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Essai Alfa Romeo 4C, sensationnelle !


Une marque pas comme les autres…

Alfa Romeo a toujours occupé une place spéciale dans le cœur des amateurs d’automobiles. Souvent vénérée, parfois énervante, la marque au Biscione a su se constituer un solide public de passionnés, qu’on dénomme affectueusement « Alfistes ». La légende du constructeur s’est forgée autour de nombreux modèles mythiques, qui se distinguaient souvent par une plastique irréprochable. L’Alfa 33 Stradale fait partie de cette légendaire lignée. Version civile de l’Alfa Tipo 33 qui s’illustra en Sport-Prototypes, la Stradale, qui n’a été produite qu’à 18 exemplaires, est encore considérée aujourd’hui comme l’une des plus belles voitures jamais construites. Le constructeur milanais s’en est largement inspiré pour dessiner sa dernière-née : la 4C. Un modèle attendu de pied ferme, depuis sa présentation au salon de Genève, en 2011.

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La 4C en compagnie d’une 33 Stradale. L’inspiration est évidente, et Alfa ne s’en cache pas 

Nous sommes partis à la rencontre de la diva italienne pour un roadtrip dans la région champenoise, suivi d’une session sur le circuit de la Ferté-Gaucher (77). Verdict!

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Présentation

Si l’esthétisme est par définition un domaine où la subjectivité est reine, je pense que personne ne me contredira au sujet de la 4C, quand j’affirme qu’elle est sublime. Quel que soit l’angle adopté, la 4C flatte l’œil. On tient là sans aucun doute l’une des plus belles voitures de la production automobile actuelle, et ce n’est pas un hasard si elle a remporté le prix de plus belle voiture de l’année en 2013.

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Les 2 arêtes du capot se prolongent pour former la traditionnelle calandre Alfa Roméo, en V. L’ensemble, conjugué aux 2 prises d’air latérales, forme le fameux trèfle frontal, singularité des modèles du constructeur 

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Effet garanti pour cette 4C, qui provoque autant d’émoi qu’une « vraie » supercar! 

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Le seul élément de la 4C qui porte à discussion. Nous, on adhère, surtout avec la finition carbone (facturée 1.200€)!

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Le profil, très musclé, reçoit des prises d’air latérales aussi esthétiques qu’utiles

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Difficile de ne pas voir une Ferrari 360 Modena dans cette partie arrière, avec ce petit aileron intégré au coffre

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 Notre modèle d’essai était équipé des superbes jantes à 5 trous optionnelles, de type « téléphone ». La monte pneumatique est différenciée, puisque le train avant reçoit des roues 18 pouces, quand le train arrière hérite d’une monte 19 pouces  

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 La silhouette de notre 4C était encore magnifiée par une superbe teinte à triple couche Rouge Competizione

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L’intérieur de l’Alfa Romeo 4C, volontairement minimaliste, fait la part belle à la sportivité. Inutile d’y rechercher des plastiques moussés, perte de poids oblige. On note tout au plus la présence d’aluminium, çà et là. Toujours dans cette démarche de chasse aux kilos, les poignées de porte sont remplacées par des lanières en cuir. Comme toute sportive qui se respecte, les commandes sont tournées vers le conducteur.

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Inutile de le préciser, les rangements sont aux abonnés absents. On dénote tout au plus une petite pochette entre les sièges, idéale pour y ranger son téléphone portable, ainsi que 2 portes-gobelets. Le plaisir est ailleurs…

Le carbone règne en maître dans l’habitacle, puisqu’il compose la structure apparente de la voiture. Effet garanti, puisqu’on a véritablement l’impression de pénétrer dans une voiture de course! Prendre place à bord d’une 4C exigera d’ailleurs une certaine souplesse, pontons latéraux assez larges obligent.

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Les sièges offrent un excellent maintien latéral

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L’instrumentation numérique fait référence au monde de la course automobile.

