Volkswagen Amarok : l’aventurier contre tout guerrier ?
Derrière ce titre qui fleure bon les années 80 se cache une réalité : le nouvel Volkswagen Amarok n’est pas encore sorti qu’il est déjà en sursis. 13 ans après la sortie du premier modèle et un succès certain auprès du public, le seul pickup Germanique après la carrière éclair du Mercedes Classe X, le Volkswagen Amarok, se refait une beauté et ajuste sa copie avec une toute nouvelle génération que nous sommes allés essayer en Corse, avant peut-être de ne jamais plus en voir sur nos routes Françaises…
Pickup chic pour usage choc
Au milieu des dizaines de Nissan Navara et Mitsubishi L2000 des locaux nous regardant d’un air méfiant, nous avons emmené L’Amarok dans les sentiers du Nord de l’Île de Beauté. Il faut dire qu’avec sa nouvelle calandre chromée, sa gueule plus cossue que baroudeur et sa robe bleue encore immaculée, le pickup VW semblait plus adapté aux centres équestres chics de la banlieue Parisienne que pour les pistes de Balagne.
Ce qui est certain, c’est que cette nouvelle mouture en impose avec une garde au sol rehaussée de 6 centimètres, 5,35 m de long (soit près de 10 cm de plus), 1,91 m de large et 1,88 m de haut. Des nouvelles dimensions en lien direct avec le partenariat tissé entre Ford et VW, L’Amarok étant une sorte de clone chic du célèbre Ranger puisque reposant sur la même plate-forme, et assemblé sur la même chaîne Sud-Africaine que l’Américain, autrefois concurrent, aujourd’hui cousin.
Au-delà du côté technique semblable, L’Amarok garde toutefois son pedigree germanique et s’inscrit parfait dans l’identité de style VW avec du chrome et une signature LED commune. Sa nouvelle calandre horizontale sur deux niveaux lui donne une personnalité bien à lui dans le rétroviseur et une belle prestance. Les généreux galbes au-dessus des passages de roues et une ceinture de caisse plutôt haute lui confèrent une allure musclée et robuste recherchée dans le segment des pickups.
La praticité, sans faire l’impasse sur le confort
L’habit ne fait pas le moine, et L’Amarok mêle style soigné et praticité à toute épreuve : les barres de toit peuvent supporter 85 kg de charge en roulant, voire même 350 kg en statique. La benne d’1,62 m de long et 1,22 m de large se voit elle dotée d’un volet électrique. Elle peut accueillir une palette sans soucis, avec jusqu’à 951 kg de charge ! Sur le même créneau, notons la possibilité de tracter jusqu’à 3,5 tonnes et un mode dédié de conduite optimisant la motricité en remorquage. Polyvalence oblige, VW propose une pléiade d’accessoires permettant d’organiser cette benne et d’y charger vélo, bagages, voire même de changer l’arceau afin d’y mettre des projecteurs LED additionnels.
À bord, d’imposantes poignées de maintien arrivent sur les montants avant, une double boite à gants et d’énormes bacs de rangement raviront les pros pour qui il est un outil de travail avant tout. Législation oblige afin de se passer du malus 2023, la place centrale arrière se voit condamnée et la double cabine ne compte ainsi que quatre places. La présentation est soignée et les finitions relativement bonnes, mais je doute de la résistance dans le temps aux rayures de certains éléments en plastique dur. Les fauteuils en cuir sont eux moelleux pour les fessiers et jolis à regarder, mais manquent de maintien latéral en virage.
Un pick-up cossu et technologique
Le Volkswagen Amarok assoie sa position de pickup cossu par rapport aux autres plus rustiques, avec une planche de bord entièrement nouvelle et résolument technologique. Une belle dalle tactile verticale de 12 pouces en provenance de Ford prend place, avec une interface maison Volkswagen et la compatibilité CarPlay et Android Auto sans-fil. Un autre écran horizontal de 12 pouces en guise de compteurs apporte une dose supplémentaire de modernité à une voiture résolument bien dans son temps. Le système Hi-Fi Harman-Kardon de 640 watts pourra sonoriser sans heurts la plupart des chantiers ou grands espaces sur lesquels l’Amarok s’aventurera, tandis que les ports USB-C et prises 120V/230V de 150 watts seront de précieux alliés aux explorateurs des temps modernes.
