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De Paris en Luxembourg en Hyundai IONIQ 5 : voyager en électrique est devenu un plaisir

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Voyager en voiture électrique ne relève plus de l’expédition chaotique et anxiogène d’il y a plusieurs années. N’écoutez pas votre oncle qui n’entend que ça à la radio ou votre ami parisien expert de la carte Navigo pour qui sortir du Boulevard Périphérique est une épreuve… Les voitures, dont notre IONIQ 5, ont fait des progrès énormes, et le réseau de charge s’est adapté. La réalité ? On peut parcourir de longues distances sans une goutte d’essence et sans avoir la boule au ventre.

La Clé ? Choisir une voiture adaptée. Notre monture ? L’impressionnante, à bien des égards, Hyundai IONIQ 5 avec sa plus grosse batterie possible de 72,6 kWh et la transmission intégrale. Notre trajet ? De Paris au Luxembourg par l’autoroute. C’est parti !

Road-Trip | De Paris à Remich (Luxembourg)

  • Longueur : 382 km
  • Durée (avec arrêts recharge) : 4h20
  • Rythme : autoroute / tranquille
  • Tracé

Premier contact

Partant des Yvelines, nous faisons connaissance avec cette étude stylistique capable de rassembler de nombreux superlatifs. En photo, IONIQ 5 est une berline compacte, en vrai c’est un beau bébé aussi gros qu’un Peugeot 3008 avec un empattement d’Audi A8. Avec sa plastique de concept-car, dont elle provient directement comme nous l’expliquait Mathias dans son essai l’année dernière, elle dénote complètement dans le paysage.

Un look tiré d’un film de science-fiction !

Dessinée par le papa des Lamborghini Murcielago et Gallardo, IONIQ 5 n’en est pas moins sculpturale et impressionnante. On l’imagine volontiers dans « Blade Runner » ou le « Cinquième Élément » tant elle est avant-gardiste, voire futuriste. Des lignes pures, pas de fioritures et des éléments de style impressionnants, à l’image de sa signature lumineuse sortant d’un jeu vidéo ou de sa robe mate qui lui sied à merveille. Ce design en apparence simple mais à l’ingénierie incroyablement abouti illustre toute la complexité de ce modèle. Quelle claque de se dire qu’il s’agit d’une voiture commercialisée !

On ne peut pas plaire à tout le monde avec un tel physique, on en vient même à cliver. IONIQ a ses fans, mais aussi ses détracteurs. Elle a en tout cas toute sa place dans l’histoire du design tant elle incarne quelque chose de nouveau et casses les codes. Allez, en route pour le Luxembourg. 

Voyage en 1e classe

On prend place à bord d’un univers lumineux et accueillant, mais on y reviendra… Pour l’heure, j’avoue pester contre le système de navigation intégré à la voiture qui n’intègre aucune donnée propre à la conduite d’une voiture électrique : après la saisie de la destination, on ne sait pas si l’on doit s’arrêter pour recharger sur le trajet et combien de temps, on ne connait pas le pourcentage d’autonomie restant à l’arrivée… Le GPS est celui d’une voiture « normale » : il localise les bornes environnantes, mais c’est tout. Dommage, et peu rassurant pour le commun des mortels qui viendrait à arriver dans ce nouveau monde merveilleux de la voiture wattée.

Ce manque d’intégration entre le logiciel et la voiture, c’est ce qui manque réellement à la IONIQ : on doit alors passer par Apple CarPlay et utiliser ChargeMap, dont le planificateur d’itinéraire permet de se faire une idée du trajet qui nous attend et des pauses à venir. Ça sauve les meubles, mais l’intégration est perfectible. Hyundai dit travailler sur une mise à jour du système multimédia afin de combler cette lacune, et proposer aux clients de IONIQ un vrai planificateur d’itinéraire dédié et prenant en compte les recharges. À voir ce que cela donnera…

Nous partons ainsi des Yvelines avec 80 % de batterie en direction de notre première halte, sur l’Aire de Vrigny, au sud de Reims. Le but est d’utiliser la voiture « normalement » : À deux avec des bagages, rouler aux limites de vitesses en vigueur, avec de la clim’ et du chauffage et nos smartphones connectés.

