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Essai : Mazda 3 SkyActiv-X 180 ch : Le renouveau Japonais


Une marque pas tout à fait comme les autres…

Qu’il est impressionnant le chemin parcouru par Mazda. Fêtant cette année ses 100 ans, la firme fondée par Jujirō Matsuda était à l’origine spécialisée dans la production de… bouchons de liège pour le secteur vinicole. Après un premier essai en 1931 sous la forme de la Mazda-Go (un petit triporteur semblable à un rickshaw), la firme Japonaise ne se lance vraiment dans l’industrie automobile qu’en 19690, avec sa première voiture de tourisme : la R360.

La Mazda-Go
La première « vraie » Mazda : la R360

Cet adorable petit coupé rentrait dans la fameuse catégorie des kei-cars, mesurant tout juste 3 mètres de long. La marque s’est vite taillé une solide réputation avec certains choix techniques osés, comme celui du moteur rotatif, équipant le coupé sportif RX-7, mais aussi la mythique 787 B, victorieuse aux 24 Heures du Mans 1991.

Surtout, la présentation en 1989 de la MX-5 a beaucoup joué dans la perception de la marque, avec un succès critique et commercial jamais démenti depuis lors (c’est d’ailleurs le roadster le plus vendu de tous les temps).

La dernière génération de MX-5 (ND pour les intimes)

Après être un temps tombé dans l’escarcelle de Ford, la marque fait aujourd’hui preuve d’un grand dynamisme, en continuant de capitaliser sur la MX-5 (je vous recommande à ce sujet de relire mon essai/roadtrip en forêt noire en MX-5 de dernière génération, vous comprendrez pourquoi je voue un culte à cette auto), mais aussi en misant sur une approche différente de ses concurrents. Une « méthodologie » se caractérisant par un accent mis sur le style et les sensations de conduite, et qui a débuté avec le lancement de la première génération du SUV CX-5.

Et je dois bien dire qu’à ce petit jeu, la nouvelle génération de Mazda 3 m’a définitivement tapé dans l’oeil. J’ai eu la chance de passer une semaine à son volant, dans sa version équipée du nouveau (et très intéressant) moteur SkyActiv-X 180 ch. Je vais vous expliquer pourquoi cette Mazda 3 mérite que vous vous y intéressiez, point par point.

Style extérieur : Une berline compacte qui ne ressemble à aucune autre

C’est un grief qui revient très souvent : les autos se ressemblent de plus en plus. Et cette remarque serait encore plus valable dans le segment très disputé des berlines compactes. Pourtant, je suis a peu-près certain que vous ne me contredirez pas : cette Mazda 3 a un look bien à elle.

Elle multiplie en effet des partis pris stylistiques forts : long capot plongeant, calandre béante, optiques effilés réduits à leur plus simple expression… Un look qui n’aurait pas juré sur un coupé sportif, mais qui se retrouve ici appliqué à une berline compacte.

Disposant de la nouvelle itération du fameux style maison (baptisé Kodo, censé exprimer « l’âme du mouvement »), la Mazda 3 est passé il y a peu à côté du titre de plus belle voiture de l’année (titre finalement remporté par la BMW Série 2 Gran Coupé). Si cela ne tenait qu’à moi, c’est elle qui aurait fini sur la plus haute marche du podium…

Mazda a réussi un véritable tour de force : donner un style très fort à sa berline compacte, tout en gardant en même temps un dessin épuré. Le traitement stylistique du pilier C (celui qui relie le pavillon à la partie arrière) est à ce sujet révélateur : Mazda a joué la carte de la simplicité : pas de vitre de custode, juste un pan « brut » de carrosserie. Ça mérite un petit temps d’adaptation, mais au final, ça accentue le dynamisme de l’auto.

A l’intérieur : une montée en gamme flagrante

J’ai possédé pendant quelques mois un CX-3, et je dois bien dire que j’ai été très satisfait de cette expérience. Mais en montant à bord de cette nouvelle Mazda 3, je ne peux que constater que cette dernière met un bon coup de vieux à l’habitacle de mon ex SUV compact.

