Essais

Porsche Panamera Sport Turismo : et si c’était la Porsche idéale ?

Les break ont ce petit truc que les SUV n’ont pas. Ce raffinement, cette classe, ce petit côté bourgeois et BCBG qui manquent à ces voitures hautes-sur-pattes qui pullulent sur nos routes. Porsche propose dans sa gamme l’un des plus beaux exemplaires du marché, en la carrosserie de la Panamera Sport Turismo.

Aux côtés de Macan, de Cayenne et désormais de Taycan, qui permettent à Porsche d’engranger un paquet d’Euros, Panamera est désormais un peu dans l’ombre sur le créneau des Porsche familiales. À tort ? Nous l’avons emmenée sur les jolies routes de la Bourgogne pour mettre en avant quatre raisons qui font d’elles l’une de nos Porsche favorites.

Une Porsche à admirer

Là où le look d’un Porsche Cayenne Coupé peut apparaitre comme un brin grossier pour certains, la finesse de la Panamera fait consensus. 

« Je n’aime pas les Porsche qui ne sont pas des 911, habituellement, mais elle est vraiment sublime elle ! », s’exclama Johnny, l’attachant propriétaire de la station-service historique à son nom au nord de Saulieu, le long de la mythique N6. Il est vrai que Panamera rassemble tous les attributs d’un beau break, et d’une Porsche qui ravit la rétine.

Dans cette teinte Vert Aventurine et bien posée sur ses jantes claires au dessin superbe, Panamera Sport Turismo est un break de chasse raffiné s’inscrivant parfaitement dans l’ADN stylistique du constructeur. Sa face avant reprend la signature lumineuse à quatre point et la forme des feux du constructeur, tout comme l’arrière désormais caractérisé par un long bandeau. Cela entretient la filiation avec les autres modèles de la gamme, hors Taycan. Cette dernière incarne la Porsche de demain, notre Panamera s’inscrit quant à elle parfaitement dans la famille avec 718, 911, Macan et Cayenne.

Les quelques détails vert fluo de notre version E-Hybrid (inserts et étriers) donnent un soupçon de peps et de modernité à une ligne qui n’en a à vrai dire pas besoin. Elle traverse les années sans une ride, et fait toujours autant tourner les têtes sur son passage.

Porsche oblige, notre exemplaire jouit de quelques raffinements exclusifs en provenance du département Porsche Exclusive Manufaktur : échappements noirs vernis, rétroviseurs noirs, entourage de portières noirs, feux arrière sombres… Un savant cocktail entre classe et sportivité pour notre configuration que l’on imagine aisément aussi bien au bord d’un circuit qu’au pied d’un bel hôtel.

Chacun de ses détails est soigné, chaque courbe de sa carrosserie est fluide, et chaque élément est aussi beau que nécessaire. Porsche n’est pas de ces constructeurs qui ajoutent du superflu pour la frime, ou pour faire joli. Le bequet se déploie et se range à la demande et les ouïes servent réellement à faire entrer de l’air ou à ventiler moteurs et freins. Cette recherche constante de proposer un design simple derrière lequel se cache quelque chose d’incroyablement complexe en terme de technologie et d’ingénierie, c’est ce qui caractérise une Porsche comme on les aime, et Panamera ne déroge pas à cette tradition.

Panamera est un cocktail de la maitrise de la firme à concevoir des voitures abouties, jamais ostentatoires, et superbes à regarder.

Une Porsche à profiter

L’opération séduction se poursuit à bord. Notre exemplaire continue de nous charmer, avec un habitacle entièrement recouvert d’un cuir pleine fleur brun, aussi agréable à sentir qu’à regarder et à toucher.

Toute l’excellence de Porsche se retrouve là encore ici, avec un mélange entre aluminium, bois et cuir absolument délicieux. Tout est assemblé à la perfection, et chaque élément a été soigné afin de proposer une expérience à bord véritablement luxueuse. Le chronographe trône toujours au sommet de la console centrale, avec ici une trotteuse verte fluo, le même vert que celui des étriers de freins spécifiques à notre version E-Hybrid.

Ce mariage entre technologie et raffinement, la Panamera Sport Turismo l’incarne parfaitement. La planche de bord est résolument moderne, mais laisse à Taycan le loisir d’en mettre plein la vue avec une pléthore d’écrans. Notre break de chasse se veut plus traditionnel, mais assurément pas dépassé. Les aérateurs centraux se dissimulent si besoin dans une console centrale noir laquée recouverte de touches haptiques.

Ces dernières sont reliées au superbe écran multimédia rassemblant l’intégralité des fonctions de la voiture. L’interface du système PCM est toujours un plaisir à utiliser, et il ne manque rien, d’Apple CarPlay sans-fil à un système Hi-Fi Bose de pointe. Chaque bouton, chaque gâchette, chaque roulette est soigné et participe à cette sensation d’être à bord d’une voiture à part.

