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Essai : BMW 320d restylée (2022) : Morte et enterrée, la berline ?


BMW Série 3 restylée : Une institution à l’essai

La BMW Série 3 est plus qu’une berline Premium parmi d’autres : c’est une institution. A bien des égards, elle incarne l’archétype de la berline familiale. Eprouvée, la recette n’a pas vraiment évoluée depuis plus de quarante-cinq ans : une carrosserie quatre portes (un break Touring a par la suite complété l’offre), des roues arrières motrices (épaulée par la transmission xDrive), et une large gamme de motorisations. Lancée en 2019, la septième génération de Série 3 s’offre un restylage de mi-carrière, avec son lot de retouches esthétiques, et l’introduction du fameux BMW Curved Display à l’intérieur. Pour découvrir cette BMW Série 3 restylée, j’ai choisi la version « coeur de gamme », l’égérie des gros rouleurs : la BMW 320d.

Une évolution en douceur à l’extérieur

La force tranquille. Un slogan politique qui va comme un gant à cette 320d restylée. Discrètes, les retouches apportées se révèlent malgré tout efficaces, à l’instar des nouveaux boucliers, qui dynamisent la berline BMW (et qui profitent aussi à son aérodynamisme : Cx de 0,25). Pour le reste, ses dimensions sont inchangées (4,71 m de long).

Les optiques avant s’affinent (technologie Full LED est de série), et ils intègrent la nouvelle signature lumineuse maison, en L inversé, déjà vue sur le nouveau X1. Sur les modèles équipés des phares LED adaptatifs, on note les jolis accents bleus à l’intérieur des optiques. 

A l’arrière, les optiques s’affinent également, au contraire du diamètre des sorties d’échappement, revu à la hausse. Notez enfin que le Shadow Line (l’entourage des vitres) passe au noir brillant de série. Au final, et à défaut d’exubérance, cette BMW Série 3 restylée reste l’une des berlines familiales les plus agréables à regarder. Son classicisme à de quoi rassurer les « BMWmistes » les plus conservateurs, qui ont pu être bousculés par certaines des dernières productions de la marque, à l’image de l’atypique (mais pétri de qualités) iX.

Un habitacle qui entre dans une nouvelle ère 

L’évolution majeure de ce restylage est à retrouver dans l’habitacle. Exit la traditionnelle casquette d’instrumentation, supplantée par le fameux BMW Curved Display. Ce double écran incurvé (12,3 pouces pour l’instrumentation, 14,9 pouces pour l’écran central) propulse la berline BMW dans la (grande) modernité, avec une interface léchée, et des graphismes idoines.

Il intègre le nouveau système d’exploitation BMW (OS 8.0 pour les intimes), avec une expérience qui se rapproche de celle d’un smartphone, et matérialisée par des widgets.

Désormais uniquement disponible en boite automatique, la Série 3 restylée délaisse le levier de vitesse de la BVA (façon joystick) au profit d’un petit sélecteur, libérant ainsi la console centrale.

Cela étant dit, la finition reste toujours aussi flatteuse, avec des matériaux moussés à tous les étages (ou presque), et des assemblages qui inspirent tout le sérieux qu’on attend d’une berline Allemande. De la belle ouvrage.

En bonne berline familiale, cette BMW Série 3 est capable d’accueillir sans difficulté quatre adultes. En revanche, le passager du milieu à l’arrière sera moins à l’aise, avec l’imposant tunnel de transmission. Un petit écueil logique s’agissant d’une propulsion.

La fiche technique de la BMW 320d

Une espèce en voie de disparition. C’est ce que notre BMW 320d d’essai embarque sous son capot : un diesel. Plus précisément, il s’agit d’un 4 cylindres 2.0 L turbo-diesel de 190 ch (400 Nm de couple), épaulé par une hybridation légère / 48 V. Cette dernière développe l’équivalent de 11 ch, et la transmission est assurée par une boite automatique à 8 rapports. Les performances laissent songeur pour un « banal » quatre cylindres turbo-diesel de « seulement » 190 ch, avec un 0 à 100 km/h expédié en 6,9 secs, et 235 km/h en vitesse de pointe. Des chiffres dignes d’une compacte sportive d’il y a quelques années…

Au volant de la BMW 320d

Cette 320d offre une position de conduite typique des berlines BMW : on est assis bas, les jambes « semi-allongées ».

