Essai Ford Fiesta ST 182 ch, plaisirs à l’ancienne
C’était mieux avant…
Les voitures d’aujourd’hui, c’est aseptisé et ennuyeux. Telle est, pour vulgariser, une idée assez répandue chez les passionnés d’automobiles. Normes de sécurité draconiennes (qui se traduisent bien souvent par un poids en hausse), préoccupations environnementales, répression routière, autant de facteurs qui pourraient expliquer cette tendance. On comprend alors mieux pourquoi, 30 ans après sa sortie, la Peugeot 205 GTI est encore considérée aujourd’hui comme la meilleure citadine sportive jamais produite, et que ses cours s’envolent littéralement aujourd’hui.
Et si aujourd’hui un constructeur nous refaisait le coup de la 205 GTI ? Impossible me direz-vous ! Après plusieurs jours passés au volant de la Ford Fiesta ST, je n’en suis plus si sûr…
La Fiesta ST prend en effet le contre-pied de ses principales rivales : la Renault Clio RS, et la Peugeot 208 GTI. Exit le traitement luxueux de la Peugeot ou la technologie de la Renault. Le credo de la Fiesta, c’est le sport, sans artifices : suspensions fermes, train arrière volontiers mobile, boîte manuelle, sonorité évocatrice… Ça ne vous rappelle rien ? Les journalistes du magazine Échappement ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en lui décernant le très recherché titre de sportive de l’année 2013.
Notre tour de piste au Mans Classic, à bord de cette Ford Fiesta ST
Avec Michael, nous avons pu découvrir l’étendue de son talent sur la piste des 24H du Mans, lors de la récente course du Mans Classic (si vous avez raté son très bel article, c’est par ici : https://www.blog-moteur.com/12362/resume-du-mans-classic-2014.html).
Présentation/finition
La sportivité de la Fiesta ST commence par l’extérieur. Si la Ford Fiesta classique fait déjà partie des citadines les plus jolies, avec sa grille de calandre trapézoïdale très « Aston-Martinienne », cette version ST lui ajoute une sacrée dose de Tabasco. Calandre en nid d’abeille, pare-chocs avant virilisé, bas de caisse, diffuseur arrière percé d’une double sortie d’échappement, imposant spoiler arrière… Autant d’éléments qui ne laissent planer aucun doute sur la vocation sportive de cette Fiesta ST. Le tout est encore sublimé par la très jolie teinte Rouge Racing de notre version d’essai.
Les jolies jantes alliage de 17 pouces, peintes en gris anthracite, font partie du Pack Performance, qui comprend également les étriers de freins rouges.
L’intérieur de la Fiesta ST diffère des autres versions sur certains points : aiguilles de compteurs rouges (et pas bleues), pédalier et pommeau de levier de vitesse en aluminium, volant ST, sièges Recaro. La finition est d’un bon niveau, avec un plastique généreusement moussé au niveau du centre de la planche de bord, et des assemblages sérieux.
La seule critique à l’encontre de cet habitacle vient de l’ergonomie compliquée de la console centrale, avec de -trop- nombreux boutons. Le système de navigation optionnel n’arrange rien, en rajoutant encore des commandes. On peste également contre le fait que cet écran soit trop petit et non tactile.
Les excellents sièges Recaro, chauffants, offrent un maintien à toute épreuve, sans se montrer inconfortables.
Le très réussi bloc compteurs, gradué jusqu’à 260km/h. Ses aiguilles rouges nous rappellent la vocation sportive de cette Fiesta ST.
L’ambiance intérieure de nuit est très agréable, avec des éclairages rouges indirects disséminés dans l’habitacle.
Les superbes seuils de porte ST rétroéclairés, qui font partie du Pack Performance.
Sur la route
Que de la gueule alors cette Fiesta ST ? Loin de là ! Rien de tel qu’un run sur les routes torturées des Monts d’Auvergne pour s’en convaincre!
C’est en effet sur route sinueuse que la Fiesta ST révèle l’étendue de son talent. Développée par la Ford Team RS, elle fait preuve d’une efficacité ahurissante.
Tout commence par sa direction, qui voit sa démultiplication raccourcie, afin de diminuer le temps de réponse. A assistance électrique, elle se révèle d’une précision chirurgicale, et offre un feeling sensationnel, qui permet d’inscrire le train avant au millimètre. Aucune remontée de couple intempestive (torque steer) ne se fait par ailleurs ressentir, même pied au plancher.
