Essais,  Road-Trip

Carnet de Routes : La Champagne en Mercedes EQA

À l’occasion de cette nouvelle balade, nous vous emmenons à la découverte de la Champagne. Et pour affronter le climat humide des environs de Reims et d’Épernay, nous avons choisi de prendre le volant du Mercedes EQA, l’une des nouveautés électriques du constructeur de Stuttgart.


Road-Trip | La Champagne, entre Reims et Épernay

  • Longueur : 85 km
  • Durée (avec arrêts) : 3 heures
  • Rythme : coude à la portière
  • Tracé : cliquer ici


Nommés EQ, les modèles « wattés » de Mercedes reprennent la logique d’appellation du reste de la gamme : EQA, EQB, EQC, (bientôt) EQE, EQS et même EQV. La famille électrique de Mercedes couvre aujourd’hui un paysage large, allant du petit SUV à l’utilitaire en passant par des berlines.

C’est en compagnie de l’EQA350 4Matic que nous avons choisi d’arpenter en toute quiétude les routes, villages et chemins du parc naturel de la Montagne de Reims. Mais avant de rejoindre les vallons de Champagne, il a fallu nous extirper de la jungle urbaine de la région parisienne…

Partis avec 90 % du sud des Yvelines, nous avons pu rallier sans encombre la borne Ionity de l’A4 à 191 km de là avec 23 % de batterie à l’arrivée, le tout en roulant à 130 km/h avec du chauffage activé, occasionnant une consommation moyenne de 25 kWh/100 km. Passés les quelques bouchons de l’A86, une formalité grâce aux aides à la conduite qui s’occupent de tout pour nous, l’EQA nous a fait profiter de ses qualités de grand-voyageur.

Calé à 130 km/h, l’insonorisation est remarquable : tant concernant les bruits d’air que les bruits de roulement, Mercedes a soigné sa copie et fait de l’EQA un compagnon agréable à emmener sur autoroute. Il bénéficie de tout ce que l’on peut avoir à ce jour en terme d’assistances actives et d’équipements de confort : conduite autonome, système Hi-Fi Burmeister, éclairage d’ambiance et interface multimédia MBUX surclassant toujours de loin la concurrence. 

Le Mercedes EQA est un voyageur bien-né

Le constructeur a jeté un pavé dans la marre il y a 3 ans avec son système multimédia maison qui propose selon moi la meilleure expérience du marché. L’interface est entièrement personnalisable, les fonctionnalités sont complètes et le confort d’utilisation est ce qui se fait de mieux. La voiture s’occupant d’enchaîner les kilomètres d’A4 entre Paris et Reims pour nous, on a alors le temps de farfouiller dans les menus pour se concocter un cockpit numérique à notre sauce en jouant avec les petits pads tactiles sur le volant. Manipulable soit via ces petites touches, soit via un grand pad entre les fauteuils ou par le biais de l’écran tactile, l’ergonomie de l’EQA via MBUX est une référence en la matière.

Le système multimédia a d’ailleurs été adapté pour la gamme EQ, puisqu’intégrant toute une partie utile aux véhicules électriques : répartition des flux d’énergie et des consommations, mais aussi recherche des bornes à proximité ou sur le trajet. Le système de navigation comprend un planificateur intelligent qui prévoit les arrêts recharge avec le temps nécessaire. Ces derniers sont liés au pass de charge MercedesMe livré avec la voiture, de façon à ne pas avoir de surprise au moment d’arriver sur une borne et d’être certain que l’on pourra s’y poser.

À l’approche de Reims, nous nous arrêtons volontairement sur l’aire comprenant une station Ionity, histoire de reprendre quelques kW pour notre balade. Sur le papier, le Mercedes EQA350 4 Matic, avec sa batterie de 66,5 kWh (utiles), propose une autonomie de 421 km. Dans les faits, comptez pouvoir parcourir environ 260 km sur autoroute à 130 km/h en partant avec la batterie pleine.

Une fois connecté à une borne de charge rapide, sa charge est plafonnée à 100 kW, de quoi passer ainsi de 10 à 80 % en environ 35 minutes. L’avantage de l’EQA étant sa capacité à charger relativement vite même au-delà de 80 %, à environ 36 kW : un plein complet sur une borne rapide se fait alors en 45 minutes environ. Mercedes étant membre du consortium de développement IONITY, le constructeur propose également des prix de charge réduits.

Mercedes EQA accepte les charges allant jusqu’à 100 kW sur les bornes IONITY

J’avoue que l’idée de devoir m’arrêter 30 minutes tous les 250 km d’autoroute ne m’enchante guère si cela était mon quotidien, mais ponctuellement cela fait partie de l’expérience de la voiture électrique aujourd’hui : prendre son temps et parfois faire preuve de résilience. EQA est à réserver aux voyageurs occasionnels, comme bon nombre de modèles électriques qui ne dépassent pas les 100 kW de puissance de charge.

