Essais

MG4 : pré-série à vie ou succès en gestation ?

Moins de 30 000 €, plus de 400 km d’autonomie, 5 places et un équipement complet : sur le papier, la MG4 coche toutes les cases de la voiture électrique idéale. Qu’en est-il dans la vie de tous les jours ?

MG est de retour sur le Vieux Continent depuis maintenant quelques années, et continue l’expansion de sa gamme pour couvrir tous les besoins et cibler tous les clients. Après les SUV, dont le mignon mais pas vraiment abouti Marvel R, et avant l’arrivée du très prometteur roadster Cyberster, la MG4 apparait comme la MG pour « tout le monde ». Taille de berline compacte, autonomie suffisante pour tous les usages et surtout… tarif d’appel sous les 25 000 €. Que demander de plus ?

MG4 : qui es-tu ?

MG continue à partir un peu dans tous les sens sans donner une réelle identité stylistique à ses différentes productions. Que ça soit au niveau des noms ou du design, il n’y pas pas vraiment de lien entre les modèles de la gamme et MG4 ne déroge pas à la règle. Placé juste avant la MG5 (un break), elle inaugure pour autant une plastique inédite et un look… particulier. 

Un ensemble relativement massif, un avant agressif avec des LED proéminentes, des roues un brin trop petites et un arrière-train vertical et torturé surplombé d’un becquet en deux parties : c’est assez décousu, peu homogène et ça part un peu dans tous les sens. En étant même un peu tatillon, les alignements de carrosserie et assemblages de certaines parties extérieures laissent à désirer. 

C’est surtout une affaire de goût, mais j’avoue ne pas vraiment accrocher au look de la MG4. Notre version Luxury était équipée d’un bleu pétant original optionnel et du toit noir, donnant l’impression d’avoir un toit vitré à bord, que nenni…

Côté dimensions, grâce à sa longueur de 4,28 m, elle propose un empattement de 2,70 m qui offre une habitabilité arrière optimisée pour quatre personnes avec un espace aux jambes correcte et une bonne hauteur sous plafond. Côté coffre, il ne faudra compter que sur la malle arrière et 363 L de stockage. Un peu mince pour voyager en famille, faute de coffre avant, mais amplement suffisant au quotidien… Une fois rabattue, la banquette libérera alors de l’espace et augmentera le stockage à 1177 L.

À bord de MG4 : accueil low cost

Pénétrer à bord de MG4 est la meilleure illustration du slogan « en avoir pour son argent ». Si elle est si peu chère pour une voiture électrique, c’est aussi et surtout parce que les prestations sont en corrélation. L’ambiance très sombre est bien triste, et cela ne respire pas franchement la qualité et la durabilité. Les assemblages sont passables, avec des bords et arrêtes saillants, voire coupants, autour du sélecteur de vitesses par exemple.

Les contreforts de portes et bon nombre d’éléments à bord sont recouverts d’un plastique rigide de piètre facture et très sensibles aux rayures. Même le plastique moussé du dessus de la planche de bord ou les inserts noir brillants déjà constellés de micro-rayures ne font pas illusion : ça fait cheap et venu d’un autre temps.

Là où la qualité pêche, la présentation est moderne. La tendance générale des planches de bord est à la simplification, et MG a ainsi pris le parti d’une planche de bord horizontale dénuée de boutons et de raccourcis, orientée autour de deux écrans : un pour le conducteur, un pour la partie multimédia.

Multimédia de la MG4 : le monde de la beta

Déjà décriée pendant notre essai du Marvel R, l’expérience-utilisateur à bord de MG4 reste bien en-deçà de nos standards. Sans aller jusqu’à oser comparer avec le maitre étalon en la matière, Tesla, utiliser le système multimédia d’une MG4 est une tannée. Les écrans sont de belle facture en terme de résolution, mais leur traitement brillant les transforme en véritable miroir une fois le jour levé. Le processeur graphique semble complètement à la traine tant la navigation dans les menus entraine des latences et se bloque même à certains moments.

Les menus du système multimédia, eux, souffrent toujours de traductions françaises hasardeuses et d’interfaces fouillis où l’on met plusieurs secondes avant de trouver ce que l’on cherche. On en vient alors à utiliser Apple CarPlay et Android Auto pour la musique et le GPS, mais l’IHM nécessite toutefois de re-basculer fréquemment sur l’interface propriétaire pour pas mal de fonctions… On passe ainsi son temps à se battre avec cet écran plus qu’à en profiter à se concentrer sur la conduite.

