Essai : Renault Alaskan : Le couteau Suisse du losange
Un marché porteur
Avantagés par leur fiscalité avantageuse (ils sont assimilés à des véhicules utilitaires), les Pick-Up se destinent essentiellement à une clientèle professionnelle. Cela n’empêche pas un nombre croissant de particuliers d’opter pour eux, séduits par la versatilité de ces engins, de moins en moins rustiques. En Europe, le segment des Pick-Up affiche ainsi une jolie croissance : + 25 % à fin 2016, et + 19 % à fin juin 2017.
D’abord lancé en Amérique Latine (il a été présenté en Colombie), le Renault Alaskan débarque aujourd’hui dans nos contrées. Etroitement dérivé du Nissan Navara (il est produit dans la même usine), le Pick-Up au losange mise sur sa praticité et son confort pour séduire. Première proposition de la marque sur le segment des Pick-Up (si on écarte la version spécifique de la Colorale des années 50), l’Alaskan a-t-il les moyens de séduire cette clientèle « mixte » ? Pour y répondre, nous sommes parti en Slovénie, pour un essai mêlant route et off-road.
Présentation : Robuste et valorisant
Même s’il repose sur une base de Nissan Navara, l’Alaskan a sa propre personnalité, et notamment d’un point de vue stylistique.
Par rapport au Pick-Up Nissan, l’essentiel des modifications se concentre sur sa face avant. Typiquement Renault, cette dernière dispose ainsi des gimmicks maison : signature lumineuse « C-Shape », grande calandre qui relie visuellement les optiques, losange hypertrophié. On note également le capot, très sculpté, et l’éclairage Full-LED des versions hautes, bien dans l’air du temps.
Bien qu’imposant (il mesure 5,40 m de long et 1,84 m de haut !), le profil est assez athlétique, avec des passages de roues marqués, un marche-pieds qui fleure bon l’aventure, et une benne bien intégrée à l’ensemble. Par ailleurs, les finitions chromés rehaussent le côté valorisant de l’engin, et on apprécie les jolies jantes diamantées de 18 pouces de notre finition Intens,
La partie arrière ne diffère que de très peu par rapport au Navara, hormis la ridelle, et le traitement graphique des feux.
A l’exception du logo Renault, l’intérieur est également identique à ce dernier. On retrouve une planche de bord robuste et fonctionnelle, à défaut de se montrer particulièrement valorisante. Ainsi, inutile de chercher des plastiques moussés ou des commandes au maniement travaillé : tout est conçu pour résister à une utilisation intensive. De ce point de vue là, l’objectif nous paraît tout à fait envisageable, puisque les assemblages respirent le sérieux. On ne peut tout de même pas s’empêcher de penser que cette planche de bord fait un peu datée en 2017.
Cela n’empêche pas l’Alaskan d’offrir tout le confort d’une auto moderne : climatisation automatique bizone, sièges avant confortables (et chauffants selon la version, le siège conducteur pouvant par ailleurs disposer des réglages électriques), ouverture sans clé, système de navigation intégrée, et même vision à 360 degrés peuvent ainsi faire partie de sa dotation.
Quant aux passages arrières, ils seront installés sur une vraie banquette, et disposeront d’un espace aux genoux très correct. Appréciable sur un Pick-Up !
Des capacités intéressantes, et de la versatilité
Pour l’instant uniquement proposé en version Double Cabine, l’Alaskan soigne ses aspects pratiques : charge utile supérieure à 1 tonne, capacité de remorquage de 3,5 tonnes, ridelle de benne pouvant supporter jusqu’à 500 kg, et surface de chargement de 2,46 m2 (la benne mesure 1.58 m de longueur, et 1.56 m de largeur, sauf au niveau des passages de roues -1.13 m-). Des caractéristiques qui devront ravir la clientèle professionnelle, mais aussi les particuliers, qui pourront -notamment- s’adonner aux loisirs nautiques.
Astuce intéressante : la benne reçoit un système d’arrimage « C-Channel », qui permet de maintenir la charge, par l’intermédiaire de trois rails fixés sur les trois côtés de la benne, et de quatre crochets mobiles.
Par ailleurs, l’Alaskan peut recevoir une large gamme d’accessoires, et notamment en matière de protection et d’aménagement de benne : coffre de rangement (comme sur notre modèle d’essai), protections de benne, hard-top avec hayon verrouillable…
Sur la route : Un Pick-Up civilisé
Qui dit Pick-Up dit souvent comportement routier en retrait. Pénalisés par leur poids, ces engins sont souvent affublés de suspensions arrières à lames, qui entraînent de désagréables mouvements d’oscillation de l’arrière vers l’avant, et qui ne sont atténués qu’une fois la benne chargée. Pour éviter cet écueil, l’Alaskan reçoit un système de suspension arrière à 5 bras. Un choix bénéfique, comme nous allons le voir.
Installé très haut (l’expression grimper à bord n’a jamais autant fait sens !), on se sent rapidement en confiance au volant de l’Alaskan. Digérant très bien les irrégularités de la route, l’auto se montre bien suspendue, et s’affranchit d’une grande partie des sautillements qu’on retrouve souvent sur les Pick-Up.
Si la direction manque d’un peu de consistance sur route, et que son poids conséquent nous rappelle vite à l’ordre, le Pick-Up Renault n’a pas à rougir de ses prestations routières par rapport à la concurrence : sa tenue de route reste en effet saine, et plutôt efficace pour ce type d’engin. En revanche, une vigilance est nécessaire sur chaussée mouillée, puisque l’auto évolue en mode propulsion sur route, sauf à enclencher les quatre roues motrices (point de transmission intégrale permanente en effet).
