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Les qualifications des 24 Heures du Mans vécues en immersion chez Ford


Une expérience à part

Il y a un an, j’ai eu la chance d’assister à la journée test des 24 Heures du Mans en compagnie de la Team Ford Chip Ganassi Racing. Une journée très importante pour la marque américaine, qui opérait alors son retour sur la célèbre épreuve Mancelle, 50 ans après son triplé historique (mon article est à relire ici). Ce come-back fut couronné de succès, puisque la marque monta quelques jours après sur la plus haute marche du podium dans sa catégorie LM GTE Pro. Pour l’édition 2017, j’ai décidé de renouveler l’expérience avec l’ovale bleu, en assistant cette fois-ci aux cruciales qualifications du jeudi soir. Récit de cette  expérience inoubliable, à lire en complément de notre compte-rendu de la course publié il y a quelques jours.

Un objectif affiché : renouveler l’exploit

Pour cette édition 2017 des 24 Heures du Mans, Ford avait mis les petits plats dans les grands. En effet, le constructeur y aligna pas moins de 4 GT, numérotées du 66 au 69, courant toutes sous la bannière de la team Chip Ganassi Racing.

Afin de les différencier, les quatre autos disposaient de bandes de pare-brise et de rétroviseurs de couleurs différentes, couleur par ailleurs reprise par une bande lumineuse LED au milieu du pare-brise :

  • La N°66 verte était confiée à Stefan Mücke (All), Olivier Pla (Fra) et Billy Johnson (USA)
  • La N°67 bleue, aux mains d’Andy Priaulx (GB), Harry Tincknell (GB) and Pipo Derani (Bré)
  • La N°68 rouge, pilotée par Joey Hand (USA), Dirk Müller (All) et Tony Kanaan (Bré). Ce dernier remplaçait Sébastien Bourdais, convalescent après son accident aux 500 Miles d’Indianapolis
  • Enfin, la N°69 jaune comptait sur les talents de Ryan Briscoe (Aus), Richard Westbrook (GB) et Scott Dixon (NZ)

Avec un tel armada de GT, inutile de vous préciser que les ambitions de Ford étaient une nouvelle fois importantes pour cette édition 2017 des 24 Heures du Mans. Il faut dire que 50 ans auparavant, les pilotes américains A.J Foyt et Dan Gurney remportèrent l’épreuve Mancelle au volant de leur GT40. Pour l’anecdote, c’est ce dernier qui a inauguré sur le podium du Mans 1967 ce qui est aujourd’hui une tradition dans le sport automobile : arroser ses voisins de champagne.

Dan Gurney et A.J Foyt sur le podium des 24 Heures du Mans 1967

Un challenge de taille

Le challenge était toutefois de taille, puisque la marque devait composer avec une Balance de Performance qui lui était défavorable. Cette dernière, qui vise à égaliser le niveau des différentes autos courant dans une même catégorie, se traduisait pour les GT par un poids en hausse de 20 kg, et par une pression de turbo revue à la baisse pour son V6 EcoBoost bi-turbo. En revanche, elle permettait d’augmenter légèrement leur autonomie, avec un réservoir embarquant 3 litres de carburant supplémentaires.

Qui plus est, la concurrence était féroce dans la catégorie LM GTE Pro, et affichait un objectif clair : en découdre avec l’ovale bleu ! Plusieurs redoutables concurrentes étaient en effet de la partie : Porsche 911 RSR (à la sonorité absolument démoniaque), Aston Martin Vantage, Ferrari 488 GTE, ou encore Corvette C7.R.

La GT N°66 au coude-à-coude avec une Porsche 911 RSR

Un site exceptionnel

C’est installé au réceptif Ford disposé au niveau de la seconde chicane des Hunaudières que j’ai pu assisté aux qualifications, accompagné de mon photographe (et ami) Quentin. Décomposées en 2 temps, ces dernières ont eu lieu de 19H à 21H, puis de 22H à minuit. Un lieu ô combien mythique, et idéal pour voir évoluer les autos dans toutes les circonstances : ligne droite, gros freinage, rapide succession de virages, puis nouvelle accélération.

Une expérience d’autant plus inoubliable que la météo a été idéale de bout en bout, avec un soleil au beau fixe tout au long de la séance. Placé en bordure des Hunandières, on comprend vite pourquoi cette épreuve est rentrée dans la légende : les autos évoluent à un rythme incroyable, et vous en mettent plein les oreilles. Surtout, différentes catégories aux performances radicalement différentes se côtoient sur la même piste, ce qui rajoute au caractère fou de l’épreuve.

Comme prévu, les qualifications se sont révélées très disputées, puisque l’écart entre la première et la dernière auto de la catégorie LM GTE Pro était inférieur à 2 secondes.

A minuit, le verdict tomba : c’est l’Aston Martin N°97 qui décrocha le meilleur temps, à 3:50.837, la première Ford GT signant le 5ème chrono, à 3:51.232. Plutôt pas mal pour un auto aux performances bridées !

Un dérivé route (à peine) plus civilisé

Pour notre retour au raccordement, nous avons pu admirer devant l’hospitality Ford la plantureuse et à peine civilisée version de route de la GT. Produite à seulement 1.000 exemplaires, cette dernière est motorisée par le même V6 3,5 L EcoBoost, développant 647 ch et 745 Nm de couple. Ne vous fiez pas à sa plaque d’immatriculation : il s’agit bien d’une vraie bête de course, capable d’atteindre 347 km/h, et de passer de 0 à 100 km/h en environ 3 secondes.

Mécano automobile

Vendredi matin, les autos étant au repos, nous avons pu déambuler (comme le reste du public, c’est la tradition) dans l’allée des stands. L’occasion de découvrir les GT sous un autre jour, et d’admirer leurs dessous sexy.

Le Mans, c’est (aussi) de belles rencontres

Un peu plus tard, nous avons pu assister au Team Unit, et rencontrer les pilotes de l’équipe, dont le très sympathique Olivier Pla, qui s’est livré pour l’occasion à une séance de questions-réponses. A l’occasion de cette dernière, il a pu nous dire à quel point l’épreuve Mancelle possède pour lui un caractère  « unique, spécial et magique ». Amen serait-on tenté de dire.

Puisque nous sommes de grands enfants, nous avons ensuite pu nous entretenir avec Craig Callum, chef du design de la gamme Speed Champions Lego, qui a lancé en 2016 un kit comprenant la nouvelle GT et sa mythique devancière GT40. Un autre grand passionné des 24 Heures du Mans !

Pour le repas du midi, j’ai pu approcher l’illustre Ken Block, auteur des célèbres Gymkhana, qui pilote actuellement une Focus en championnat WRX.

Les yeux plein d’étoiles, il est malheureusement déjà le temps de redescendre de mon nuage, et de reprendre la route en direction de Paris.

Au final, Ford n’aura peut-être pas réussi à renouveler son exploit, mais la N° 67 se hissa tout de même à une très honorable seconde place de sa catégorie. Quant à moi, j’attend déjà avec impatience l’édition 2018…

Merci à mon ami Quentin Boullier, mon assistant de choc pendant ces 2 jours, et auteur des clichés de cet article. Sa galerie : Prism Photographie