La présentation progresse en effet sensiblement, et tout a été fait pour exprimer la volonté de montée en gamme de la marque. Et pour le coup, c’est réussi : il se dégage de l’habitacle de cette Mazda 3 une impression de raffinement que bon nombre de ses rivales n’offrent pas. Comme à l’extérieur, le côté épuré ressort. Les matériaux utilisés sont agréables au regard et à toucher (mention spéciale au bandeau rembourré façon simili-cuir en partie centrale), et les différents éléments s’imbriquent ensemble de façon très esthétique. C’est difficile à exprimer avec des mots, mais on se sent instantanément bien, à sa place. Seul petit bémol : le plastique utilisé au niveau du tunnel de transmission reçoit un revêtement « laqué piano » qui marque très vite, et qui se salit tout aussi rapidement.

Les aspects pratiques sont moyens, avec une sensation de confinement aux places arrières (normal vu l’absence de vitres de custode) et un espace correct mais sans plus, et un coffre au volume moyen et offrant un seuil de chargement un peu trop haut.

Pour clore ce chapitre, une remarque d’importance pour la suite : on sent bien que Mazda a pensé sa 3 pour offrir le maximum de sensations à son conducteur, avec les ingrédients qui vont de pair : la position de conduite est proche de celle d’un coupé (comprenez : proche du sol, les jambes semi-allongées), le petit volant est un vrai bonheur à appréhender, et le levier de vitesse surélevé est à portée de main immédiate.

Sur la route : le plaisir de conduite comme parti pris

Inutile de vous embarrasser avec des effets de suspense : cette Mazda 3 est une vraie révélation sur la route.

Déjà, parcque les prérequis sont là. Comme je l’évoquais quelques lignes plus haut, la position de conduite et la disposition des commandes permettent au conducteur de réellement faire corps avec l’auto, en droite ligne de la tradition maison du « Jinba Ittai » (si vous n’avez pas fait Japonais LV2, ça signifie faire corps avec sa voiture). Un autre point d’importance, c’est la qualité du châssis. Et pour le coup, les ingénieurs Mazda ont là aussi fait preuve de beaucoup d’inspiration.

Résolument vivante et donc pas figée sur ses appuis (un petit lever de pied ou un coup de frein en courbe et on sent automatiquement l’arrière enrouler), cette Mazda 3 reste tout de même très saine et rassurante, et ce même lorsque le conducteur fait preuve d’un excès d’optimisme. Autre point de satisfaction : des changements d’appui extrêmement réactifs, ce qui est un vrai bonheur sur route sinueuse. C’est ici que ma principale critique arrive : si le volant est d’une nervosité (dans le bon sens du terme) remarquable, retranscrivant immédiatement les injonctions du conducteur au train avant, je trouve que la direction manque tout de même d’un peu de ressenti. Ce n’est pas catastrophique non plus (loin de là même), mais les qualités du châssis sont telles qu’on aurait apprécié un feeling plus organique.

Hormis ce grief, les liaisons au sol me rappellent par bien des aspects celles d’une autre Mazda. Et pas n’importe laquelle : la MX-5. Il y a pire comme référence. Pour ne rien gâcher, le confort est excellent : amortissement prévenant, et insonorisation très soignée. Si vous ajoutez à ça l’excellent système Hi-Fi Bose à 12 HP (de série sur cette version Sportline), vous obtenez une machine faite pour enchaîner les kilomètres, surtout qu’elle est bardée d’aides à la conduite : régulateur adaptatif, détection des angles morts (c’est une bonne chose vu la piètre visibilité au 3/4 arrière), et également l’un des meilleurs éclairages adaptatifs que j’ai eu l’occasion de tester.

Et le moteur dans tout ça ? Avant de me prononcer, une mise au point s’impose. Récemment introduit sur la Mazda 3, ce nouveau 2.0 SkyActiv-X constitue une petite révolution dans le monde automobile. Il se situe en effet à mi-chemin dans son principe de fonctionnement entre un moteur essence et un moteur diesel. Comment ? Grâce à la technologie de combustion brevetée par la marque SPCCI (Spark Plug Controlled Compression Ignition), il s’agit du premier moteur à essence à utiliser l’allumage par compression, comme un bloc diesel.

