24h du Mans 2017 : passion, joie, cris, larmes en tout genre
Les 24h du Mans cuvée 2017
Le Mans est une messe que tous les aficionados de sport automobiles ne peuvent manquer. C’est une phrase qui revient souvent, mais quand on a goutté au Mans, il est rare de se dire, « ouais bof, c’est sympa sans plus ». Non, les 24h du Mans c’est bien plus que cela. C’est une communion, avec soi-même, avec sa passion et sa raison. Si on aime le sport auto on se doit d’aller au Mans. Dormir dans sa voiture, dans une tente, par terre dans la poussière à quelques centimètres des voitures qui passent à 250 km/h. Bref aucune excuse n’est permise de ne pas aller au Mans.
Cette année nous y sommes allées en compagnie de BMW, qui pour l’occasion, a récupéré le partenariat des voitures officielles utilisées tout au long de l’année sur les circuits du Mans et pendant les épreuves sportives, dont les 24 Heures du Mans. Pas moins de 26 véhicules sont ainsi mobilisés (voitures médicales, de sécurité, d’extraction, de piste, de direction de course, etc.) pour assurer la sécurité des activités organisées par l’ACO. L’année prochaine BMW engagera sa futur M8 en catégorie GTE PRO !!
C’est donc la BMW M2 qui a donné le départ des 24H du Mans avec au volant le pilote Marc Weber, grand Marshall, de cette édition 2017 !
La recette du Mans
Non je ne vais pas vous parler de la recette des rillettes du Mans, mais plutôt de celle de la course. L’intérêt et la magie des 24h du Mans réside dans sa composition à savoir que plusieurs catégories de véhicule s’affrontent pendant 24h. Les LMP1 ou Porsche et Toyota s’affrontent :
Les LMP2 ou Alpine Signatech, Rebellion, Jacky Chan DC Racing et bien d’autres sont présentes :
Et les GT scindés en 2 catégories : la GTE PRO pour les professionnels et la GTE AM pour les amateurs comme vous et moi qui souhaiteraient un jour de folie se lancer dans la course ! Dans la catégorie GT, vous trouverez donc pléthores de Ferrari, Porsche, Aston Martin et Chevrolet.
Il faut savoir qu’en moyenne, une LMP1 met 10 secondes au tour à une LMP2, qui elle même, met 25 secondes au tour au GT. Tout ce petit monde partage donc la même piste pendant 24h. Autant dire que lorsqu’une GT voit débouler sur la ligne droite des hunaudieres une LMP1 à plus de 330 km/h pleins phares, il faut avoir un certain sang froid pour ne pas paniquer. Bon nombre d’accidents sont à déplorer entre GT et protos et cette année encore notamment avec le crash de la Ferrari 488 GTE #82 de Pierre Kaffer et une LMP2. Heureusement peu de mal à déplorer.
https://youtu.be/ovV4KZTWwAs
Riche en émotion
Que pouvait il arriver de pire à Toyota après le terrible abandon dans le dernier tour l’année dernière ? La voiture a été revue et corrigée, un début de saison tonitruant et Kamui Kobayashi qui explose littéralement le record absolu de la piste en 3’14″791 avec la Toyota #7. C’est 2 secondes de mieux que l’année précédente !! Le record absolu de la piste sans chicanes et au tracé différent est à jamais détenu par Pedro Rodriguez en 3’13″90 sur la Porsche 917..
Le départ est donc donné sous les meilleurs hospices pour la team nippone, mais, à l’instar de Mercedes qui fuit la piste comme la peste suite aux terribles accidents connus par les flèches d’argent sur ce tracé, Toyota redouble de mal chance. En l’espace de 20 minutes, 2 des 3 Toyota dont celle de tête, abandonnent. La #7 se permet même de donner des signes de faiblesse devant le pitlane au même endroit que l’année précédente! La Toyota #9 rendra l’âme quelques minutes après.
Après 10h de courses, personne ne va sauter de joie parce que Porsche passe en tête. Non, la majorité des gens vont être solidaires envers la marque japonaise. C’est un coup du sort, une malchance incroyable que 2 années de suite alors qu’elles sont en tête, tous les efforts réalisés sont réduits à néant en un instant. Les écrans diffusent les regards de tristesse, de détresse des mécanos et du team Toyota, mais aussi des autres écuries. Une solidarité au-delà de la course existe au Mans. Bien sur la compétition continue et après l’évacuation des protos sous safety cars la course reprend de plus belle.
La course est donc relancée et la nuit est déjà bien installée au Mans. Les phares dansent dans les S de Porsche et les moteurs ne se taisent pas pour autant. À 20 kilomètres à la ronde selon le sens du vent vous entendez parfaitement bien la course.
Un nouveau scénario se dessine alors, puisque il ne reste plus qu’une LMP1 en tête la Porsche 919 Hybrid #1 suivie par les LMP2 finalement beaucoup plus fiable. La Porsche #2 et la Toyota #8 ayant de gros ennuis sont relayées en bas de tableau. Mais, une fois n’est pas coutume, les 24h du Mans nous réserve bien des surprises…
The final countdown.