Caractéristiques techniques

L’Alfa Romeo 4C, stricte 2 places, offre des dimensions compactes : 3,99m de long, 1,87m de large, pour à peine 1,18m de haut. En dehors de sa compacité, c’est surtout son poids qui interpelle : 895 kg à vide! A croire que les ingénieurs du Biscione ont suivi à la lettre les préceptes de Colin Chapman ! De quoi faire du Porsche Cayman un éléphanteau, ce dernier accusant 1.310 kg sur la balance…

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La 4C fait appel à une structure complexe, formée de plusieurs matériaux, et qui ne répond qu’à un seul leitmotiv : la légèreté. Elle se compose d’une monocoque en fibre de carbone, qui ne pèse à elle seule que 65 kg! Ce matériau n’est pas choisi par hasard, puisqu’il garantit le meilleur rapport poids/rigidité.

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Produite par Adler Plastic, la monocoque carbone mêle techniques de productions artisanales et technologie dernier cri, dérivée de la Formule 1

Outre le carbone, la structure de cette Alfa Romeo 4C fait également largement appel à l’aluminium.

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La structure de la 4C fait appel à l’aluminium, qui compose les crash-box avant et arrière, ainsi que l’arceau de sécurité. 

La carrosserie, en composite, fait appel au procédé SMC (Sheet Moulding Compound). Par rapport à une tôle d’acier traditionnelle, ce matériau permet une réduction de poids de 20%! Il est même plus léger que l’aluminium! Un effort particulier a par ailleurs été porté sur le vitrage de la 4C, puisque ses fenêtres sont en moyenne 10% plus minces que celle d’une auto traditionnelle.

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En plus d’être légère, l’Alfa Roméo 4C se montre très efficace aérodynamiquement parlant, puisque son coefficient de pénétration dans l’air (Cx) s’établit à 0,34 

En plus de recourir à des matériaux dignes de ceux d’une supercar, la 4C s’offre une production au diapason, puisque cette dernière est assurée par Maserati, dans son usine de Modène! On est d’ailleurs plus proche de l’artisanat que de la production de masse, fait d’ailleurs corroboré par les faibles volumes de production, puisque seulement 3.500 exemplaires sont prévus par an. A ce sujet un client français devra désormais attendre 1 an et demi avant de prendre possession de sa 4C…

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La 4C est assemblée dans les ateliers Maserati, à Modène 

Comme les plus grandes supercars, le moteur de la 4C est placé en position centrale, afin d’optimiser la répartition des masses, qui s’effectue comme suit : 40% sur l’avant, 60% sur l’arrière. La puissance est transmise aux roues arrière.

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La 4C est animée par un 1750 cm3, qui anime déjà la Giulietta Quadrifoglio Verde. Développant 240ch et 350Nm de couple (valeur constante entre 2.100 et 4.000 tr/min), ce moteur se dote des derniers raffinements technologiques : injection directe d’essence à 200 bars, technologie Scavenging qui réduit le temps de réponse du turbo et maximise le couple à bas régime, ou pompe After-Run, qui protège le turbo en continuant à le lubrifier une fois le moteur coupé. Conjugué au faible poids de l’auto, on obtient un rapport poids puissance de 3,72kg/ch!

Le système d’admission et d’échappement est par ailleurs retravaillé pour conférer une sonorité plus sportive à l’auto.

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Le bloc en aluminium est modifié par rapport à celui de la Giulietta QV, afin de diminuer son poids de 22 kg

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Côté transmission l’Alfa Romeo 4C se dote d’une boîte automatique à double embrayage à sec, de type TCT. Cette dernière a été optimisée par rapport aux autres modèles de la gamme, avec un nouveau logiciel de gestion des changements de vitesse, afin de les accélérer.  Elle est par ailleurs équipée d’une fonction Launch Control, qui permet des départs éclairs.

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Un mode séquentiel est disponible, lequel permet, via les palettes situées derrière le volant, de changer de vitesse

Sur la route/piste

On débute notre essai de la 4C par un run dans la région champenoise, entre autoroute, départementales tortueuses et traversées de villages.

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 La 4C n’est pas faite que pour les lignes droites, c’est même tout le contraire! 

