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Essai : Tesla Model S 75D, le plaisir de conduite 2.0


Model S 75D, l’entrée de gamme selon Tesla

Tesla est un paradoxe dans le monde automobile. Beaucoup de curieux, une avancée technologique certaine, 99% de la population française se situe à moins de 130 km d’une borne de recharge SuperCharger, mais pourquoi tout le monde ne roule pas en Tesla ? C’est une fois assis dans « ma » Model S 75D que je me suis posé cette question. Durant 4 jours, j’ai pu vivre Tesla, manger Tesla (Oui) et dormir Tesla (Oui Oui).

C’est à Lyon, à la concession Tesla du 6e arrondissement que j’ai pu récupérer les clés de ma Model S 75D. Pourquoi pas une P100D ? Parce qu’une 75D fait déjà amplement l’affaire, et qu’elle est nouvelle au catalogue! Fini la 70D sortie en 2015, place à la 75D cuvée 2017, une entrée en gamme qui est loin de rimer avec bas de gamme, comme nous allons le voir.

Un tout nouveau Model (S)

La Tesla Model S 75D a subi quelques retouches mécaniques, mais aussi logiciel, qui lui permettent de développer 333 chevaux, et d’abattre le 0 à 100 en 4.4 secondes, fort de son couple de 525 Nm. Rien que ça! Certes, il n’y a pas le P de performance, mais les performances sont meilleures que celle de la P85 de 2012, et surtout c’est déjà bien assez pour « déposer » quasiment tout ce qui roule… Hormis une autre Tesla. Mathias avait d’ailleurs essayé cette fameuse P85D lors d’un road trip au pays des teutons. Il avait pu apprécier la silhouette futuriste de la Model S. En 2017, elle impressionne encore, et bon nombre de têtes se dévissent à son passage.

Les poignées de porte s’incrustent dans les portières quand on roule, donnant un côté encore plus majestueux au vaisseau amiral de la marque américaine. On m’a même sorti « Elle est belle votre voiture, ça remonte le niveau de la résidence ». Merci Huguette ! Ce qui impressionne le plus dans ce véhicule, c’est son silence de fonctionnement. Il y a une isolation phonique conséquente, qui permet de profiter du silence de l’électrique. Sur pas mal de véhicules électriques, vous n’entendez peut-être pas le moteur, mais les batteries émettent un sifflement permanent, sans compter les bruits de caisse.

Ici, tout ce passe dans le plus grand calme, et l’on prend plaisir à cruiser en silence. L’habitacle luxueux donne envie de prendre le temps à son bord. Le modèle essayé était tout de cuir vêtu, et profitait par ailleurs d’inserts façon bois en frêne du plus bel effet. Le toit ouvrant panoramique coulissant via l’écran ou l’appli de l’auto fait son petit effet. Bref, l’auto offre une vie à bord très agréable. Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce cher Elon Musk c’est de ne pas employer de beaux cache-misères sur son auto. On trouvera donc les durites de lave-glace passées négligemment sous le capot, les charnières de portes visibles (et donc pas forcement très « quali »), ou bien encore les soudures des ailes arrière sur la caisse qui, aurait bien mérité des joints caoutchouc, comme nos amis d’outre-Rhin savent très bien le faire. Un poil décevant sur une auto à 80 000 €…

Le plaisir de conduire

La Model S ne donne pas forcement envie d’attaquer les cols de montagne. Avec son poids de 2 tonnes, son freinage n’est pas des plus incisifs, du coup tout se passe en douceur. Le plaisir de conduire est alors détourné. C’est ce dont j’avais le plus peur, ne plus percevoir de plaisir de conduire. En fait ce plaisir change, il est d’une autre nature, et bien sûr il faudra être féru de technologie pour l’apprécier. Vous le trouverez donc dans le confort, grâce aux suspensions Smart Air, au travers son écran de 17″ et de ses applis, mais aussi dans la conduite quasi-autonome du véhicule. Comment prendre du plaisir à conduire si on ne conduit plus me rétorquerez-vous ? Je serai bien tenté de vous demander si vous prenez du plaisir dans les bouchons, à surveiller en permanence votre vitesse sur le périph’ ? C’est précisément ici qu’on prend plaisir à rouler en Model S.

On enclenche le mode « vitesse automatique », afin que l’auto détecte le véhicule de devant, et qu’elle gère toute seule la distance qui vous en sépare. Plus besoin d’accélérer ou de freiner. Un long trajet sur autoroute à faire ? Pas de problème, enclenchez le pilotage automatique (en gardant bien évidemment les mains proches du volant). C’est tout simplement incroyable. Vous verrez alors votre véhicule -en plus de gérer votre vitesse et les distances de sécurité- suivre parfaitement les courbes de la route. Voilà le plaisir de conduire Tesla. Bon, j’avoue en revanche que le ronronnement d’un bon Flat 6, pour une autre utilité, n’est pas de refus non plus. Quoiqu’on en dise, le plaisir  existe au volant d’une Tesla, et ce même pour un mordu d’automobile comme moi. Il reste néanmoins une autre philosophie à adopter, et à laquelle je me suis heurté lors de ce weekend électrique.

Vie ma vie en Model S

En effet, afin de profiter pleinement de votre Tesla, autant qu’elle soit chargée. C’est un fait. Autour de Lyon, nous sommes plutôt bien desservi. Il n’empêche qu’avec 333 ch et une autonomie réelle de 360 km environ, mieux vaut calculer au plus juste vos longs trajets, et surtout prendre le temps nécessaire en considération. A contrario d’un véhicule thermique consommant peut-être 15 L/100 km, mais où il est facile de trouver une station-service et de faire le plein en quelques minutes, il ne faut pas oublier les temps de charge en Tesla, quand bien même les superchargeurs sont nombreux. A titre d’exemple, j’ai fait 2 recharges durant mon week-end, qui m’ont pris chacune environ 50 minutes, et qui m’ont permis de regagner environ 200 km d’autonomie à chaque fois.

J’ai donc déjeuné dans une station autoroutière le temps que ma Model S 75D se recharge, et accessoirement « piquer un somme » de 50 minutes, afin de rentrer chez moi sereinement. Il faut donc apprendre à vivre l’automobile différemment. Ce n’est pas désagréable en soi, mais cela peut apparaître déroutant de prime abord. Bien sur, il reste l’option de recharger sa Tesla chez soi. Comptez 13 km d’autonomie par heure de charge environ, sur prise classique. C’est assez pour faire l’appoint pour les courts trajets journaliers.

Le juste de prix

Enfin, parlons du prix mesdames et messieurs. Avec cette Model S 75D, Tesla ouvre les hostilités au tarif de 79.200 € (15.000 € plus cher qu’aux Etats-Unis). Le modèle essayé était, lui, affiché à 96.690 € après déduction des crédits d’impôt. Une somme conséquente certes, mais qu’il faut relativiser, dans le sens ou il paraît finalement préférable de louer une TESLA que de l’acheter. En effet, une LOA voir une LLD est très intéressante, surtout en déduisant les économies de carburant. En résumé, cette Model S 75D est une belle surprise. Étant féru de mécanique et de belles sonorités moteur, je n’aurai pas pensé m’attacher autant à un véhicule aux antipodes de mes convictions. Je peux désormais l’affirmer : cette auto offre un vrai plaisir de conduite, certes différent de celui que l’on peut connaitre habituellement. Même si pour mon utilisation quotidienne une Model S est peut être un peu too much (comme une Serie 7 ou une A7), il n’en reste pas moins un véhicule formidable au quotidien. Vivement la Model 3 !