Essais

Fiat 500E : anatomie d’un succès

Adapter une légende de l’automobile au contexte actuel, c’est le défi auquel fut confronté Fiat au moment de renouveler son icône : la 500. Inutile de faire durer le suspense, le pari a été relevé haut la main pour une entrée en la matière… Voici cinq raisons qui font de la Fiat 500e notre citadine électrique préférée du moment !

Chapitre 1 : une recette (presque) inchangée

Unique, iconique, craquante (…) : les qualificatifs ne manquent pas pour la désigner. De ses propositions atypiques à son look qui sent bon la « Dolce Vita » depuis 1957, la 500 est aussi culte que la Cox ou qu’une 911. En 2007, en faisant renaitre le mythe, et malgré une légère prise d’embonpoint, Fiat a su rester fidèle au concept originel et la mayonnaise a pris de suite.

Preuve en est, 14 ans plus tard, la 500 n’a finalement connu qu’un léger coup de bistouri mais n’a pas vraiment pris de rides. D’ailleurs, tel un clin d’œil à sa grand-mère, le production de ce nouveau cru, qui n’est plus proposé qu’en électrique, se fait sur la même chaine de fabrication de Turin que la 500 originelle.

Côté look, rien ne ressemble plus à une 500 qu’une 500e. Plus large et plus longue de 6 cm qu’une 500 thermique, la 500e reprend toutefois tous les codes qui ont donné le capital sympathie au modèle au fil des années. Forme rondouillarde, signature lumineuse identique mais modernisée à coup de LED, nuancier de couleurs avec de superbes teintes travaillées et quelques ajouts de chrome où il faut…

La Fiat 500e est une réussite stylistique, une actualisation tout en finesse qui remet la 500 au goût du jour. Quand on aimait la 500, on ne peut qu’aimer la 500e. Quand on n’aimait pas la 500, la 500e apporte une dose bienvenue de classe et de technologique qui renforcent son capital séduction et ce petit charisme qui lui va bien.

Chapitre 2 : à bord, une montée en gamme notable

Fiat a mis les bouchées doubles s’agissant de l’habitacle de la 500e. La sensation d’espace est bien meilleure, grâce notamment aux nouvelles proportions de la petite puce Italienne, mais aussi suite au nouvel aménagement de la planche de bord.

Le cocon est toujours aussi lumineux et accueillant pour deux, mais la banquette arrière est toujours à réserver aux -1,70 m. Les sièges, plus larges, offrent un bon niveau de confort mais un maintien toujours… limité. Avec 180 L de volume, le coffre, lui, n’évolue pas. La 500e a été conçue pour entreposer ses batteries dans le plancher, n’impactant ainsi pas l’habitabilité. Excellent point !

Fiat a opéré à une petite révolution plus que bienvenue à bord. Quatre boutons remplacent le pommeau de vitesse, un volant à la forme inédit et agréable en main fait son apparition, et la présentation apparait comme résolument moderne et bien dans son temps.

La qualité perçue n’est pas en reste. Le dessus de la planche de bord et les contreforts de porte sont toujours recouverts d’un plastique rigide pas forcément très qualitatif et au vieillissement plus qu’incertain, mais la console centrale a subi un soin particulier et agréable à regarder et à toucher. Quelques petits clins d’œil rigolo se cachent dans l’habitacle pour rappeler l’héritage de la légendaire 500 originelle. La 500e affirme ici sa volonté de monter en gamme avec une ambiance générale élégante et qualitative, en net progrès.

Un standing en adéquation avec son positionnement nouveau et des sphères tarifaires qui l’inscrivent dans une nouvelle dimension. D’un point de vue des prestations à bord, elle se rapproche ainsi plus d’une MINI que du segment des mini-citadines sur lequel elle bataillait avant.

L’ergonomie est lui de premier ordre avec des boutons juste où là où il faut, de très larges espaces de rangement et la part belle à un arsenal technologique bluffant pour le segment.

Chapitre 3 : une dotation technologique de choix

À l’occasion de cette nouvelle génération, la 500 se modernise grandement et embarque de nombreux raffinements technologiques.

