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Essai : BMW XM : Le grand SUV signé Motorsport est-il digne de son patronyme ?


Le SUV signé BMW Motorsport à l’essai

« Les voitures se ressemblent toutes aujourd’hui ». « En thermique, t’as plus que des trois cylindres ». Ces idées reçues (pas totalement fausses d’ailleurs), vous les avez forcément déjà entendues. BMW en prend le contre-pied aujourd’hui avec sa nouvelle XM. Non, il ne s’agit pas d’un lointain revival de la grande berline aux chevrons, mais bien du nouveau grand SUV de BMW. Pas dérivée d’une BMW existante, la XM a été entièrement développée par Motorsport. Avec son style tapageur et pas discret pour un sou, elle intrigue. Un sentiment encore exacerbé quand on découvre qu’elle embarque un V8 bi-turbo sous son capot, et qu’elle arrive pourtant à échapper au malus. Sorcellerie ? Mieux que ça : recours à la fée électricité, puisqu’il s’agit d’un hybride rechargeable. Je suis parti dans le Sud de la France pour l’essayer : mon avis sur la nouvelle BMW XM.

Le BMW XM.

Un SUX aux dimensions… généreuses 

Vous l’aurez sans doute déjà remarqué : la XM est un beau bébé. Et pour cause : ses dimensions se rapprochent sensiblement de l’imposant X7, avec une longueur de 5,11 m. Certes, le X7 est un peu plus long (5,15 m), mais pour le reste, la XM n’a aucun mal à soutenir la comparaison : elle est respectivement plus large et plus haut (8 cm de plus !) que le X7 ! Quant au X5, il parait presque compact en comparaison, avec ses 4,93 m.

Une ligne extravagante, et volontairement iconoclaste 

Si vous suivez l’actualité de la marque ces dernières années, vous pourrez difficilement me contredire : BMW change. Le constructeur Bavarois a bouleversé une bonne partie du style de sa gamme (il n’y a qu’à regarder la dernière Série 7/i7 pour s’en convaincre…), avec un objectif assez clair : casser les codes, en commençant par les siens. Évidemment, cela ne s’est pas fait sans heurt(s), et on ne compte plus les cris d’orfraie sur les réseaux sociaux (ou dans la presse).

Autant vous dire que l’encre n’est pas prête de sécher avec cette BMW XM. Débordant de caractère, pas discret pour un sou (pour rester gentil), le grand SUV signé Motorsport multiplie les éléments stylistiques forts, et se permet toutes les excentricités. Le but ? Attirer le regard, et ne laisser personne indiffèrent. Si je vous laisserai seul juge s’agissant du résultat final, le pari est indiscutablement réussi sur cet aspect. Exubérante (pour ne pas dire iconoclaste), la BMW XM se fera remarquer partout où elle posera les roues.

Des gimmicks à foison

Le SUV de BMW M multiplie les éléments de design marquants : les énormes roues (de 21 à 23 pouces), le capot nervuré et (très) musclé, ou encore les très ostentatoires sorties d’échappement verticales, en forme d’hexagone. De nombreux accastillages dorés (« Night Gold » dixit BMW) viennent différencier la XM, à l’image des bandes d’accentuation sur les flancs (un petit clin d’œil aux bandes latérales de la M1 dixit BMW), ou de la calandre.

Comme sur la nouvelle Série 7/i7, les contours de la calandre sont soulignés par un éclairage LED, et les projecteurs avant sont divisés en deux parties. La fine lame supérieure intègre la signature lumineuse LED et les clignotants. Les codes et plein phares sont quant à eux disposés dans le bloc inférieur, qui se fond visuellement dans le bouclier.

A l’arrière, on note les feux acérés en forme de L, intégrés dans une lame noire. Le badge BMW a quant à lui déserté le hayon, au profit d’un logo XM. Enfin, pas tout à fait : deux logos BMW ont été gravés sur le haut de la lunette arrière, de part et d’autre. Un (autre) clin d’œil à la mythique BMW M1.

Un habitacle tiré à quatre épingles, et différenciant

Très haut de gamme par son positionnement, la BMW XM ne déçoit absolument pas au chapitre de la qualité de fabrication. Bien au contraire.

Beaucoup plus classique dans son exécution que l’extérieur, sa planche de bord reprend évidemment le nouveau BMW Curved Display, avec ses deux écrans en enfilade, de 12,3 et 14,9 pouces. L’interface numérique dispose logiquement d’une présentation spécifique BMW M. Valorisante et moderne, réactive, cette interface souffre en revanche d’une ergonomie en recul par rapport aux productions antérieures de la marque. Un exemple parmi d’autres : la complexité du menu de la climatisation.

La qualité perçue est à la hauteur du prix réclamé, et la quasi-totalité du mobilier est tendu de cuir (même les contre-portes), sans oublier les placages façon carbone. 