Une ergonomie compliquée

Pire, cela est parfois dangereux et détourne notre attention. Faute de commandes physiques de climatisation, il faut passer par une touche de raccourci qui fait apparaitre un menu quelques secondes avant que ce dernier ne disparaisse sans raison. Pour y retourner, il faut aller sur le menu principal puis trouver un petite touche rikiki de clim’ qui lancera un menu plein de commandes difficiles à appréhender. Une tannée…

Les exemples de non-sens ergonomiques sont nombreux. MG a pris la décision de se passer de boutons afin de tout rassembler sur l’écran, mais cela est uniquement possible lorsque son système multimédia tient la route en terme de matériel et de logiciel… ce qui est loin d’être le cas. Avant même de mettre le contact, force est de constater que cette MG4 n’est pas vraiment aboutie, ou du moins pas aux standards européens.

Aides à la conduite : assistances en grève

Proposées parce que « ça fait bien » sur le catalogue d’équipements ou parce qu’il faut 5 étoiles au Crash Test, les aides à la conduite sont aujourd’hui devenues une quasi-norme. On leur fait désormais confiance… sauf ici. Du système de maintien dans la voie qui vous balance de part et d’autre de la route au régulateur adaptatif aux fraises qui freine sans raison et vous gratifie d’a-coups désagréables à la ré-accélération en passant par la lecture des panneaux dont les limitations affichées sont fantaisistes et sans aucune logique (ni même basées sur le GPS), les assistances à la conduite actives de la MG4 sont encore en beta.

Ces assistances (inutiles) étant le seul apanage de la finition haute « Luxury », force est de constater qu’il est inutile de débourser les 2000 € supplémentaires qu’elle demande par rapport à la finition moyenne « Comfort ». Tant mieux, ça fait baisser la facture !

MG4 : la deuxième voiture (électrique) idéale du foyer

La MG4 est proposée avec deux batteries différentes : une petite (LFP) avec 51 kWh de capacité brute, et une plus grosse (NMC) de 64 kWh. C’est cette dernière que nous avons essayée, et qui se veut être la plus adaptée à une utilisation polyvalente. Elle permet également de se recharger au quotidien en 11 kW sur les bornes, contre 6,6 kW pour la petite.

Niveau autonomie, la MG4 et sa grosse batterie offrent sur le papier entre 435 et 450 km avant de devoir faire le plein, et une consommation mixte annoncée de 16,6 kWh/100 km. Dans les faits, rouler autour des 16 kWh/100 km au quotidien n’a rien de difficile. Le mode Éco lui sied à merveille, même si j’avoue avoir manqué un peu de freinage régénératif. Ce dernier est réglable sur trois niveaux via un petit menu planqué dans le système multimédia, mais on s’habitue vite au cran le plus élevé tant il est encore un peu faible. D’un côté on ne peut ainsi pas vraiment rouler à une pédale efficacement, de l’autre cela permet une roue libre agréable en descente.

Un confort en retrait

Côté confort, au quotidien, la MG4 souffle le chaud et le froid (et je ne parle pas de la clim’, elle aussi un peu à la ramasse). Le chaud car les sièges offrent un maintien parfait et une assise moelleuse, le froid car l’amortissement est sec sur les raccords de goudron et les ralentisseurs. Le paradoxe ? Les imperfections de la route se font sentir dans les lombaires, mais la voiture pompe inutilement sur certaines bosses. De même, d’importants bruits de roulement se font entendre, avec une résonance très désagréable à bord. Un manque de rigueur d’amortissement et d’isolation qui n’en font pas une voiture vraiment zen à vivre, comme il est coutume de dire à bord d’une électrique.

De par sa taille de compacte, son rayon de braquage très réduit, sa consommation réduite au quotidien et son tarif sous les 29 000 € (bonus de 5000 € déduit), la MG4 se veut ainsi être la seconde voiture idéale du foyer, aux côtés de quelque chose de plus adapté aux longs trajets et plus cossu.

Un châssis bien affuté

Niveau performances, la MG4 64 kWh offre 204 ch/150 kW, un 0-100 km/h en 7,9 secondes et une vitesse limitée à 160 km/h. Dans les faits, les démarrages et reprises sont toniques et amplement suffisants pour s’insérer et doubler sans crainte. Le poids contenu pour une électrique (1685 kg à vide) lui offre une belle vivacité et un comportement tout à fait satisfaisant sur route.

Sans être une vraie sportive en l’état, à cause d’une monte pneumatique axée vers la consommation plus que vers le grip et d’une direction précise mais inconsistante et trop légère, la MG4 offre une surprenante agilité. Son châssis est sain, et n’hésite pas à avaler sans crainte les courbes à vitesse élevée grâce à un roulis maitrisé et un arrière qui enroule avec brio. Un comportement caractéristique d’une propulsion que l’on se plait à retrouver dans une voiture qui, de prime à bord, ne respire nullement le plaisir de conduire.

La bonne nouvelle dans tout ça ? Une version plus énervée est actuellement en phase finale de développement et devrait prochainement pointer le bout de son nez avec plus de puissance, un châssis affuté et des freins adaptés. On a hâte de voir ça !