Les liaisons au sol sont retravaillées par rapport à la Fiesta classique : centre de gravité plus bas de 15 mm, réglages d’amortisseurs et de ressort avant et arrière spécifiques. La fermeté des suspensions est palpable dès les premiers mètres, sans pour autant devenir caricaturale. En contrepartie la Fiesta ST se montre impériale en virage, avec des prises de roulis quasiment inexistantes. Cette fermeté permet également au châssis d’offrir une grande rigidité, qui se ressent dans les courbes resserrées, où la roue arrière intérieure au virage se lève de quelques centimètres, alors que la voiture se cale en appui!
Le châssis est au diapason. Bien aidée par son poids à vide, contenu à 1.088kg, et campée sur des pneumatiques BRIDGESTONE Potenza RE050A, la Fiesta ST offre un niveau d’adhérence exceptionnel, en bondissant d’un virage à l’autre avec une aisance qui tranche avec les vitesses de passage. « Simple » traction, elle adopte un différentiel électronique, baptisé eTVC, qui analyse la route et la conduite 100 fois par seconde, afin de doser constamment la répartition de la puissance entre les roues avant. Il permet, le cas échéant, de ralentir la roue avant intérieure de la voiture en virage, afin notamment de réduire le sous-virage. Ce système peut également freiner l’une des roues arrière. Pari réussi, tant le sous-virage se montre inexistant. Revers de la médaille, ce système échauffe quelque peu les plaquettes de frein en conduite sportive, avec une petite odeur de chaud en descendant de la voiture.
La motricité, d’un très bon niveau, permet par ailleurs d’exploiter sereinement le potentiel de cette Fiesta dopée aux hormones. Les choses se compliquent un peu avec les aides électroniques coupées, les pneus « cirant » jusqu’en 3ème! Sacrée santé cette Fiesta!
Surtout, contrairement à la majorité de ses rivales au train arrière rivé au sol, la ST ne rechigne pas à se déhancher, notamment au lever de pied en courbe. On sent alors une légère dérive du train arrière, qui permet de resserrer la trajectoire, sans pour autant que le comportement de la voiture devienne scabreux ou imprévisible. Du grand art, qui tranche avec la neutralité des GTI actuelles, et qui a le mérite de réellement impliquer le conducteur, sans pour autant rendre la voiture dangereuse. De quoi réconcilier les plus puristes d’entre nous à la conduite des sportives modernes!
Pour ne rien gâcher, l’ESP (ESC chez Ford) offre 3 modes de conduite :
- un premier mode où il est totalement activé
- un mode « wide-slip » qui se traduit par une intervention réduite
- un dernier mode où il se déconnecte totalement.
Le freinage est également perfectionné par rapport à une Fiesta classique, avec la présence de disques aux 4 roues (ils sont même ventilés à l’avant), ou d’un maître cylindre plus gros. Il se montre puissant et progressif, et ne faiblit pas en cas d’intense sollicitation.
Passons maintenant au cœur de cette Fiesta ST : son moteur 1,6 L EcoBoost.
Développant 182 chevaux, et 240 Nm de couple entre 1.600 à 5.000tr/min, il permet à la petite Ford de passer de 0 à 100km/h en un peu moins de 7 secondes (6,9 s pour être précis), et la propulse à 225km/h en pointe. Très raffiné technologiquement (injection directe d’essence, turbo, double distribution variable indépendante), ce bloc tout en aluminium offre par ailleurs des émissions polluantes limitées, avec 138g de CO2 par km (consommation mixte annoncée à 5,9L/100km). Dans les faits on a plutôt constaté 7,7L/100kms, ce qui reste encore raisonnable vu l’agrément offert par ce bloc.
Sa puissance, inférieure d’une vingtaine de chevaux à celle des Clio RS et 208 GTI, pourrait nous laisser sur notre faim au premier abord. C’est sans compter sur l’astuce des motoristes Ford, qui ont doté la Fiesta ST d’un système Overboost. Le principe est simple : en cas de forte sollicitation du moteur, la pression de suralimentation est augmentée. Le résultat sonne comme un pavé dans la mare des bombinettes françaises : 200 chevaux et 290 Nm de couple lorsqu’on met le pied au plancher.
