Renault dévoile la Mégane R.S Trophy R : la version de trop ? Notre avis !
La réputation de la Mégane R.S. n’est plus à faire, c’est indéniable. Il suffit de se glisser dernière le volant d’une Mégane 4 R.S. pour s’en convaincre : les ingénieurs Renault Sport dominent clairement le jeu dans le domaine des liaisons au sol (vous pouvez d’ailleurs relire à ce sujet notre essai comparatif Mégane 4 R.S. / Civic Type-R / i30N).
Cette dernière nous laissait toutefois légèrement sur notre faim sur certains points, avec pour grief essentiel un 1.8 TCe manquant d’une pointe de piment, malgré sa puissance déjà confortable (280 ch). Un point corrigé avec la version Trophy, qui pousse le curseur d’un cran, avec cette fois-ci 300 ch. Comme sur la génération précédente, une version encore plus affûtée (et allégée) était à prévoir, et Renault Sport n’a pas failli à sa réputation. Voici la Mégane 4 R.S. Trophy-R.
Se targuant d’être la « voiture de série la plus performante jamais commercialisée par Renault », cette Mégane R.S. Trophy-R déchaîne déjà les foules, avec son lot de commentaires : « trop chère », « trop radicale » (ou pas assez, c’est selon…), s’agit-il vraiment de la Mégane R.S. ultime ? Eléments de réponse !
Une mécanique inchangée par rapport à la version Trophy
Calmons tout de suite vos ardeurs : non, la puissance n’augmente pas, et « stagne » donc à 300 ch, et 400 Nm. Le rendement spécifique reste toutefois impressionnant : 167 ch/l ! Contrairement à la Mégane R.S. classique, cette version Trophy-R ne peut recevoir qu’une boîte de vitesse mécanique à 6 rapports. Les puristes apprécieront, et c’est sans doute la chasse au kilo superflu qui a dicté ce choix. Et les performances dans tout ça ? Elles n’ont clairement pas à rougir, bien au contraire : 0 à 100 km/h en 5,4 secondes, 262 km/h en V-Max, ou encore le 1000 m DA en 24,5 secs.
Un régime drastique
A défaut d’une cure de vitamines, Renault Sport a préféré imposer à son modèle un régime drastique. Le résultat ? Moins 130 kg par rapport à une Mégane R.S. Trophy ! La liste des modifications apportées est conséquente : banquette arrière supprimée (-25,3 kg !), baquets avant signés Sabelt en composite, ligne d’échappement Akrapovič en titane, batterie DESS plomb (et même Lithium-Ion en accessoire)… Dans le même ordre d’idée, le vitrage de l’auto est remplacé par un matériau « fin », les vitres arrières sont condamnées, l’essuie-glace arrière est supprimé, et l’écran multimédia ne fait plus que 7 pouces.
Citons également de nombreux éléments en carbone (« brut » ou composite) : capot moteur, ou encore diffuseur arrière (sans parler du Pack Carbon-Ceramic que nous détaillerons plus loin).
Un train arrière revu, et dépourvu de système 4CONTROL !
Un autre axe important de l’allégement réside autour du train arrière. Exit le système 4Control, cette Mégane R.S. Trophy-R lui préfère un plus classique train arrière en H. L’économie sur la balance est substantielle : -38 kg ! A priori, cette modification importante n’a pas empêché à l’auto d’établir un nouveau record sur le Nürburgring, puisqu’elle a établi en avril dernier le meilleur temps pour une traction de série : 7 minutes 40 secondes et 1 dixième (sur le nouveau tracé de 20,600 km).
Au final, l’auto est homologuée avec une « masse minimale de 1.306 kg », représentant un rapport poids/puissance de 4,35 kg/ch. Light is right, tout le monde le sait !
