Essais

Abarth 500e : si seulement son ramage se rapportait à son plumage…

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Depuis plus d’un demi-siècle, la recette Abarth est la même : transformer de dociles et chics Fiat en sportive pétillante et volubile. Un cocktail renouvelé sur la mouture électrique du pot de yogourt Turinois avec L’Abarth 500e. Le scorpion électrisé est-il aussi piquant que par le passé ? Réponse dans notre essai.

J’avais été conquis par la Fiat 500e, cohérente dans sa proposition et dotée de sérieux atouts pour rencontrer un certain succès. Depuis maintenant trois ans, la petite Italienne s’est d’ailleurs fait une place de choix dans le paysage automobile électrique et dans nos centre-villes avec de beaux chiffres de ventes. Fidèle à son héritage et soucieux de conserver l’âme de sa branche sportive, Fiat a donc offert à sa 500e le traitement Abarth afin de lui donner encore plus de caractère.

Une bouille irrésistible qui annonce la couleur

Chic et raffinée, la 500e se transforme en véritable petite sportive une fois le Scorpion apposé sur ses hanches. Dans sa teinte Bleu Poison et dotée de ses jolies jantes de 17 pouces, elle fait tourner les têtes et séduit avec son museau craquant. Un regard malicieux et agressif rendu possible en retirant la LED supérieure des feux avant de la sage Fiat. 

Le chrome laisse sa place à des inserts noirs mats et une lame blanche en bas du pare-choc avant rappelle son héritage de petite bombe de rallye. Les voies sont elles élargies de 6 cm par rapport à une Abarth essence pour asseoir encore plus la voiture sur la route. À l’arrière, le béquet fait illusion et le petit diffuseur n’est là que pour habiller un séant logiquement vide de tout échappement.

Le cocktail est absolument délicieux à regarder, à mi-chemin entre sportivité et raffinement. Tout ce qui fait le succès de L’Abarth depuis toujours est ici appliqué.

Un cocon soigné et fidèle à son pedigree

L’opération séduction continue à bord avec un habitacle adapté à cet univers résolument sportif. La planche de bord de la 500e, dont nous avions souligné une montée en gamme certaine et une ergonomie soignée, a également reçu un traitement Abarth de qualité qui lui sied à merveille.

Les superbes sièges baquet en cuir et alcantara donnent le ton avec des coutures vertes et bleues et le Scorpion brodé au niveau de la tête. Tout comme la planche de bord recouverte d’une suédine agréable au toucher. Le très beau volant est lui fait d’alcantara et se voit doté d’un repère de centrage. Petit clin d’œil au monde de la sportive dans lequel L’Abarth se revendique d’exister encore.

Côté technologie, le poids des années commence à se faire sentir et on se passe vite du système embarqué fouilli et incomplet au profit d’Apple CarPlay ou Android Auto sans-fil. On ne bénéficie d’ailleurs toujours ni d’un planificateur d’itinéraire intégrant les arrêts-recharges, ni d’un port USB-A que l’on aimerait voir remplacer par un port USB-C en 2024.

Pour le reste, l’accès aux places arrière est toujours aussi réservé aux petits gabarits et les rangements sont présents mais bien minces. L’accès au coffre rikiki de sur notre déclinaison cabriolet et l’absence de coffre à l’avant rendent les escapades et voyages à rallonge difficiles à envisager.

L’Abarth 500e : une citadine avant-tout

Son truc à elle, de toute façon, c’est assurément la ville et le péri-urbain… À condition d’avoir un bon kiné’.

Avec sa position de conduite haute offrant une bonne visibilité, et son rayon de braquage réduit qui permet de tourner dans un mouchoir de poche, toutes les qualités citadines de la 500e se retrouvent ici. Fidèle aux précédentes moutures, cette Abarth 500e est rude pour les lombaires et fait toutefois sentir les ralentisseurs et chaussées pavées de nos villes avec un amortissement sec et des sièges fermes. Le freinage régénératif au lever de pied est lui puissant et permet de ne conduire qu’à une seule pédale.

Des consommations en hausse

Côté watts, elle est dotée de la même batterie de 42 kWh que la 500e mais voit sa puissance bondir, augmentant ainsi indubitablement les consommations. De 15 kWh/100 km en ville à 22 kWh/100 km sur autoroute, il est difficile de descendre en-dessous des 18,5 kWh/100 km en usage mixte. Des scores élevés qui font passer son autonomie maximale à 220 km, soit 100 km de moins que la 500e. Dépourvue de pompe à chaleur, cela sera encore pire lors des froides journées d’hiver.

