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Essai : Nouvelle Audi RS 3 : Un sublime testament

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Nouvelle RS 3 : Le champ du cygne du 5 cylindres Audi

Un son unique. En pleine époque des Groupes B (ces bêtes de rallye surpuissantes qui ont marqué les années 80), les spectateurs amassés au bord des routes les reconnaissaient à des kilomètres à la ronde. Je veux bien sûr parler dès mythiques Audi Quattro S1, et de leur fameux 5 cylindres. Ah, le 5 cylindres Audi ! Cette architecture moteur caractérise la marque depuis 45 ans. Bourrée de caractère, cette motorisation aurait pu être sacrifiée sur l’autel des émissions de CO2. C’est tout le contraire : Audi persiste et signe, puisque c’est un 5 cylindres qui anime la nouvelle Audi RS 3. Une troisième génération de RS 3 que j’ai eu la chance d’essayer sur les sublimes routes du Mont-Ventoux. Spoiler alert : j’ai même pu la faire (un peu) drifter. Audi RS 3 Acte III : l’essai !

La nouvelle Audi RS 3.

Une lignée de 45 ans : le 5 cylindres Audi

Avant de vous parler de la nouvelle RS 3, laissez-moi vous parler de l’histoire de sa motorisation 5 cylindres.

La dynastie du 5 cylindres Audi débute en 1976, avec la sérieuse 100 5E C2, forte de 136 ch. La petite histoire veut que la marque Allemande a opté pour l’architecture 5 cylindres pour une raison de place, la 100 n’ayant pas suffisamment d’espace sous son capot pour accueillir un six cylindres.

L’Audi 100 5E C2.

Le 5 cylindres passe la seconde en 1980 sous le capot de la mythique Audi Quattro, avec une puissance puissance revue à la hausse : 200 ch.

Mais c’est bien la mythique Audi Sport Quattro de 1984 qui va donner ses lettres de noblesse au 5 cylindres maison. Avec son empattement tronqué, ses trains roulants renforcés et sa carrosserie allégée en kevlar, elle devient une véritable arme. Surtout que le 2133 cm3 atteint 306 ch. Elle servira à l’homologation de la redoutable Groupe B.

L’Audi Sport Quattro.

Le 5 cylindres continue son ascension (au sens propre comme au figuré), en remportant le Pikes Peak en 1987, sous le capot de l’Audi Sport Quattro E2 « Pikes Peak », avec la légendaire Walter Rohrl au volant.

L’Audi Sport Quattro E2 Pikes Peak.

En 1994 le 5 cylindres turbo anime la diabolique RS2, conçue en partenariat avec Porsche. Cette derrière cache sous ses traits de break familial une des plus redoutables sportives des années 90, avec sa conséquente cavalerie de 315 ch.

L’Audi RS2.

Le 5 cylindres Audi fait son grand retour en 2009, sous la forme du 2,5 l TFSI, inauguré sous le capot de la deuxième génération de TT. Ce moteur sera implanté un an plus tard dans la première génération de RS 3. 

L’Audi TT RS.

Quelques années après, c’est cette même TT (sa troisième génération en l’occurrence) qui inaugure la version revue du 2,5 l TFSI. Le bloc et culasse passent à l’aluminium (-26 kg sur la balance), et un nouveau turbo est implanté. Le bloc atteint un cap fatidique : celui des 400 ch.

C’est justement ce même 2,5 l TFSI qui anime celle qui nous intéresse aujourd’hui : la nouvelle Audi RS 3.

Le 5 cylindres de la nouvelle Audi RS 3.

Une troisième génération de RS 3 plus exubérante

Impossible de confondre cette nouvelle RS 3 avec son homologue S3. Pour un peu, cette dernière paraitrait presque timide à côté de sa grande soeur !

Grille de calandre béante qui s’étend sur quasiment toute la largeur de l’auto, écopes d’air massives aux extrémités : la face avant est d’une rare agressivité. Surtout avec la signature lumineuse spécifique à damiers, qui est associée aux phares Matrix LED optionnels.

Les regards avisés auront également remarqué le toit contrasté noir brillant, spécifique à cette version berline, ainsi que les ailes élargies à l’avant. Ces dernières ne sont pas là que pour le look : la RS 3 dispose en effet de pneus plus large à l’avant qu’à l’arrière !

A l’arrière, on remarque le bouclier spécifique qui intègre le diffuseur d’air, les grosses sorties d’échappement latérales, ou encore le spoiler arrière peint en noir (un spoiler en carbone est même disponible en option). Les voies sont élargies, la caisse rabaissée (de 10 mm par rapport à une S3), et les jantes proposées font 19 pouces.

Si la discrétion n’est pas votre priorité, je ne saurais que trop vous recommander d’opter pour cette teinte spécifique « Vert Kyalami », qui assoit définitivement le coté extravagant de cette RS 3. Perso, j’adore !

Déjà proposée sur la deuxième génération de RS 3, la carrosserie berline est reconduite sur ce nouvel opus. C’est une excellente chose, tant elle se conjugue à merveille avec cette version au vitriol. La RS 3 Berline est plus longue de 16 cm que la version Sportback (4,54 m contre 4,38 m).