L’Alaskan est proposé avec un seul moteur sur le marché Français : le quatre-cylindres 2,3 L dCi, provenant du Master. Décliné en version single turbo (160 ch) ou twin-turbo (190 ch), il est associé à une boîte manuelle à 6 rapports, ou à une boîte automatique à 7 rapports (facturée 2.000 Euros). Ce bloc se montre civilisé à l’usage, avec un niveau sonore contenu à vitesse stabilisée, ce qui est rare pour un Pick-Up.
Pour notre essai, nous nous sommes concentré sur la version dCi 190 à boîte automatique. Fort de son couple de 450 Nm, l’Alaskan offre des performances correctes pour son poids (plus de 2 tonnes !), avec un 0 à 100 km/h bouclé en 10,8 secondes, et une jolie souplesse à l’usage. Suffisant pour bien emmener l’Alaskan, ce bloc 190 ch semble constituer un bon compromis pour un véhicule destiné à être chargé et/ou à tracter. Plutôt douce à l’usage, la boîte automatique demeure en revanche lente dans ses passages de rapports.
La consommation mixte annoncée par le constructeur s’établit à 6,9 L / 100 km dans cette version à boîte automatique (et même 6,3 L /100 km pour la version dCi 190 manuelle). Dans les faits, tablez sur un peu moins de 9 litres, ce qui reste raisonnable au vu de l’envergure et du poids de l’engin.
Un vrai franchisseur
Recevant un châssis à structure en échelle, l’Alaskan dispose par conséquent d’une architecture de « vrai » tout-terrain.
Une molette disposée sur la planche de bord permet de choisir entre 3 modes de conduite :
- 2 roues motrices : la puissance est envoyée aux roues arrières, afin de diminuer la consommation.
- 4H (4 roues motrices élevé) : il s’active sous les 60 km/h, et se remet en veille au dessus de 100 km/h. Il permet d’augmenter la motricité sur chaussée glissante. Seul du hors-piste léger est envisageable.
- 4LO (4 roues motrices bas) : les quatre roues motrices sont enclenchées, de même qu’un démultiplicateur de couple, afin d’améliorer l’adhérence, notamment dans le sable, la neige, ou la boue.
On note également la présence d’un différentiel arrière autobloquant (facturé 800 Euros), afin que les 2 roues arrières tournent à la même vitesse, ou du système Hill Descent Control, qui contrôle la vitesse en descente sans intervention du conducteur.
C’est dans des conditions assez extrêmes que nous avons pu mettre l’Alaskan à l’épreuve. Pour l’occasion, Renault avait construit un parcours tout-terrain sur une ancienne piste de ski, et la météo capricieuse s’est chargée du reste : de la boue, de la boue, et encore de la boue !
Malgré des conditions d’adhérence déplorables, et des exercices plus relevés les uns que les autres, l’Alaskan se sera joué de toutes les difficultés de notre parcours : pentes glissantes comme de la glace, passage de gué, dévers, ou encore croisement de pont. Il suffit presque d’enclencher le mode 4LO, et de laisser faire l’auto ! On note également les angles d’attaque intéressants (30 ° à l’avant, et 25 ° à l’arrière), la structure renforcée, le couple conséquent, et la motricité au top. Clairement, le Pick-Up Renault pourra se prêter à une utilisation tout-terrain sans jamais rougir, et devrait ravir une clientèle pro souvent exigeante.
La vidéo de votre serviteur sur le parcours 4×4 :
Les tarifs du Renault Alaskan
Le nouveau Pick-Up Renault démarre à 36.860 Euros. La gamme est articulée en 3 niveaux de finition : Life (climatisation manuelle, régulateur-limiteur de vitesse, radio Bluetooth avec USB…), Zen (climatisation bizone, caméra de recul, navigation tactile, marche-pieds latéraux), et Intens (feux Full-LED, système d’arrimage C-Channel, caméra 360, sièges en cuir…). Comptez 45.960 Euros pour notre version haut de gamme, en 190 ch boîte automatique. C’est près de 3.000 Euros de plus qu’un Nissan Navara équivalent. Si le Renault peut compter sur la force de frappe d’un réseau bien plus étoffé, le Nissan offre une garantie plus intéressante (5 ans, contre seulement 2 ans pour l’Alaskan).
Points positifs :
+ Ligne robuste et valorisante
+ Equipements disponibles
+ Capacité de chargement et de tractage
+ Moteur coupleux et souple
+ Qualité de l’amortissement
+ Vrai tout-terrain !
Points négatifs :
– Boîte automatique lente
– Intérieur un peu trop rustique
– Pas de transmission intégrale permanente
– Plus cher qu’un Navara !
Conclusion : Un coup d’essai réussi
Le Renault Alaskan débarque sur le segment des Pick-Up avec de solides arguments : ligne athlétique, excellentes capacité utilitaires, amortissement qui se rapproche de celui d’une berline, ou encore excellentes capacité en tout-terrain. Si son intérieur plutôt « brut de fonderie » pourra rebuter la clientèle « premium », les particuliers qui franchiront le pas profiteront d’ un véhicule résolument versatile, et plutôt valorisant. Reste un seul véritable défaut : son prix, plus élevé que celui d’un Nissan Navara, pour des prestations identiques, ou presque.