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Essai : Volkswagen ID.3 : Une vraie révolution ?


Volkswagen ID.3 : Une nouvelle ère selon Volkswagen

« Une nouvelle ère ». La formule peut paraitre excessive, et volontiers pompeuse. Ce sont pourtant les termes choisis par la marque pour le lancement de sa nouvelle Volkswagen ID.3.

La Volkswagen ID.3

Premier modèle de la famille ID (pour « Design Intelligent »), l’ID.3 marque donc (selon Volkswagen) l’entrée dans une ère nouvelle, après l’ère de la Coccinelle puis de la Golf (vous comprenez mieux d’où vient le « 3 » d’ID.3).

Une nouvelle trajectoire pour Volkswagen

Entièrement électrique, résolument futuriste, basée sur une toute nouvelle plate-forme dédiée (la MEB : plate-forme modulaire électrique), la Volkswagen ID.3 est à n’en pas douter une auto importante pour la firme de Wolfsburg. Epinglée il y a quelques années dans la crise du dieselgate, Volkswagen cherche depuis à se racheter une conscience verte. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la marque consent de lourds investissements pour se faire. D’ici à 2023, Volkswagen aura ainsi investi près de neuf milliards d’euros dans la mobilité électrique, et plus de 20 modèles électriques sont en cours de planification.

Et l’objectif poursuivi par la firme Allemande est clair : la neutralité carbone en 2050 (dans le vocable maison on parle de « Volkswagen way to zero »). Pour y réussir, plusieurs paliers sont déjà fixés : arrêt des véhicules thermiques en 2040, et diminution de l’empreinte carbone de la marque de 30 % d’ici à 2025.

L’arrivée de la gamme ID est donc tout sauf un hasard, et l’ID.3 en sera le fer de lance. Autant dire qu’elle n’a pas vraiment droit à l’erreur. J’ai eu l’opportunité de passer toute une journée au volant. Mon essai de la Volkswagen ID.3 (version 1st Max), sans détour.

Volkswagen ID.3 : Une ligne sans équivalent

On reproche souvent à Volkswagen sa tendance à faire les choses sans grosse prise de risques. Longtemps chantre de l’évolution dans la douceur, la marque Allemande a pourtant décidé de faire les choses à contre-courant avec son ID.3.

Si ses dimensions sont semblables à celles d’une Golf (4.26 m de long, 1.81 m de large, et 1.55 m de haut), l’ID.3 diffère sensiblement de sa lointaine soeur par son style, complètement différent.

Avec son look de prototype roulant, la Volkswagen ID.3 se montre en effet beaucoup plus clivante que ses rivales. Dans les véhicules au mode de propulsion dit « alternatifs » (électriques, hybrides notamment), deux écoles s’affrontent. La première école préfère offrir à ces véhicules un style identique (ou à tout le moins similaire) aux véhicules thermiques classiques. C’est l’école des Peugeot e-208 et autres Mini Cooper SE Electrique. La deuxième école est radicalement différente, et considère que ces véhicules doivent avoir un aspect futuriste. Inutile de vous préciser quelle école Volkswagen a choisi pour son ID.3.

L’aspect « monovolume » de la Volkswagen ID.3 (porte-à-faux très courts, pare-brise plongeant…) me rappelle par bien des points un autre prototype (un vrai pour le coup !) que j’avais eu l’occasion de conduire il y a quelques années : la Renault Eolab (pour relire mon essai, c’est par ici). Et cette forme présente un avantage de taille : son aérodynamisme (le Cx est de 0.27, une valeur excellente).

Histoire d’asseoir visuellement l’auto, les roues sont imposantes : leur taille débute à 18 pouces, et va jusqu’à 20 pouces (à l’image de celles qui équipent ma version d’essai 1ST Max). Afin d’affiner la ligne, Volkswagen a opté pour une peinture bi-ton, avec un toit et un hayon contrastés. C’est une bonne idée, sauf pour un point : la lunette arrière noire se salira à vitesse grand V les jours de mauvaise météo.

Volkswagen ID.3 : Une voiture à vivre

La formule est connue : c’est un slogan historique de Renault. Mais pour le coup, je trouve qu’elle sied très bien à cette Volkswagen ID.3.

Avec son empattement sensiblement plus grand que celui d’une Golf 8 (2.77 m, contre 2,63 m pour la compacte), l’ID.3 offre en effet une belle habitabilité, avec beaucoup d’espace à l’avant, mais aussi à l’arrière (surtout que l’auto est dépourvue de tunnel de transmission). Note spéciale pour le vaste toit vitré panoramique (de série sur cette version 1st Max), qui contribue encore un peu plus à rendre l’habitacle de l’ID.3 lumineux et clair. Même bon point pour les rangements, et notamment ceux de la console centrale : double porte-bouteille, grand vide poche : la Volkswagen ID.3 avalera sans difficulté tous les objets du quotidien (et même plus !).