Il est pas loin de midi, la chaleur est déjà écrasante autour du circuit, le village est toujours bondé avec les innombrables boutiques souvenir, quand soudain, le speaker hurle dans son micro. La foule se tait, écoute et dans un silence retentissant la sentence tombe, la Porsche #1 qui des 1h du matin menait la course sur un rythme de croisière (n’étant pas forcement inquiet face au LMP2) est au ralenti. Ni une ni deux la foule s’agglutine devant les écrans géants du village pour comprendre ce qu’il se passe. À la descente du virage Dunlop, la Porsche 919 pilotée par André Lotterer (3 fois vainqueur avec Audi) se prend le casque entre les mains. Son proto ne dépasse plus les 50 km/h. On a beau suivre une course longue de 24h, croyez-moi voir une voiture de course entamer les hunaudieres entre 50 et 25km/h sur le bas coté filmé par une dizaine de camera c’est long très long. Tout le monde retient son souffle. La Porsche s’arrête et repart, tant qu’elle peut rouler, elle peut rejoindre son stand. Lotterer a 13 tours d’avance sur la LMP2 #38 du team Jacky Chang. Il a le temps de rentrer, mais malheureusement la Porsche #1 ne verra jamais le virage de Mulsanne. C’est terminé. Stupeur, le leader de la course est donc la #38 du team Jackie Chan DC Racing !
Thomas Laurent le jeune français et rookie en LMP2 se retrouve propulsé à la tête des 24h du Mans et ce à 4H de l’arrivée. Nouveau scénario, nouvelle stratégie, tout ce joue maintenant. Souvenez-vous, il reste quand même 2 LMP1 en course. La Toyota est trop loin, mais la Porsche #2 n’est qu’à 2.5 tours du leader… Une LMP1 tourne 10 secondes plus vite qu’une LMP2, il reste moins de 4h de course en comptant les arrêts aux stands, ravitaillement, changement de pilote, il y aurait une chance ? Chez Porsche en tout cas, ils ne ce sont pas poser la question, que faire d’une 5e place ? On imagine bien une conversation radio entre pilote et ingénieurs:
« Ça va ?
T’es chaud ?
Il te reste de la boisson au frais ?
Bon on a fait un pari avec Hanz et Helmut, on s’est dit que tu pouvais rattraper la LMP2 en 2H…
GO GO GO SCHNELL SCHNELL PUSH PUSH GO !! »
C’est donc parti pour une remontée fantastique de la dernière Porsche 919 en course. Avec des temps oscillant entre 3.19 et 3.24, l’avance du team Jacky Chan DC Racing fond comme neige au soleil et à 1h du drapeau à damier la Porsche #2 dépasse l’Oreca 07 #38 dans les Hunaudieres. L’image du team Jacky Chan est assez marrante puisque c’était inéluctable. Sans aucun problème, avec une LMP1 derrière eux, la messe était dite. La Porsche 919 Hybrid pilotée par Brendon Hartley, Earl Bamber et Timo Bernhard passe en tête pour remporter cette 85e édition des 24h du Mans. Une anecdote étonnante, le pilote Neo-Zélandais Earl Bamber est le vainqueur du Mans 2015 avec Porsche. La fameuse team rookie n’avait pas été rappelé en 2016. Ce n’est que suite à la retraite de Marc Webber qu’il a été rappelé pour faire parti de la team 2017. 3 victoires de suite pour Porsche. Une histoire d’amour sans faille entre la marque allemande et le circuit du Mans. Le team Jacky Chan DC Racing finit donc premier de sa catégorie et deuxième au général suivi par l’excellente team britannique Vaillante Rebellion qui termine à la 3e place! Un excellent résultat pour ce team privé ! Et les GT me direz vous ? Et bien il y a eu aussi une course épique entre Aston Martin, Chevrolet, Porsche et Ford. Moins de 30 secondes entre les hommes de tête pendant 24h!! La Ford GT termine 2eme après une passe d’arme épique entre Aston Martin et Chevrolet.
La Porsche 911 RSR 2017 officielle à rencontré quelques soucis et termine 4eme mais on pourra néanmoins lui offrir le prix de la plus belle sonorité de ces 24h. Il y a fort à parier qu’elle a réveillé plus d’un badaud tellement son moteur hurlait. La corvette n’était pas en reste non plus avec son gros V8, mais la Porsche… ouch!
Une édition encore magique des 24h du Mans vient de ce terminer. On pourrait crier simplement, vivement l’année prochaine, mais on a envie d’y penser encore et toujours, ressentir le frisson provoqué par le hurlement des moteurs. Sentir la nuit tomber sur le virage Dunlop, voir ces noctambules défilés devant vous à un rythme de dingue. Voir s’affairer les meccanos et ingénieurs dans les stands à la recherche de la moindre seconde, de la parfaite stratégie. Le mans n’est pas qu’une course, Le Mans c’est à vivre et à raconter. Je ne sais pas combien d’entre vous sont arrivés à la fin de cet article, mais j’ai tenté de vous faire ressentir MON 24h du Mans. Je vous souhaite de vivre VOTRE 24h du Mans le plus longtemps possible. Ah oui, chose amusante, en rentrant sur le bord du quai mon voisin de wagon n’était autre que le Dr Ulrich, l’homme aux multiples victoires chez Audi. Chemise blanche, jean, basket. Son fils était avec lui, en toute simplicité…