Essai BMW 640i xDrive Gran Turismo : Le long courrier à l’hélice
Une vraie surprise
Il y a quelques semaines, nous étions en Corse, afin d’essayer le nouveau BMW X3. C’est à cette même occasion que nous avons pu nous glisser derrière le volant de la nouvelle Série 6 GT, dans sa version 640i xDrive M Sport. Notre avis sur une auto injustement méconnue, et qui mérite clairement le détour !
I : Une auto inclassable
Définir la catégorie d’appartenance de la Série 6 Gran Turismo n’est pas chose aisée.
« Grande routière destinée au voyage » selon BMW, elle s’adresse à une clientèle qui n’apprécie pas forcément le style des SUV, mais qui recherche en parallèle une habitabilité et un confort supérieurs à ceux d’une Série 5. S’il est toujours difficile de juger des qualités esthétiques d’une auto, il est raisonnable de penser que cette nouvelle BMW ne plaira peut-être pas à tout le monde. A la croisée des genres, oscillant entre berline, coupé et break, sa ligne est résolument indéfinissable. C’est justement tout ce qui fait son attrait aux yeux de sa clientèle, qui rechercher à se démarquer dans un segment Premium résolument conservateur.
Quoiqu’il en soit, cette Série 6 GT nous paraît plus cohérente que l’ancienne Série 5 GT, et surtout (beaucoup) plus agréable à regarder. Décrivant la même courbe inversée au niveau du coffre, et conservant son architecture bi-corps (elle délaisse la malle arrière pour un hayon si vous préférez), la bavaroise se montre en effet plus cohérente que sa devancière. Sa ligne est plus effilée (+ 87 mm -elle mesure 5,09 m au total-), mais aussi plus basse (- 21 mm). Indéniablement plus dynamique, la nouvelle Gran Turismo dispose même d’attributs sportifs dans cette finition M Sport (boucliers spécifiques, grosses jantes…). Petit détail qui fait toujours son effet : une simple pression sur un bouton permet de déployer l’aileron arrière, qui sort par ailleurs automatiquement une fois l’auto lancée.
Cet aileron fait partie des éléments de l’auto (avec les volets d’air actifs ou les ouïes latérales) qui lui garantissent un excellent coefficient de pénétration dans l’air. Et pas qu’un peu : de 0,25, son Cx est meilleur que celui d’une i8 !
En ouvrant la portière, on constate que cette dernière est dépourvue d’encadrement, comme sur un coupé. Un détail qui fait toujours son petit effet ! Il est justement temps de grimper à bord.
II / Un sens de l’accueil exceptionnel
Si la ligne de la Série 6 GT divise, son sens de l’accueil mettra tout le monde d’accord. En s’installant à bord, on est frappé par la clarté de son habitacle, baigné de lumière grâce à ses larges surfaces vitrées. Particulièrement choyés, les passagers arrières disposent de rideaux occultants à commande électrique, et d’un écran individuel. Des raffinements dignes d’une Série 7 ! L’habitabilité aux places arrière est excellente, avec un bel espace aux jambes, et le coffre présente un volume très généreux de 610 litres (c’est plus qu’une Série 5 Touring). On mesure ici les bienfaits de l’empattement allongé de 10 cm par rapport à sa devancière.
Si la planche de bord est identique à celle de la Série 5, la position de conduite est surélevée par rapport à cette dernière, tout en restant plus basse que celle d’un SUV. La présentation intérieure est toujours aussi raffinée, et la finition absolument irréprochable. On tutoie ici la perfection. On apprécie également le solide contenu technologique de l’auto, avec l’écran tactile de 10,25 pouces (à commande gestuelle en option), l’affichage tête haute, la recharge de son smartphone par induction, la connectivité Apple CarPlay sans fil, ou encore le point d’accès Wi-Fi.
III : Sur la route : Voyageuse d’exception
Pour notre essai, nous avions à notre disposition la crème de la gamme Série 6 GT : la version 640i xDrive. Animée par un six-cylindres en ligne turbo de 3,0 L, la 640i offre 340 ch, et 450 Nm de couple. Un moteur que nous avions adoré sur la Série 4 Coupé, et qui est associé à la même boite automatique ZF à 8 rapports (comme sur le reste de la gamme). Le 0 à 100 km/h est bouclé en 5,3 secondes, tandis que la vitesse est limitée à 250 km/h. Fantastique d’allonge et d’onctuosité, ce bloc se marie parfaitement à la BVA8, qui offre une douceur incomparable, et une belle réactivité en conduite sportive. L’insonorisation est particulièrement soignée, ce qui est une bonne et une mauvaise nouvelle, car le feulement du six-cylindres se fait plutôt discret, sauf en mode Sport.
Recevant la même plate-forme que la Série 5, la 6 Gran Turismo dispose en série d’une suspension pneumatique arrière. Notre version d’essai disposait de la même technologie à l’avant, garantissant un confort de haute volée aux passagers. Les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là, puisque l’auto est aussi plus légère que sa devancière (BMW annonce 150 kg de moins en moyenne). Inutile de tergiverser : sur les routes Corses, cette 640i a été une vraie révélation. Ainsi, et même si son poids reste conséquent dans l’absolu (1.835 kg), elle se sera montrée royale dans les longues courbes, avec une tenue de cap irréprochable, une direction ferme et précise, et un roulis bien contenu.
Ses bonnes dispositions étaient encore renforcées sur notre modèle d’essai, équipé de la direction ActiveDrive à quatre roues directrices, les roues arrières tournant dans le sens opposé aux roues avant sous les 60 km/h, et dans le même sens au delà de cette vitesse. Ainsi dotée, la 6 GT efface comme par magie ses 5,09 m, et offre une agilité épatante pour un engin de cette trempe. Les courbes serrées sont ainsi digérées avec maestria, et on se surprend à hausser progressivement le rythme, sans jamais que l’auto ne se départisse de sa rigueur. Du grand BMW !
IV : Les tarifs de la Série 6 Gran Turismo
La Série 6 GT peut recevoir trois motorisations : 630i de 258 ch, 640i de 340 ch, et 630d de 265 ch. La gamme, qui s’articule entre quatre niveaux de finitions (Lounge, Luxury, M Sport et Sport), débute à 63.900 Euros en version 630i BVA8 258 ch Lounge. Comptez au moins 73.550 Euros pour la motorisation 640i, et même 82.900 Euros pour la version M Sport. Solidement optionnée, notre version d’essai dépassait quant à elle allègrement les 100.000 Euros…
Points positifs :
+ Confort et raffinement
+ Habitabilité et volume du coffre
+ Motorisation 640i onctueuse et performante
+ Tenue de route et amortissement
+ Ligne indéniablement plus réussie que la 5 GT…
Points négatifs :
– …Mais qui ne plaira pas à tout le monde
– Gabarit conséquent
– Tarifs salés
Conclusion : Une auto étonnante
Vous l’aurez compris tout au long de cet essai : cette BMW Série 6 Gran Turismo nous aura agréablement surpris. Si ces chiffres de vente devraient la rendre plutôt confidentielle sur nos routes, elle arrive à synthétiser les qualités de plusieurs modèles de la marque : la Série 7 pour son habitabilité et son raffinement aux places arrières, la Série 5 Touring pour son hayon arrière, son volume de coffre, ou ses excellentes prédispositions sur la route, sans oublier le X5, pour sa position de conduite surélevée. Offrant de surcroit un physique plus avenant que sa devancière, elle devrait séduire une clientèle qui souhaite se démarquer, surtout qu’elle n’a pas de réelle concurrente à ce jour.