Il est possible de se concocter une XM à la carte, avec des configurations intérieures diverses, oscillant du très classique « full black » de notre version d’essai à des combinaisons beaucoup plus exotiques. C’est ainsi qu’on peut mêler une sellerie blanche à coiffe de planche de bord en cuir patiné « Coffee Brown Vintage ».

La BMW XM avec une configuration intérieure BMW Individual ‘Merino’, et des inserts en Coffee Brown.

Le ciel de toit est un petit morceau de bravoure à lui tout seul. En relief, il est recouvert d’Alcantara, et intègre un éclairage indirect composé de 100 LED. Le résultat final ne dépaillerait pas dans une Rolls-Royce. Revers de la médaille, il n’est pas possible d’avoir un toit ouvrant et/ou panoramique.

Un sens de l’accueil digne d’une limousine 

La BMW XM cultive son sens de l’accueil. A l’avant, on apprécie les sièges intégraux multifonction, chauffants, ventilés et massants, à la qualité d’assise exceptionnelle. A l’arrière, l’espace est royal, avec une longueur aux genoux digne d’une limousine. La banquette offre un moelleux remarquable, à faire passer l’assise arrière de votre berline pour un strapontin de stade. Notez d’ailleurs que BMW offre des petits coussins pour choyer le dos des passagers arrières (ils ne sont pas visibles sur ma XM d’essai).

En revanche, le volume du coffre déçoit pour un véhicule aussi imposant. Il concède 223 litres au X7, et offre « seulement » 527 litres. Par ailleurs, il n’y a pas de double fond, technologie plug-in hybrid oblige. Bon point en revanche pour l’absence totale de seuil de chargement. Notez que BMW offre un très original sac de rangement (façon sacoche de médecin de campagne) pour y ranger les câbles de recharge (là encore, il n’est pas visible sur les photos).

La fiche technique de la BMW XM

La BMW XM n’est disponible qu’avec une seule motorisation hybride rechargeable. Cette dernière associe un V8 4,4 L M TwinPower Turbo de 489 ch à une motorisation électrique qui offre jusqu’à 197 ch, et qui est logée dans la boîte Steptronic (à 8 vitesses). Au total, le SUV Bavarois développe la bagatelle de 653 ch, et 800 Nm.

La cavalerie est distribuée aux 4 roues, via une transmission xDrive (non débrayable). Malgré son poids « conséquent » (pour rester diplomate), la XM offre des performances dignes de son patronyme : 0 à 100 km/h en 4,3 secs (le même temps qu’une M2), et 270 km/h en pointe (avec le Pack Expérience M). Il reste tout de même un peu moins performant qu’un X5 M, puisque ce dernier passe de 0 à 100 km/h en 3,9 secs.

En revanche, la XM est le seul à pouvoir rouler sans consommer le moindre centilitre de carburant, avec son moteur électrique. Et longtemps en plus (pour un hybride rechargeable) : grâce à sa grande batterie de 25,7 kWh, son autonomie en électrique oscille entre 82 et 88 km. Le plein de watts est en revanche assez long : dépourvu de charge rapide, le XM demande 4h15 pour regagner 100 % de batterie. 

Le recharge électrique s’effectue à l’avant, du côté gauche.

Le deuxième modèle entièrement développé par Motorsport depuis la M1

Je l’évoquais en introduction : la XM n’est pas dérivé d’une autre BMW, et sa conception est entièrement l’oeuvre de la division Motorsport. Quand on voit la qualité des productions BMW M, on imagine la pression ressentie par les ingénieurs de Motorsport pour concevoir cette XM. La pression monte encore d’un cran lorsqu’on découvre que le seul véhicule entièrement développé par BMW M jusqu’alors était la… M1. Hormis ce lien de parenté, et les quelques clins d’oeil esthétiques recensés plus haut, il va sans dire qu’il n’existe pas vraiment de filiation entre un svelte coupé sportif (qui préfigurait le genre des supercars), et un gigantesque SUV qui dépasse allègrement les 2 tonnes !

La BMW M1, le premier véhicule entièrement développé par Motorsport.

Au volant de la BMW XM

Il n’y a pas de miracle : associer un V8 à un moteur électrique et à une grosse batterie se paie cash sur la balance. La XM ne fait pas exception à la règle, puisqu’elle accuse pas moins de 2.710 kg ! Pour essayer de contrecarrer cette impressionnante masse (pour rester diplomate), les ingénieurs de Motorsport l’ont équipé des meilleurs raffinements disponibles sur le marché. Le SUV Motorsport se dote ainsi de la suspension adaptative, d’un différentiel sur les roues arrières, et des 4 roues directrices. Quant au système de freinage M Sport, c’est tout simplement le plus gros disponible sur un véhicule BMW M.

