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Essai : Nouveau Mitsubishi L200 : Un redoutable outil


Un segment en pleine mutation

S’il y a bien un marché automobile qui est actuellement en plein chamboulement, c’est bien celui des pickup. Bénéficiants autrefois d’une niche fiscale qui les exonéraient de malus écologique et de la TVS (taxe sur les véhicules de société), ils ont depuis peu été rattrapés par la patrouille de Bercy. Le résultat ? Les pickup à double cabine sont désormais assujettis à ces deux taxes, et la clientèle s’en est logiquement largement détournée, au profit des versions à cabine approfondie (Super Cab chez Ford, Club Cabine chez Mitsubishi), qui passent (pour l’instant ?) au travers des mailles du filet.

Quatrième meilleure vente sur le segment des pickup en France (derrières les Ford Ranger, Toyota Hilux et Nissan Navara), le Mitsubishi L200 revient aujourd’hui sur le devant de la scène, avec une sixième génération aux grandes ambitions. Nous sommes partis le mettre à l’épreuve (et c’est un euphémisme !) sur les pistes accidentées (et les routes) du domaine du Mercantour. Découvrez notre essai du nouveau L200 Club Cabine 2.2 L diesel 150 ch.

Un look robuste et bien plus expressif

Les acheteurs de pickup privilégient souvent la fonction à l’apparence. Cela n’empêche pas les constructeurs de proposer des modèles de plus en plus valorisants de génération en génération. Et à ce petit jeu, on ne peut que tirer notre chapeau à Mitsubishi.

S’il ne se distingue pas forcément par sa finesse, ce nouveau L200 a clairement une « gueule », avec sa face avant débordant de robustesse, bien plus expressive que l’ancienne génération, trop ronde à notre goût. Pour accentuer l’effet « solide comme un roc », le capot moteur a été surélevé de 40 mm, et les feux ont également été positionnés plus hauts. 

Vu de flanc, on remarque les plus grandes jantes (de 18 pouces minimum pour l’instant), ainsi que les marche-pieds plus larges. Imposant par ses dimensions (5,21 m dans cette version Club Cabine, + 2 cm par rapport à l’ancien L200), ce L200 n’est en revanche pas plus large que son prédécesseur, malgré les apparences. A l’arrière en revanche, rien que de très classique, la fonction prenant le devant sur la forme, pickup oblige.

Un habitacle robuste, confortable, et un équipement proche d’une berline

Ce nouveau L200 est un petit malin. Si sa ligne extérieure et la partie technique ont fait l’objet d’assez nombreuses modifications, sa partie cabine en revanche a majoritairement été reprise de la cinquième génération

On retrouve donc la même planche de bord, laquelle reçoit tout de même de nouveaux équipements, dont un système d’infodivertissement qui dispose des connectivités Apple CarPlay et Android Auto. Sur notre finition haut de gamme Instyle, l’équipement du pickup n’a rien à envier à une bonne berline : climatisation automatique bi-zone, volant et sièges chauffants avant (et même électrique côté conducteur !), caméra de recul, ouverture et démarrage sans clé, ou encore feux à LED. Un bémol toutefois : certains équipements high-tech sont curieusement uniquement réservés à la version Double Cabine : système de caméra 360°, éclairage intelligent, détection des angles morts…

Presque entièrement composée de plastiques rigides, la planche de bord est dépourvue de fioritures, mais semble à même d’encaisser les utilisations les plus sévères

Un bon point : la position de conduite, agréable, et le confort offert par les sièges avants, redessinés par rapport à la génération précédente, et qui offrent un bon maintien (un point important sur les pistes cahoteuses que nous avons emprunté !). Accessibles via des portes à ouverture antagoniste, les places arrières sont à réserver à une utilisation occasionnelle, avec un espace réduit, et des dossiers trop verticaux. Un défaut commun aux autres pickup à cabine simple approfondie, et qui fait qu’il ne faut considérer ce L200 Club Cabine que comme un 2 + 2. 

Au volant : Baroudeur redoutable, honnête routier

En bon outil destiné à séduire une clientèle essentiellement professionnelle, ce nouveau L200 se veut d’être un baroudeur émérite. Pour nous en convaincre, Mitsubishi nous a donné RDV en plein du massif du Mercantour, dans les Alpes, avec pour ligne de mire la cime de Sistron, point culminant des pistes de la station de ski d’Isola 2000, à 2.603 m d’altitude.