Les premiers mètres à bord de notre diva italienne sont les plus déroutants, et pour cause : elle est dépourvue de direction assistée! Ce choix s’explique par la volonté du constructeur de baisser au maximum le poids de l’auto. Il faudra donc composer avec une lourdeur patente lors des manœuvres de stationnement, qui s’oublie toutefois très vite en prenant de la vitesse.

On débute par un petit parcours urbain, qui permet d’apprécier la souplesse du moteur, lequel ne rechigne pas à encaisser les faibles régimes. La direction se fait déjà oublier, et l’amortissement, bien que très ferme, se révèle largement supportable. On peste en revanche contre la très faible garde au sol, qui impose de franchir le moindre gendarme couché ou ralentisseur au ralenti, sous peine de racler le museau de notre 4C.

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La très faible garde au sol de la voiture impose d’infinies précautions sur les dos-d’âne

La version « de base », avec roues 17 et 18 pouces, se montre logiquement plus confortable, tout en offrant un comportement encore très incisif.

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La version « Standard Edition », avec « petites » roues, se montre logiquement plus confortable que la version dotée des jantes téléphone 

Une fois sorti de la jungle urbaine, on se lâche sur l’accélérateur, et on comprend alors très vite que cette 4C n’a pas que l’apparence d’une supercar… En l’espace d’un instant, on se retrouve littéralement plaqué contre le baquet, tandis que la sonorité de la voiture se fait très présente, avec un fort sifflement, digne d’une voiture de course. Il faut dire qu’elle abat le 0 à 100km/h en 4,5 secondes, et qu’elle atteint la vitesse maxi de 258km/h. Des chiffres stupéfiants pour une auto d’une cylindrée inférieure à 2,0 Litres…

Un coup d’œil dans le rétroviseur intérieur nous permet de voir le moteur bouger dans son compartiment, alors que la voiture nous gratifie au moindre lever de pied de pschitt évocateurs, en provenance directe de la waste-gate du turbo, ainsi que de suggestives détonations à l’échappement. La poussée, vraiment violente, ne s’interrompt qu’à 6.500tr/min, régime auquel le rupteur intervient. Malgré les efforts des ingénieurs, on dénote malgré tout un petit temps de latence du turbo, qui augmente l’effet « coup de pied au cul », ce qui, avouons-le, n’est pas pour nous déplaire…

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 Cette Alfa Romeo 4C se montre véritablement féroce en phase d’accélération. Étonnant de la part d’une auto qui ne développe « que » 240ch, quand une « banale » Mégane R.S en développe 25ch de plus… 

Sur route dégradée, on s’aperçoit très vite que la 4C n’est fait pas partie de ces autos qu’on conduit tranquillement, le coude à la portière. Son train avant suit en effet copieusement la moindre irrégularité de la chaussée, et l’auto demande des corrections incessantes au volant, sous peine de finir dans le décor. Ce point, qui pourrait être assimilé à un défaut, rend au contraire l’auto encore plus vivante, puisque son conducteur a l’agréable sensation d’être le seul maître à bord. Il ne faut simplement jamais relâcher son intention, et garder ses 2 mains fermement arrimées sur le volant.

Cette fermeté permet une tenue de route de haute volée, puisqu’il est proprement impossible à prendre la voiture en défaut sur route ouverte, sauf à passer directement par la case prison. La voiture se montre d’une efficacité hallucinante, et annihile toute notion de roulis ou de sous-virage. On dénote tout au plus une petite imprécision de la direction autour du point milieu, qui complique un peu l’inscription en virage, la direction manquant alors un peu de ressenti. Il n’y a qu’en remettant les gaz un peu trop violemment en sortie de virage que le train arrière amorce une légère dérive, très rapidement corrigée par la fée électronique.

La boîte de vitesse TCT à double embrayage, sans attendre l’excellence d’une DSG, se montre de très bonne facture, en répondant bien aux sollicitations du conducteur, tout en offrant des passagers de rapport rapides, voir féroces en mode Dynamic.