Sur long-trajet : la MG4 plutôt à son aise, mais occasionnellement

Mises hors d’état de nuire les infernales aides à la conduite, la MG4 peut tout à faire s’aventurer sur voie-rapide et sur de longs trajets, tant que cela n’est pas votre quotidien. Nous l’avons ainsi emmené entre Paris et Nantes, par l’autoroute A11. Faute de planificateur d’itinéraire incluant les ravitaillements en électron, nous avons utilisé ChargeMap via Apple CarPlay, pour nous faire une idée du périple à venir.

Partant à 100 % de Paris et roulant à 130 km/h (compteur), nous nous sommes arrêtés sur l’aire de Parcé-sur-Sarthe, juste après Le Mans, afin de remplir la batterie arrivée à 11 %. Nous avons ainsi parcouru 212 km en 1h55, avec une consommation moyenne plutôt élevée de 25 kWh/100 km. Il faisait moins de 10 degrés, mais le vent était faible et nous n’étions pas très chargés.

Niveau recharge, le pré-conditionnement de la batterie s’active manuellement dans un sous-menu perdu du système multimédia. Il faut ainsi bien penser à l’activer (puis à le désactiver, toujours manuellement) afin de bénéficier de la puissance de charge maximale de 135 kW. Sur IONITY, nous avons d’ailleurs sans soucis réussi à garder les 140 kW entre 10 et 50 % de batterie, avant de descendre à 75 kW jusqu’à 70 %. Nous sommes ainsi passés de 11 % à 82 % (soit 45 kWh) en 26 minutes. Une puissance et une constance de charge très correctes pour une voiture de cette gamme, qui permettront de ne pas s’éterniser aux bornes sur autoroute.

Réduire sa vitesse est la clé

Sur la deuxième partie du trajet, entre Le Mans (82 %) et Nantes (29 %), soit 145 km et 1h21 comprenant des passages à 90/110 km/h, la consommation moyenne s’est réduite à 21 kWh/100 km. La MG4 et son CX pas folichon n’aiment pas la vitesse. Entre 80 % et 10 %, il sera ainsi difficile de parcourir plus de 210 km à 130 km/h, soit une pause de 25 minutes tous les 1h30/45… Même si cela est valable avec toutes les voitures électriques, on ne saura que vous conseiller de rouler à 110/120 km/h avec elle.

Niveau insonorisation et confort, les mêmes qualités et défauts qu’en ville de bruits de roulement et de sensibilité aux imperfections de la route se font sentir. À cela s’ajoute des bruits d’air importants au niveau des rétroviseurs, incitant ainsi à monter le volume du bon système-son intégré.

La MG4 n’est logiquement pas la voyageuse rêvée, mais elle se débrouille plutôt bien sur de longs trajets et grandes distances à condition de ne pas rechigner à prendre son temps pour s’arrêter recharger.

MG4 : une bonne base, qui mérite d’être peaufinée 

Vous l’aurez compris, la MG4 est une voiture polyvalente bon-marché qui a le bon goût de pouvoir se targuer d’être l’une des seules à chercher à démocratiser en quelque sorte la voiture électrique. La version à grosse batterie la plus sobre et la plus logiquement équipée est affichée à 33 990 €, hors bonus.

Pour 29 000 €, il est ainsi possible d’avoir une berline compacte spacieuse, capable de faire 400 km au quotidien et même de partir en voyage. Elle offre une puissance de charge et une autonomie équivalentes à une Mégane E-Tech 10 000 € plus chère, et un espace à bord bien plus important qu’une toute petite Fiat 500e bien plus chère elle aussi. Un étendard low-cost que Dacia aurait pu brandir, tant la MG4 s’assimile à l’électrique que la marque aurait pu faire.

Mais à rogner sur le prix, la MG4 est loin d’être exempt de tout défaut : l’intérieur peu qualitatif ne vieillira pas bien, les aides à la conduite et le système multimédia sont une tannée à utiliser, l’isolation acoustique est passable, le confort d’amortissement peu soigné et le CX moyen pénalise la consommation sur autoroute.

À l’usage, MG4 est souvent frustrante, voire agaçante. On a la sensation d’être un beta-testeur au volant d’une pré-série. On essuie les plâtres d’une mise au point qui apparaît comme bâclée et d’un développement qui semble avoir été précipité pour être vendue le plus vite possible au détriment d’une expérience-utilisateur digne de ce nom.

Même si le facteur prix et le comportement routier sympa de la voiture lui permettent de trouver un public certain, force est de constater que cette MG4 mérite définitivement d’être peaufinée pour être agréable au quotidien et répondre à nos standards. Le constructeur promet des mises à jour logicielles régulières, espérons que cela permette d’améliorer une voiture qui pourrait bien être un véritable succès…

Photos : Victor Desmet