Dixit Mazda, il conjugue « la rapidité de montée en régime d’un moteur à essence à la réactivité d’un moteur Diesel ». Surtout, l’allumage par compression lui permet de fonctionner avec un mélange pauvre, et donc moins énergivore. Ce quatre-cylindres offre 180 ch, et 224 Nm de couple (couple disponible dès 3 000 tr/min). Il dispose d’un système de micro-hybridation 24 V qui récupère l’énergie générée par la décélération, et qui vient ensuite alimenter un moteur électrique qui épaule le bloc thermique.

A l’usage, c’est le douceur de ce moteur qui frappe le plus. A l’heure des petits 3 cylindres turbocompressés, le « gros » 2.0 L de cette Mazda 3 semble comme composé de coton : le système stop and start redémarre l’auto sans aucune vibration intempestive, et la rondeur mécanique est remarquable : l’auto reprend sans broncher dès les plus bas régimes. En revanche, et malgré ses 180 ch, ne vous attendez pas à une auto sportive : le moteur reste très linéaire, et il ne faut pas hésiter à pousser les rapports pour en tirer le meilleur parti (pour avoir un peu de répondant, mieux vaut rester au dessus de 3.000 tr/min). Un moteur « à l’ancienne » donc, mais doté des derniers raffinements technologiques. Il peut compter sur l’une des meilleures commandes de boite disponibles sur une berline compacte, avec un guidage irréprochable, et un débattement court digne d’une sportive.

Reste un point d’importance : la consommation. Mazda annonce 4,5 L / 100 km (103 g de CO2). Dans les faits, j’ai constaté environ 8,0 L en parcours urbain (embouteillé) et en utilisation sportive, pour redescendre à 5,7 L sur un trajet routier (départementale) à bonne allure. Sur mon trajet de retour au parc presse Mazda (environ 200 km, et composé à 70 % d’autoroute, 25 % de route et 5 % d’urbain), je suis descendu à 6,7 L. Hormis la petite déconvenue sur le trajet urbain, on constate les bienfaits de cette technologie SkyActiv-X, avec des consommations raisonnables pour un moteur de 180 ch.

Gamme, tarifs de la Mazda 3

La gamme Mazda 3 5 portes (l’auto existe aussi en version tricorps) débute à 24.900 € (version Mazda 3 2.0 SkyActiv-G M Hybrid de 122 ch), et culmine à 36.400 Euros (Mazda 3 Exclusive SkyActiv-X M Hybrid BVA6 4×4 180 ch). Ma version d’essai en finition Sportive réclame quant à elle 31.200 Euros, avec un équipement de série « à la Japonaise » (comprenez : bien fourni) : système audio Bose, phares adaptatifs, caméra 360 degrés, radars avant et arrière, clé main libre… A noter que dès la finition de base toutes les aides à la conduite sont de série : régulateur adaptatif, détection des angles morts, freinage automatique d’urgence…

Points positifs :

+Ligne

+Confort, insonorisation

+Présentation intérieure, qualité de finition

+Châssis vivant

+Moteur doux et plutôt sobre, commande de boîte

Points négatifs :

-Un poil trop gourmande en ville

-Moteur puissant mais un peu trop linéaire

-Direction manquant de ressenti

-Habilitabilité arrière, coffre moyen

Conclusion : La vraie alternative, c’est elle

J’ai eu un vrai coup de coeur pour cette Mazda 3. Belle à regarder, originale, elle associe les qualités d’un bon daily driver (confort, insonorisation, consommation raisonnable) aux ingrédients qui font vibrer ceux que l’automobile passionne : châssis pétri de qualité, commande boite fantastique… Cerise sur le gâteau, ce nouveau 2,0 L SkyActiv-X est une vraie réussite, et son agrément rend les 3 cylindres turbo un peu… obsolètes. Il ne lui manque qu’un poil de frisson mécanique supplémentaire et une direction plus communicative pour être parfaite. Si vous recherchez une berline compacte qui sort du lot, et que les aspects pratiques ne sont pas votre priorité, je n’ai qu’un mot à vous dire : foncez !