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Essai : Peugeot 508 BlueHDI 180 GT EAT8 : Les Premium Allemands peuvent trembler !


La Berline 2.0

Ce n’est pas vraiment un scoop : les berlines familiales n’ont aujourd’hui plus la côte. La raison tient en trois lettres : SUV. Autrefois louées pour leur côté statutaire et rassurant, elles doivent désormais se plier à la théorie de l’évolution si elle veulent survivre : changer, ou mourir en somme. C’est en partant de ce constat qu’un constructeur Français a décidé de sortir de sa zone de confort, en proposant une auto résolument différente. Ce constructeur, comme vous l’aurez deviné, c’est Peugeot. Plutôt étonnant de la part d’une marque qui a été très longtemps réputée conservatrice, avec en point d’orgue ses grandes berlines, au classicisme de bon aloi (qui a parlé d’austérité ?).

Pour sa seconde génération de 508, la marque au lion est donc repartie d’une feuille blanche, avec une volonté très nette : proposer une voiture qui sort du lot, afin de capter une clientèle qui pourrait être tentée de céder aux sirènes du SUV. Je suis parti l’essayer à Monaco, afin de vérifier si son talent est à la hauteur de ses ambitions.

Une ligne… INSTINCTive

Le mois que l’on puisse dire sur la ligne de cette nouvelle 508, c’est qu’elle ne laisse pas indifférent. C’est même toute le contraire.

Rien n’étant jamais gratuit, son dessin est un savant mélange d’inspirations puisées dans deux concept-cars de la marque : EXALT (en gris/rouge), et INSTINCT (en bleu).

Par rapport à sa devancière, l’auto perd quelques centimètres en longueur (-8 cm, à 4,75 m), mais aussi en hauteur (-6 cm, à 1,40 m), et gagne en parallèle quelques centimètres de largeur, ce qui permet de « l’asseoir » visuellement.

Râblée, et dynamique avec sa ligne de toit fuyante, la 508 présente un profil de coupé 5 portes, façon Fastback, avec ses portières dépourvues d’encadrement, et son hayon qui remplace l’ancienne malle. Les cibles (et inspirations) : Volkswagen Arteon, ou Audi A5 Sportback. Avouez qu’on a connu pire comme référence(s) ! Pour ne rien gâcher, l’auto affiche un excellent Cx (0,26).

Son regard est agressif, avec des optiques acérés, et une signature lumineuse verticale, façon dents de vampire (j’ai une imagination débordante…), directement inspiré du concept-car INSTINCT. Le capot est abaissé au maximum, afin de rendre l’auto encore plus ramassée. On note également la (ré)apparition du logo du modèle au dessus de la calandre, une habitude que Peugeot avait perdu depuis la… 504.

Comme sur les 3008 et 5008, un bandeau horizontal noir brillant relie les optiques arrières entre elles. Ces dernières, Full LED et à « effet tridimensionnel », contribuent beaucoup à l’impression haut de gamme qui se dégage de l’auto.

Je ne vais pas tergiverser, je suis tombé sous le charme de cette nouvelle 508. Le défi était de taille, mais est indéniablement réussi : oui, cette auto « a de la gueule » (sans tomber dans la caricature pour autant), et oui, elle dégage une vraie prestance. Franchement, chapeau bas Peugeot !

Un habitacle de concept-car

Avouez que ça serait dommage de gâcher ces (très) bonnes impressions extérieures en découvrant un habitacle conservateur, comme cela a souvent été le cas dans les grandes berlines Peugeot. Il n’en est rien.

Au jeu des matières et à quelques détails près, l’intérieur de cette nouvelle 508 est directement issu du concept-car EXALT. Il inaugure la troisième génération du désormais célèbre Peugeot i-Cockpit, inauguré en 2012 avec la 208.

L’intérieur du concept-car EXALT.

On retrouve donc le volant compact à double méplat (un régal de préhension), surmonté par un combiné tête haute à dalle numérique de 12,3 pouces, et un grand écran tactile HD capacitif de 10 pouces en position centrale. Comme sur les 3008/5008, sept touches piano/toggle switches permettant un accès direct aux principales fonctions de l’auto : radio, climatisation, navigation, paramètres, téléphone, applications mobiles, et i-Cockpit Amplify.

Si certains pourront pester contre la console centrale un brin intrusive (les grands gabarits surtout), les autres tomberont sous le charme de cet habitacle traité façon cockpit, qui enserre ses occupants dans un cocon.

La qualité de fabrication est remarquable, que ce soit du point de vue des matériaux utilisés, ou des assemblages. Clairement, et encore plus que sur le 3008 (déjà très bien fini, mais qui présentait encore quelques lacunes), la montée en gamme de Peugeot est flagrante, et la nouvelle 508 n’a désormais plus grand chose à rien à envier aux Premium Allemands. Cette version GT renforce encore cette impression haut de gamme, avec des sièges en alcantara, et des décors de planche de bord et de panneaux de porte façon bois veiné.

Ligne de toit basse et portières sans encadrement obligent, l’accès aux places arrières est plus compliqué qu’avant. Si les places situées aux extrémités sont confortables, avec leur assise creusée et leur espace aux jambes confortable, la place centrale devra être réservée à de courts trajets. Par ailleurs, les grands (taille > 1,80 m) tutoieront rapidement le plafonnier de l’auto.

Moins profond qu’avant, mais beaucoup plus accessible (merci le hayon !), le coffre cube 487 litres.

