Essai : Alfa Romeo Tonale 1.5 Hybrid 160 VGT : Un vent de renouveau pour le Biscione ?
Alfa Romeo Tonale : Un renouveau tant attendu…
J’ai toujours eu un faible pour les Alfa Romeo. Il faut dire que les productions de la marque ont souvent marqué l’imaginaire collectif, qu’il s’agisse de la Giulia originelle (la première berline sportive), des fameux roadsters Spider « Duetto » (qui incarnaient à la perfection la dolce vita), ou plus récemment des 147 et 156 GTA, animées par le mythique V6 Busso. Malheureusement, la marque traverse depuis plusieurs années une période de creux, avec une gamme réduite au duo Giulia/Stelvio. Un duo pétri de qualités, mais qui peine à convaincre une clientèle acquise aux productions Allemandes. Il me tardait donc de pouvoir me mettre derrière le volant du nouveau SUV compact de la marque : le Tonale. A-t-il les moyens de convaincre la clientèle sur son segment ultra concurrentiel ? Réponse avec mon essai de l’Alfa Romeo Tonale 1.5 Hybrid 160.
Alfa Romeo Tonale : Le plus beau SUV compact ?
Je le sais : le critère esthétique est éminemment subjectif, et je n’ai pas la prétention d’avoir de meilleurs goûts que les vôtres. Mais je pense que vous ne me contredirez pas : ce nouveau Alfa Romeo Tonale a une sacrée gueule.
Subtile mélange d’agressivité et de courbes sensuelles, et reprenant son nom d’un col des Alpes Italiennes, le Tonale coche toutes les cases pour devenir le plus beau SUV compact (pas si compact que ça d’ailleurs quand on découvre ses dimensions : 4,53 m de long, 1,84 m de large, et 1,60 m de haut).
J’ai craqué pour ma part sur le regard froncé du SUV Italien, avec ses phares acérées (à technologie Full LED Matrix sur cette version Ti), et le capot qui retombe sur ces derniers. La filiation avec les anciennes productions de la marque est évidente : la calandre flottante associée aux prises d’air inférieures latérales composent le fameux « Tribolo », sans oublier les jantes Competizione 20 pouces de mon modèle d’essai (une option à 1.800 Euros sur cette finition Ti), qui déclinent le design « Teledial » (cadran de téléphone si vous préférez), si cher à la marque Italienne depuis la 33 Stradale.
Afin de « casser » un peu les codes SUV de son dernier-né, Alfa Romeo a eu le bon goût de peindre certains éléments en noir brillant (arches de roues, bas de portières, parties inférieures des boucliers) : le côté baroudeur y perd ce que le dynamisme y gagne. Quant à l’arrière, il est caractérisé par la rondeur de sa lunette arrière, et par la finesse de ses optiques, à la signature lumineuse sinusoïdale très travaillée. Enfin, comment ne pas mentionner ce superbe coloris « Vert Montréal », qui capte la lumière comme peu d’autres ?
Un intérieur inspiré, moderne mais qui manque un peu de gaité
La planche de bord de l’Alfa Romeo Tonale fait une bonne impression au global : dessin inspiré, et bonne réalisation d’ensemble, avec un plastique moussé en partie supérieure, et un bandeau en simili-cuir avec surpiqûre en partie centrale. Par ailleurs, la marque Italienne a eu le bon goût de limiter l’usage aux éléments « laqué piano », ce qui n’est clairement pas pour me déplaire.
Tout n’est pas parfait toutefois : certains plastiques ne laissent pas un souvenir impérissable (mention spéciale aux plastiques de bas de portières, et au matériau qui habille les parties latérales de la console centrale). Surtout, l’ambiance apparaît relativement austère, avec une planche de bord et des selleries aux harmonies exclusivement noires. Un peu de couleur n’aurait pas été superflu.
Une technologie bien dans son temps pour le Tonale
Même si l’instrumentation a cédé à la tendance du full digital avec un écran de 12,3 pouces, Alfa propose un bon compromis, en conservant la fameuse double casquette « Cannocchiale ». 3 modes d’affichage sont disponibles, dont un mode « Heritage », qui singe les compteurs des Alfa de la grande époque. Un clin d’oeil réussi.
Implanté en position paysage, l’écran de 10,25 pouces du système d’infotainment est à portée d’oeil et de main. Il se montre réactif et plutôt fluide à l’usage, et son interface est moderne (un système de widgets est disponible). Il intègre par ailleurs l’assistant vocal Amazon Alexa, et peut recevoir des mises à jour « over the air ».