L’ergonomie générale à bord est bonne, grâce à un système multimédia bien conçu, un volant doté de boutons physiques et de touches de raccourcis au bas de la console centrale ou sur l’écran qui permettent d’accéder rapidement aux fonctions les plus utilisées comme la climatisation ou les modes de conduite. Seul grief : l’absence d’une touche dédiée permettant d’activer les caméras extérieures. Compte tenu du gabarit du gros bébé, cela aurait été bienvenu afin de faciliter les passages en zone de franchissement ou dans des endroits étroits.
Pickup bien dans son temps, l’Amarok peut compter sur une vingtaine d’aides à la conduite passives et actives permettant de rouler quasiment tout seul sur autoroute et de veiller à son environnement. S’il fallait pinailler un peu, il eut été adapté de le doter d’une vision nocturne, afin d’éviter le gros gibier friand de traversées de route une fois la nuit venue.
L’Amarok : un pickup de tous les jours…
Cela n’échappe à personne : nombreux sont ceux qui roulent au quotidien en pickup, par nécessité grâce à la benne et à la garde au sol, ou par plaisir de dominer la route et d’être à bord de quelque chose de… massif. VW l’a compris et n’a pas fait de son nouvel Amarok un utilitaire pur et dur, même s’il ne peut masquer ses gênes sur la route.
Conduire un Amarok, c’est déjà se faire aux dimensions de la bestiole : son capot très long et sa largeur bien au-delà de la plupart des véhicules du marché demandent un petit temps d’adaptation pour ne pas l’écorcher sur les départementales étroites entre Calvi et l’Île-Rousse. La topographie très sinueuse de l’Île de Beauté n’est pas forcément la plus adaptée au châssis du pickup Allemand, qui nous gratifie inévitablement d’une certaine prise de roulis à chaque virage, mais il se fond parfaitement dans ce paysage rural où le pickup est roi. Sa direction est assez floue, mais son comportement est sain, son confort soigné et son insonorisation préservée quand on ne vient pas à sur-solliciter le gros mazout sous le capot.
Un diesel qui reste roi
Notre Amarok 2024 est proposé avec deux moteurs diesel d’origine Ford et deux niveaux de puissance : un 4 cylindres 2.0 TDI de 205 ch, et un V6 3.0 TDI de 240 ch, tous deux accompagnés par une boite automatique à 10 rapports provenant également du constructeur Américain. C’est ce dernier que nous avons pu essayer, et qui à vrai dire semble le mieux correspondre aux aspirations et au poids de l’Amarok. Point de version hybride-rechargeable au programme (alors que cela pourrait être très adapté à l’usage), le diesel restant légion sur ce marché selon VW. Un certain manque de vision, mais on en reparlera…
Avec 600 Nm de couple disponible très tôt, dès 1750 tr/min., il a la lourde tâche de déplacer avec panache les 2400 kg du pickup et abat ainsi le 0-100 km/h en 8,8 secondes. Des performances juste suffisantes pour offrir des reprises et accélérations adaptées à un gros dénivelé comme celui de Corse ; le petit moteur étant à privilégier pour les régions moins vallonées. La boite enchaine avec fluidité les 10 rapports, mais on ne dispose pas de palettes derrière le volant et le frein-moteur est presque inexistant, sur-sollicitant ainsi les freins en descente. Notons toutefois que ces derniers sont endurants et offrent un bon mordant.
Côté consommation, le VW Amarok propose un réservoir de 80 L de carburant et de 19,3 litres d’AdBlue, de quoi espacer les passages à la pompe un maximum. Car ce gros 3.0 L V6 et sa boîte automatique à 10 rapports envoyant du couple aux 4 roues est bien gourmand : difficile de passer sous les 12 L/100 km en conduite coulée, et plus de 20 L/100 km dès que le dénivelé se présente.
