Notre essai de la Fiat 500L Beats Edition
La 500 à la rescousse !
Après avoir traversé des années très difficiles, Fiat se porte de nouveau bien. Le rachat du constructeur américain Chrysler donne la dimension internationale qui manquait tant au groupe. Au-delà du rôle de Sergio Marchionne, véritable homme providentiel pour beaucoup d’observateurs, une voiture a permis au constructeur de sortir la tête de l’eau : la 500.
Écoulée à plus de 1.2 million d’unités depuis son lancement, c’est elle qui a donné un nouvel élan à une marque qui souffrait de nombreux poncifs, souvent non justifiés. La 500, lancée il y a déjà 7 ans, a redonné à Fiat une image de constructeur de voitures populaires et sympathiques. Gianluca Italia, l’un des dirigeants de la marque, n’hésite pas à parler «d’effet 500». Fiat a -enfin!- compris ce que les clients attendaient de la marque : des voitures italiennes et fières de l’être, pas des copies de modèles à succès. Le temps de la Stilo, dont le style singeait la Golf et qui n’a pas rencontré le succès escompté, semble révolu.
Quand il a été question de lancer un nouveau modèle familial dans la gamme, il a du paraître évident pour le constructeur Turinois de profiter du succès de sa petite citadine, en proposant un modèle dérivé, en tout cas du point de vue stylistique : la 500L. Initiative couronnée de succès, puisque non contente de très bien se vendre sur son marché national (avec près de 41% de parts de marché dans son segment!), la 500L marche aussi dans le reste de l’Europe (elle représente 14% des ventes de sa catégorie en France).
La recette est simple : prenez une 500, nourrissez-la avec des hormones de croissance, posez-la sur une base étirée de Punto, laissez reposer le tout et vous obtenez une 500L. Elle surfe sur ce qui a fait le succès de la 500 : des lignes rondes, enjouées, et une jolie frimousse. La filiation avec la Cinquecento est évidente et c’est tant mieux ! Le style est d’ailleurs la première motivation des acheteurs de 500L d’après Fiat et 40% d’entre-eux craquent pour les versions haut de gamme.
C’est en Italie, et plus précisément à Balocco, ville où se situe le centre expérimental du groupe Fiat, que Blog-Moteur a été convié pour le lancement d’une nouvelle déclinaison de la 500L : la Beats Edition. Basée sur la version baroudeuse Trekking, cette 500L Beats Edition était disponible à l’essai avec deux motorisations : les nouveaux 1.4 T-Jet (essence) et 1.6 MultiJet II (diesel), les deux développant 120ch. Elle est également disponible avec les 0.9L TwinAir et 1.6 MultiJet de 105ch. Elle chausse des pneumatiques mixtes Goodyear Vector 4 seasons, et est dotée du système Traction + qui améliore la motricité, en simulant un différentiel à glissement limité.
Disponible en peinture bi-ton gris/noir, métallisée ou mate, posée sur de jolies jantes noires 17 pouces qui renferment des étriers de frein rouges Brembo -couleur qu’on retrouve d’ailleurs sur les coques de rétroviseurs-, dotée d’extension d’arches de roues, cette 500L Beats Edition a un look ravageur.
Chez Blog-Moteur on craque pour la version gris mat/toit noir brillant. La bouille de cette 500L spéciale fait plaisir à voir, dans une catégorie où la fonction prime souvent sur l’esthétique.
A l’intérieur, les similarités avec la 500 continuent : large bandeau laqué (très beau mais qui est un vrai nid à poussière et à traces de doigt) ou mat, formes arrondies. L’austérité ne faisait visiblement pas partie du cahier des charges. Côté finition si on retrouve des plastiques durs à tous les étages ils sont bien assemblés, et aucun bruit parasite n’est à déplorer. Gros point fort : la multitude de rangements disséminées au sein de l’habitacle. Pour un véhicule à vocation familiale c’est vraiment appréciable.
Cette vocation familiale se retrouve au chapitre habitabilité : les places arrière sont très accueillantes, avec un bel espace pour les jambes, une tablette et un filet de rangement au dos des sièges avant et un accoudoir central. Leur accessibilité est facilitée par de longues portières et les sièges arrière coulissent.
L’habitacle est baigné de lumière, surtout avec le grand toit panoramique. Les places avant sont toutes aussi accueillantes avec une belle largeur aux coudes, mais l’assise des sièges est un peu trop courte. Le conducteur profite d’un accoudoir intégré au siège et repliable. Le coffre est logeable et pratique, avec sa hauteur de plancher ajustable.
Comme son nom l’indique, cette version est équipée en exclusivité d’un système Beats Audio développant la bagatelle de 520W, chiffre record pour une voiture de cette gamme. Doté d’un caisson de basse dans le coffre (à la place de la roue de secours…), la puissance de ce système est proprement phénoménale et à Blog-Moteur il nous a été difficile de dépasser la moitié du volume maximal ! Ce système porte très bien son nom puisque les basses sont très puissantes. Le dernier Public Enemy n’a jamais aussi bien sonné que dans cette 500L ! Le tout manquera sans doute un peu de finesse pour les plus mélomanes d’entre-nous mais fera à n’en pas douter son (gros) effet pour les autres.
Seule petite déception : le streaming Bluetooth qui permet d’écouter les morceaux de son smartphone sur l’autoradio est à l’origine de quelques grésillements. Une connectique Auxiliaire et un port USB sont aussi disponibles.
L’écran central est tactile et la navigation entre les différents menus est agréable. On apprécie tout particulièrement la vision offerte par la caméra de recul, dissimulée dans le logo 500L.