Autre bonne nouvelle : le 2.0 L turbo-diesel est très civilisé : quasiment inaudible la plupart du temps, il reste bien élevé en charge, émettant alors (et tout au plus) un léger bourdonnement. Comme d’accoutumée chez BMW, la boîte automatique (une ZF8) offre un excellent agrément, avec des passages de rapports ouatés (imperceptibles, pour le dire autrement). A défaut d’offrir le feulement de son homologue six cylindres, le quatre cylindres de la BMW 320d offre une rondeur remarquable, et toute la réactivité qu’on attend d’une berline de ce rang. Les reprises sont efficaces, mêmes aux allures autoroutières. Qu’on s’entende bien tout de même : la poussée est confortable, mais linéaire : ce 2.0 L n’offre pas une appétence particulière à monter dans les tours.

Des consommations record

Efficace, la micro-hybridation coupe le moteur avant que la voiture ne soit totalement immobilisée, et permet au Stop and Start d’intervenir dans la plus grande discrétion. Tout cela sert évidemment la consommation. L’expertise BMW est flagrante dans ce domaine : les consommations impressionnent. Sur autoroute, la 320d tombe aisément sous les 5,5 L / 100 km, sans faire le moindre effort. A vrai dire, je doute que vous trouviez plus sobre, en tout cas si vous faites beaucoup de route.

Un confort et un toucher de route de premier plan

Les sources de satisfaction ne s’arrêtent pas là. Les suspensions de cette 320d (en finition « de base ») offrent un moelleux auquel BMW ne nous avait pas forcément habitué. Comme quoi, une BMW en version non M Sport, ça change beaucoup de choses ! Le toucher de route est fidèle aux habitudes maison, avec un cerceau bien dosé (et réactif comme il faut), et un châssis qu’on sent capable d’encaisser bien plus que 190 ch. Sur autoroute cette BMW 320d est dans son élément. L’insonorisation est excellente, la tenue de cap imperturbable, et elle se laisse conduire sans efforts. Avec de pareilles dispositions je me verrais très bien traverser l’Europe à son bord, surtout avec l’option contenance additionnelle du réservoir, qui permet de tutoyer les 1.000 km d’autonomie. Une vraie voyageuse au long cours cette BMW 320d !

Gamme et tarifs de la BMW Série 3 restylée

La gamme Série 3 restylée offre un large spectre de motorisations, des timides 316d et 318i aux redoutables M340i/M340d xDrive, qui s’échelonnent de 122 à 374 ch (la M3 est évidemment mise à part). Les tarifs font logiquement le grand écart : ils débutent à 42.600 Euros (318i), et culminent à 71.700 Euros (M340i xDrive Touring). Quatre finitions sont disponibles : Série 3, Business Design, M Sport, et M Performance (réservée aux motorisations de pointe de la gamme).

Ça devient rare de nos jours, le diesel a encore une belle part dans la gamme Série 3, avec pas moins de cinq motorisations proposées : 316d, 318d, la 320d de notre modèle d’essai (également disponible avec la transmission xDrive), 330d xDrive, et la M340d xDrive. Comptez 49.900 Euros pour une 320d propulsion. Malheureusement, il faut encore piocher dans le catalogue des options pour disposer de certains équipements qu’on attend pourtant d’une auto de ce rang, à l’image de l’accès sans clé, du régulateur adaptatif, des sièges chauffants, ou du chargeur par induction.

Deux motorisations hybrides rechargeables (320e et 330e) de 204 et 292 ch complètent l’offre. Elles sont capables de parcourir jusqu’à 65 km en mode électrique.

Conclusion : La reine des berlines pour gros rouleurs

Cette BMW 320d restylée prouve (si besoin était) à quel point la formule « grande berline + motorisation diesel » reste encore aujourd’hui la meilleure pour une voyageuse au long cours. Très bien éduqué, son 2.0 L turbo-diesel offre des consommations ultra-maitrisées, et un champ d’action qui tutoie les 1.000 km avec l’option capacité du réservoir étendue. En bonne BMW, son agrément de conduite global est au diapason, avec une mention spéciale à son amortissement sur cette version « non M Sport ». Enfin, l’intégration du BMW Curved Display offre à la BMW Série 3 un vrai « jeunisme » à l’intérieur : la Madeleine de Proust des gros rouleurs a encore de beaux jours devant elle !


BMW Série 3 restylée 320d

9

9.0/10

On aime

  • La ligne, élégante et toujours aussi réussie
  • La qualité de fabrication, irréprochable
  • L'implantation du BMW Curved Display donne un bon coup de jeune à l'habitacle
  • La motorisation de cette version 320d, bien élevée, performante et particulièrement sobre
  • L'amortissement (excellent), le toucher de route, l'insonorisation

On aime moins

  • Un moteur très efficace, mais peu démonstratif
  • La nouvelle interface demande un temps d'adaptation
  • Quelques pingreries d'équipement