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Essai : Audi Q3 Sportback : Un mélange des genres réussi ?


Actuellement dans l’industrie automobile, la tendance est de brouiller les pistes entre les différents genres. Par exemple, la frontière qui sépare les berlines des coupés est de plus en plus poreuse (il n’y a qu’à voir la dernière Peugeot 508 pour s’en convaincre !). Et cette tendance est également valable pour les sacro-saints SUV, qui puisent eux aussi allègrement leurs inspirations dans d’autres segments. Le but est toujours le même : séduire un nombre croissant d’automobilistes.

C’est sur ces entrefaites qu’Audi dégaine sa Q3 Sportback. Version plus sportive de la Q3, elle dispose d’un look qui tend clairement vers celui d’un coupé, avec sa partie arrière tronquée. Audi revendique aussi une tenue de route plus dynamique que celle du Q3 classique, et espère que cette déclinaison Sportback représentera 40 % des ventes de son SUV. Alors, cette Q3 constitue-t-telle un coup d’esbroufe, ou une véritable version à tendance plus sportive du Q3 ? Pour le découvrir, je suis parti l’essayer en Espagne, dans la région de Valence !

Style : La Q3 métamorphosée ?

Avant d’aborder ce chapitre style, un point vocabulaire est nécessaire.

Chez Audi, les versions Sportback désignent les carrosseries 5 portes au « profil dynamique ». Cette appellation, surtout utilisée sur les berlines de la marque, est apposée pour la première fois sur un SUV avec ce Q3 Sportback. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail opéré par Audi saute rapidement aux yeux.

Légèrement plus longue que la Q3 classique (+ 16 mm), la Q3 Sportback est surtout plus basse (- 29 mm, et ça se voit !). De profil, on note un épaulement de caisse abaissé (et plus marqué), une ligne de toit plongeante, tout comme l’épais becquet arrière. A l’avant, les changements sont plus mesurés, même si on note quand même la calandre Singleframe avec grille en nid d’abeille, qui est spécifique au modèle.

Mis bout à bout, tous ces éléments bouleversent la ligne générale du Q3. Plus qu’une simple appellation marketing, cette version Sportback métamorphose la Q3, qui troque en effet le classicisme de bon aloi de la version classique pour une ligne résolument dynamique.

Surtout, et c’est vraiment appréciable, la Q3 Sportback a le bon goût de ne pas verser dans le côté ostentatoire (qui a dit vulgaire ?) de certains SUV Coupé. C’est fort heureux.


Un habitacle très flatteur, mais…

Je ne vais pas tergiverser : si la griffe Sportback est clairement visible à l’extérieur, l’habitacle est quant à lui identique à la version classique. On retrouve donc une planche de bord horizontale, marquée par un épais bandeau central, et par un écran central tourné vers le conducteur.

En fonction des versions, on retrouve le Audi Virtual cockpit plus de 12,3 pouces, a.k.a la très appréciée instrumentation digitale maison. Comme à l’accoutumée, l’ergonomie est exemplaire, et toutes les commandes inspirent le sérieux qu’on attend d’une production de la marque.

Si cette Q3 Sportback en met plein la vue en terme de présentation et de qualité perçue, et que l’impression qu’elle dégage est globalement (très) flatteuse, il faut tout de même noter certains plastiques qui détonnent en partie basse (au niveau de la console centrale notamment, mais aussi des contre-portes).

Les idées reçues ont la peau dure : les Allemandes sont réputées comme austères. Sans aller jusqu’à parler d’extravagance, cette Q3 Sportback ne mérite pas cette étiquette. Ainsi, il sera possible pour le client de personnaliser un peu sa planche de bord, avec le choix de plusieurs appliques décoratives (cinq au total). Notons aussi le « pack d’ambiance lumineuse », qui permet d’ajuster le rétroéclairage des portes et du tunnel central, avec au total 30 (!) couleurs disponibles.

Des aspects pratiques inchangés

Malgré des dimensions légèrement revues par rapport à la Q3 classique, l’empattement de la version Sportback est inchangé, et sa ligne sportive n’a donc pas d’incidence sur l’espace à bord. On note également le fait que la banquette arrière peut coulisser sur 13 cm, ce qui permet de moduler entre l’espace offert aux passagers et le volume du coffre. On note juste une garde au toit qui devient problématique pour les passagers arrières qui mesurent plus de 1,80 m.

De même, et malgré une ligne de toit plongeante, le volume du coffre est inchangé, puisqu’il offre toujours 530 litres. Un bon point !

