Découverte et expérience rallye à bord de la Skoda Fabia RS Rally2
Skoda Fabia RS Rally2 : La dernière d’une glorieuse lignée en rallye
Non contente d’offrir une gamme RS particulièrement intéressante (cf mon essai de l’Octavia RS, a.k.a la voiture couteau Suisse), Skoda a également une vraie légitimité en sport auto, et notamment en rallye. Faisant suite à l’Octavia de première génération, la Fabia écume les spéciales de rallye du monde entier depuis 2009. Les générations se sont succédées : Fabia Super 2000 (2009-2014), puis Fabia Rally2 (2015-2022). Depuis quelques semaines, la nouvelle Fabia RS Rally2 a repris le flambeau. J’ai justement eu le privilège d’avoir un co-drive à bord de cette dernière, avec un hôte de marque : Kris Meeke. Récit d’une expérience hors du commun, et que je ne suis pas prêt d’oublier.
Skoda Fabia RS Rally2 : la petite dernière de Skoda Motorsport
La Fabia RS Rally2, c’est la petite dernière de Skoda Motorsport. Son développement a débuté en janvier 2020, avec des premiers tests en juin 2021, et une homologation en compétition en septembre 2022.
Cette « baby WRC » est la lointaine héritière de la légendaire 130 RS, victorieuse au rallye Monte-Carlo en 1977. Elle est le fer de lance du programme de compétition client de Skoda, ouvert en 2009. Outre la vente, ce dernier assure également le support technique (avec une équipe d’ingénieurs dédiée), et l’entretien/réparation des autos.
Au total, plus de 500 Fabia de rallye ont déjà été vendues, dont 474 pour la seconde génération (Fabia Rally2). Le palmarès de cette Fabia Rally2 force le respect, avec plus de 4.600 podiums, et la bagatelle de 12 titres mondiaux. Au total, elle totalise plus de 14.000 départs en rallye, dont 2.000 dans notre seul hexagone.
Les spécifications de la Fabia RS Rally 2 : Structure et chasse au poids
Skoda Motorsport n’est pas allé bien loin pour la « coquille » de la Fabia RS Rally2. Et pour cause : elle partage sa coque avec celle de la Fabia de série. Elle est évidemment renforcée, avec un solide arceau de sécurité. Solide, mais léger cet arceau : 55 kg, c’est peu, surtout pour près de 36 m de tubes ! Au total, la coque (arceau compris) pèse 344 kg.
Le poids est l’ennemi de la performance, c’est bien connu. C’est pour cette raison que la Fabia RS Rally2 reçoit des raffinements dignes des meilleures supercars, à l’image de sa batterie sèche au lithium, qui ne pèse que 8,5 kg, ou du réservoir. En dépit de sa contenance de camionnette (82,5 litres), ce dernier ne pèse que 8,25 kg, avec sa structure souple, composée de textile/caoutchouc/aluminium, sans oublier plusieurs couches d’un revêtement aramide/carbone, afin de renforcer/sécuriser le tout. Au final, Skoda annonce un poids minimal de 1.230 kg pour cette Fabia RS Rally2, en droite ligne avec les normes de la FIA.
Un moteur dérivé de la série
La Fabia RS Rally2 est animée par un 1,6 L qui développe 214 kW (291 ch) / 430 Nm, et dérivé du 2.0 L TSI de l’Octavia RS. Repris de l’ancienne Fabia Rally2, ce quatre cylindres est épaulé par un turbo (inédit pour le coup), et il est associé à une boîte séquentielle à 5 rapports Xtrac, et la puissance est transmise aux quatre roues, via des différentiels mécaniques. Ces données sont identiques à celle de sa devancière (à 5 Nm près) : la Fabia Rally2 evo.
Une voiture conçue pour résister aux pires tortures
La suspension n’a plus grande chose de commun avec la Fabia de série. Réglable, elle est conçue pour encaisser les contraintes les plus extrêmes : sauts, ornières… Le freinage est lui aussi surdimensionné, avec des étriers 4 pistons aux 4 coins, et des disques « XXL » : 355 mm en configuration asphalte. Bien que logiquement dépouillé, l’habitacle m’a impressionné par sa qualité de fabrication : soudures parfaites, rangements des câbles : rien n’a été laissé au hasard ! Je verrais bien le pédalier en carbone en décoration dans mon salon, c’est dire.
Il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses, et de juger « sur pièces » cette nouvelle Fabia RS Rally2. Pour l’occasion, Skoda a fermé une petite route de la campagne Tchèque, et a mis en place un dispositif digne d’un rallye : marshalls, équipe médicale… Je débute avec la glorieuse devancière de la Fabia : la 200 RS de 1974.
Co-drive à bord de la Skoda 200 RS : 50 ans (ou presque), et toutes ses dents !