Un habitacle discret (un peu trop ?)

Plus mesurés dans l’habitacle (peut être trop), les changements apportés par cette nouvelle RS 3 n’ont qu’un seul objectif : offrir une expérience plus intense à son conducteur.

Sièges sport (sublimes), volant RS Sport multifonction avec marqueur à 12 heures (avec bouton RS Mode), affichage spécifique du Virtual Cockpit Plus (il est baptisé « RS Runway ») : pour reprendre un air bien connu, « va y avoir du sport ! ». La position de conduite est excellente, puisqu’elle permet au conducteur (pilote ?) de « descendre » vraiment bas, afin de se mettre en prise directe avec la route.

Pour le reste, on reste en terrain connu, la planche de bord étant évidemment reprise de l’Audi A3 classique. Très moderne, elle fait la part belle aux angles vifs, et ne manque pas d’originalité. La qualité perçue est flatteuse dans son ensemble, avec l’emploi d’un matériau très qualitatif en partie supérieure. Je pourrais simplement regretter le recours un peu trop fréquent à des éléments laqués, et le plastique rigide qui habille la console centrale.

Dans la pure tradition Audi, l’interface numérique réalise un carton plein : l’écran tactile central de 10,1 pouces est un régal (à regarder mais aussi à l’usage), et le Virtual Cockpit Plus est au diapason, même si j’avoue ne pas avoir été franchement subjugué par l’affichage RS Runway. Ce dernier en met certes plein les yeux, mais il manque de lisibilité en conduite sportive.

L’affichage « RS Runway ».

Envie d’insuffler un peu de couleur à l’habitacle de votre RS 3 ? Ça tombe bien, Audi a ce qu’il faut pour vous, au travers des « Pack Design RS » (vert ou rouge). Ils permettent d’avoir des ceintures de sécurité et des surpiqures de la couleur choisie. Une petite rallonge supplémentaire vous permet même de disposer d’un volant en Alcantara, et d’accents de couleur sur les grilles d’aération. De quoi vraiment distinguer cette RS 3 d’une A3 classique.

La nouvelle Audi RS 3 à l’assaut du Mont-Ventoux

Il est temps de passer aux choses sérieuses : le Mont-Ventoux se dresse devant moi. A l’image de n’importe quel coureur cycliste, je trépigne d’impatience à l’idée de me lancer à son assaut.

Sauf que moi, je ne compte pas gravir les 1.910 m qui mènent à son sommet à la seule force de mes jambes. Pourquoi faire quand on dispose d’un 2.5 l TFSI ?

Je débute mon ascension en douceur, histoire de me familiariser avec mon monture. Et c’est une bonne surprise : cette nouvelle RS 3 se montre très civilisée quand on le souhaite. Les rapports s’égrènent avec douceur, et le 5 cylindres accepte sans broncher d’évoluer sur un filet de gaz. L’amortissement (piloté sur ma version d’essai) est certes typé ferme, mais sans devenir caricatural pour autant. De bonnes dispositions routières donc : je n’en attendais pas autant pour une voiture à la plastique aussi radicale.

Mais je ne suis pas là pour ça : il est temps d’appuyer sur le sélecteur de modes de conduite.

Une ode au plaisir de conduite : le 5 cylindres de la RS 3

Le mode dynamic suffit pour réveiller la bête qui sommeille sous le capot : chaude, profonde, la sonorité du 5 cylindres remplit alors immédiatement l’habitacle, et me fille un sourire aussi niais que sincère. Surtout que chaque lever de pied est ponctué par des jouissives détonations (mon modèle d’essai était équipé du système d’échappement à clapet Sport RS, en option). Même s’il est un peu muselé par l’ajout du FAP, le 5 cylindres continue d’offrir une bande-son unique dans la catégorie. Et même unique tout court !

Non seulement le 5 cylindres Audi donne de la voix, mais il n’a jamais été aussi vivant. Légèrement plus coupleux qu’avant (il gagne 20 Nm, et atteint désormais les 500 Nm), mais affichant le même nombre d’équidés (400 ch), le 2,5 l TFSI est capable de propulser (catapulter serait un terme plus approprié) cette nouvelle RS 3 de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes. La bride électronique à 250 km/h peut être relevé à 290 km/h en optant pour le Pack « Dynamique RS plus ». Dépourvu de toute hybridation (même légère), le 2,5 l TFSI est comme qui dirait un moteur à l’ancienne. Organique, il offre une poussée qui ne s’essouffle jamais, et arrive en un battement de cil à la zone rouge (qui intervient à partir de 7.000 tr/min).

Surtout qu’il est bien secondé par la boite à double embrayage S tronic 7 (DQ500 de son petit nom). Reprise de l’ancienne RS 3, sa cartographie a été revue, avec un objectif clair : la rendre plus rapide. Et c’est plutôt probant si vous voulez mon avis, surtout quand on passe en mode manuel, via les palettes au volant.