Avec 385 litres, le volume du coffre est équivalent à celui d’une Golf 8, même si le plancher m’a paru un peu trop haut.

Une planche de bord épurée

La planche de bord, résolument aérienne et épurée, contribue à l’impression de simplicité de cet habitacle. Difficile de ne pas voir une certaine similarité avec l’approche adoptée par Tesla pour sa Model 3.

Deux écrans composent l’habitacle : un premier écran dans le prolongement du champ de vision du conducteur, qui reprend les informations de conduite (vitesse, assistances à la conduite…), et un écran tactile central de 10 pouces. Volkswagen a pris le parti de supprimer presque tous les boutons classiques, au profit de commandes tactiles (il suffit de poser son doigt sur la commande en question pour interagir avec elle).

L’ergonomie, point fort habituel des autos du groupe Volkswagen, nécessite ici un temps d’accoutumance. Les commandes tactiles nécessitent par exemple de la dextérité (j’ai ainsi cassé les oreilles de mon confrère Nicolas de Road-Story à plusieurs reprises en essayant d’augmenter le volume de la radio). On se console avec un écran tactile central réactif à l’usage, et qui permet de personnaliser l’ID.3 jusqu’au plus petit détail. En revanche, toutes les fonctionnalités ne sont pas encore présentes, à l’image d’Apple CarPlay ou d’Android Auto, qui ne fonctionnaient pas encore sur notre ID.3 d’essai. Volkswagen annonce l’arrivée de ces fonctionnalités lors d’une mise à jour prochaine. Notons d’ailleurs qu’à l’image d’une Tesla l’ID.3 sera capable de recevoir certaines mises à jour à distance, sans passer par la case atelier.

Un bandeau à LED de la largeur de la planche de bord est disposé en partie supérieure de cette dernière. Il s’illumine en fonction des conditions de circulation, par exemple pour nous indiquer la route à suivre, en lien avec le GPS. Une idée… lumineuse.

La finition souffle quant à elle le chaud et le froid. Le chaud avec le bandeau gris clair qui surplombe la planche de bord, abondamment moussé, et par la qualité d’assemblage, sans reproche. En revanche, les autres plastiques sont désespérément durs, et tranchent assez nettement avec les matériaux utilisés dans une Golf équivalente. Dommage, surtout à ce tarif.

Plus de levier de vitesse : cette commande rotative implantée derrière le volant le remplace !

Sur la route : Un vrai bonheur !

Avant de se pencher sur mes impressions routières, un petit point technique s’impose.

La Volkswagen ID.3 est disponible avec trois batteries : 45 kWh, 58 kWh, et 77 kWh. Les autonomies maximales respectives sont de 330, 420 et 550 km (cycle WLTP). Comme toutes les versions 1st (le nom de l’édition de lancement), mon ID.3 d’essai est équipée de la batterie intermédiaire. Quelque soit la version, la puissance offerte par le moteur synchrone à aimant permanent (implanté dans l’essieu arrière) est identique : il délivre 150 kW (soit 204 ch), et 310 Nm.

J’ai vraiment été séduit par la conduite de cette Volkswagen ID.3. Malgré un poids conséquent (1.794 kg à vide), l’ID.3 offre une tenue de route digne des meilleures berlines compactes. Virant à plat, et disposant d’un excellent train avant, elle montre une réelle appétence pour les itinéraires sinueux. Autant de bienfaits d’un centre de gravité bas, grâce à l’implantation des batteries sous le plancher. Par ailleurs, et malgré ses grosses roues de 20 pouces, j’ai trouvé l’amortissement de l’ID.3 plutôt prévenant.

Autre point positif : le rayon de braquage est excellent, grâce aux roues arrières motrices. Rien à redire non plus au niveau des performances : la Volkswagen ID.3 est véloce. Le 0 à 60 km/h est avalé en seulement 3,5 s, un temps analogue à celui d’une Golf GTI (comptez par ailleurs 7,3 s pour le 0 à 100). En somme, tous les ingrédients pour prendre du plaisir au volant sont là. Notons quand même un léger bémol : l’attaque de la pédale de frein, qui manque de mordant de prime abord.