Sur autoroute, l’insonorisation est soignée mais les arrêts-recharges seront beaucoup trop nombreux (tous les 100-120 km) et longs pour rendre son utilisation envisageable pour partir en escapade. Elle accepte des charges de 11 kW en AC et jusqu’à 85 kW en DC, de quoi passer de 0 à 80 % en 35 minutes. 

Le plumage sans forcément le ramage ?

Soue le capot, le bloc passe de 118 ch sur la 500e à 155 ch sur l’Abarth 500e et son couple grimpe quant à lui à 235 Nm. Avec un 0-100 km/h abattu en 7 secondes et une vitesse maximale plafonnée à 155 km/h, la 500e se voit boostée mais loin d’être transfigurée sur le point des performances.

Cela suffit amplement pour démarrer en trombe au feu vert et dépasser sans arrière-pensée, mais manque encore de puissance pour vous coller au siège et offrir des accélérations et reprises véritablement sportives. La puissance passe au sol sans broncher et on peut mettre pied dedans sans arrière-pensée. La puce est rassurante et jamais piégeuse, une accessibilité qui permet à chacun de la mener sans crainte. L’Abarth 500e aurait mérité plus de puissance (au moins 180 ch) pour assumer son pedigree et mouvoir avec panache ses 1360 kg, même si on oublie vite les 270 kg d’écart entre une Abarth thermique et électrique.

Un comportement convaincant

Côté châssis, le bilan est plus positif. La fermeté des suspensions et l’implantation de la batterie dans le plancher profitent logiquement au comportement routier avec un centre de gravité abaissé. Au volant, L’Abarth vire à plat et passe de virage en virage avec brio. Une certaine vivacité qui colle parfaitement à l’idée qu’on se fait d’elle en la voyant. Je regrette juste une direction un poil trop légère et manquant de consistance, qui gomme ainsi ce qui se passe sous les roues et nuit à la précision du train-avant.

Après quelques minutes à son volant à rythme dynamique, force est de constater que l’on a vite fait le tour de son potentiel sportif : L’Abarth 500e n’est pas passionnante à mener, même à haute-vitesse. Elle est une citadine péchue, mais ne sera pas cette Abarth véritablement sportive avec laquelle on partira en road-trip ou même sur piste.

Du bruit… pour pas grand chose

En hommage à son illustre fondateur, fabricant d’échappement de renom avant de travailler au service de Fiat, Abarth a voulu donner de la voix à sa petite puce électrique. En échange de 1500 €, vous pourrez donc profiter d’un système assez inédit et volubile reproduisant plutôt fidèlement le bruit du célèbre échappement « Record Monza », véritable signature des Abarth Competizione.

L’innovation vient du fait que le son est audible à bord… mais aussi de l’extérieur via un haut-parleur placé sous la voiture. Les passants et autres automobilistes s’en amusent. À l’arrêt et au ralenti, ce son, qui aurait nécessité plus de 6000 heures de travail selon Abarth, fait illusion avec des graves rauques et caverneuses dignes du petit échappement bruyant. Une fois en mouvement, cette sonorité reste sur un ton monotone qui semble vous faire croire que vous êtes en sur-régime constant. Une sensation désagréable de bourdonnement qui vous donne un mal de crâne au bout de quelques kilomètres.

Une tare à retirer

Abarth aurait dû faire taire ce bruit à vitesse stabilisée, tout en lui donnant un son plus travaillé et plus évolutif en fonction des phases d’accélération et de déclaration. Cela apparaît comme très « on off » et on en vient vite à le désactiver. Sauf que pour le désactiver, il faut aller au fond d’un menu et de deux sous-menus, et cela est disponible uniquement à l’arrêt. Pesant.

Chère Abarth 500e, sans concurrence

Débutant à 36 900 € (en coupé) et culminant à 45 000 € avec tous les équipements pour notre version cabriolet, l’Abarth 500e fait payer relativement chère sa bouille et ses chevaux en plus par rapport à la Fiat. Un surcoût de quelques milliers d’Euros tout en ayant moins d’autonomie et moins de confort, mais un look et un habitacle à la sauce Abarth, et des prestations dynamiques de bien meilleure facture.

En face, elle ne souffre pour l’instant d’aucune comparaison tant le marché de la micro-citadine sportive électrique est déserté. Il faudra sûrement attendre la R5 cru Alpine ou la future VW ID2 GTX pour avoir de quoi s’amuser en face de notre petite Italienne.

Reste qu’en l’état, on peut à vrai dire plus parler d’une 500e dynamisée et bien habillée que d’une véritable sportive. C’est une petite citadine sexy, mais le scorpion manque de venin (et surtout de puissance) pour être aussi pétillante et fun que ses ancêtres thermiques.

Photos : Victor Desmet