Après une pause croissant et un café, on passe les dernières minutes de charge au chaud à s’amuser avec les dizaines de couleurs d’ambiance différentes et à profiter de la qualité générale du cocon. Les matériaux sont de très bon goût, les finitions sont irréprochables, et l’ensemble sent bon le premium. C’est moderne, technologique, soigné et ça n’a pas pris une ride, rien à redire. On retrouve la planche de bord de la Classe A et du GLA pour notre plus grand plaisir, tant en terme d’ergonomie que de présentation.

Les tours de la cathédrale de Reims et les vignobles se profilent. La brume persistante s’est installée, les vignes ont perdu leurs feuilles dorées et sont plus tristes qu’il y a quelques semaines, mais la région reste dépaysante.

Sortis de l’autoroute, notre premier stop se trouve être le bien connu Circuit de Reims-Gueux. Entretenus par une association d’irréductibles, les stands et tribunes de l’ancien circuit sont un incontournable pour de nombreux passionnés de passage dans la région. L’interminable ligne droite entre la zone industrielle de Thillois et le petit village de Gueux, porte d’entrée du vignoble rémois, est bordée de vestiges d’un haut-lieu du sport automobile français du début du XIXe siècle. Peintures, sponsors, gradins : on se sent transporté dans un univers de passion automobile. On peut encore remarquer le tracé originel avec des bornes placés au bord du parcours, mais seule une petite partie de la ligne droite des stands subsiste.

L’EQA contraste un peu avec cet endroit chargé d’histoire, plus adapté à de beaux V12 anglais qu’à des électrons dans un SUV, mais on y prend le temps de découvrir la plastique du petit dernier de la Firme à l’Étoile. Directement dérivé du GLA, il en reprend globalement les dimensions et le dessin. La forme se veut relativement conventionnelle, mais la calandre pleine, la signature lumineuse avec ce bandeau de LED devant comme derrière et les jantes basse-consommation sont inédites. Mercedes s’inspire ici de ses modèles phares et ne cherche pas à cliver avec un design différenciant : l’allure générale est rassurante et dans les canons de beauté de la marque. Avec ses jantes AMG Line et ce joli rouge Patagonie, l’EQA a en tout cas un petit look sympa.

Passés les petits villages de Gueux et Vrigny, nous voilà au cœur des vignobles. La D26 serpente au fil des vallons, les domaines viticoles et les grandes propriétés se confondent avec les vignes à perte de vue. Un itinéraire fléché « La route du Champagne » permet de ne pas se perdre, mais nous choisissons volontairement de sortir du bitume pour rejoindre l’un de ces petits chemins pittoresques entre les vignes. L’EQA350 a beau avoir quatre roues motrices, n’espérez pas l’emmener dans la boue avec sa monte d’origine en Bridgestone. On évolue en silence et sans encombre dans les chemins escarpés, mais on sent que la motricité vient à manquer et que la garde au sol est trop juste pour en attendre quoique ce soit de plus que crapahuter sur du gravier comme nous le faisons.

Armé de deux moteurs, un sur chaque essieu, il propose une puissance amplement suffisante de 215 kW / 292 ch et un couple de 520 Nm disponible sans délai. Il dispose d’un mode Sport, mais celui-ci n’influence anecdotiquement que sur la réponse de la pédale d’accélérateur et sur la consistance de la direction. Après quelques virages, on se rend vite compte qu’EQA est une force tranquille. Il offre des performances plus que correctes, mais on fait vite le tour de son pedigree dynamique.

Les relances sont tout à fait honorables, mais le réglage de suspension est plutôt typé confort et les pneus ne sont pas des plus efficaces sur les routes grasses de la Marne. Faute d’amortissement piloté, il prend un certain roulis et on sent les transferts de masse s’opérer. Avec 2100 kg, il ne fallait de toute façon pas s’attendre à une vivacité incroyable. Heureusement, la transmission intégrale veille au grain et lui garantit une bonne motricité peu importe les conditions.

La D26 se poursuit sur les contreforts de la Montagne de Reims et l’on passe de village en village à rythme cool. L’EQA intègre un intéressant mode de récupération d’énergie à la décélération que l’on ajuste via les palettes derrière le volant. Une fonction « Auto » permet même de se charger pour nous d’ajuster le frein moteur en fonction des informations renvoyées par le GPS et de lecture des panneaux. À l’approche d’un village, d’un rond-point ou d’un changement de limitation de vitesse, la voiture ralentira automatiquement afin de gagner de précieuses petites watts. Tout ce barda permet de ne rouler qu’à une pédale, grâce à une bonne gestion de la régénération d’énergie au lever de pied.