De Paris à Reims : l’expérience IONIQ

En ce samedi matin de pont du mois de mai, les abords de Paris sont vides et on rejoint vite l’autoroute A4. On profite alors du rythme coulé pour découvrir ce cocon qui invite au voyage.

Cinq vraies places, un plancher plat à l’avant et à l’arrière, une banquette arrière fractionnable, rabattable et coulissante électriquement ainsi qu’un coffre logeable (527 L) : IONIQ 5 peut sans soucis accueillir une famille et devenir ainsi la voiture unique du foyer. D’importants espace de rangement sont à disposition, et la console centrale coulissante apporte une modularité digne d’un monospace.

« Zen, soyons zen »

À l’avant, on découvre une planche de bord résolument moderne pensée autour de deux grands écrans, dont le central est tactile, et les commandes de clim’ physiques juste en-dessous. C’est moderne, ergonomique et bien conçu ! L’ambiance claire ainsi que les immenses surfaces vitrées, jusqu’au superbe toit transparent, donnent à cet habitacle ce sentiment d’être ouvert sur l’extérieur. L’antithèse complète des meurtrières et de l’engoncement à bord d’une Mégane E-Tech par exemple.

À bord : zen, calme et volupté. L’expérience IONIQ, c’est un cocon ouvert sur l’extérieur, une insonorisation remarquable aux bruits d’air et aux bruits de roulement, et un confort de haute-volée. Les fauteuils sont douillets, et permettent même de s’allonger pour que notre copilote fasse une sieste, ou même nous pendant que la voiture charge. On navigue ainsi à bord d’un univers reposant et apaisant sans que les kilomètres ne se ressentent.

Petit clin d’œil à l’écologie, la Hyundai utilise des matériaux recyclés dans plusieurs de ses éléments : le tissu intérieur de chaque IONIQ 5 est composé de bouteilles recyclées, de canne à sucre et de maïs, le cuir est traité à l’huile de lin et les portes et le tableau de bord sont peints avec une peinture écologique à l’huile végétale. Rigolo, et responsable.

La région parisienne et les plaines de la Marne derrière nous, les vignes de Champagne se profilent à l’horizon. Après 1h40 de route, nous avons ainsi parcouru 173 km et arrivons à notre première halte avec 26 % de batterie, soit 55 % utilisées. Avec le maillage actuel, ce stop vers L’Est via l’A4 apparait comme indispensable : la prochaine borne Ionity étant à Verdun, trop lointaine. On s’arrête, on badge, et c’est parti !

De Reims à Metz : voyage en IONIQ Express

30 minutes après être arrivés, nous repartons avec 90 % de batterie. Ce temps aurait pu être quasiment divisé par deux si Ionity n’avait pas décidé de brider la puissance de ses bornes à 150 kW au moment de notre essai. Après vérification sur les voitures voisines chargeant (Audi E-Tron Sportback et Mercedes EQS), personne ne dépassait ces 150 kW sans savoir réellement pourquoi. Dommage.

Cette limitation étant d’autant plus regrettable que notre IONIQ 5 et son architecture 800V permettent d’encaisser la puissance maximum théorique des bornes Ionity en France : 275 kW. De quoi recharger de 10 % à 80 % en 18 minutes et écourter ainsi un maximum les pauses recharge. Un très bon point, que trop peu de modèles proposent dans le paysage automobile électrique à ce jour. Le temps de recharge, c’est la clé pour démocratiser l’électrique. Qui a envie de rester 45 minutes sur une aire tous les 250 km ?

IONIQ 5, la reine des longs trajets

Nous voici ainsi repartis pour un trajet de 190 km 100 % autoroutier, à 130 km/h GPS (soit 132 compteur). Dotée de la conduite autonome de niveau 2, la voiture se cale sur les limitations de vitesse, reste au milieu de sa voie et fait sa petite vie tranquille sur le long bandeau d’asphalte vers L’Est. On ne fait plus grande chose d’autre que jouer avec les écrans à disposition : on découvre alors qu’on peut se reposer (mais pas trop) avec des sons de la nature ou profiter du très bon système BOSE.

La jauge de répartition de la puissance permet de surveiller la gestion des flux d’énergie. Dans les montées autour de Verdun, la consommation s’envole. Dans les descentes de Lorraine on recharge les batteries : tout est une question d’équilibre… Et à ce petit jeu-là, IONIQ 5 est une excellente élève. À 130 km/h, on ne consomme ainsi que 25,5 kWh / 100 km. Descendez à 120 km/h et elle ne demandera plus que 22,3 kWh / 100 km.