… mais qui ne rechigne pas à partir à l’aventure
Du dénivelé, justement, L’Amarok n’en a point peur. Avec sa transmission intégrale et ses différents modes de répartitions réglables via une molette sur la console centrale, il est même un vrai baroudeur. 4A adapte seule la motricité entre les quatre roues, 4H limite le couple afin de passer des routes enneigées, 4L offre du couple élevé à vitesse réduite pour le franchissement et 2H privilégie la propulsion pour réduire la consommation et optimiser le comportement sur route sèche. D’autres assistances, comme le contrôle automatique d’allure en descente, sont également de la partie, et l’écran derrière le volant permet de disposer en direct à travers de jolies interfaces de toutes les données utiles au franchissement.
L’Amarok : taillé pour l’aventure
À cela s’ajoutent six modes de conduites, allant d’un anecdotique Éco à différentes modes en fonction du terrain rencontré (sable, boue, glace/neige…). Cet arsenal permet au pickup de rendre accessible ce monde obscur de la conduite hors des sentiers battus, mais aussi et surtout d’un outil efficace et fiable dans toutes les situations.
Utilisé par des professionnels du secours et de la maintenance par tous les temps, il est ainsi équipé en conséquence pour en rester un allié de choix. Le Volkswagen Amarok est ainsi capable de gravir des pentes plus importances qu’avant grâce à son nouvel angle d’attaque de 30°, se voit doté d’un angle de fuite de 26° et peut désormais passer des gués de 80 cm. Des données que nous avons pu vérifier au milieu d’un champ d’amandiers, et accompagné d’un indispensable guide, qui nous a permis de mettre le bestiau sur trois roues et de s’attaquer à des passages rocheux que je n’aurais jamais tenté seul. Toujours bluffant !
Nous avons également eu l’opportunité d’emmener Le VW Amarok dans le maquis Corse, au sein d’une zone où évoluent habituellement les pompiers afin de surveiller les départs d’incendie du nord de l’Île. Un chemin aride et exigeant entre mer et montagne, dépaysant et souhait et pourtant si familier pour notre pickup germanique. Avec sa garde au sol adaptée et ses suspensions idéalement calibrées (pas d’amortissement piloté), il survole sans sourciller les ornières et pierriers pendant que nous profitons de ce panorama unique. En cas de perte de motricité d’une roue, l’électronique prend le relais instantanément et l’on évolue ainsi sans sourciller avec les pneus d’origine.
Une facilité déconcertante, et une confiance certaine en une voiture parée à nous accompagner partout.
L’Amarok : un pickup polyvalent et complet… en sursis
L’Amarok est un modèle bien né et résolument polyvalent, issu d’un habile partenariat entre Ford et Volkswagen. Ce dernier a toutefois réussi à donner à sa copie du Ranger une identité stylistique propre et un côté plus cossu que les clients attendent en déboursant en moyenne 10 000 € de plus en choisissant L’Amarok. Affiché à partir de 53 700 € avec le petit moteur de 205 ch, notre V6 de 240 ch débute lui à partir de 65 000 € en milieu de gamme avec un équipement complet, et culmine à 66 850 € pour notre version Aventura sur-équipée.
Après la disparition du Mercedes Classe X, cousin chic du Renault Alaskan, le VW Amarok est ainsi le seul pickup à incarner une certaine idée du premium dans le monde de l’utilitaire. Un succès passé (2300 ventes en France en 2018) qu’il aurait pu rencontrer de nouveau si la législation ne lui mettait pas des bâtons dans les roues. 12, c’est le nombre d’Amarok vendu en France en 2022, 60 000, c’est le montant en Euros du malus 2024 auquel il s’apprête à faire face suite à la nouvelle réglementation récemment communiquée (pour 265 g d’émission de CO2 par km). Soit un Amarok à plus de 120 000 € après taxes. Délirant.
VW et Ford ayant décidé de rester sur une offre exclusivement diesel et de ne pas offrir dans le plan-produit d’hybride-rechargeable ou même d’électrique, L’Amarok risque ainsi de rester un modèle bien confidentiel dans L’Hexagone en dépit de toutes ses qualités.
Photos : Victor Desmet et Volkswagen France