Alpine Vision 2016 : nos informations et photos exclusives !
Digne héritière?
I : Un peu d’histoire…
Alpine est le fruit d’un homme : Jean Rédélé. C’est cet homme, aussi brillant en course que doué en affaires (il est alors le plus jeune concessionnaire Renault de France), qui fonde la marque en 1955. Si elle débute modestement, en commercialisant un modèle étroitement dérivé de la Renault 4CV (la A106), la marque va rapidement prendre son envol, en lançant la A110 en 1962.
A l’image de sa carrière sportive, celle qu’on surnomme Berlinette va progressivement monter en puissance, et sera déclinée en de multiples versions, avec des mécaniques d’origines Renault. La gamme sera coiffée par le saint graal du puriste : la mythique 1600 S, et son moteur de 125 ch DIN. De quoi propulser l’auto à 215 km/h, une valeur impressionnante pour l’époque.
C’est en 1973 que l’A110 connut l’apogée de sa carrière en compétition. Pilotée par le gratin des pilotes français du moment (Thérier, Nicolas, Andruet, Darniche, pour ce citer qu’eux), Alpine remporte alors le tout premier Championnat du Mondes des Marques (l’ancêtre de notre WRC), avec des victoires au Monte Carlo, au Tour de Corse, ou au rallye du Maroc.
C’est également en 1973 que Renault prend le contrôle de la marque, en devenant actionnaire majoritaire, sur fond de choc pétrolier, et de restrictions tous azimuts.
Trois modèles lui succéderont : la A310, la GTA, et enfin l’éphémère A610. Bien que très aboutie, cette dernière constitua malheureusement le chant du cygne de la marque. Après seulement quatre années de commercialisation marquées par des ventes très décevantes, Renault mit la marque en sommeil en 1995.
II : La renaissance
Il faudra attendre mai 2012 pour que le constructeur annonce la renaissance d’Alpine, à l’occasion du Grand Prix de Monaco, en présentant le concept-car A110-50. Une date symbolique, puisqu’on fêtait alors les 50 ans de la Berlinette A110.
Les choses se sont ensuite enchaînées, avec un retour en compétition en 2013 avec la team Signatech-Alpine et une participation remarquée aux 24 Heures du Mans, puis l’annonce d’un partenariat avec la marque anglaise Caterham, pour la production d’un nouveau modèle de route. Cette alliance ne fît pas long feu, puisque les partenaires se séparèrent après seulement quelques mois de cohabitation, en juin 2014. Déjouant bien des attentes, Renault décide alors de continuer seul l’aventure, en présentant en grande pompe le concept-car Celebration lors des 24 Heures du Mans 2015, (nous avions alors pu échanger avec Bernard Olivier, le PDG d’Alpine).
Le concept-car Alpine Celebration, tel que nous l’avons découvert aux 24 Heures du Mans 2015
Même si l’auto présentée à la course mancelle n’était qu’une base de travail, la filiation avec la A110 était déjà évidente : on retrouve ainsi les gimmicks classiques de la Berlinette : les doubles optiques profilées, l’arrête qui part du bouclier et qui se prolonge sur le capot avant, les flancs creusés, ou encore la lunette arrière panoramique.
Près de 8 mois après le concept Celebration, Alpine nous a donné rendez-vous à Monaco ce 16 février, afin de dévoiler sa vision de la Berlinette du XXIème siècle. Pour fêter sa renaissance, la marque avait pour l’occasion invité près de 90 propriétaires d’A110. En plus de nous régaler les pupilles avec leurs superbes autos, ces derniers nous avaient également réservé une très belle surprise : une montée à leurs côtés du mythique Col du Turini!
III : Une filiation revendiquée
Commençons par le début de cette belle journée. A peine débarqués sur le Port de Monaco, nous avons été accueillis par un spectacle unique : 90 Berlinettes alignées les unes à côté des autres, tout plus belles les unes que les autres. L’occasion de redécouvrir pourquoi elle reste, plus de 50 ans après ses premiers tours de roues, l’une des autos françaises les plus mythiques. Sa ligne, d’une fluidité folle, évoque immédiatement la sportivité, et la légèreté. Autant de valeurs qui font aujourd’hui partie de l’ADN de la marque.
Plus populaire que jamais, la Berlinette s’arrache aujourd’hui sur le marché des autos de collection, à tel point que sa cote a bondit ces dernières années : il n’est pas rare de voir un modèle dépasser les 100.000 €!
Evidemment, la démarche est loin d’être anodine pour Alpine : c’est bien la Berlinette que la marque compte faire renaitre! Passons justement à sa présentation.