S’il est loin d’offrir le coup de pied au cul des Escort Cosworth d’autant, ce 1,6 L EcoBoost se rattrape par sa très grande disponibilité et sa progressivité. Parfaitement docile en ville, ce moteur se transforme en une bête hargneuse si tant est que l’on chatouille un peu l’accélérateur, le tout dans une sonorité absolument délicieuse. Il faut dire qu’un travail particulier a été apporté par Ford sur ce point, avec la présence d’un système baptisé Sound Symposer. Le principe est simple : une membrane située dans l’admission amplifie le bruit du moteur, tout en dirigeant ce dernier dans l’habitacle.
Le procédé, qui peut paraître artificiel au premier abord, est redoutable d’efficacité, et fait de chaque accélération poussée un véritable bonheur auditif. Cette sonorité très évocatrice ne se retrouve en revanche pas à l’extérieur, pour le plus grand bonheur de la maréchaussée. A régime stabilisé la voiture redevient silencieuse, ce qui est particulièrement appréciable sur des longs trajets.
Ce moteur est parfaitement secondé par la boite de vitesse manuelle, qui compte 6 rapports. Elle offre un excellent guidage, n’accroche pas, et permet des passages de vitesse à la volée en conduite rapide. On peste en revanche contre l’embrayage, qui présente une course morte en début de pédale, qui entame d’autant la course restante, rendant le dosage plus difficile.
Tarif/équipement
Le poste budgétaire est souvent favorable au constructeur américain. Cette Fiesta ST ne déroge pas à la règle. Affichée à 24.300€, elle bénéficie actuellement d’une remise « d’office » de 2.400€, qui la place sous le seuil psychologique des 22.000€ (21.900€ exactement). Le malus écologique n’est « que » de 250€.
Pour rappel, une Renault Clio R.S 200 EDC est facturée 25.490€ (malus de 500€), et une Peugeot 208 GTI est vendue 25.100€ (malus de 250€).
Malgré ce tarif attractif, l’équipement est déjà complet :
- Autoradio/lecteur de CD Sony avec écran 4,2″, Système Ford SYNC*, réception numérique DAB, prise AUX et port USB
- Becquet arrière exclusif ST
- Climatisation à régulation automatique
- Freins à disque avant et arrière
- Jantes alliage 17″ exclusives ST
- Kit de carrosserie complet design exclusif ST
- Pédalier aluminium ST
- Projecteurs halogène avec feux de jour à LED
- Sièges avant chauffants Recaro Sport avec sellerie en cuir partiel
- Suspension ST avec hauteur d’assiette abaissée de 15 mm
- Tapis de sol avant et arrière exclusifs ST
- Technologie MyKey
- Volant et pommeau de vitesses gainés de cuir design ST avec surpiqûres rouges
Notre version d’essai était dotée des options suivantes :
- Système Keyfree (entrée et démarrage sans clé) : 410€
- Système de Navigation et Pack Audio Sony : 490€
- Pack Performance : étriers de freins rouges, jantes alliage 17” 5 branches exclusives ST, plaques de seuil de portes éclairées : 190€
- Phares et essuie-glaces automatiques : 200€
Le régulateur de vitesse, bien utile vu le tempérament de cette Fiesta ST, n’est curieusement proposé qu’en option (220€). Pas de quoi remettre en cause l’excellent rapport prix/équipement/performances de cette Fiesta ST, qui constitue une affaire dans sa catégorie!
Points positifs :
+ Comportement routier efficace et sûr…
+ … Et en même temps vivant : train arrière mobile sur demande
+ Moteur souple et rageur
+ Sonorité addictive en conduite sportive
+ Commande de boîte
+ Rapport prix/équipement/performances imbattable!
Points négatifs :
– Embrayage difficile à doser
– Ergonomie perfectible
– Suspensions sèches
Verdict
Avec cette Fiesta ST, Ford frappe un grand coup dans le segment des citadines sportives. Non contente de se montrer très efficace dans les portions sinueuses, elle se paie en plus le luxe de distiller des sensations rares dans ce segment, avec un train arrière mobile à la demande, qui tranche avec la neutralité qu’on retrouve habituellement chez la concurrence. Le tout est parfaitement exploitable par le plus grand nombre, le comportement se montrant très prévisible et sain. Si ses suspensions fermes la rendent moins polyvalente que certaines de ses rivales, elle y gagne assurément en efficacité. Si on rajoute à ce tableau son moteur, hargneux et à la sonorité très évocatrice, on détient là un cocktail détonnant, disponible pour ne rien gâcher à un prix tout à fait accessible! Et si Ford tenait là sa 205 GTI ?