Animée par un 2,0 L de 163 ch qui transmet sa puissance aux seules roues arrières (et qui associée à une boîte mécanique à 5 rapports d’origine Porsche), la 200 RS n’est pas un monstre de puissance, en tout cas pas selon nos critères actuels. C’est en revanche une authentique rareté. A côté d’elle, la Ferrari 250 GTO passerait presque pour une voiture de grande série. Et pour cause : la Skoda 200 RS a été produite à… 2 exemplaires.
Toute menue, elle rappelle furieusement un monument national Français : la Berlinette Alpine A110. Les proportions sont similaires, et il en va de même pour la forme de sa lunette arrière, ou pour son habitacle, dépouillé.
Pendant qu’on me saucissonne au siège de droite, je constate que l’expression « assis au ras du sol » n’a jamais été aussi bien illustrée. Il n’y a pas de repose pied, et l’arceau de sécurité est bien moins intrusif que sur une voiture de rallye moderne. Contact : le 2.0 L n’est définitivement pas du genre timide. Dénuée de toute bride, l’échappement réchauffe l’habitacle, et me rappelle que je ne suis définitivement pas dans une auto lambda. Avec le sifflement de transmission caractéristique, nous nous élançons pour quelques petits kilomètres sur une minuscule route de campagne de l’arrière-pays Tchèque.
Des sensations qui n’ont pas grand chose à envier à une voiture de rallye moderne
J’ai déjà eu deux occasions d’expérimenter les sensations d’une voiture de rallye moderne (en Clio R3T sur une spéciale du Rallye du Var, et à bord de la récente Hyundai i20N Rally2), et je peux vous dire que cette Skoda 200 RS possède encore une belle poigne. Certes, ses accélérations n’ont pas l’intensité d’une voiture de rallye « dernier cri », mais pour le reste, elle n’a pas beaucoup de leçons à recevoir.
Légère (850 kg), la voiture semble très agile sur ses appuis, et l’architecture moteur à l’arrière arrière/propulsion pallie très bien à l’absence d’une transmission intégrale (bon OK, l’auto patine encore en troisième, mais les conditions « gras-mouillé » de notre co-drive n’aidaient pas). Ah oui, j’ai aussi remarqué que le pilote devait mettre plus de volant que sur une voiture de rallye moderne. Alors certes, elle demande plus d’engagement au pilotage, mais elle n’en reste pas moins une véritable usine à sensations. Impressionnante la presque mamie !
Co-drive en Skoda Fabia RS Rally2
Facile dans la 200 RS, l’accès est bien plus complexe dans la Fabia RS Rally2. Par rapport à son illustre devancière, il faut avoir de la technique pour s’installer à bord, tant la sécurité a évolué, avec un arceau qui constitue un véritable cage de protection. La meilleure solution ? Rentrer les pieds d’abord, et laisser ensuite son bassin basculer à l’intérieur. Sécurité oblige toujours, on est bien plus fermement sanglé dans le siège baquet. Le débattement possible du corps est inexistant, avec un résultat digne des plus grandes techniques de bondage.
Trêve de (douteuse) comparaison : le 1.6 L s’ébroue. Lui aussi est porté sur les décibels, mais moins sur les vibrations. La marche arrière claque, et après un rapide demi-tour, la voiture s’élance sur son terrain de jeu. Joueur, Kris débute la spéciale avec un launch-control. Pour reprendre l’expression du célèbre Etienne le bolideur : « ça pousse ! ». La motricité est impressionnante, et on sent bien que la puissance n’a aucun mal à passer au sol.
Une sensation d’efficacité surnaturelle
Malgré les vitesses indécentes rapidement atteintes (pointe à 170 km/h sur notre courte spéciale : plutôt pas mal pour une minuscule route de campagne où il n’y a pas la place pour croiser une autre voiture !), l’impression de facilité et d’efficacité laissent pantois. La voiture semble collée au sol, et le pilote n’a que peu de corrections à effectuer au volant. Solidement harnaché à mon siège, je constate que les pilotes de rallye ne sont décidément pas faits du même bois que nous autres pauvres loquedus, pardon, conducteurs lambda. Kris est calme, ses gestes sont précis, et absolument rien ne laisse transparaitre une quelconque prise de risque, malgré notre vitesse indécente.
Tout aussi impressionnant, le freinage est surnaturel d’efficacité, tout comme le frein à main hydraulique, qui permet de faire pivoter la voiture en un clin d’oeil. A ne pas reproduire chez vous, sous peine de perdre votre amour-propre (et votre coefficient de bonus).
Aller, j’arrête mes longues palabres, et je vous laisse avec une vidéo réalisée par Skoda Motorsport, où vous pouvez admirer votre serviteur servir de sac de sable à Kris Meeke. Un grand merci à Skoda France justement pour cette superbe invitation.