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Essai : Volkswagen T-Roc Cabriolet : Seul au monde


T-Roc Cabriolet : un pari osé pour VW

Le T-Roc Cabriolet arrive sur un segment des quatre places « grand public » aujourd’hui en état de mort cérébrale. L’automobiliste qui recherche une découvrable de ce type aura bien du mal à se mettre quelque chose sous la dent (en tout cas en neuf), encore plus depuis la disparition du genre des coupé-cabriolet (CC pour les intimes), un genre pourtant très à la mode dans les années 2000.

Chez Volkswagen, les autos décapsulées avaient également déserté le catalogue, avec les arrêts successifs de l’Eos, de la Golf Cabriolet, et plus récemment de la Coccinelle Cab’. Bonne nouvelle, 2020 voit le retour d’un modèle découvrable dans la gamme VW. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Volkswagen a choisi la carte de l’originalité, en ôtant le toit de son espiègle T-Roc. Oui, vous avez bien lu, la marque lance un SUV cabriolet !

On peut se poser la question de la pertinence d’une telle conversion, surtout que les caractéristiques propres aux SUV ne semblent pas vraiment compatibles avec celles des découvrables (garde au sol élevée, comportement routier moins incisif, ligne plus lourde…). Pour savoir si la greffe est réussie, je suis parti en vacances au volant du T-Roc Cabriolet, sur la cote Normande. Le mariage de la carpe et du lapin est-il réussi ? Mon verdict à la fin de cet article !

Une ligne sans équivalent

Si la ligne du T-Roc cabriolet s’apparente immédiatement à celle du T-Roc classique essayé par Quentin (la face avant est ainsi strictement identique), ce dernier diffère tout de même de ce dernier sur plusieurs points. Tout d’abord, il perd ses 2 portes arrières, de même que son hayon. Son empattement est légèrement allongé, et il est plus bas de quelques centimètres, lui conférant un profil encore plus râblé. Les arceaux de sécurité sont fort heureusement dissimulés derrière les appuis-tête arrière, et ils ne se déploieront que si l’auto se retrouve en fâcheuse posture.

Une fois décapoté, et malgré ses origines, le T-Roc cabriolet est une vraie découvrable. Comprenez : la sensation de plein air qu’on recherche avec ce type de véhicule est bien présente, avec un pare-brise qui a le bon gout de ne pas trop avancer sur l’habitacle, et la possibilité de descendre complètement les vitres latérales. Car oui, les portières sont évidemment dépourvues d’encadrement.

Un habitacle (trop) sérieux

La planche de bord du T-Roc cabriolet est identique à celle de la version classique. L’ergonomie est excellente, et les assemblages sont soignés, laissant augurer d’un bon vieillissement de l’ensemble. En revanche, on peste une nouvelle fois contre les plastiques durs qui recouvrent intégralement cette planche de bord. Dommage, surtout à ce prix.

Surtout, on regrette le caractère trop austère de cet habitacle : la couleur n’a pas son droit de cité ici, et tout est donc désespérément noir ou gris. Dommage pour un véhicule voulu comme fun.

Rien à redire en revanche s’agissant de la technologie embarquée : l’écran central de 8 pouces est un modèle de prise en main et de réactivité, et l’instrumentation digitale est agréable à l’usage.

La capote électrique se manipule via une commande disposée entre les sièges avant. Un simple appui prolongé permet de l’opérer, et il ne faut attendre qu’une petite dizaine de secondes pour profiter du grand air. Il est même possible de décapoter en roulant (jusqu’à 30 km/h), et inversement. Un bouton permet par ailleurs de commander les quatre vitres électriques de concert.

Un espace de vie bien gardé

Point faible habituel des cabriolets, les aspects pratiques sont ici relativement soignés : les places avant sont logeables, et le coffre offre un volume plutôt correct (280 litres). Il est même possible de rabattre le dossier des places arrières afin d’augmenter l’espace de stockage, même s’il faut bien noter que l’ouverture est alors assez étroite.

Par ailleurs, j’ai été agréablement surpris par l’espace offert aux passagers arrières. Je n’ai eu aucun mal à loger mon 1,76 m à l’arrière, avec une garde au toit encore confortable, et un espace aux jambes qui l’est tout autant. Voyager à l’arrière du T-Roc cabriolet n’a donc rien d’une punition, surtout que le dossier n’est pas trop vertical.