Une tenue de route surnaturelle

Et les liaisons au sol dans tout ça ? Elles sont tout aussi bonnes que le 5 cylindres, pour ne pas dire meilleures. Le poids du 5 cylindres ne se ressent absolument pas volant en mains, le train avant offrant une vivacité de chaque instant. Le côté « enclume » que certains reprochaient à l’ancienne RS 3 n’est plus qu’un lointain souvenir…

Si tenté qu’on se prenne à réaccélérer plus vite qu’à l’accoutumée, le sous-virage est annihilé, puisque l’auto ressert immédiatement sa trajectoire quand on se sert de la pédale de droite. Avec ce mode d’emploi en tête, vous obtenez une auto d’une efficacité folle (pour ne pas dire surnaturelle). On mesure les bienfaits ici du nouveau différentiel arrière (« RS Torque Splitter » de son petit nom), capable de répartir de manière active et entièrement variable le couple sur les roues arrières, via un système d’embrayage multidisques.

Pour le dire plus trivialement, cette nouvelle Audi RS 3 tourne bien, très bien, et on ne ressent absolument pas les 1.575 kg de cette version Berline. Réactive et vive sur ses appuis, elle se laisser « jeter » d’un virage serré à un autre. Mieux que ça : elle en redemande. On comprend mieux pourquoi cette nouvelle RS 3 Berline est devenue la voiture compacte la plus rapide sur le Nordschleife, avec un temps de 7 minutes et 40.748 secondes (4,64 secondes de moins que la Mégane R.S Trophy-R).

Pour ne rien gâcher, les freins carbone céramique optionnels offrent puissance et endurance, et permettent d’économiser 10 kg sur la balance. Poussée affolante, faculté à prendre des virages qui l’est tout autant : cette nouvelle Audi RS 3 est absolument jouissive. Quant à moi, je suis déjà au sommet du Mont-Ventoux. Avec une seule envie : refaire son ascension, encore et encore.

Du drift dans la nouvelle Audi RS 3 !

Le nouveau différentiel arrière RS Torque Splitter dont je vous parlais quelques lignes plus haut a bien des avantages. Non seulement il permet à cette nouvelle RS 3 d’annihiler la notion de sous-virage, mais il lui permet en plus de disposer d’un mode de conduite inédit. Baptisé « RS torque rear », ce mode permet d’envoyer jusqu’à 1.750 Nm de couple sur la roue arrière extérieure au virage. Pour faire ça :

Uniquement destiné à un usage circuit (pour d’évidentes raisons), ce mode permet de réaliser de jolies figures de style au volant de la RS 3, si tenté qu’on se départisse d’une bonne partie de nos habitudes. Gadget certes, mais terriblement amusant.

Tarifs, équipement et disponibilité de la nouvelle Audi RS 3

Coiffant la gamme A3, la RS 3 s’échange contre 69.990 Euros (version Sportback). La version Berline réclame un petit supplément, puisqu’elle est affichée 71.390 Euros. En tenant compte du malus, la balance s’équilibre, puisque la berline est un peu moins impactée : 19.641 Euros de malus sur la RS 3 Sportback, contre 17.490 Euros pour la RS 3 Berline.

L’équipement de série intègre les sièges et le volant sport, l’Audi drive select, l’Audi connect navigation et divertissement plus (incluant notamment l’excellente navigation avec Google Earth), le régulateur adaptatif, la caméra de recul, le Digital Cockpit (…). Les Packs Design RS réclament 850 Euros (1.100 Euros pour le Pack « Etendu »), le Bang & Olufsen premium sound system 970 Euros, l’affichage tête haute 980 Euros, et les phares Matrix LED 850 Euros.

Ceux qui veulent plus de sportivité pourront opter pour l’amortissement piloté (1.200 Euros), les freins céramiques (5.500 Euros, ce sont les mêmes qui équipent la R8), le système d’échappement sport RS (1.200 Euros). Facturé 2.190 Euros, le Pack Dynamique RS Plus inclut l’amortissement piloté, permet de relever la vitesse maxi à 290 km/h, et de disposer de 3 modes supplémentaires de conduite : RS individual, RS performance, RS torque rear.

La nouvelle RS 3 n’est pas impactée par la crise des semi-conducteurs. Véhicule à forte marge oblige, elle est prioritaire sur les chaînes de production Audi.

Conclusion : Au panthéon des meilleures sportives

Il n’y pas de doute : cette nouvelle Audi RS 3 fera date. Par son look exubérant évidemment, ses performances qui le sont tout autant, mais aussi par ses prestations dynamiques, tout bonnement exceptionnelles. Son efficacité est absolument folle, avec un sous-virage aux abonnés absents (merci le nouveau différentiel arrière), et une vivacité sur ses appuis qui laisse pantois. A la fois civilisée et bestiale (en fonction du mode de conduite choisi, et de notre humeur), elle offre un écrin de choix à ce qui est l’un des plus beaux moteurs de la production actuelle : le 5 cylindres 2.5 l TFSI. Même si la nouvelle RS 3 sera selon toute vraisemblance la dernière auto a en profiter, on ne remerciera jamais assez Audi de lui avoir offert un aussi beau chant du cygne.

Un grand merci à Laurent Sanson d’AUTOMAG, auteur des superbes clichés dynamiques de l’article (photos non logotées).