Vous l’aurez compris, la technologie embarquée de ce Tonale est parfaitement dans son temps. Pensé pour fonctionner avec votre smarphone (les connectivités Apple CarPlay et Android Auto sans fil sont évidemment de la partie), il intègre par ailleurs un chargeur à induction très judicieusement placé, et des prises USB-A et -C à portée de main… Notez par ailleurs qu’Alfa a conservé des boutons physiques pour la ventilation, ce qui est un plus indéniable pour l’ergonomie.
L’Alfa Romeo Tonale côté pratique
Sans exceller dans ce domaine, le Tonale offre un espace correct aux places arrières (sauf à la place centrale, mais c’est un défaut qu’on retrouve chez l’immense majorité de ses concurrents), les passagers arrières profitant par ailleurs de buses d’aération, et de prises de recharge USB.
Quant au coffre, il est plutôt généreux, avec 500 litres, et un plancher modulable. Pas mal, surtout pour un modèle qui soigne autant son style.
La première Alfa Romeo électrifiée
Ce nouveau Tonale marque une petite révolution pour Alfa Romeo : il s’agit du premier véhicule électrifié de la marque. En effet, son 4 cylindres 1.5 L turbo-essence est associé à une singulière hybridation légère 48V. Intégré dans la transmission à double embrayage, son moteur électrique développe 15 kW (et jusqu’à 135 Nm de couple), et il est alimenté par une batterie lithium-ion de 0,8 kWh. Mais contrairement aux modèles concurrents utilisant une hybridation légère, ce système est capable d’animer seul l’auto, uniquement en manoeuvres ou à basse vitesse (ou en tout cas lorsque le besoin de puissance est faible).
Toujours sur le plan technique, ce Tonale Hybrid 160 dispose d’un turbo à géométrie variable (d’où l’appellation VGT -pour « variable geometry turbo »-), qui lui permet d’offrir son couple maximum de 240 Nm sur une plage plus large. Enfin, et Alfa oblige, le SUV compact dispose du sélecteur de modes de conduite dna, qui permet de choisir entre 3 modes différents.
Une plate-forme largement revue, et plutôt efficace
Et dans les faits, ça donne quoi ? Ma crainte initiale liée à la parenté du Tonale avec le Jeep Compass (un modèle très efficace en off-road, mais à l’agilité franchement passable) a rapidement été balayée. La plate-forme a été largement revue, et cela se ressent immédiatement. Très réactive (mais n’offrant pas un grand feeling), la direction est associée à un châssis assez équilibré, avec une auto qui se cramponne efficacement à sa trajectoire, sans trahir un roulis excessif. L’arrière accepte même de (gentiment) enrouler au lever de pied. Pour autant, le comportement routier n’est pas sportif, au contraire de son amortissement, typé ferme en toutes circonstances. Bon point en revanche pour l’insonorisation, qui isole bien de l’extérieur, et notamment sur autoroute.
Une hybridation légère maligne, mais…
Comme je l’évoquais plus haut, le petit moteur électrique du système mild hybrid est capable d’animer le Tonale. C’est malin, d’autant plus les évolutions en électrique sont plus nombreuses qu’attendu. On se surprend ainsi à rouler « sur » l’électrique pendant sur quelques dizaines de mètres à basse vitesse, et même un peu plus, si tenté qu’on se contente de « chatouiller » la pédale d’accélérateur. Plutôt bluffant pour ce qui reste une micro-hybridation, et non un système full-hybrid. Les bonnes nouvelles s’arrêtent là. Les transitions entre les modes (thermique – électrique) ne sont pas aussi transparentes qu’elles devraient l’être : il n’est pas rare de ressentir des à-coups, notamment à basse vitesse. Un point fâcheux, surtout pour une auto équipée d’une transmission à double embrayage, censée justement « gommer » ce type de désagrément. Et ce n’est pas le seul souci lié à cette transmission.
Une transmission qui manque de réactivité, et un moteur efficace, mais sans grand relief
Pas aussi « lisse » qu’attendu, et manquant de réactivité, la boite est parfois caricaturale dans ses actions, tardant par exemple à enclencher le rapport supérieur lorsqu’on adopte une conduite dynamique (en mode d notamment), laissent alors le moteur s’égosiller inutilement. Pour le dire autrement, le comportement moteur/boite se rapproche parfois d’une boite CVT, la douceur en moins. Côté mécanique, le 1.5 offre des performances correctes (0 à 100 km/h en 8,8 secondes, 210 km/h en vitesse de pointe), et des reprises de bon aloi. Le turbo à géométrie variable permet d’offrir une poussée constante sur une bonne plage (de 1.500 à 3.000 tr/min en l’occurence), sans sensations d’essoufflement. Mais ça ne fait pas tout : la sonorité est quelconque, et globalement ce moteur souffre d’un manque patent de caractère.