L’instrumentation est désormais 100 % numérique grâce à un écran personnalisable de 7 pouces, accompagné d’un système multimédia abouti et agréable à utiliser via un bel écran de 10,25 pouces. Ce dernier, tactile, trône en-haut de la console centrale et rassemble toutes les fonctions de la voiture avec une interface intuitive et complète. Il intègre Apple CarPlay et Android Auto sans-fil, ainsi qu’un chargement par induction des smartphones dans un astucieux petit rangement logé juste en-dessous.

Fiat a mis les bouchées doubles pour cette nouvelle génération de son système multimédia. Cela était nécessaire pour remplacer le vieillissant Uconnect, mais ils l’ont fait avec la manière et surclasse désormais de nombreux concurrents.

Côté aides à la conduite, la 500e embarque une conduite autonome de niveau 2. Elle peut ainsi se targuer de proposer (en option via un pack à 1500 €) : le régulateur de vitesse adaptatif, le maintien actif dans la voie, le détecteur d’angle-mort, le freinage d’urgence autonome, la reconnaissance des panneaux avec régulateur de vitesse intelligent ou encore les feux de routes LED automatiques.

Un arsenal assez bluffant pour la catégorie, que même une Renault Zoé n’offre pas, digne de ce que l’on peut trouver sur une VW ID. 3 ou une Tesla Model 3.

Chapitre 4 : la fée électricité

Pour cette nouvelle mouture, Fiat a décidé de ne plus proposer la 500 qu’en électrique. La précédente génération est toujours maintenue au catalogue en essence micro-hybride, mais elle ne bénéficie pas de tous les bienfaits stylistiques et technologiques précédemment cités.

Deux versions de la 500e sont ainsi proposés au catalogue : la « City Range », avec une batterie de 23,7 kWh, qui propose une autonomie annoncée de 185 km, 95 ch de puissance et une vitesse maximale de 135 km/h. Et notre « Long Range », qui représentera le gros des ventes, dotée d’une batterie d’une capacité utile de 42,0 kWh, de 118 ch et pouvant atteindre les 150 km/h.

Si la version « City Range », réservée au premier niveau de finition, semble pouvoir suffire pour un usage strictement urbain, le passage à la version « Long Range » nous parait bien plus intelligent compte tenu du faible effort tarifaire demandé (3000 €) à mettre en rapport avec le gain de polyvalence et d’équipements.

Car au-delà de la puissance, c’est aussi et surtout l’autonomie offerte par la 500e qui, sur le papier, met une jolie claque à la concurrence. Face aux Mini Cooper SE (234 km), Twingo Electric (180 km) et Honda e (222 km), les 320 km annoncés de la petite Italienne la mettent en concurrence directe des reines du segment des citadines, Renault Zoé et Peugeot e208. Une prouesse pour une si petite auto, et une belle surprise.

Dans les faits, nous avons terminé notre essai avec une consommation moyenne très honorable de 14,5 kWh/100 km, bien moindre qu’une Zoé R135 pour ne citer qu’elle. Toutefois, et même en mettant la meilleure volonté du monde, dépasser les 270 km réels sur une seule charge en usage mixte nous a semblé compliqué…

Côté charge, comptons 14h00 pour la remplir intégralement sur une prise 220V domestique, mais Fiat a une fois de plus bien pensé la chose, puisque la petite accepte les charges DC (CCS Combo) allant jusqu’à 85 kW sur la version « Long Range », pour recharger 50 km en 5 minutes sur des bornes Ionity. De quoi lui ouvrir les portes de la charge rapide et des escapades hors-ville…

Chapitre 5 : une polyvalence remarquable

Car c’est là tout l’intérêt de la 500e… sa bouille et son format laissent penser qu’elle ne connaitra que la ville et ses environs, alors qu’elle est richement dotée pour en sortir sans aucun soucis.

Alors oui… Elle s’y sent excellemment bien, en ville. Son diamètre de braquage réduit et sa relative petite taille font des merveilles, le couple instantané de l’électrique lui donne une vivacité agréable et le mode de conduite « Range », celui que l’on a utilisé tout le long de notre essai, permet même de ne conduire qu’à une seule pédale grâce à un freinage régénératif très efficace qui va jusqu’à stopper la voiture sans avoir à utiliser la pédale de frein.