Des liaisons au sol (encore) plus affûtées
Autre axe de travail pour les ingénieurs Renault Sport : les liaisons au sol. La géométrie des trains roulants a été revue, avec un contre-carrossage augmenté sur les deux trains. Comme déjà mentionné, le train arrière est spécifique : il est dépourvu du système 4CONTROL, et dispose d’une architecture en H. L’auto hérite également en série de pneus spécifiques, à savoir des Bridgestone Potenza S007, spécialement développés pour l’auto, et qui seront également disponibles en après-vente. Comme sur feu les Mégane 3 R.S. Trophy/Trophy-R (vous pouvez relire notre essai hommage de la M3RS Trophy ici), ce nouvel opus est équipé d’amortisseurs Ohlins réglables à deux voies (la hauteur de caisse est même ajustable à l’avant). Pour clore ce chapitre, mentionnons le différentiel à glissement limité Torsen, et les étriers de frein Brembo aux dimensions augmentées. Element marquant, il est possible d’opter en option pour un système de freinage carbone-céramique, toujours signé Brembo. Une option d’habitude réservée à des supercars, et dont cette Mégane R.S. Trophy-R peut disposer en grande première sur une Renault.
Une aéro revue
Dernier chantier orchestré par Renault Sport : l’aérodynamique. L’appui est augmenté, avec à l’avant une lame aéro supplémentaire, une prise d’air dynamique, et une prise d’air sur le capot de type NACA, qui permet d’améliorer le refroidissement du moteur. Un carénage spécifique sous l’auto est également de la partie, tout comme le magnifique diffuseur arrière en carbone, avec dérives F1. En option, le client pourra renoncer à la signature lumineuse façon drapeau à damier du système R.S. Vision, pour un conduit d’aération (côté gauche) venant diminuer la température de l’air à l’admission. Des écopes de frein sont également disponibles en option.
Production limitée, Pack Carbon-Ceramic, tarifs
Cette Mégane R.S. Trophy sera une auto rare, très rare même : seulement 500 exemplaires numérotés seront produits. Et cette rareté sera décuplée pour les exemplaires dotés du pack optionnel Carbon-Ceramic : 30 exemplaires (sur les 500 au total) seront disponibles !
Venons-en justement à ce Pack. Ce dernier offre les freins avant carbone-céramique, la prise d’air dynamique (qui remplace le système R.S. Vision : – 2 kg), et les 4 roues en carbone (avec leur housse individuelle, et qui prennent spécialement place dans le compartiment arrière). Le gain offert par ces roues en terme de poids est substantiel : -2 kg par roue ! Notons qu’il est possible d’opter pour ces dernières sans avoir à passer par le Pack.
Et le tarif dans tout ça ? Cette Mégane R.S. Trophy-R débute à 55.000 Euros, contre 44.300 Euros pour la version Trophy. Si le prix du Pack Carbon-Ceramic n’a pas officiellement été dévoilé, certains médias parlent d’une rallonge de 25.000 Euros, ce qui ramènerait le coût total à 80.000 Euros. Et à cela, il faudra rajouter le malus éco, à 7.340 Euros (180 g de CO2). Au total, et pour la très radicale version dotée du Pack Carbon-Ceramic, on tutoierait les 90.000 Euros. Un tarif qui peut paraître ahurissant pour une Mégane R.S, mais à mettre en adéquation avec le prix des éléments en carbone (et notamment les roues ou les freins), son degré de sportivité qui lui permet de chasser sur le territoire d’autos bien plus puissantes, et surtout sa rareté absolue, qui devrait en faire un collector dans les années à venir.
Quoi en penser ?
En dehors du tarif qui n’a pas fini de faire couler de l’encre, cette Mégane R.S. Trophy-R remet clairement les pendules à l’heure du point de la sportivité dans le segment des compactes sportives. A l’heure où les autos ne cessent de s’aseptiser (et les sportives sont tout autant concernées que les autres), elle offre un vent de fraicheur, avec sa vision « jusqu’au boutiste », et peu encline au compromis. Les choix opérés vont dans le bon sens (même si on avoue avoir été un peu étonnés par la suppression du 4CONTROL), et à l’heure actuelle il semble bien qu’aucune concurrente de la Mégane n’ait poussé le curseur aussi loin du point de vue radicalité. On attend avec impatience la réponse des autres constructeurs !