Un comportement routier bluffant, malgré le poids

Et le résultat final force le respect. Lorsqu’on se décide à le bousculer, la BMW XM reste digne et efficace, avec un roulis bien contenu, une cavalerie qui passe au sol sans encombres, et une agilité qui n’a rien de ridicule. On ressent même un vrai plaisir à le bousculer sur itinéraire sinueux, et notamment dans les longues courbes. Il n’y a que dans les virages les plus serrés que son poids et son gabarit se rappellent à notre bon souvenir, et qu’on ressent que ça « embarque » un peu. Le travail réalisé par Motorsport n’en reste pas moins remarquable, et on est loin, très loin de ressentir l’effet « bateau » de certains grands SUV de luxe. Seul revers de la médaille, l’amortissement se montre un peu trop ferme lors des évolutions à basse vitesse. Pour autant, le confort reste excellent, et cette XM est clairement taillée pour les longues distances.

Comme les autres BMW M, il est possible de se concocter une XM « à la carte », de la direction à l’amortissement, en passant par le comportement moteur, la sonorité, et même le toucher de frein. Il est ensuite possible de créer des raccourcis avec nos deux configurations préférées, via les touches M1 et M2, derrière le volant. 

Dr Jekyll et M. Hyde

Avec son moteur électrique et sa batterie, la XM est capable de se mouvoir dignement (et jusqu’à 140 km/h) sans réveiller son moteur thermique, avec la discrétion caractéristique. Pour ne rien gâcher, il n’est pas vain d’espérer parcourir environ 80 km en électrique. En utilisation plus sportive, le V8 bi-turbo se réveille, avec un agrément au top. Emettant un doux feulement en charge, le V8 devient plus rageur en montant dans les tours, et il nous gratifie de délicieux crépitements au lever de pied. Les performances sont à la hauteur, et je suspecte même la BMW XM d’être un peu plus véloce qu’annoncé au 0 à 100 km/h. Pour autant, le « coup de pied au c** » des autres productions M est lissé, au profit du confort. Quant à la consommation en « full thermique », elle est logiquement élevée : comptez entre 13 et 14 L / 100 km sur autoroute.

Douce et transparente en utilisation classique, la boite automatique à 8 rapports manque en revanche d’une pointe de rapidité lorsqu’on adopte une conduite sportive, et qu’on prend l’envie de commander soi-même les rapports. Par ailleurs, elle ne nous facilite pas la tâche lorsqu’on évolue à basse vitesse, avec un dosage parfois compliqué de l’accélérateur.

Tarif de la BMW XM

La BMW XM coiffe la gamme des SUV BMW : son prix s’en ressent logiquement. Vendue 178.000 Euros, elle dépasse ainsi le X5 M Compétition (à partir de 159.300 Euros). La XM se rattrape par son absence totale de malus (malus écologique, mais aussi malus au poids). Bonne surprise également s’agissant de l’équipement proposé : il y a peu d’options, et l’équipement de série est pléthorique.

Par son positionnement et ses prestations, cette BMW XM est finalement capable de concurrencer des modèles bien plus onéreux, comme le Bentley Bentayga, ou le Lamborghini Urus. Et face à ces derniers, elle fait presque figure de bonne affaire : non seulement ces modèles dépassent allègrement les 200.000 Euros, mais ils sont lourdement impactés par le malus.

Conclusion : Un véhicule clivant, mais attachant

Cette BMW XM est attachante. Son look est clivant, et elle ne connaît pas le mot discrétion. Plus classique, son habitacle mettra tout le monde d’accord, avec sa qualité de fabrication, et son sens de l’accueil. S’agissant de sa conduite, les ingénieurs Motorsport ont réussi un vrai exploit. Malgré son poids, elle se montre agréable à mener en conduite dynamique. Le V8 offre un agrément au top (malgré un léger bémol s’agissant de la BVA), et la partie PHEV accroit sa polyvalence. En définitive, l’exécution est excellente, mais il ne faut pas prendre cette BMW XM pour ce qu’elle n’est pas. Performante mais pas vraiment sportive, cette XM est avant tout un véhicule grand-tourisme. Pour un résultat plus fidèle à l’image qu’on se fait d’une production Motorsport, il faudra attendre la version LABEL RED : 748 ch, 1.000 Nm, et 3,9 secs pour le 0 à 100 (comme une M4 CSL…).


BMW XM

8.5

8.5/10

On aime

  • Il ne laissera personne indifférent !
  • L'habitacle, formidablement bien exécuté
  • L'espace et le confort aux places arrières
  • L'autonomie en full électrique, l'absence totale de malus
  • L'agrément global : le V8 fait un bruit envoutant, les performances, et enfin la tenue de route, bluffante pour un engin de cette trempe

On aime moins

  • Le volume du coffre, en léger retrait
  • La boite automatique manque un peu de réactivité en conduite sportive
  • Dynamique certes, mais pas aussi sportive que ce qu'on attend d'une production Motorsport