Une recherche de l’efficience plutôt probante
Pensé pour l’efficience (fonctionnement en cycle Miller, roue libre régulière lorsque l’accélérateur est complètement relâché…), ce bloc est annoncé avec une consommation mixte de 5,9 L / 100 km (cycle WLTP). Dans les faits, il est effectivement possible de descendre sous les 6 L sur route, avec un pied droit civilisé, et de tourner aux alentours des 6,5 L / 7 L en mixte (comptez en revanche 7,5 L sur autoroute).
Des aides à la conduite bien gérées
Bien dans son temps du point de vue des technologies embarquées, le Tonale l’est aussi du point de vue des aides à la conduite. Le centrage dans la voie est bien géré, et le régulateur adaptatif (de série sur Ti) est efficace. Par ailleurs, Alfa Romeo a trouvé la solution pour ceux qui sont allergiques au système lane-assist : il est possible de rapidement déconnecter cette aide (lire : sans repasser par l’écran central), via 2 pressions sur l’extrémité du commodo de droite. Malin.
Notez enfin qu’un « pack conduite semi-autonome » est disponible en option. Comme son nom l’indique, il intègre un système de conduite autonome de niveau 2 plus perfectionné, mais aussi la caméra 360 ou la détection des angles morts. Mon modèle d’essai n’en était malheureusement pas doté.
Gamme et tarifs de l’Alfa Romeo Tonale
Les tarifs du Tonale débutent à 36.400 Euros (à titre de comparaison, le Stelvio réclame au minimum 51.500 Euros). Trois motorisations sont pour l’heure disponibles : deux essence avec hybridation de 130 et 160 ch, et un 1.6 turbodiesel de 130. Dans tous les cas, la très intéressante garantie 5 ans/200.000 km est de série.
La version Hybrid 160 est disponible en trois finitions : Edizione Speciale, Ti et Véloce. La version Ti offre les phares Full LED Matrix, le chargeur à induction, la caméra de recul, le régulateur de vitesse intelligent, la Véloce ayant quant à elle l’apanage de la sellerie cuir, des suspensions actives DSV, ou encore des freins Brembo (ces derniers sont disponibles en option à 650 Euros).
Alfa Romeo propose des packs d’équipements qui permettent d’enrichir la dotation. Sur la finition Ti trois packs sont disponibles : Pack Premium (dont notre version d’essai était équipée), avec système Audio 14 HP, sellerie cuir, sièges avant ventilés, réglages électriques des sièges ; Pack Conduite Autonome (lire plus haut) ; Pack Hiver, avec sièges avant et volant chauffants, buses de lave-glace chauffantes.
Une prometteuse version PHEV de 275 ch à venir…
Notez enfin que la gamme Tonale devrait s’enrichir prochainement, avec l’arrivée d’une version hybride rechargeable à transmission intégrale e-Q4. Elle associera un turbo essence 1.3 MultiAir animant les roues avant à un moteur électrique assurant la propulsion des roues arrières, et développera 275 ch au total. Selon Alfa Roméo, sa batterie 15,5 kWh lui offrira environ 60 km d’autonomie en mode électrique en cycle mixte. Les performances s’annoncent très intéressantes, avec un 0 à 100 km/h en seulement 6,2 secondes.
Conclusion : Une attente que partiellement récompensée
C’est un fait : j’attendais beaucoup de ce nouveau Tonale Hybrid 160. Malheureusement, mes attentes n’auront été que partiellement satisfaites. Si le Tonale est incontestablement réussi du point de vue esthétique, que son intérieur se montre agréable à vivre, que sa technologie est dans le coup et qu’au global les modifications apportées à son châssis sont probantes, il pèche sur de trop nombreux points. Ces derniers tournent surtout autour de l’agrément moteur/boite, avec de fâcheux à-coups à basse vitesse, un manque patent de réactivité, et au global une absence de caractère (un comble pour une Alfa). J’attends désormais avec impatience l’arrivée de la version PHEV de 275 ch, qui j’espère relèvera le niveau sur ces points. Alfa Romeo le mérite.