Sur autoroute la 4C avoue ses limites. Calé à 130km/h sur le 6ème rapport, la voiture manque de raffinement, puisque le bruit du moteur se montre assez présent, sans devenir toutefois insupportable. Ce n’est de toute façon pas la vocation de cette auto, qui ne s’exprime pleinement que sur circuit. Il est justement temps de prendre la direction de la piste de la Ferté-Gaucher, pour une séance très musclée…

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 C’est sur piste que la 4C révèle toute l’étendue de son talent

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Avant de prendre la piste, on prend soin de basculer le sélecteur de modes de conduite DNA en mode Dynamic, qui modifie plusieurs réglages de la voiture, afin de permettre une utilisation sportive : la cartographie moteur est revue afin qu’il délivre sa puissance plus rapidement, les vitesses de passage de rapports sont réduites de 25%, et l’ESC n’intervient que passé un certain angle de dérive. En laissant le sélecteur sur le mode Dynamic pendant 5 secondes, on sélectionne le mode Race, qui désactive l’antipatinage et coupe presque totalement l’ESC, qui ne prendra le relai qu’en tout dernier recours, pour assurer la stabilité en cas de freinage brutal. Pour notre essai nous nous en tiendrons au mode Dynamic, qui offre déjà d’excellentes sensations, tout en permettant déjà de « s’amuser » avec le train arrière de l’auto.

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Le sélecteur DNA. Il offre plusieurs modes de conduite : Dynamique, Natural, All Weather, ainsi qu’un mode Race

On retrouve très vite sur la piste les qualités qui se sont déjà manifestées lors de notre essai routier : prise de roulis très faible, sous-virage contenu, et un équilibre digne d’une voiture de course à effet de sol. Malgré les sollicitations sans cesse croissantes de notre instructeur, installé dans le baquet passager, nous n’avons jamais pu mettre la voiture dans une situation scabreuse. Les instructions de ce dernier ont permis au contraire d’exploiter pleinement le potentiel de l’auto, en « chargeant » le train avant avec un petit coup de frein, avant de l’inscrire en courbe. La voiture se « cale » alors naturellement sur ses roues avant, pour ne plus y démordre, pour finir par s’extraire du virage, avec un grip dantesque.

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La 4C se montre d’une efficacité ahurissante sur piste

Malgré des vitesses de passage en courbe très élevées (elle peut atteindre une accélération latérale supérieure à 1,1g!) , la voiture se montre d’un équilibre résolument neutre, puisque même poussée dans ses derniers retranchements elle ne concède qu’une très légère dérive des 4 roues, qui se corrige d’ailleurs très facilement. Du grand art!

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Le freinage, assuré par des disques perforés auto-ventilés conjugués à des étriers Brembo, se montre à la hauteur du châssis, en offrant des forces de décélération de l’ordre de 1.2 g. Les freins, en plus de présenter une attaque ferme à la pédale, sans course morte, se sont montrés très endurants, puisque nous n’avons pas ressenti de perte d’efficacité ou de fading, malgré une utilisation intensive.

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Points positifs :

+ Voiture magnifique

+ Exclusivité : 3.500 exemplaires par an, produite par Maserati

+ Performances de haute volée

+ Comportement routier très efficace

+ Tout d’une supercar… Pour le prix d’une « bonne » sportive

Points négatifs :

– Manque de polyvalence : confort ferme, niveau sonore sur autoroute élevé, petit coffre

– Corrections incessantes au volant sur route dégradées

Verdict : tout d’une supercar… Sauf le prix!

Il y a des voitures qui marquent une vie. L’Alfa Romeo 4C en fait partie. On commence par l’admirer, avec sa plastique à tomber par terre. Puis on en prend le volant. Et le charme ne se rompt pas, bien au contraire, tant elle se montre gratifiante à mener, avec ses performances ébouriffantes, sa sonorité suggestive, et sa tenue de route exceptionnelle. Mais la plus belle surprise reste finalement son prix, puisqu’elle est affichée à 51.900€. Même dotée de nombreuses options qui rapprochent la note des 60.000€, on tient là le meilleur rapport prix/performances/exclusivité du marché. Pourquoi dépenser plus ? La question est posée!

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