Disposant d’une architecture dédiée (châssis à échelle séparé, suspensions à 6 lames à l’arrière, soit une de plus qu’avant), ce L200 a une botte secrète, qu’il parage avec les Pajero du Dakar : son système « Super Sélect 4WD-II ». Un nom un peu barbare qui désigne une technologie qui permet d’allier dans un même ensemble une transmission intégrale permanente pour la route à une transmission intégrale avec rapports courts adaptée au tout-terrain. 

Au total, 4 modes de conduite sont ainsi disponibles (via une simple molette) : 

  • 2H : mode deux roues motrices / propulsion 
  • 4H : transmission intégrale : le couple est reparti entre les 4 roues, avec une répartition en fonction des conditions
  • 4HLc : répartition égale du couple entre les essieux avant et arrière (50/50), par l’intermédiaire du blocage du différentiel central
  • 4LLc : gamme courte de rapports avec forte démultiplication, qui permet d’augmenter le couple, afin d’affronter (notamment) les pentes les plus abruptes

Et dans les faits alors, ça donne quoi ? Après une demi-journée sur les pistes caillouteuses des pistes d’Isola 2000 (pas encore recouvertes de neige à cette saison), je peux vous l’affirmer sans sourciller : ce L200 est capable de grimper aux arbres (ou presque) ! Ornières, croisements de pont, grosses pierres, pentes et descentes les plus accentués : malgré de simples pneus mixtes, le pickup Mitsubishi n’aura jamais failli, se payant même le luxe de se montrer (plutôt) confortable.

Tout a été pensé pour le franchissement : la motricité, les angles d’attaque et de fuite, ou encore le système de freinage automatique en descente. En y ajoutant une benne longue de 2,72 m offrant une charge utile supérieure à 1,1 tonne, et une capacité de tractage de 3.000 kg (avec remorque freinée), vous obtenez un outil calibré pour les usages les plus sévères, et résolument versatile.

Livrant une excellente partition en franchissement, ce L200 est logiquement moins affuté que les meilleurs pickup routiers sur l’asphalte. Le comportement reste malgré tout sécurisant et parfaitement adapté à une utilisation routière, même s’il faut bien noter des prises de roulis conséquentes, et un comportement qui ne brille pas forcément par sa précision.

En revanche, et même s’il offre une bonne copie en dehors des sentiers battus, impossible de passer sous silence le manque flagrant de couple à bas régimes du nouveau 2.2 diesel de 150 ch (et 400 Nm tout de même !), qui oblige à jouer constamment du levier de vitesse pour relancer la mécanique. C’est d’autant plus regrettable que la commande de boite offre un débattement conséquent, et un tantinet accrocheur. Malheureusement, la boite automatique est réservée à la version Double Cabine…

Gamme et tarifs du nouveau L200

Le L200 n’est disponible qu’avec une seule motorisation : le 2.2 diesel de 150 ch. Trois niveaux de finition sont proposés : Invite, Intense, et Instyle. Les tarifs du L200 Club Cab démarrent à 30.790 Euros, et vont jusqu’à 35.990 Euros pour la finition haute. Le Double Cab est plus cher : ses tarifs s’échelonnent de 33.990 à 42.990 Euros. Comme mentionné précédemment, la boite automatique est malheureusement l’apanage du L200 Double Cab, tout comme certains équipements. C’est dommage…

Points positifs :

+Look robuste et valorisant

+Confort et équipement d’une « bonne » berline

+Excellentes aptitudes en tout-terrain, système de transmission très probant

+Un vrai outil de travail : longueur de benne, charge utile, capacité de tractage

Points négatifs :

-2.2 Diesel manquant cruellement de couple à bas régimes

-Pas le meilleur sur la route

-Commande de boîte désagréable

-Certains équipements réservés à la version Double Cabine

Conclusion : La forme et la fonction

Vous l’aurez compris, ce nouveau Mitsubishi L200 n’est pas le meilleur pickup routier du marché. A ce petit jeu là, un Volkswagen Amarok (par exemple) livrera une meilleure copie, même si le L200 offre des prestations routières tout à fait correctes. Le vrai terrain de chasse du nouveau pickup Mitsubishi, c’est sur le off-road, où il dispose de redoutables aptitudes, et sur les aspects pratiques, avec il démontre une versatilité assez remarquable. En somme, tout ce qu’on attend d’un vrai pickup !