Sur la route : Une ablation réussie

Convertir une auto en cabriolet n’a rien d’une sinécure. Il faut méticuleusement renforcer sa structure, sous peine d’avoir des soucis de rigidité qui peuvent ruiner l’expérience de conduite : vibrations intempestives, craquements, comportement routier flou…

Pour éviter cet écueil, Volkswagen a peaufiné sa copie : le T-Roc cabriolet s’est alourdi d’environ 200 kg (selon la version) par rapport à la version à toit rigide. Et le résultat est réussi : même décapotée, l’auto conserve les qualités du T-Roc avec toit en dur, avec un comportement routier équilibré et agréable. Equipé de l’amortissement piloté DCC optionnel, mon T-Roc cabriolet d’essai encaissait avec un certain panache une conduite dynamique, avec une direction précise, bien servie par un train avant plutôt réactif, et des prises de roulis assez bien maitrisées. Ne vous attendez quand même pas à jouer avec le train arrière, l’auto étant certes bien équilibrée mais pas du tout joueuse. L’amortissement à quant à lui le bon goût de ne pas être trop cassant, malgré les grosses roues de mon modèle d’essai. Evidemment, Volkswagen a conservé la position de conduite surélevée du T-Roc à toit rigide.

150 chevaux, cheveux au vent

Avec le 1.5 TSI 150 ch, le T-Roc cabriolet possède des épaules suffisamment larges pour affronter les différents usages. A défaut d’offrir des performances ébouriffantes ou un caractère exacerbé, ce bloc offre des relances efficaces. La boite DSG7 (livrée d’office) rend la conduite douce et reposante. Autre point positif, ce 1.5 TSI dispose d’un système de désactivation des cylindres, au fonctionnement totalement transparent pour le conducteur.

Les bonnes dispositions du T-Roc cabriolet se sont confirmées tout au long de mon essai et ce, dans toutes les conditions possibles. Equipée d’une capote triple-épaisseur, le T-Roc cabriolet est un agréable compagnon de voyage. Capoté, il offre une bonne isolation phonique, notamment sur autoroute, où le niveau sonore est efficacement contenu. Une qualité rare pour un cabriolet.

Une fois décapoté, les bonnes impressions perdurent. Volkswagen a en effet prévu un saute-vent qui fait très bien son office, en filtrant efficacement les remous. Ce saute-vent condamne évidemment les places arrières, et se range le reste du temps sous le plancher du coffre.

Côté consommation, j’ai relevé une consommation d’environ 7,7 litres sur mon trajet retour Bayeux-Paris sur autoroute, capoté. Une valeur correcte vu le poids de l’engin.

Gamme et tarifs du T-Roc cabriolet

La gamme T-Roc cabriolet va à l’essentiel, avec seulement deux finitions (Style et R-Line), et deux motorisations essence. La gamme débute à 34.600 Euros, avec un équipement déjà correct. Ma version 1.5 TSI DSG7 Style d’essai débute à 38.600 Euros, et dépasse rapidement les 40.000 Euros avec quelques options.

Si ses tarifs sont élevés au demeurant, il est difficile de comparer ce T-Roc cabriolet aux modèles équivalents. Il n’a pas de vrai concurrent direct. L’unique autre proposition de SUV cabriolet (le Range Rover Evoque cabriolet) n’est plus. Les autres décapotables dans cette gamme de prix n’ont pas du tout la même philosophie. Une Mini Cabriolet débute à 26.400 Euros et la reine Mazda MX-5 débute à 28.900 Euros (1.5 SkyActiv 131 ch).

Points positifs :

+ Aspects pratiques (pour un cabriolet), quatre places « exploitables »

+ Comportement routier préservé

+ Insonorisation/isolation soignées

+ Polyvalence de l’ensemble

+ Vraie sensation de plein air une fois décapoté

Points négatifs :

-Habitacle trop austère, plastiques durs

-Tarifs salés

-Manque de tempérament mécanique

-Légitimité d’un SUV cabriolet ?

Conclusion : Une proposition unique

Volkswagen propose avec ce T-Roc cabriolet un produit original, et résolument unique. On aime (ou pas !) l’idée d’un SUV cabriolet, mais le résultat final laisse l’impression d’un produit bien pensé. L’insonorisation est réussie, les aspects pratiques sont plutôt soignés (pour un cabriolet). L’ablation du toit n’altère pas les qualités routières du modèle. Si je ne suis pas client, je dois admettre qu’il propose quelque chose de différent sur le marché. Et rien que pour ça, la démarche mérite d’être valorisée.