Sur la route : Une conduite résolument dynamique

Commençons par une mise au point importante : je n’ai pas eu l’occasion d’essayer la version classique du Q3. Je n’ai donc pas le point de comparaison de ce dernier, et il me sera donc impossible d’affirmer que la Q3 Sportback offre une conduite plus dynamique que cette dernière.

Cela étant dit, j’ai beaucoup apprécié mener l’auto sur les routes souvent tortueuses de l’arrière pays Espagnol. Evidemment, Audi oblige, ne vous attendez pas à un train arrière mobile, ou à une autre forme d’excentricité.

A défaut de se montrer frivole donc, la Q3 Sportback offre en revanche une tenue de route très sécurisante, avec une stabilité de chaque instant. Cerise sur le gâteau, elle se montre même plutôt dynamique, et j’ai vraiment pris du plaisir à la mener tambour battant, notamment sur les routes montagneuses entre Valence et Alicante. Malgré un centre de gravité forcément plus haut qu’une berline, l’auto offre une réelle agilité, et comme toujours s’agissant des déclinaisons quattro une motricité de chaque instant.

Il faut dire que l’auto dispose en monte d’office d’une direction progressive sportive, dont le rapport varie en fonction de l’angle de braquage. De quoi conjuguer bon angle de braquage en mode urbain et direction plus précise en conduite sportive. De la même façon, la Q3 Sportback dispose de l’Audi drive select de série, qui offre 6 modes de conduite, qui influent sur la motorisation, la transmission, mais aussi sur l’amortissement (des amortisseurs adaptatifs sont disponibles en fonction de la configuration choisie), ou encore sur les lois de la direction. Enfin, et sans supplément, le client pourra choisir une suspension sport.

Si mes impressions sont flatteuses s’agissant du châssis, j’ai en revanche été moins convaincu par la première mécanique essayée : la version 35 TDI (avec boîte S tronic 7), animée par un 2.0 L TDI de 150 ch. Si ce moteur propulse l’auto de façon somme toute correcte et offre des consommations contenues, son manque d’allonge et de poigne dans les reprises ne colle tout simplement pas avec la ligne et le comportement routier dynamique de l’auto.

Le son de cloche est radicalement différent sur la version de pointe de la gamme essence : la version 45 TFSI. Fort de 230 ch (350 Nm de couple), ce 2.0 L turbo donne à l’auto le tempérament qui va avec sa plastique.

Le 0 à 100 km/h ne demande que 6,5 secondes, et les relances se font très sérieuses, malgré les 1.700 kg de l’ensemble. Si la boîte S tronic fait globalement preuve de douceur en conduite coulée, on regrette le fait qu’elle ne nous laisse pas entièrement le contrôle en mode manuel, via les palettes au volant.

Gamme et tarifs de la Q3 Sportback

La gamme Q3 Sportback s’article autour de 3 motorisations essence, de 150 à 230 ch, et de 2 motorisations diesel, de 150 et 190 ch. 4 niveaux de finitions sont proposés, et comme à l’accoutumée c’est la finition S line qui chapeaute la gamme.

Les tarifs s’échelonnent de 37.330 Euros (Q3 SB 35 TFSI BVM6) à 53.560 Euros (45 TFSI quattro S tronc 7 S Line). Comptez 3.000 Euros de plus qu’une Q3 classique. Un surcoût qui n’est pas démesuré vu les équipements supplémentaires, et la ligne de l’auto.

Points forts :

+Ligne indéniablement réussie

+Conduite dynamique

+Présentation intérieure, ergonomie

+Surcoût raisonnable par rapport à la version classique

+Version 45 TFSI musclée et performante

Points faibles :

-Version 35 TDI décevante

-Boîte S tronic 7 un peu castratrice

-Qualité de certains matériaux en partie basse

Conclusion : Un mélange des genres réussi !

J’avoue avoir eu un petit coup de coeur pour cette Audi Q3 Sportback. Avec sa ligne sportive et bien différenciée de la déclinaison classique, mais restant en même temps (relativement) discrète, Audi n’a pas cédé aux sirènes du clinquant ou de l’ostentatoire, contrairement à certains SUV coupés. Autre bonne surprise, sa tenue de route, résolument dynamique, est ma foi très agréable sur itinéraire sinueux. Si vous laissez de côté la terne version 35 TDI et que vous optez pour la performante déclinaison 45 TFSI, vous obtenez là une auto très convaincante. Reste à composer avec les tarifs, comme toujours assez élitistes…