Sobriété et efficience

Une efficience remarquable malgré un gabarit de pachyderme (plus de 2 tonnes). Une prouesse rendue possible grâce à un design abouti (CX soigné, poignées rétractables) et une bonne optimisation de la batterie. Hyundai maitrise l’exercice : le Kona Electric est l’un des cadors du segment depuis de nombreuses années. Une expertise qui sert aujourd’hui la très bonne autonomie de notre IONIQ sur autoroute.

Dans la plaine de la Moselle, nous quittons l’A4 et remontons au nord vers Luxembourg via l’A31. Nous arrivons à la borne Ionity au nord de Metz avec 25 % de batterie après 190 km à 130 km/h, soit 65 % de batterie utilisée. Des propriétaires nous ont témoigné que l’on pouvait sans soucis parcourir 285 km à 130 km/h en partant à 100 % de batterie. Ça se tient.

De Metz à Luxembourg : l’heure du bilan

En ce samedi matin, cette station Ionity sur le parking d’un hypermarché est chargée, très chargée. Un Norvégien en IONIQ 5 noire, Un Hollandais en Hyundai Kona, un Allemand en Audi Q4 E-Tron Sportback… Bref, il faut attendre 10 minutes avant d’avoir une place. 6 bornes sur un axe majeur descendant du nord de l’Europe à un emplacement stratégique, c’est trop peu ! Espérons que les opérateurs et l’État travaillent à développer les réseaux pour assumer l’afflux de touristes, et la croissance des ventes de véhicules électriques.

On se gare, on badge, la charge se lance et… plafonne autour de 170 kW. Le même scénario se reproduit : tout le monde râle un peu, ça devrait aller deux fois plus vite. On recharge les batteries jusqu’à 80 % puis on reprend la route en direction de notre destination finale, Remich, sur les rives de la Moselle. Une charmante petite ville nichée au cœur des vignobles.

La force tranquille

La frontière passée, les derniers kilomètres se font sur le beau bitume lisse des routes luxembourgeoises. On passe en mode Sport, et le pachyderme de plus de 2 tonnes propose une vigueur assez bluffante. Les 306 ch se ressentent bien : à chaque relance ça envoie ! Le châssis est un peu dépassé par la masse et on est vite pénalisé par les transferts de charge importants. On se plait alors à profiter du paysage paisiblement et à jouer avec les différents niveaux de récupération d’énergie au freinage via les palettes. Le mode « One Pedal » permet de ne conduire qu’avec la pédale de droite, et de bénéficier ainsi d’une excellente consommation sur des trajets mixtes (15,7 kWh / 100 km).

Nous arrivons sur les bords de La Moselle, au terme de notre petit périple jusqu’à la frontière entre le Luxembourg et l’Allemagne. IONIQ, et la voiture électrique en général, apporte une vraie sérénité à la conduite. On en ressort très peu fatigué, même après de nombreux kilomètres. Et là réside tout l’intérêt de ces voitures taillées pour voyager : elles incarnent une nouvelle forme de mobilité, créées pour être la parfaite alliée des longs trajets et des familles.

L’électrique n’est plus une tare

Voyager en électrique n’est aujourd’hui plus une tare, c’est même devenu un plaisir.

Un Paris > Luxembourg de 4h00 avec une voiture essence et une pause café se fait ainsi en 4h20 avec une voiture électrique et deux pauses recharge. Le réseau de chargeurs doit se densifier pour absorber l’afflux de véhicules à venir… Mais en l’état, on a toujours cette sensation de faire partie de quelques illuminés sans pétrole lorsqu’on parcoure de longues distances sans essence.

Il s’agit d’une expérience nouvelle, déroutante, mais qualitative. On réapprend à prendre son temps. On se satisfait à devoir rouler aux limites de vitesses, et à laisser la voiture nous amener à bon port. La passion semble bien lointaine… mais elle est totalement conciliable avec cette vision de l’automobile comme moyen de se déplacer sereinement, et s’affranchir des prix mirobolants de l’essence.

Galerie Photo | Hyundai IONIQ 5