Dossiers,  Sport

A la découverte des ateliers de l’écurie de course Signatech-Alpine

ad-rotator

Un acteur majeur du sport auto Français

Sauf si vous êtes calés en compétition auto, il est vraisemblable que vous ne connaissez pas Signatech. Et pourtant pourrait-on répondre ! Signatech se charge en effet depuis de nombreuses années de faire courir les Alpine LMP2 au WEC (le championnat du Monde d’Endurance, qui comprend notamment les mythiques 24 Heures du Mans).

Il y a quelques mois, j’ai eu le privilège de visiter les locaux et ateliers de la team, situés à Bourges. Je vous emmène à la découverte de cet acteur majeur du sport automobile Français et International.

J’arrive au volant d’une Alpine A110 pour cette visite : plus corporate, tu meurs !

Genèse et histoire de Signature/Signatech

L’histoire de Signatech est intimement liée à celle d’un homme : Philippe Sinault. Ce dernier a fait pendant plusieurs années du sport auto, et plus particulièrement de la F3. N’étant pas particulièrement fortuné, et à la lumière de ses études dans le domaine de la communication, il a eu l’idée de mêler compétition auto avec un support marketing. Après avoir raccroché les gants de pilote auto, il lance ainsi Signature en 1990 (les deux appellations Signature et Signatech cohabitent depuis, Signatech étant la contraction de Signature Technologie Racing).

C’est justement en F3 que la structure se taille une solide réputation, avant de quitter la discipline en 2010. Entre temps, de nombreuses pointures actuelles auront fait leurs armes chez Signature : Nicolas Lapierre, Tiago Monteiro, Benoît Tréluyer, ou encore Sébastien Grosjean, pour ne citer que quelques noms.

Puis Signature se tourne en 2009 vers l’Endurance, faisant d’abord courir un proto Courage Oreca-Judd. Une première expérience concluante, qui débouche sur un accord avec Aston Martin Racing, et qui permet à Signature de faire courir en 2010 une Lola-Aston Martin en LMP1. Un rapprochement couronné de succès, malgré un abandon alors que la team figurant à la 4ème place aux 24 Heures du Mans, avec notamment une deuxième place au classement final en Le Mans Series.

En 2011, Signature noue un partenariat avec la célèbre franchise de jeux vidéos Gran Turismo, avec la complicité de Nissan. Signature engage dans ce cadre Lucas Ordóñez, vainqueur de la GT Academy. Ce dernier participe alors aux 24 Heures du Mans au volant d’une Oreca aux couleurs de Signatech Nissan, avec une belle réussite à la clé : pole de la catégorie LMP2, puis deuxième marche du podium de l’épreuve Mancelle (en LMP2). Le partenariat avec Nissan est reconduit pour une nouvelle année en 2013, et c’est de ce rapprochement que naît la complicité avec un homme qui va jouer un rôle important pour Signature : Carlos Tavares.

La renaissance d’Alpine

Alors Président de Nissan Amériques, ce dernier (par la suite devenu Numéro 2 de Renault) va prendre en main un projet de la plus haute importance : relancer la mythique marque Alpine.


Pour Tavares, il devient très vite évident que la renaissance d’Alpine passe par la course, à l’image de ce que Jean Rédélé avait fait à l’époque pour faire connaitre la marque. Il pense alors immédiatement à Philippe Sinault pour faire courir la marque en Endurance, et c’est en mars 2013 que le retour d’Alpine en compétition est officialisé, en partenariat avec Signatech.


Un pari gagnant, puisque sanctionné par deux sacres consécutifs en European Le Mans Series (2013 et 2014), et une couronne en Championnat du Monde FIA WEC en 2016 (catégorie LMP2). De façon encore plus significative, Signatech-Alpine a également décroché plusieurs victoires en LMP2 aux 24 Heures du Mans, en 2016, 2018 et 2019.

La team Signatech-Alpine sur le podium des 24 Heures du Mans 2016 (Philippe Sinault a la combinaison entièrement bleue)

Une belle histoire qui se poursuit aujourd’hui, puisque la team Signatech Alpine Elf participe actuellement à la saison 2019-2020 du WEC, avec l’Alpine A470.

