3 Performance, et même 220 ch pour la Renault Clio R.S. Trophy. La Ford Fiesta ST, forte de « seulement » 182 ch (200 ch Overboost enclenché), ne pouvait pas rester les bras croisés. La marque à l’ovale bleu a donc profité du Salon de Genève 2016 pour dévoiler une version encore plus affûtée de sa citadine sportive : la ST200.
Après avoir pu la prendre en main sur le circuit de la Sarthe (relire ma prise en main ici), j’ai pu me glisser derrière son volant pour une semaine complète d’essai. Une excellente occasion de vous expliquer pourquoi, alors même qu’elle vit ses derniers mois de production (sa remplaçante a déjà été annoncée), cette Ford Fiesta ST200 demeure l’une des meilleures propositions de sa catégorie.
Présentation : Quelques (subtiles) changements
D’un point de vue cosmétique, la Fiesta ST200 évolue très peu par rapport à la ST classique. Les plus avertis noteront tout de même ses jantes 17 pouces noir mat exclusives, ses étriers de freins rouges, son badge apposé sur le hayon, et surtout sa teinte spécifique « Gris Storm » (un blanc et un noir sont également disponibles). Si ceux qui rêvent d’une « baby Focus RS » seront sans doute déçus, les autres apprécieront en revanche sa ligne sportive mais pas exubérante, avec ses pare-chocs ajourés, ses bas de caisse suggestifs, et son aileron arrière qui l’est tout autant.
L’intérieur évolue lui aussi de façon très subtile : on note tout au plus les seuils de porte éclairés, les sièges Recaro avec surpiqûres argentées, et la plaque ST200 disposée sous la console centrale.
Très enveloppants, les sièges baquets offrent un maintien absolument parfait. Si la finition se situe dans la bonne moyenne, la présentation a pris un sérieux coup de vieux. Ainsi, le plafonnier semble prélevé d’une auto des années 90, et le cuir du volant fait franchement grossier. De même, l’ergonomie de l’auto est aujourd’hui dépassée : l’écran du système GPS, perdu au fond de la console centrale, semble minuscule, et cette dernière, truffée de boutons, nécessite un temps d’adaptation.
Sur la route : Un vrai scalpel !
Déjà performant sous le capot de la Fiesta ST, le 1,6 L EcoBoost a été retravaillé sur cette version ST200. Sa puissance grimpe ainsi de 10 %, pour atteindre le seuil fatidique des 200 ch, tandis que son couple augmente de 20 %, passant de 240 à 290 Nm.
Comme sur la Fiesta ST, une fonction Overboost permet d’augmenter la puissance et le couple pendant un certain laps de temps (une vingtaine de secondes en l’occurence). Au final, l’auto développe 215 ch et 320 Nm lorsque le pied droit du conducteur se fait lourd. Enfin, les rapports de boîte ont été raccourcis, afin d’augmenter encore la réactivité du moteur.
Les performances progressent logiquement : deux dixièmes de moins pour le 0 à 100 km/h (avalé en 6,7 secondes), et 7 km/h de plus en vitesse de pointe (l’auto atteint désormais 230 km/h). Plus rageur que jamais, le bloc EcoBoost offre par ailleurs une souplesse épatante, puisqu’il reprend sans broncher dès les plus bas régimes. On a donc moins besoin de jouer du levier de vitesse, et ce en dépit d’une commande de boîte excellente, avec un guidage franc et des verrouillages précis. La sonorité, plutôt discrète à bas régimes et à vitesse stabilisée, devient plus rauque en conduite sportive, grâce à un astucieux système qui renvoie le bruit d’admission dans l’habitacle. Malheureusement, l’auto donne trop de voix aux allures autoroutières, ce qui rend les longs trajets un peu pénibles.
Ce moteur rageur et performant est secondé par une tenue de route de haute volée. Tenant plus du kart que de la citadine, la Fiesta ST200 dispose d’un train avant et d’une direction à la précision chirurgicale, qui permettent de l’inscrire en virage au millimètre près. Malgré des amortisseurs (légèrement) plus souples, le roulis est mieux contenu que sur la ST, grâce à une barre de torsion arrière plus rigide, et une barre anti-roulis avant au diamètre augmenté. Pas de quoi rendre pour autant l’auto confortable : son amortissement demeure en effet très ferme, surtout à basse vitesse, où il répercute immédiatement dans vos vertèbres la moindre irrégularité de la chaussée. Par ailleurs, on regrette l’absence d’un différentiel autobloquant mécanique, avec quelques pertes de motricité, et des remontées de couple intempestives dans le volant sur surface dégradée ou mouillée.
Impossible pour autant de se départir de notre sourire en conduite sportive. La Fiesta ST200 offre en effet une tenue de route vivante, avec son train arrière mobile à la demande : il suffit de relâcher son accélérateur en appui pour qu’elle entame une glisse, aussi progressive que jouissive. Totalement addictif!
Le tarif de la Fiesta ST200
La Fiesta ST200 est affichée à 27.450 Euros, soit un surcoût de 2.500 Euros par rapport à la ST classique, vendue 24.950 Euros. Actuellement, une remise commerciale permet de réduire assez sensiblement la facture, à 23.950 Euros. Enfin, notons que la ST200 restera assez exclusive : seulement 200 exemplaires sont prévus pour le marché Français.
Points positifs :
+ Tenue de route efficace et vivante
+ Moteur rageur et plein
+ Performances en progression
+ Sonorité en conduite sportive
Points négatifs :
– Ergonomie dépassée
– Suspensions très fermes
– Absence de différentiel mécanique
Conclusion : La Reine est morte, vive la Reine !
Vous l’aurez compris : même si elle est désormais dépassée dans certains domaines, la Fiesta ST200 continue de nous séduire, avec son moteur hargneux, et sa tenue de route incisive. A défaut d’être la plus confortable ou la plus performante des citadines sportives, la petite Ford offre un agrément de conduite rare : loin de le neutralité de nombre de ses concurrentes, elle implique et gratifie son conducteur avec un brio rare. Autant vous dire qu’on attend de pied ferme sa remplaçante !