Le plein d’aides à la conduite

Comme l’époque l’exige, la Volkswagen ID.3 fait le plein d’aides à la conduite. Citons par exemple le régulateur de vitesse adaptatif et prédictif, capable d’adapter la vitesse en fonction des limitations de vitesse détectées et du parcours (rond-point, virages…). L’ID.3 peut par ailleurs se doter d’une fonction « Travel Assist » qui lui ouvre les portes de la conduite autonome. Cette fonction permet, par simple pression d’un bouton, de laisser la voiture prendre la main dans certaines conditions de circulation comme l’autoroute ou les embouteillages.

Et l’autonomie dans tout ça ?

Autant vous le dire tout de suite : je n’ai pas été tendre avec cette Volkswagen ID.3 au cours de mon essai, préférant me concentrer sur les qualités routières de l’auto plutôt que sur la recherche à tout prix de la meilleure autonomie. Les chiffres que j’ai pu constater sont donc éloignés d’une utilisation « en bon père de famille ».

Sur le trajet aller Paris-Maison Céronne (dans le Perche) de 163 km, je suis arrivé avec 85 km d’autonomie restante, sachant que l’ID.3 m’affichait une autonomie de départ de 342 km (chiffre qui dépend de la conduite du précédent conducteur). On arrive donc à environ 260 km d’autonomie sur un trajet varié (ville, voie rapide, et route), avec une conduite vraiment peu tendre.

Au milieu du trajet retour, et après avoir calmé le rythme, j’ai relevé une consommation de 23.0 kWh/100 km sur un total de 215 km. Au final, et avec une conduite plus raisonnable (mais pas lente), les 350 km d’autonomie semblent largement atteignables.

Un dernier point d’importance, surtout à l’heure où l’empreinte carbone des véhicules électriques est de plus en plus discutée. L’ID.3 se targue en effet d’être la première voiture avec un certificat de production neutre en carbone (elle est produite à l’usine de Zwickau, en Allemagne).

Recharge de la Volkswagen ID.3

Pour la recharge, le propriétaire aura l’embarras du choix : bornes publiques, en concessionnaire Volkswagen, et même dans le réseau Ionity (Volkswagen faisant partie de ce consortium de bornes rapides implanté dans toute l’Europe).

A la maison, il est possible de recharger l’ID.3 sur une prise domestique classique (et il faudra évidemment se montrer très patient dans ce cas). En option l’Elvi Charger permet de recharger jusqu’à 8 fois plus vite qu’une prise domestique. Avec une puissance de recharge de 11kW, l’ID.3 58kWh est ainsi rechargée en 6 heures à 80 %.

Gamme et tarifs de l’ID.3

La gamme Volkswagen ID.3 s’articule autour de l’édition de lancement « 1st », et des finitions « pérennes ».

L’édition de lancement 1st, elle même déclinée en plusieurs niveaux (1st, 1st Plus et 1st Max), ne peut plus être commandée (elle était limitée à 1.000 exemplaires, tous vendus ou déjà en concession). Les tarifs allaient de 39.990 Euros à 49.990 Euros pour la version 1st Max. Un tarif élevé qui se retrouve dans l’équipement, très riche : jantes 20 pouces, affichage tête haute à réalité augmentée, travel assist, toit vitré panoramique, système audio Beats, pompe à chaleur, et même sièges massants !

La gamme « pérenne » est composée de plusieurs niveaux de finition : Life, Business, Family, Tech et Tour. La gamme débute à 37 990 €, avec la batterie 58 kWh, et culmine à 48 990 € pour la version Tour, équipée de la grosse batterie 77 kWh (tarifs auxquels il faudra bien évidemment déduire le bonus écologique de 7.000 Euros). Notons que l’ID.3 45 kWh n’est pas encore proposée, et que cette version devrait permettre d’abaisser le tarif à un peu moins de 30.000 Euros.

A titre de comparaison, Peugeot e-208, moins puissante et offrant environ 100 km de moins d’autonomie, débute à 32.700 Euros. La Tesla Model 3 est plus dispendieuse, puisqu’elle débute à 49.600 Euros (version « Autonomie Standard Plus »).

Bilan : Une révolution de velours

J’ai réellement apprécie cette Volkswagen ID.3. Son style est différent de ce qui se fait dans le segment, son habitacle est agréable à vivre et spacieux, l’autonomie est intéressante, et l’auto se montre performante et agréable à conduire. Quelques points sont encore à parfaire, au premier rang desquels la qualité des matériaux utilisés pour l’habitacle, ou encore l’attaque de la pédale de frein. Si la révolution attendue n’est peut être pas là, Volkswagen propose avec cette ID.3 un véhicule électrique résolument différent des autres. Et c’est déjà pas mal.