Visite des ateliers de Signatech

Implanté depuis toujours à Bourges (18), en plein milieu de la France, Signature emploie aujourd’hui 45 employés à temps plein. Le site, implanté au beau milieu d’une zone d’activités, est divisé en plusieurs ateliers : l’atelier compétition, l’atelier carrosserie, et l’atelier production.

Car oui, et outre l’engagement des Alpine A470 en Championnat du Monde d’Endurance, les locaux Berruyers accueillent également l’autre activité de prédilection de la firme : la mise en oeuvre de programmes de compétition-client, pour le compte de constructeurs automobiles.

Visite du premier atelier, où les A470 du WEC font l’objet de tous les soins


Signatech et la compétition-client

En effet, et après avoir collaboré avec PSA pour la production des RCZ Cup, 308 Racing ou DS3 Rallye, Signatech s’occupe actuellement de l’étude, du développement, de la production et de la commercialisation de tous les dérivés courses de l’Alpine A110. C’est donc de chez Signatech que sortent les A110 Cup, GT4, et Rally (relire ma présentation des Alpine A110 Cup, A110 GT4, et A110 Rallye).

J’avoue : je ne me suis toujours pas remis de la vue de cette A110 GT4 !

Avec son expertise, Signatech peut s’occuper d’un programme compétition-client de A à Z, de la conception de l’auto à sa production, en passant également par l’organisation d’un championnat ad hoc. Pour Alpine, Signatech s’occupe ainsi de l’organisation de l’Alpine Europa Cup, qui a débutée en 2018.


Au cours de ma visite, j’ai ainsi pu découvrir des monocoques d’Alpine A110 en provenance de l’usine de Dieppe. Autant de coquilles vides qui seront ensuite appelées à devenir de véritables autos de course, après être passées entre les mains de Signatech.

Vue sur l’atelier d’assemblage, où les A110 Cup, GT4 et Rally sont… assemblées.
Toutes les déclinaisons course de l’A110 reprennent le moteur 1.8 TCe de la version de route, évidemment modifié

S’il est prématuré de se prononcer sur le succès d’un programme en cours, les résultats commerciaux sont prometteurs. Rappelons par exemple que Signatech a vendu 15 A110 GT4 sur l’année 2018, et assemblé 20 A110 Cup sur la même année. Au final, Philippe Sinault vise la production de 60 unités au total de Cup et GT4 sur 3 ans. Comptez 100.000 Euros H.T pour une A110 Cup (270 ch).



Le dernier « bébé » de Signatech : la A110 Rally

Lors de ma visite (en plein milieu de l’été dernier), je n’ai pas eu la chance d’approcher la A110 Rally, qui était alors en pleine période de développement. Les premiers exemplaires devraient être prochainement assemblés par Signatech, et son homologation au championnat FIA R-GT devrait intervenir d’ici à mars prochain (source : Article Les Alpinistes). Le tarif est annoncé « à partir de 150.000 Euros H.T » pour une A110 Rally, qui est rappelons-le forte de plus de 300 ch.

Vivement la suite !

Berruyer d’adoption, j’ai eu l’occasion de passer des centaines de fois devant les locaux de Signatech, sans forcément me douter de ce qu’il pouvait se tramer derrière ses murs. Après cette visite, et à la lumière de toutes les informations glanées, il est évident que l’histoire de cette entreprise gagne à être connue, tant elle s’apparente à une véritable success-story.

Véritable cheville ouvrière de la renaissance d’Alpine, Signatech a permis de remettre dans l’esprit du public la marque au A fléché, en lui permettant de dominer le Championnat du Monde d’Endurance depuis de nombreuses années dans la catégorie LMP2.

A côté de ce succès sportif, s’ajoute un succès commercial, puisque Signatech brille également dans le domaine de la compétition-client, avec les dérivés course de la nouvelle Alpine A110. Il est donc permis de se demander : mais où va s’arrêter la réussite de Signatech ? J’ai ma petite idée en la matière…