Pour finir, la nouvelle berline Peugeot dispose du contenu technologique que l’on est en droit d’attendre s’agissant d’une auto du segment D.

Au programme, de nombreux équipements de sécurité (reconnaissance des panneaux, freinage d’urgence, commutation automatique des feux de route…), des aides à la conduite (régulateur de vitesse adaptatif, et comprenant selon la version une fonction Stop&Go et une aide au maintien de la position dans la voie), un système Hi-Fi haut de gamme signé Focal (testé et approuvé), ou encore une recharge de son smartphone par induction. Elle peut même s’équiper en option (de série sur la version First Edition) d’un impressionnant système Night Vision, dont la caméra infrarouge détecte de nuit la présence de piétons ou d’animaux au-delà de la portée des projecteurs. Seul bémol : la qualité de la caméra de recul, franchement décevante.

Sur la route : EXALTante !

A chaque nouveau modèle (308, 3008…), on vous rabâche les oreilles avec le fameux « toucher de route Peugeot », qui a toujours caractérisé la marque Sochalienne. Rien de tel que les routes de l’arrière-pays Niçois pour mettre à l’épreuve son nouveau vaisseau-amiral !

Accompagné de l’ami Stéphane du blog Kambouis, j’ai pu me glisser derrière le volant d’une 508 GT, équipée du 2,0 L BlueHDI180, lequel est obligatoirement associé à la boîte automatique EAT8. Ce quatre cylindres présente une sonorité certes quelconque, mais qui a au moins le bon goût d’être étouffée dans l’habitacle, grâce à un épais vitrage. Si ses relances sont efficaces, ce bloc m’aura un peu laissé sur ma faim (comme lors de l’essai du 3008 GT), avec des performances moyennes, et un caractère linéaire qui n’incite pas vraiment à la conduite sportive, en dépit un couple confortable de 400 Nm, et d’un 0 à 100 km/h bouclé en 8,3 secondes.

Logiquement plus agréable que l’EAT6, la nouvelle EAT8 se marie bien avec le caractère « tranquille » du BlueHDI180, avec une douceur de fonctionnement très appréciable. En revanche, il n’est pas vraiment utile de vouloir la brusquer, sous peine de lui faire un peu perdre les pédales, notamment sur routes escarpées, où elle devient un peu brouillonne en conduite sportive.

Passons maintenant au vif du sujet : les liaisons au sol, et in fine les sensations. La première chose qui m’interpelle quand je pénètre à bord de la 508, c’est sa position de conduite, rabaissée. La conséquence : on « sent » beaucoup mieux la route qu’à bord d’une berline plus conventionnelle, ou (au hasard…) d’un SUV. Les premiers kilomètres dans les affres de la circulation Monégasque me permettent de découvrir un rayon de braquage raccourci (- 1,5 m par rapport à la première génération), et l’excellent travail des suspensions pour filtrer les irrégularités de la route. En pénétrant dans la superbe Vallée de la Vésubie, je peux enfin libérer tout le potentiel de l’auto. Mes attentes sont grandes, et la 508 va les dépasser.

Pourvue en série d’une suspension pilotée, ma 508 GT offre un comportement routier « à la carte » : douce et confortable sur les modes de conduite « Normal » et « Confort » (mais pas pour autant pataude), l’auto devient carrément affutée en mode « Sport », sans pour autant devenir inconfortable. Annihilant presque totalement le roulis, la 508 offre un train avant chirurgical, et une direction au diapason. C’est simple : j’ai rarement éprouvé autant de plaisir à conduire une berline, qui plus est « simple » traction.

Les tarifs de la nouvelle 508

La gamme 508 débute à 32.300 Euros (BlueHDI130 Active), et culmine à 49.950 Euros (First Edition BlueHDI180 EAT8). Ma version GT BlueHDI180 EAT8 est quant à elle tarifée 47.600 Euros. A titre de comparaison, une Renault Talisman Initiale Paris dCi 160 EDC (avec l’excellent 4Control) est facturée 42.800 Euros, sans compter la remise conséquente qui va généralement de pair. Peugeot monte en gamme, et cela se sent du point de vue des tarifs. Toutefois, le client ne sera pas floué pour ce prix, avec une dotation très complète (suspension pilotée, jantes 18 pouces, hayon motorisé, sellerie Alcantara, système Hi-Fi Focal…), et une valeur résiduelle sans doute élevée.

Points positifs :

+ Enfin une berline Peugeot qui sort du lot !

+ Ligne distinctive et statutaire

+ Présentation intérieure et qualité de finition

+ Liaisons au sol exceptionnelles

+ Dotation technologique à la hauteur

Points négatifs :

– Accessibilité des places arrières, garde au toit limitée, et troisième place inconfortable

– Agrément moyen du BlueHDI180

Conclusion : Un grand oui !

Avec la 508, et encore plus qu’avec le duo 3008/5008, Peugeot a franchi un cap. Voulant se faire le pendant de Volkswagen, la marque Française a mis les bouchées doubles pour offrir une voiture statutaire, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est réussi. Belle, valorisante et très bien finie, la nouvelle 508 dispose en plus d’un atout de taille, dans la plus pure tradition maison : des liaisons au sol de très haut niveau. Vu la qualité du châssis, il me tarde d’essayer la version PureTech225, sans parler d’une hypothétique version plus « velue », qui serait logique vu les prétentions de Peugeot. A bon entendeur…