IV : L’Alpine Vision : une nouvelle page de l’histoire de la marque
Commençons déjà par lever un doute : même s’il s’agit théoriquement d’un show-car, l’Alpine Vision n’en demeure pas moins très proche de la future Alpine de série (« à 80% » nous a-t-on martelé tout au long de la journée). Il ne s’agit donc pas d’un énième exercice de style, mais bel et bien d’une auto qui a vocation à être commercialisée à court terme (2017 pour être précis), en Europe dans un premiers temps, puis dans le reste du monde dans un second temps, Renault comptant bien en faire un modèle de conquête. Elle sera distribuée en France dans une poignée de concessionnaires Renault, triés sur le volet.
Pour le reste, il s’agit d’un coupé 2 places à moteur central arrière, destiné à concurrencer les sportives premium, et qui sera fabriqué sur les chaînes de production de Dieppe, l’usine historique de la marque (qui produit actuellement la Clio R.S).
Impossible pour l’instant de connaître avec précision la motorisation qui sera installée derrière les occupants de l’auto. On sait simplement qu’il s’agira d’un inédit 4 cylindres turbo, capable d’abattre le 0 à 100 km/h en moins de 4,5 secondes. Un chiffre qui permettrait à l’auto de se frotter à de très sérieuses rivales, et notamment à la redoutable Alfa Roméo 4C (notre essai de la diva italienne)… Si la boîte de vitesse retenue n’a pas non plus été annoncée, on sait en revanche qu’elle sera également spécifique. A noter à ce sujet que la Vision exposée était munie de palettes au volant, ce qui laisse évidemment penser qu’elle sera équipée d’une boite séquentielle, à la manière d’une Clio 4 R.S.
Le nouveau directeur général de la marque, Michael van der Sande, qui est notamment passé chez Aston Martin ou Tesla Motors, nous a par ailleurs confié que l’auto bénéficiera d’un châssis « dédié » « léger », » développé avec l’aide des techniciens et ingénieurs de Renault Sport ». Il a par ailleurs confirmé que l’auto sera parfaitement exploitable au quotidien.
Esthétiquement parlant, et comme pour le concept Celebration, la filiation avec la A110 est évidente : silhouette basse, gabarit compact, capot bombé accueillant deux paires de phares ronds.
Outre sa signature lumineuse ronde, le bloc optique principal présente un original clignotant en forme de X.
Comme sur la Berlinette, l’auto présente des flancs creusés, qui évoquent la légèreté. Les ailes avant reçoivent le A fléché, symbole historique de la marque.
Autre gimmick de la Berlinette : le resserré formé par les ailes arrière, qui suggère la compacité de l’auto, et la lunette arrière bombée. Cette dernière laisse entrevoir l’emplacement du moteur de la bête, dissimulé derrière une grille.
La forme des feux arrière, qui présente une signature lumineuse en « X », évoque également le modèle historique de la marque. Contrairement à la mode actuelle, l’auto fait le choix d’une sortie d’échappement unique, plus légère, et tout aussi efficace à notre avis. La partie basse du bouclier arrière est agrémenté d’un diffuseur, qu’on imagine aussi agréable à l’oeil qu’utile aérodynamiquement.
Des entrées d’air sont dissimulées dans la poupe, afin de favoriser le refroidissement du moteur. Les montants arrières héritent également d’un petit médaillon aux couleurs du drapeau français.
Les jantes diamantées, rehaussées par des étriers de frein peints en bleu Alpine, sont une réussite esthétique incontestable.
Contrairement à nos attentes, la marque n’a pas hésité à dévoiler de façon assez large l’habitacle de la Vision, même si nous n’avons pas encore pu nous installer derrière son volant. L’occasion de découvrir un habitacle résolument sportif, mais aussi délibérément moderne, et cossu.
Avec cet intérieur, aucun doute n’est permis : on est loin du caractère spartiate d’une Berlinette, à la finition dépouillée et approximative. La marque affiche clairement ses intentions de venir chatouiller les coupés sportifs allemands, et soigne donc les détails. S’il est encore trop tôt pour juger si cet objectif sera atteint, on doit quand même vous avouer qu’on a été très, très agréablement surpris.
Mariant parties décorées et éléments « bruts », cet habitacle évoque indéniablement la sportivité, mais ne se prive pas pour autant d’offrir tout le confort et l’équipement qu’on attend d’une voiture moderne. Faisant appel à l’aluminium, au carbone, aux micro-fibres ou au cuir (« juste ce qu’il faut » pour ce dernier, nous précise Michael van der Sande), il se dote également d’éléments high-tech, avec notamment un combiné d’instrumentation composé d’un écran TFT personnalisable, disposé sous une visière en carbone. Une tablette tactile trône au milieu du tableau de bord, et cohabite avec un joli chronomètre. Un bouton Sport est par ailleurs disposé sur le volant à 3 branches.
Les photos officielles de l’Alpine Vision :
Il faudra maintenant attendre la fin de l’année pour découvrir la version définitive, qui sera à n’en pas douter la star du Mondial de Paris! Quant à mon expérience inoubliable en A110 dans le Col du Turini, elle fera l’objet d’un autre article, qui arrivera tout prochainement! #StayTuned…