Les compteurs sont plus classiques et on regrette de ne pas retrouve l’instrumentation de la 500, avec le compte-tour au centre du compteur de vitesse. Les graduations relatives à la vitesse manquent également d’un peu de lisibilité.
Sur la route on apprécie la position de conduite, logiquement surélevée par rapport à une 500 classique. Le comportement routier est très sûr puisqu’à aucun moment, malgré des vitesses de passage en courbe élevées, la voiture nous a fait défaut. Les prises de roulis, sans être catastrophiques, sont en revanche assez marquées. Le centre de gravité assez élevé de cette version Trekking se fait ressentir. La version T-Jet, plus légère de 80 kilos que la version MultiJet, est moins paresseuse à l’inscription en virage. En conduite sportive on peste contre le manque de maintien des sièges, même si la vocation de cet engin n’est pas là. Un bon point : la faible épaisseur des montants de pare-brise permet une bonne vision, notamment en sortie d’épingle.
La direction, légère, est un bonheur en ville, surtout avec le touche City enclenchée, cette dernière permettant de l’alléger encore plus. Les manœuvres se font avec très peu d’efforts. La direction se révèle très réactive mais manque un peu de ressenti, et sur autoroute on aurait apprécié une plus grande fermeté. Quelques remontées de couple dans le volant (torque steer) se font ressentir en cas d’accélération très franche en sortie de virage sur la version MultiJet.
Le confort de suspensions est bon, même sur les routes italiennes, pas toujours en bon état. En s’aventurant un peu en dehors du bitume cette relative souplesse est appréciable et la 500L Beats Edition se joue des ornières en gardant le sourire, sans crainte de racler les bas de caisse.
La version 1.4 T-Jet développe 120ch (159g CO2/km) et 215 Nm de couple à 2.500tr/min. Ce turbo-essence n’est pas un moteur inconnu : plus de 500.000 T-Jet circulent sur les routes du monde entier. Bien qu’assez véloce (le 0 à 100km/h est annoncé en 10.2 secondes), le relief parfois important des routes italiennes l’a un peu mis à mal : il ne faut pas à hésiter à jouer du levier de vitesse sur ce type de parcours. Il ne donne sa pleine mesure que passé les 4.000tr/min. La sonorité sans être désagréable est plutôt quelconque et la consommation à l’ordinateur de bord atteint parfois des sommets. Avouons toutefois que les conditions de l’essai ne se prêtaient pas à des records dans ce domaine, surtout avec un pied droit assez lourd. La consommation moyenne annoncée par Fiat s’élève à 6.9L/100kms mais ce chiffre sera sans doute difficile à atteindre, la consommation moyenne affichée par l’ordinateur de bord de notre modèle d’essai (pas ménagé) atteignant 9.7L/100km.
Une version complètement revue de ce T-Jet carburant au GPL est prévue sur plusieurs marchés, espérons qu’elle le soit également chez nous car cet inconvénient serait effacé. Le bilan reste globalement positif et ce 1.4 T-Jet constituera sans doute un choix pertinent dans la gamme essence de la 500L, notamment pour les petits-rouleurs.
La version diesel MultiJet II munie d’un turbo à géométrie variable à faible inertie développé par Honeywell s’en tire mieux. Développant 120ch, ce moteur s’en tire avec les honneurs, malgré un petit creux sous les 2.000tr/min (malgré les 320 Nm de couple disponibles à 1.750tr/min) et un relatif manque de discrétion en ville. Il déplace très correctement la 500L et contient bien son niveau sonore à vitesse stabilisée. Sa consommation devrait logiquement s’établir à un niveau plus raisonnable que son homologue carburant au sans-plomb (Fiat annonce une moyenne de 4.6L/100kms, chiffre qui nous paraît toutefois un peu optimiste).
Que ce soit en essence ou en diesel des bruits d’air se font entendre à partir de 110km/h et vont crescendo ensuite. A 130km/h le niveau sonore reste toutefois tout à fait supportable, bien aidé par une boite à 6 rapports. Cette dernière se révèle très réussie puisqu’elle offre un guidage à la fois précis et agréable, même en conduite sportive. La fonction Hill Holder (de série) fait des démarrages en côte une simple formalité, l’électronique empêchant la voiture de reculer. L’assistant de conduite économique est en revanche complètement inutile puisqu’il se borne à nous inciter à rouler sur le rapport le plus élevé, quelque soit les circonstances.
La 500L Beats Edition sera disponible à partir du mois d’avril sur le marché français. Les tarifs de cette version débutent sur le marché italien à 22.810€ avec le TwinAir 105 ch. Les tarifs français ne sont pas encore connus.
En conclusion cette 500L Beats Edition est une bonne surprise. Indéniablement réussie (bien que non dépourvue de défauts), elle possède ce qui manque à nombre de ses concurrentes : du charisme. Typiquement italienne, cette déclinaison de la Fiat 500 permet aux familles d’accéder à un véhicule pratique mais non dénué de charme, surtout dans les versions haut de gamme. Elle constitue en cela une alternative intéressante à la Mini Countryman.
Cette version Beats Edition rajoute encore au capital sympathie de cette grosse 500 et son diabolique système audio devrait faire forte impression, notamment sur les plus jeunes, impression sans doute renforcée par la future publicité télé qui met en scène le rappeur américain Puff Daddy/P-Diddy/Diddy. On aurait simplement apprécié une meilleure insonorisation de la version diesel et un moteur essence moins porté sur la boisson. Le succès de la saga 500 est bien parti pour durer !