Les superbes fauteuils en cuir monocoques monogrammés Porsche sont aussi accueillants qu’ils nous maintiennent bien. Ils illustrent parfaitement la vision de Panamera Sport Turismo que l’on découvrira ensuite sur la route : cette Porsche de grand-tourisme qui sait être aussi confortable que sportive. Le conducteur et amateur de Porsche ne sera ainsi pas chamboulé, retrouvant le même volant qu’une 911 et le traditionnel compte-tours central. Ce dernier est accompagné de deux compteurs numériques de chaque côté, personnalisables à foison.

Côté vie à bord, les quatre occupants bénéficient de sièges électriques chauffants et ventilés, ainsi que de ports USB-C absolument partout. Les fauteuils arrière proposent le même confort qu’à l’avant, et l’espace aux jambes ainsi que la garde au toit permettent à des adultes d’y loger sans soucis. Le toit vitré en deux parties, ouvrant à l’avant et fixe à l’arrière, offre un surplus de lumière bienvenu à bord.

Déclinaison Sport Turismo oblige, le coffre est facilement accessible et bien conçu avec ses rails, mais son volume de 418 L (amputé par la présence des batteries) est un poil restreint pour une famille sans avoir recours à un coffre de toit. Les sacs de golf et/ou le chien y seront toutefois dorlotés sans trop de soucis.

Ce cocon luxueux, moderne et accueillant pour quatre personnes est une véritable invitation au voyage.

Une Porsche à vivre

Depuis la sortie du premier modèle en 2009, la Panamera incarne à la perfection le grand-tourisme à la sauce Porsche. Mettre au point une berline capable d’affronter de longues distances tout en étant une référence dynamique, là réside toute la magie du compromis absolument parfait trouvé par le constructeur.

Comme 90 % des Panamera vendues en France, nous avons entre les mains le volant d’une hybride. Notre version 4S E-Hybrid mèle habilement un V6 2,9 L bi-turbo de 440 ch et une moteur électrique de 136 ch alimenté par une batterie de 17,9 kWh, donnant ainsi 560 ch et… environ 45 km d’autonomie en tout-électrique.

L’hybride-rechargeable est à mon sens la solution parfaite encore aujourd’hui. Elle permet de profiter de sensations et d’une âme mécanique, tout en bénéficiant de tous les bienfaits et avantages financiers de l’électrique sans avoir à en être tributaire pour se déplacer. Avec un tel combo, elle échappe également à tout malus.

La Panamera 4S E-Hybrid Sport Turismo représente en quelque sorte la marche à franchir avant d’arriver aux commandes de la Taycan Cross Turismo, essayée ici. Elle permet de goûter à tous les avantages de la conduite électrique et commencer à avoir le réflexe de brancher sa Porsche, sans forcément passer de suite à la vie 100 % électrifiée.

Avec une recharge à 7,2 kW, le break recharge sa batterie en moins de 3 heures sur une prise et permet ainsi de parcourir en « E-Mode » jusqu’à 45 km sans une goute d’essence pour les trajets quotidiens (jusqu’à 140 km/h) et zones à faible émission. Le mode le plus intelligent, « HybridAuto », est celui qui sied le plus à la voiture : il permet de couper le moteur en roue libre et de recharger la batterie en phase de décélération/freinage. Une jauge permet de suivre cela sous le compte-tours, rendant la conduite écolo ludique.

En ville, Panamera est aussi sage et économe qu’une Zoé avec 18 kWh/100 km et sur route à 80/90 km/h, on peut facilement stabiliser l’engin autour de 7,0 L / 100 km. Sur une heure de N6 à rouler zen mais aux limites de vitesse, nous avons même réussi à descendre à 6,0 L / 100 km. Sur autoroute, il faudra compter autour de 8,5 L / 100 km. Bluffant, malgré la masse de 2300 kg et la puissance de la chose. Un tour de force rendu possible grâce à une PDK dotée de huit rapports et une hybridation très bien gérée.

Le double vitrage offre aux occupants une isolation phonique absolument remarquable et le niveau de confort, grâce à la suspension pilotée, est irréprochable dans toutes les situations. Sur voie rapide, ses aides à la conduite la mènent en toute autonomie, et les occupants n’ont qu’à profiter d’un voyage en Classe Affaires on ne peut plus reposant. Elle est taillée pour faire de longs trajets et traverser les continents. Une vraie ambassadrice du grand-tourisme, fidèle à la vision de la Panamera.

Mais la magie de cette technologie hybride réside en sa capacité à rendre la voiture aussi sobre que performante… 

Une Porsche à piloter

Une Porsche doit savoir impliquer son conducteur et transmettre des émotions, pour mériter son blason et respecter son ADN.

Rythmée par un V6 bi-turbo de 440 ch et un moteur électrique de 136 ch travaillant de concert, Panamera 4S E-Hybrid Sport Turismo incarne tout ce que j’attendais d’une Porsche de grand-tourisme, voire bien plus.