À l’approche de Verzenay, la route se met à tourner comme on aime. Les longues courbes se transforment en enchainements sinueux et vallonés. Avec le moulin au milieu des vignes et le phare de Verzy en ligne de mire, l’asphalte parfait et le paysage donnent tout leur intérêt à la route du Champagne. Compte tenu du nombre de villages que l’on traverse et du peu de parties réellement roulantes, cet itinéraire est à faire coude à la portière plus que le couteau entre les dents. On profite des panoramas et des jolies pierres plus que l’on s’éclate au volant, mais cela fait partie du plaisir d’arpenter notre pays.

En jouant le jeu, l’EQA passe sous la barre des 19 kWh/100 km, mais peine à descendre en dessous malgré nos tentatives de se restreindre un maximum. Des scores de consommation loin d’être les meilleurs du segment, mais le petit Mercedes souffre d’un CX pas folichon et d’un poids conséquent (plus de 2100 kg) qui le pénalisent ici.

Les vignes derrière nous, nous pénétrons dans la partie finale de notre balade, au cœur de la Montagne de Reims. N’espérez pas y retrouver un quelconque col ou des lacets, le terme de « montagne » étant surtout là pour faire remarquer un léger dénivelé et quelques forêts au milieu d’une plaine discontinue des Ardennes jusqu’en Bourgogne. Des portions plus qu’intéressantes se démarquent toutefois, à l’image de la D71 entre Ville-en-Selve et Germaine, puis la D271 jusqu’à Avenay-Val-d’Or. Des routes étroites et sinueuses en sous-bois sur lesquelles on reviendra Alpine pour enrouler chaque courbe.

Passés ces quelques kilomètres de joyeusetés champêtres, la plaine se profile de nouveau et Épernay se dresse devant nous. L’Avenue de Champagne est un passage obligé : toutes les grandes Maisons proposent de visiter leurs ateliers et de déguster (avec modération) le précieux breuvage du coin. L’EQA a ce petit côté baroudeur chic qui sied parfaitement à l’ambiance de cette avenue.

Avec 340 L de chargement pour la malle arrière et pas de coffre à l’avant, il ne faudra pas être trop gourmand sur le nombre de caisses de champagne que l’on souhaite rapporter (ou il faudra rabattre la banquette arrière pour obtenir 1320 L). Et même si son espace aux jambes et sa garde au toit sont tout à fait correctes pour 3 adultes à l’arrière, EQA n’est de toute façon pas à destination des grandes familles, EQB (avec ses 7 places) et EQC étant bien plus adaptés à cette mission.

Le jour se couche sur la Capitale du Champagne. Le clou du spectacle de notre petite balade champenoise ? La D201 entre Épernay et Champillon, un beau et large ruban d’asphalte qui serpente en montée en direction de Reims.

L’EQA est une force tranquille plus qu’un vrai sportif

Royal Champagne, notre logis pour la nuit, est un incontournable du coin. Classé parmi les plus beaux hôtels du monde l’année passée, il surplombe le vignoble et propose un cadre absolument merveilleux pour profiter et se reposer après une bonne journée de roulage. Leur table y est aussi délicieuse que leur spa est agréable. Notre EQA aura même le privilège de jouir de sa propre borne de recharge, pour repartir ensuite jusqu’à Paris sans encombre le lendemain. Grâce au chargeur 11 kW embarqué, le plein de la batterie peut ainsi être réalisé en moins de 6 heures sur les bornes 22 kW.

Après 200 km d’autoroute puis 85 km de roulage divers et variés, le petite SUV étoilé nous a démontré sa capacité à être polyvalent mais reste un poil gourmand avec une consommation moyenne de 23 kWh/100 km. Il propose un confort sans faille, une dotation complète et son écosystème de charge est rassurant. Mercedes fournit le pass, propose un GPS indiquant où se brancher et l’autonomie annoncée par le système de navigation est fiable. Une sensation de sérénité se dégage ainsi d’EQA et l’on peut voyager avec sans soucis, même si le réseau Ionity français est encore balbutiant. Il se mène à rythme coulé et incite à adopter cette zen attitude que l’on se plait à retrouver au volant des électriques.

À 66 000 € pour notre exemplaire quasi toutes options (uniquement disponible en AMG-Line), le constructeur fait payer relativement cher ses qualités et sa polyvalence, mais le recours à la version 350 4 Matic n’est à mon sens pas nécessaire, sauf si la transmission intégrale vous est primordiale. Le petit frère EQA 250 propose des performances plus raisonnables mais suffisantes, son autonomie est meilleure (+ 30 km), et il permet surtout d’abaisser le ticket d’entrée de près de 10 000 €. L’EQA reprend ainsi toutes les qualités et la polyvalence du GLA, la technologie embarquée éprouvée de Mercedes, et une partie électrifiée aboutie. De quoi affronter sans sourciller le petit Audi Q4 que nous avons essayé ici

Photos : Victor Desmet