Le mode « Normal » permet de garder une roule libre agréable sur route, et un étonnant mode « Sherpa » vient brider la voiture à 80 km/h et limiter les fonctions de confort pour préserver un maximum l’autonomie.

La 500e garde le typage de conduite d’une 500, avec une position de conduite haute et relativement verticale qui permet de dominer la route, mais elle est désormais bien plus personnalisable grâce à de nombreux réglages du volant et des fauteuils. On s’y sent mieux qu’au volant de la Renault Zoé, dont l’absence de réglage en hauteur du siège conducteur est handicapante.

Côté suspensions, la 500e est relativement ferme, mais pas cassante. Elle se joue des pavés mais aussi des routes en mauvais état. Cette relative fermeté profite ainsi au comportement de conduite qui, grâce aussi au centre de gravité de la voiture abaissé avec les batteries dans le plancher, progresse très largement.

La petite Italienne gagne en rigueur et en sérieux sur la route. Avec plus de 1300 kg sur la balance, elle perd le côté petite puce légère, mais son bon niveau de puissance (118 ch) et ses réglages de châssis lui offrent des prestations loin d’être ridicules sur routes sinueuses. La direction manque de consistance et apparait un peu légère pour être véritablement précise, mais cela est agréable en ville où la puce se faufile partout sans encombre.

Sur voie rapide, les bruits d’air et de roulement sont maitrisés et sa tenue de cap progresse très largement. Bien aidée par ses multiples aides à la conduite, elle s’y sent bien et propose des prestations routières plus que convaincantes avec de bonnes reprises et un confort de bon niveau. Les consommations à plus de 100 km/h s’envolent logiquement et frisent les 22 kWh/100 km, mais le support de la charge à 85 kW permet d’envisager des arrêts express.

Le système multimédia intègre une recherche des bornes de charge à proximité, mais cela manque d’informations précises comme le type de prises, l’autonomie de la voiture à l’arrivée ou la prise en charge d’un planificateur de voyage prenant en compte les arrêts recharge. On préconisera ainsi de passer par une app dédiée comme ChargeMap, compatible Apple CarPlay, car le TomTom embarqué n’est pas vraiment optimisé.

La 500e n’est, à notre grande surprise, pas une voiture électrique réservée à un usage urbain et péri-urbain comme on aurait pu nous le laisser croire. Elle s’envisage au quotidien sans sourciller sur tous les types de trajets, et même pour les escapades le week-end. Partir en vacances à deux peut être envisageable, mais elle se retrouve pénalisée par notre réseau de charge Français encore trop inégal et trop instable pour envisager de longues distances sereinement.

Épilogue : aboutie et cohérente, la meilleure citadine électrique du marché !

Au-delà des chiffres, la 500e apparaît surtout comme une évidence. L’électrique lui sied à merveille et tombe sous le sens quelques minutes après en avoir pris le volant. Fiat l’a pensé et conçu de A à Z comme étant une voiture électrique, et cela se sent. De l’ergonomie à l’ambiance, elle est une petite rupture dans la lignée 500 avec l’avénement des watts, sans toutefois renier son héritage.

Sur le marché, elle garde son format de petite puce agile et maniable, tout en se targuant de monter très largement en gamme, que ça soit au niveau de la polyvalence routière, de la technologie embarquée mais aussi de l’autonomie. Elle surclasse ainsi sur tous les aspects Twingo électrique et Smart Fortwo EQ, tout en proposant des tarifs moindres que Zoé et e208, avec qui elle partage l’autonomie et la dotation technologique.

Proposée à partir de 24 500 € avec la petite batterie de 23,7 kWh, notre version 42 kWh débute à 27 500 € avec le second niveau de finition. Il faut compter 34 600 € pour s’offrir le top de la technologie et des équipements de notre version Icône Plus avec le pack de conduite autonome de niveau 2 (1500 €). La 500e est éligible à l’aide à l’achat de 7000 €, ce qui lui permet, bonus déduit, d’afficher des tarifs bien en-deçà d’une Renault Zoé ou d’une Mini Electric. 

En offrir plus pour moins cher tout en affichant fièrement des prestations haut-de-gamme, c’est le pari réussi de la 500e. Cerise sur le gâteau, elle garde son âme unique et ce look craquant. Comment ne pas succomber ? Bravo, Fiat !

Photos : Victor Desmet