En mode Sport, avec 560 ch et un couple cumulé de 750 Nm, le 0-100 est expédié en 3,7 secondes. De quoi faire pâlir une 911 Carrera et coller aux basques de bon nombre de sportives dans une robe de break de chasse BCBG. Échappements ouverts, le V6 émet un râle rauque et caverneux, qui devient de plus en plus aigu au fil des tours. Une sonorité travaillée et adaptée à la voiture, qui ne verse jamais dans de vulgaires notes ou pétarades au lâcher de gaz. 

La zone rouge perchée à 7000 tr./min. permet de jouir d’une poussée linéaire et fournie, bien aidée par le boost de 400 Nm du moteur électrique. Ça n’a pas l’âme d’un atmo’, mais ça envoie ! Cela offre à la Panamera des relances et reprises toniques sans jamais accuser de problèmes de motricité grâce à une transmission intégrale (typée propulsion) parfaitement calibrée.

La boite de vitesse PDK enchaine ses 8 rapports avec une réactivité délicieuse à la montée, mais se trouve être parfois un poil fainéante à la descente sur le 3 > 2 quand on prend le contrôle aux palettes, préférant ne pas laisser le V6 perché trop haut dans les tours. Là, on comprend qu’on n’a pas le flat-6 sous le capot. En mode Sport, à chaque relance, elle a ce comportement parfait et égraine les rapports au moment même où nos doigts s’apprêtaient à se poser sur la palette et sert parfaitement la mécanique. Comme si la boite était reliée à notre cerveau et aux cylindres en même temps. Jouissif.

En m’asseyant au volant d’un break V6 hybride quatre roues motrices, je savais d’ores et déjà que l’adage « Light is Right » allais rester au garage. Mais je dois dire que la masse de 2315 kg (à vide) qui m’effrayait quelque peu sur le papier s’est rapidement dissipée une fois le cerceau en mains.

Les magiciens de chez Porsche ont réussi à donner à la Panamera Sport Turismo de véritables capacités sportives. La suspension adaptative pilotée (PSAM) en mode Sport (réglable en deux positions) et le PDCC (système de stabilité) gomment tout roulis, faisant virer à plat le paquebot, et révèlent un dynamisme et une agilité tout bonnement bluffants. Les roues arrières directrices se ressentent immédiatement, avec cette sensation d’un arrière qui enroule parfaitement pour suivre dans chaque courbe un nez qui s’inscrit à la perfection au lever de gaz. Les transferts (importants) de charge se font en toute douceur, et l’on a juste à relancer quand il faut pour qu’un sourire plein d’étonnement n’apparaisse sur le visage de son conducteur.

La direction de la Panamera n’est pas la plus communicative et la plus consistante du constructeur, et les pneus hiver de notre version d’essai n’aidaient pas à cela, mais le break de chasse réussit le tour de force de vous impliquer et de vous inciter à aller toujours plus vite, tout en prenant un plaisir absolument inédit au volant d’une voiture de ce gabarit. Sa largeur relativement importance (1,93 m) impose un peu d’humilité au moment de la placer, mais elle avale les enchainements sinueux avec une appétence bluffante. Quel pied !

Une Porsche à aimer

Bluffante, la Panamera 4S E-Hybrid Sport Turismo l’est véritablement. Dans sa robe résolument chic et à bord d’un cocon si soigné, difficile d’imaginer qu’elle offre des performances remarquables et ce niveau d’excellence à la conduite. Affichée à plus de 190 000 € dans notre version exclusive (à partir de 137 138 €), elle incarne tout le meilleur de Porsche, dont les voitures sont conçues pour rouler par tous les temps et sur de longues distances. Elle est une ode au plaisir de piloter autant qu’à la sérénité de conduite, une schizophrène surdouée qui s’adapte à vos envies autant qu’à votre niveau.

La Panamera dans sa forme actuelle est sûrement la dernière, Taycan apparaissant logiquement comme étant sa descendance toute trouvée. La berline électrique de Porsche a beau être un produit absolument incroyable, et mis au point par les meilleurs ingénieurs au monde, elle n’a pas l’âme et ne transmet pas les frissons du V6 de la Panam’.

Profitons tant que possible de ces modèles remarquables, réunissant le meilleur des deux mondes : la fée électricité au service de la sobriété, mais aussi de la performance. La Panamera vit dans l’ombre du Macan et du Cayenne, mais elle mérite d’être connue et reconnue pour sa polyvalence redoutable. Un compromis ne peut, par définition, exceller nulle part. Notre break de chasse est l’exception qui confirme la règle : elle est impériale peu importe ce qu’on lui demande. 

Elle est une vraie Porsche du museau à l’échappement, une Porsche que l’on aime réveiller chaque matin en tournant ce mythique commodo à gauche du volant.

Galerie Photo

Porsche Panamera 4S E-Hybrid Sport Turismo

On aime

  • Design chic et sport
  • Prestations à bord
  • Polyvalence incroyable
  • Comportement dynamique
  • Sobriété en conduite cool

On aime moins

  • Taille du coffre
  • Boîte à la descente de rapports
  • C'est la dernière…